Résistance, refus, révolte, rébellion, rupture : nous voici acculés vers des attitudes de rejet au lieu de passer le plus clair de nos vies à construire une société d'équilibre.
Résister,
c'est ne pas se laisser entrainer dans ce qui nous apparaît néfaste.
Ce n'est pas tout rejeter.
Refuser,
consiste à dire non aux comportements politiques toxiques. Ce n'est
pas tout critiquer.
Se révolter,
c'est s'opposer à ceux qui ne proposent rien à quoi l'on puisse
souscrire. Ce n'est pas tout nier.
Se rebeller,
c'est se dresser contre l'État, dès lors qu'il ne remplit plus ses
missions. C'est un acte citoyen positif et nécessaire.
Rompre,
c'est briser le lien qui nous enchaîne aux outils qu'utilisent les
servants-serviteurs-asservis du système économico-politique. C'est
se libérer.
Il y a là
toute une gradation qui conduit de la simple contestation à la
non-participation à cette démocratie-capitaliste (les deux mots
sont désormais liés !) qui se veut sans aucune alternative, finie, close.
Nul besoin
de recourir à des actions violentes pour laisser s'épanouir sa
colère. « La plume plutôt que le fusil » s'exclame la
jeune Pakistanaise de 16 ans, Malala Yousafzai, dans une
autobiographie parue le 8 octobre. On voudrait la porter candidate au
prix Nobel de la paix et, déjà, les médias occidentaux commencent
à pourrir son image en en faisant une miraculée dont les méchants
Talibans n'ont pas eu la peau...
C'est contre
ces détournements constants de l'attention des citoyens qu'il faut
se dresser. Ce que dit Malala, c'est que les femmes ont, sur Terre,
un rôle politique majeur qui peut, avec l'éducation, conduire vers
l'émancipation de tous. Ce qu'on veut lui faire dire, c'est qu'elle
a rejoint l'occident définitivement. Elle a été sauvée en Europe
et débarrassée de la balle qu'on lui avait tiré dans la tête. On
lui a donné la parole en Europe alors qu'au Pakistan, on voulait la faire
taire. On l'a aidée à écrire sa bibliographie alors qu'elle est encore
une enfant, brillante certes, mais faible dans cet univers rapace. Bref,
veut-on nous faire croire, qu'elle est, à présent éduquée, protégée,
une fois mise en vedette par les bons, face aux méchants antioccidentaux,
fanatiques et... musulmans.
Cet exemple
est frappant : pour masquer les turpitudes de la pseudo
civilisation occidentale qui sombre dans l'exploitation brutale de la
planète et de ses habitants, on loue une courageuse et très
intelligente jeune fille qui a fui ses assassins. L'Europe ou les USA
accueilleront-ils pour autant tous les jeunes humains qui fuient la
guerre, l'extrême misère ou la torture ? Non ! Les
Syriens arrivés à Calais sont, aux yeux des autorités françaises
et anglaises, d'abord des illégaux. À Lampedusa, (dont on parle
aussi pour le prix Nobel de la paix, et ce n'est pas un hasard, tant
est grand le malaise !) on mourait par centaines au large de
l'île, bien avant le drame récent, et nombre de survivants, à la
belle étoile, n'avaient pas une couverture pour s'abriter du froid
et de la pluie dans certains centres d'accueil-rétention.
En quel
monde vivons-nous où se camoufle, sous les mots choisis, habiles et
perfides, une volonté de rejet de tous ceux qui ne se soumettent pas
aux lois du marché et à notre mode de vie ethnocentrique (dont le
modèle US n'est qu'un sous-produit, résultant de l'histoire
coloniale, esclavagiste et ultra-violente) ?
Sauver
l'occident de lui-même, (car nous en faisons partie et nous sommes
directement concernés !) c'est résister à cette glissade
vers le « tout-fric », la justification du pire par le
gain et le profit. Sauver l'occident de lui-même, c'est refuser
de laisser associer le meilleur de notre civilisation à un système
dominant auquel le monde entier devrait se soumettre sous peine de
sanctions économiques ou militaires. Sauver l'occident de lui-même,
c'est se révolter contre une gestion des affaires des hommes
qui voit, en chaque citoyen, ( en dépit de l'apport des philosophes,
depuis Montaigne et La Boétie jusqu'aux Encyclopédistes et Rousseau
), soit un consommateur soit un employé, avant de voir en lui un
semblable et un frère. Sauver l'occident de lui-même, c'est se
rebeller afin d'empêcher que s'effectue, élection après
élection, le détournement pervers de la démocratie qui transforme
chaque électeur en auteur de son propre malheur. Sauver l'occident
de lui-même, c'est rompre avec la fatalité d'une
organisation sociale qui ne tient plus que par la force des armes,
incapable de donner espoir à ses enfants, aveugle face à la
finitude d'une planète à laquelle on ne donne pas le temps de se
reconstituer.
La rupture
n'est qu'un sauvetage désespéré mais urgent. Il est grand temps de
vivre autrement, loin des apparences que les médias aux ordres nous
font confondre avec la réalité. Il est indispensable de vivre hors
de l'univers des partis et de tous les organismes conservateurs qui
ne regardent pas plus loin que le temps d'un mandat électoral. Ce
sera une épreuve pour tous ceux qui ont confondu le confort et la
civilisation. Mais il n'y a plus d'autre choix que celui-ci :
vivre de peu pour vivre mieux. Rien de neuf, en cette exigence. On le
savait depuis plusieurs décennies mais, cette fois, on est placé
devant la dernière échéance : pour l'espèce humaine, le
délai est expiré. Le mode de vie occidental actuel nous détruit.
Ou bien des événements très cruels nous contraindront d'y
renoncer, ou bien nous accepteront la radicalité que nombre de
scientifiques dont ceux du GIEC, mais aussi bien d'autres sages, nous
exhortent d'accepter. Les puissants sont devenus impuissants. Place
aux modestes et aux simples. Passons de l'indignation à la rupture.
Ne nous laissons plus manipuler, prenons enfin nos vies en main !
Oser et réussir