mercredi 22 octobre 2008

Écolos à bons comptes...


Qu'en dirait André Gorz qui, dans Ecologica, semble avoir tout annoncé?

Embrassons-nous Folleville. Nous voici tous derrière Jean-Louis Borloo. Il est bien content, le ministre! Il a fait la quasi unanimité, à l'Assemblée nationale, sur sa loi Grenelle 1. Les socialistes -c'est un vote "historique", paraît-il!- ont rejoint l'UMP et les pseudos centristes pour approuver un texte qui promet beaucoup et ne propose pas grand chose.

Les Verts se sont abstenus. Les communistes aussi. "Continuez vous êtes sur la bonne voie" a ironisé Yves Cochet. Le lien entre capitalisme (vert ou pas) et destruction de l'environnement n'est pas fait, argumentent les députés communistes. En pleine crise écolo-économique à façade banquière-financière, ils n'ont pas tort.

Ce vote illustre bien la confusion qui s'est emparé des socialistes. Il leur faut se faire une virginité verte. En voici, croient-ils, l'occasion! Ils se trompent, une fois de plus.

La poignée d'élus Verts a eu le courage de résister à la pression des tenants de ce consensus mou. Bravo! Que restera-t-il, d'ici peu, de ce catalogue de bonnes intention qui n'intègre pas la taxe sur les poids lourds, qui défait d'une main, par amendement, ce qu'elle a fait de l'autre (on pourra user des pesticides acceptés ailleurs, en Europe), et qui, bien sûr, n'évoque même pas l'intouchable priorité accordée au nucléaire...

Nicolas Hulot, sur la base de ses choix (emmener le plus de parlementaires possible vers l'acceptation d'un plus écologique) souhaitait l'unanimité. Sa prise de conscience de l'incapacité du libéralisme à ouvrir l'ère écologique ne le conduit pas encore à reconnaître que la plupart des politiciens, dans tous les partis, enfermés dans des logiques de croissance et d'économie de marché, jouent les faux culs et restent attachés au productivisme. La suite va, pourtant, vite le révéler. Actuellement, la peur de ce qui s'annonce encourage des gouvernants dépassés à "faire des gestes" mais pas à changer la donne, évidemment.

La responsabilité des socialistes est d'autant plus grande qu'ils sont les seuls à pouvoir, par leur nombre, mettre un frein aux enthousiasmes mensongers. Dans la partie de poker menteur où le Grand Tricheur fait semblant d'avoir les as en main, il est certes difficile de résister à ce flot d'actes et de paroles par lesquels le régime en place cherche à se dédouaner de ses responsabilités. Il n'empêche que ce ralliement parlementaire est, au mieux, une illusion, au pire, une trahison. Dans les deux cas, c'est, de la part des socialistes, une erreur qui se paiera cash : ils démontrent, d'une part, qu'ils n'ont aucune compétence propre en matière d'écologie et ils prouvent, d'autre part, qu'ils sont prêts à effectuer des compromis bancals au moment où la France a besoin d'une opposition claire, ferme et constructive face à la politique de la poudre aux yeux dont Jean-Louis Borloo est un brillant exécutant.

André Gorz, dans le livre posthume paru début 2008, annonçait, de façon rien moins que prophétique, dans le premier chapitre, que La sortie du capitalisme a déjà commencé, "qu'elle aura lieu d'une façon ou d'une autre civilisée ou barbare", que "la restructuration écologique ne peut qu'aggraver la crise du système", que "la décroissance est un impératif de survie" et "qu'il est impossible d'éviter une catastrophe climatique sans rompre radicalement avec les méthodes et la logique économique qui y mènent depuis cent cinquante ans". Ces propos qu'on pouvait, voici quelques mois, estimer excessifs et trop idéologiques, ont pris une vigueur d'autant plus grande que chaque jour qui passe semble les confirmer! Les néo-écolos qui se font une doctrine verte à peu de frais et ne changent pas grand chose à leurs convictions obsolètes auraient tout intérêt non seulement à relire (ou lire!) André Gorz mais à s'en inspirer dans leur action politique et leurs interventions parlementaires!

Archives du blog

Résistances et romanitude

Résistances et Changements

Recherche Google : rrom OR tsigane