vendredi 4 janvier 2008

Une bonne année : 2008 privée de Dakar!

Pas de Paris-Dakar en 2008. Fini les "500 connards sur la ligne de départ", comme chantait, je crois, Renaud? Pas sûr! "Le choix de la sécurité" constitue-t-il le bon argument? Al-Qaïda a bon dos. Les 4 touristes français assassinés le 24 décembre, l'ont-ils été par des islamistes ou des brigands du désert? Le Dakar a tué avant qu'on ne l'annule! Plus de 50 morts depuis le début de l'épreuve dont 8 enfants. Mais on ne peut seulement compter les morts.

"Pour une fois que la parano anti-terroriste sert à quelque chose" s'exclame un médecin belge!. Sur le fond, en effet, c'est le culte de l'automobile, de la vitesse célébrée au milieu de pays misérables traversés sans vergogne, qui faisait question. Puisse le prix du baril, en 2009, avoir atteint des sommets rendant difficile la relance de cette "épreuve" qui n'a rien de sportif et qui est dévoreuse d'hommes.

Le maire et le conseil municipal...

Le maire et le conseil municipal... (l'expression est devenue banale et sert depuis des décennies) vont nous inviter à leurs "vœux à la population". Si l'expression est effectivement banale, elle n'en est pas moins fausse et ambiguë! Le maire (ou la maire) ne feraient-ils donc pas partie du Conseil municipal?

Dans notre pays républicain où le chef est roi, chaque maire a une cour et règne. L'ultra présidentialisation du régime n'a rien arrangé. Les cérémonies annuelles et leurs petits fours fournissent l'occasion de renouer avec la liturgie : "la laudation, nous rappelle le dictionnaire, est une partie de l'office qui se chante après matines et qui est principalement composé de psaumes de louanges". L'officiant est nécessairement le maire lui-même qui fait, à de très rares exceptions près, une description élogieuse de sa propre action. Autour de lui, les servants se congratulent...

Il y a quelque chose de ridicule et d'anti-démocratique dans ce spectacle politique. Le discours n'est plus un compte-rendu; il devient un panégyrique à peine camouflé, parfois un dythyrambe. Toutes les communes, pour un soir, apparaissent comme des paradis où les compliments pleuvent et où les difficultés sont vaincues d'avance.

Les maires, en leurs fiefs, restent souvent des seigneurs, des féodaux. Les adjoints sont les vassaux, Le personnel de mairie compose l'armée qui va à pied, les piétons, la piétaille qui doit obéir et réussir, car il y va du succès du prince, du duc, du comte ou du baron, selon la taille de la cité.

N'en voulons pas trop aux maires. Ils sont ce que nous les faisons, des autocrates que la législation installe dans "l'exercice solitaire du pouvoir". Le chef de cabinet, créature du maire, dispose souvent de plus de pouvoirs que le Premier adjoint. Les collaborateurs (comprendre les élites fidèles) pèsent davantage que le Bureau municipal où s'enregistrent et s'organisent des décisions prises ailleurs.

Historiquement, la fonction de maire a précédé la création des Conseils municipaux. Il fut un temps où élire le Conseil municipal ne signifiait pas désigner le maire! Formellement, certes, le maire reste encore élu par le Conseil municipal, mais c'est sans surprise et tout s'est joué avant. Pire, une fois élu, selon la loi, le maire ne dépend plus guère du Conseil et il faut qu'il ait tué père et mère pour être menacé de destitution. Si son budget n'était pas voté, on ne changerait pas de maire en le remplaçant par un autre conseiller, on revoterait.

Voilà tout ce que contient l'expression "le maire et le conseil municipal". Le maire existe à part du Conseil. Il est et n'est pas membre du Conseil municipal. C'est un être hybride, une créature bicéphale, soudée au corps municipal mais distincte de lui! Cette monstruosité démocratique a été parfaitement admise en France, le pays aux 36000 communes, là où chaque maire est autant pater familias, qu'entrepreneur, juge de paix ou maître des cérémonies.

Un temps viendra où l'on cessera de ne regarder que la tête, où on comprendra qu'aucune tête ne vit hors du corps. La démocratie balbutiante qui est la nôtre, où le pouvoir ne se répartit pas mais se concentre, ne pouvait faire l'économie de cette contradiction : l'élu monarque. Il faut croire que nous ne savons pas encore comment diriger ensemble! Alors on délègue (en fait on abandonne) à un seul, qui est aidé d'alliés et comparses mais pas d'égaux, le soin de représenter le peuple en sa diversité! Les maires qui auront siégé trente ans ou plus à la tête de leur commune auront démontré par l'absurde l'impossibilité de la cogestion municipale en France.

Un Conseil municipal ressemble à une assemblée de grenouilles qui coassent autour du roi. Comment s'étonner, dès lors, que, comme le dit La Fontaine, après Ésope, qu'en "se lassant de l'état démocratique" toutes ces braves grenouilles se fassent souvent manger leurs velléités d'être et d'agir en acteurs politiques?

Archives du blog

Résistances et romanitude

Résistances et Changements

Recherche Google : rrom OR tsigane