mercredi 24 mars 2010

Peine de mort : nous n'avons pas de leçon à donner aux USA !


http://medias.lepost.fr/ill/2009/10/08/h-20-1732464-1255017424.gif
Au Texas, il s'en est fallu de peu qu'on empoisonne un homme, par injection, sur une table d'opération, qu'il soit coupable ou pas, parce qu'un jugement en avait décidé ainsi ! La sentence suspendue, et seulement suspendue vingt minutes avant l'exécution (monstruosité supplémentaire !) sera-t-elle définitivement éloignée et celui qui allait mourir, Henry Skinner, se verra-t-il accordé l'analyse ADN qui pourrait prouver son innocence ? Non seulement la peine de mort est indigne de la civilisation, mais refuser de donner sa chance à un être humain qui risque tout, fait des juges du Texas des assassins.

La mort d'Henry Skinner, si elle devait maintenant advenir, au bout de l'aiguille d'une seringue létale, nous ferait considérer que les USA, même avec un Président plus respectable que ses prédécesseurs, sont en situation de rupture grave avec la démocratie.

Un pays qui fonctionne sur pareille inhumanité, camouflée sous le droit, ne mérite que mépris.

Hank Skinner
Henry Skinner

http://lci.tf1.fr/monde/amerique/2010-03/texas-sandrine-ageorges-skinner-garde-espoir-de-sauver-son-mari-5783225.html


mardi 23 mars 2010

Le peuple impopulaire

Le Peuple impopulaire : c'est le titre d'un livre d'Alain Prévost, un roman qui relate le drame du Vercors, au cours de la guerre de 1940-1945.

L'expression me revient, ce matin, en considérant que les quartiers "populaires" restent oubliés et que les électeurs de grandes villes de Seine Saint Denis, par exemple, même inscrits, loin de voter à gauche, se sont massivement abstenus.

Et, aujourd'hui, tout recommence : la grève ne sera pas massive (les travailleurs ne croient plus à la possibilité de peser sur les politiques économiques); la réforme des retraites va être mise en chantier par l'un des plus réactionnaires des ministres, Éric Woerth (travailler plus longtemps pour gagner moins, c'est ce qui attend les salariés); on présente un nouveau Gouvernement qui se contente d'ouvrir sur quelques amis de Chirac et de Villepin (ce dont le peuple se fout); les socialistes se noient déjà dans leur triomphe et Mme Royal commence son one-woman show (ce qui renforce les doutes des petites gens sur la capacité du PS à s'intéresser à autre chose qu'à ses vedettes).

Quoi qu'on vote, rien ne change. La volonté du peuple n'a plus d'effet. L'espérance des plus jeunes des électeurs est cassée (c'est parmi eux que l'abstention culmine). Ce que veulent les milieux populaires est tout simplement considéré comme impossible, infaisable, irréaliste et politiquement illusoire. Les partis sérieux, ceux qui acceptent de se mettre les mains dans le cambouis, comme on dit, sont prêts à tous les compromis pour accéder aux responsabilités locales et nationales. Le peuple n'existe plus en entier. On en a réduit l'envergure. Bien que le nombre des démunis s'accroisse, il n'est tenu compte que de l'avis de ceux qui ne souffrent pas trop du système ou qui, carrément, en profitent. Quoi que votent les Français, qu'ils votent ou ne votent pas du reste, la même politique se développe et elle ne se décide pas au Parlement !

Le peuple est en souffrance. Il faut entendre son silence comme un cri. Ceux qui font l'histoire, ce sont, depuis toujours, les plus pauvres. Quand on les méprise, ils se vengent. Depuis le début du siècle, en France, les électeurs ont tout essayé, à tâtons : en 2002, faire peur avec Le Pen (puisque Jospin se déclarait impuissant, on ne pouvait l'élire Président); en 2005, rejeter la fausse Europe, (dont on voit bien ce qu'elle est devenue : un syndicat d'États soumis au libéralisme); en 2007, tenter l'expérience libérale, (plutôt le modèle capitaliste que sa copie faussement socialiste); en 2010, enfin, profiter des élections régionales pour abandonner l'illusion sarkoziste, (plutôt le vide politique que le pourrissement économique du chômage et de la mal vie).

Les compteurs sont remis à zéro. Ceux qui voudraient réinstaller le mythe mittérandien devraient prendre garde. Il faut changer de logiciel. L'écologie populaire n'est pas un badigeonnage en vert de la social démocratie. Il faut s'entendre sur ce que l'on désigne par "populaire". Est-ce ce qui plaît au peuple? Le people, alors, devient populaire... Est-ce ce qui concerne "les petites gens", c'est-à-dire les plus nombreux des hommes qui pourtant ne comptent pas, ou guère...? Toute politique qui ne se soucie pas d'abord des moins favorisés des hommes ne saurait être populaire ! Il est des évidences qu'on enfouit par peur de les voir prises en considération. Il est temps de repenser une politique populaire. Ce n'est jamais que la mise en œuvre de la démocratie !

dimanche 21 mars 2010

Révélation du déficit structurel de démocratie

Il n'est pas encore 16 heures. Je ne dispose pas d'informations me permettant de prévoir ce qui sortira des urnes à 20 heures, ce soir.

Il faut inverser l'image. Désigner le chef ? On s'assoit dessus...

Je m'interroge sur les inconnues de ce second tour des élections régionales ! Et si...

Si les abstentions pesaient plus lourd encore qu'au premier tour ? Si la défaite de l'UMP se transformait en déconfiture ? Si le vote « Front National », dans les 12 régions où il reste candidat, grossissait encore ! Si les votes blancs et nuls prenaient quelque nouvelle ampleur...

Oui, si ces quatre données circonscrivant le vote prenaient du poids, des questions d'ordre constitutionnel seraient posées et elles seraient accompagnées de vives controverses.

L'abstention politique s'accroissant ou même restant à un très haut niveau, comment, puisque le vote, en France, a déjà pu recueillir autour de 80% de participation (ce fut le cas lors des Présidentielles de 2007), ne pas reconnaître qu'il y a un violent hiatus entre la demande et l'offre politiques ? Cette sempiternelle question prend, cette fois, dans le contexte de ce début de siècle, et notamment depuis le coup d 'éclat de 2002 et l'élimination de la gauche au premier tour des Présidentielles, des proportions considérables.

La défaite annoncée de l'actuelle majorité présidentielle, la plus lourde depuis les débuts de la Ve République, a pour causes, outre l'effet de l'abstention qui la frappe plus durement que l'opposition, le discrédit de la personne de Nicolas Sarkozy, le désaveu de la politique promise en 2007 (et qui n'a conduit qu'à moins de travail et moins de gains, à plus de le chômage et davantage d'appauvrissement), enfin la mise en évidence que, si crise il y a, elle pèse principalement sur les salariés et fort peu sur les grandes entreprises lesquelles, au contraire, accumulent les profits !

Le retour du nationalisme, si relatif soit-il, est une très mauvaise et dangereuse nouvelle ! Cela signifie que les désespérés et les milieux populaires les plus exposés à l'effondrement industriel et agricole du pays se tournent vers le parti protestataire par excellence, celui qui a fait du « tous pourris » et de la dénonciation du bouc émissaire immigré les fondements de son explication de la situation où nous nous trouvons ! Pourtant, le racisme et les vitupérations de la droite extrême n'expliquent pas tout ! Il y a de l'impuissance et du désespoir sous ce vote très minoritaire mais non marginal, pesant encore presque autant que le vote écologiste !

Le rejet du système électoral dans le vote blanc, enfin, si limité soit-il, ne peut être passé sous silence, parce qu'il est le fait de citoyens très conscients des failles de nos modes de scrutin. Que ceux qui refusent l'offre de vote ne puissent qu'être « absents » de ce vote puisqu'ils ne sauraient exprimer leur avis par un suffrage décompté devient inique ! Un vote blanc est un vote exprimé et qui doit peser sur le résultat final. S'agissant des votes locaux, où a-t-on jamais vu un mode de scrutin à la proportionnelle, à deux tours ? En France ! Ajoutez y la prime de 25% acquise par les vainqueurs (50% pour les élections municipales!), le non remboursement des frais de campagnes aux listes n'ayant pas franchi la barre des 5%, l'impossibilité de maintenir une liste ayant obtenu moins de 10% des suffrages exprimés (seulement 7% en Corse!), tous les ingrédients sont réunis pour rendre fort peu démocratique ce scrutin régional.

http://c6r-paris.blog.lemonde.fr/files/2007/03/6eme-rep.1173223268.miniature.jpg

On peut douter que ces questions de fond retiennent longtemps l'attention des grandes formations politiques tout occupées qu'elles seront à limiter ou à amplifier le résultat, alors qu'elles devraient s'interroger sur le déficit structurel de démocratie qui se manifeste d'un seul coup ! Je crains que la passion présidentialiste n'empoigne très vite les partis qui ne visent rien d'autre que la conquête du pouvoir d'Êtat, sous la forme ultra centralisée que nous connaissons en France, et avec toutes les retombées que cette conquête font pleuvoir sur les bons servants ou serviteurs du Chef !

http://prg22.files.wordpress.com/2009/10/decoupage-regions-mykaia.jpg

"Comme ça, on me foutra la paix avec ces Régions qui n'ont pas voulu de moi...!"

vendredi 12 mars 2010

Voter blanc...! Ou vert ?

«Un vote blanc, pour moi, en tant que photographe, c'est dire, noir sur blanc, le refus d'être coincé par des choix imposés. Il est indispensable que l'on mette à la disposition des électeurs des bulletins de vote blanc, et essentiel que ces votes soient comptabilisés et non amalgamés aux votes nuls. Où en est-on avec la démocratie ? Je souhaite que l'on explique pour quelles raisons l'idée du vote blanc est impraticable. »

Henri Cartier-Bresson, Le Monde, 1995.


lasserpe-vote-ecolo.jpg

Les instituts de sondage estiment que, le 14 mars 2010, les abstentionnistes devraient constituer "le premier parti de France". Dans cette majorité d'électeurs inscrits, -absolue, ou relative, on verra bien!- (mais n'oublions jamais les citoyens français non inscrits et les habitants permanents de notre pays, exclus de la citoyenneté à cause de leur... étrangeté !), se côtoient les apolitiques, les antipolitiques et les politiques, (autrement dit, les indifférents, les mécontents, et les conscients qui, tous, refusent d'avoir à choisir, mais pour des raisons variables).

L'opposition politique au pouvoir actuel de droite et à ses concurrents dits de gauche (tout comme l'opposition plus globale à la politique telle qu'elle se pratique actuellement) constitue un véritable événement. On ne peut plus se contenter de fustiger les non-votants, et les politologues s'en gardent bien. Il y a une volonté politique qui passe à l'abstention et elle prend des dimensions d'autant plus visibles que, dans d'autres circonstances, la participation électorale peut être massive.

Le refus obstiné du vote blanc empêche l'abstention politique de s'exprimer pleinement. Voter en déposant un bulletin blanc, une enveloppe vide ou un bulletin nul, porteur de mentions quelconques, fait passer de la non participation au vote à la non validation du suffrage qui, du coup, n'entre pas dans les suffrages exprimés... Le député communiste Gérin l'exprimait bien dans une chronique de Libération. http://www.liberation.fr/tribune/010183793-pour-le-vote-blanc

Un électeur qui conteste le choix qui lui est proposé ne peut donc, actuellement, s'exprimer efficacement Son déplacement dans le bureau de vote n'aboutira qu'à un geste formel : entrer dans un isoloir et faire constater sa présence par le Bureau de vote. Impossible de dire, d'écrire ou de faire valoir d'une manière ou d'une autre qu'on ne veut pas de ce choix-là. On est condamné soit à voter par défaut, en choisissant le "moindre mal", soit à... manifester son refus. L'abstention volontaire, alors, prend l'avantage sur le vote invalide et non comptabilisé : l'électeur inscrit sur les listes électorales, qui dit non, est repérable comme hostile au scrutin, pas à tout scrutin, mais à tel ou tel scrutin, et il le montre.

CECI EST UN BULLETIN BLANC


Je m’intéresse à l’acte électoral et je tiens à faire savoir que les candidats qui se sont présentés

ne correspondent pas à ce que j’attends des conseillers régionaux.

Je demande que les bulletins blancs soient intégrés dans la catégorie des suffrages exprimés


Faute de possibilité de vote blanc légitime et pris en compte dans les résultats affichés, que faire ? Ou s'abstenir donc, en disant pourquoi, ou voter tactique en votant vert.

Afficher l'image en taille réelleLe vote vert, sur ce scrutin, en effet, peut contribuer à briser la bipolarisation UMP/PS qui domine la vie politique française. S'il ne correspond pas convenablement au vote écologiste complet (qui, en bref, met en cause le système libéral, promeut la décroissance et conduit vers un changement de société profond s'appuyant sur une citoyenneté mondiale), le vote Europe-Écologie peut signifier que ni la droite sarkoziste ni les gauches productivistes ou pronucléaires ou centralisatrices ne contiennent des éléments permettant d'aller vers des politiques soutenables.

Il va de soi qu'un tel vote n'engage pas le second tour ! La "France toute rose" n'est pas un idéal. "Pourquoi les régions seraient-elles monochromes quand les partis sont tous minoritaires?", écrit Philippe Mouche, dans Libération du 9 mars. La démocratie, c'est non la victoire d'un camp mais la victoire de la France plurielle, de la diversité en politique aussi, la France "des alliances et des mélanges bien plus exigeants que l'uniformité et sa rassurante simplicité". http://www.liberation.fr/tribune/0101623336-la-france-rose-de-martine-deprimante

Entre voter blanc qui, actuellement, faute de reconnaissance officielle, revient à s'abstenir pour faire masse et manifester un refus visible, et voter Vert, sans inféodation à Europe-Écologie trop dépendante de la social démocratie, on peut hésiter. Je fais le choix d'essayer, tout de même, ce vote partiellement écologiste pour une raison fondamentale : il faut tenter de rompre avec la domination politique des deux grands partis traditionnels libéraux ou socio-libéraux. Il y va de l'avenir de la démocratie elle-même.





mardi 2 mars 2010

L'heure du choix, oui, ne tardons plus !

Hervé Kempf

Seule la mort semble pouvoir nous guérir des fausses évidences! Tiens, construire en zone inondable redevient dangereux ? Allons-nous, enfin, regarder en face les périls que nous accumulons au-dessus de nos têtes comme sous nos pieds? Nos ancêtres ne les connaissaient pas tous. Nous, nous savons comment et pourquoi l'appât du gain ferme les yeux de bien des hommes.

Je fais mien l'article d'Hervé Kempf, paru dans Le Monde du 22 février 2010. Il est temps, en effet, d'exercer nos responsabilités.

http://www.dakaronline.net/photo/1752518-2377528.jpg


L’heure du choix, par Hervé Kempf

En 1938, on pouvait considérer M. Hitler comme un homme respectable. En 1960, on pouvait juger que l’Union soviétique gagnerait la guerre froide. En 2010, on peut analyser le changement climatique comme une invention de scientifiques malhonnêtes.

L’histoire est faite de choix. Comment organiser son action en fonction d’une information imparfaite ? Des générations se sont divisées, des hommes se sont trompés, d’autres ont choisi juste. Ceux qui font les bons paris dessinent l’avenir. Il fallait choisir : Munich ou Londres ; l’URSS ou le monde libre. Il faut choisir : les climato-sceptiques ou la communauté des climatologues.

La comparaison est-elle exagérée ? Non. La crise écologique – dont le changement climatique n’est qu’un volet – pose à cette génération un défi d’une ampleur historique. En reconnaître l’ampleur permet d’imaginer comment l’enrayer. Du choix que nous ferons dépendra l’équilibre des sociétés humaines de ce siècle. Soit l’on considère le changement climatique comme un défi majeur appelant une mutation profonde de nos sociétés, soit l’on en nie la réalité, et l’on tente de conserver l’ordre établi.

La connaissance du fonctionnement du climat terrestre est-elle parfaite ? Non. Les informations dont nous disposons sont-elles suffisantes pour décider ? Oui. Toutes les questions ne sont pas résolues, tous les débats ne sont pas clos, toutes les recherches ne sont pas achevées. Mais le tableau général prédisant le changement est bien posé et solidement structuré.

Parmi les climato-sceptiques (en France, MM. Allègre, Courtillot, Galam, Gérondeau, Rittaud, etc.), aucun n’a produit un argument suffisamment fort pour passer avec succès le test des procédures de validation scientifique. En revanche, pas une question légitime n’a été mise de côté par les climatologues. Et pour celles qui restent sans réponse, l’investigation continue. Ce que la science nous explique n’est pas un dogme. Mais compte tenu de l’importance de ce qui se joue, les citoyens ont suffisamment d’éléments en main pour déterminer qui décrit le mieux l’état de la biosphère.

Pourquoi le climato-scepticisme, malgré la faiblesse de son argumentation, trouve-t-il un terrain si favorable à sa prolifération ? Parmi moult explications, une paraît décisive. Dès que l’on prend conscience de la gravité du problème écologique, une conclusion finit par s’imposer : pour empêcher le désastre, il faut drastiquement transformer un système qui repose sur une croissance continue de la production matérielle. Changer d’habitudes. Bousculer, aussi, nombre de situations acquises.

Refuser d’admettre ce qu’annoncent les climatologues permet de croire que rien ne changera, que rien ne sera bousculé. C’est pourquoi derrière le climato-scepticisme se décrypte à livre ouvert l’idéologie la plus platement réactionnaire.

http://mneaquitaine.wordpress.com/2010/02/22/climat-lheure-du-choix-par-herve-kempf/

Archives du blog

Résistances et romanitude

Résistances et Changements

Recherche Google : rrom OR tsigane