mercredi 28 mars 2007

De l'urgence écologique


Nicolas Hulot parle d’urgence. Dominique Voynet de Révolution. José Bové d’insurrection.

Quel que soit le mot qu’on utilise pour désigner la manifestation d’un retournement radical de la donne politique, compte tenu des bouleversements qui apparaissent dans le paysage planétaire, il ne peut s’agir que d’une transformation totale de notre approche de la citoyenneté.

Cet engagement non-violent et cependant intensif vise à faire face à une situation très dangereuse que révèle la gravité des conséquences de l’effet de serre mais que l’amplitude des évolutions démographiques rend tout autant explosive !

Le capitalisme, considéré comme l’appropriation des moyens de production et d’échange, et qui a résisté à un collectivisme qui ne fut jamais qu’un capitalisme d’État, a résisté victorieusement au faux socialisme soviétique, mais apparaît à présent comme incapable de surmonter ses propres contradictions. Il court donc à sa propre perte.

Entre le tout privé et le tout État, il n’y a, actuellement, pas grand chose. La responsabilisation des citoyens pouvant intervenir dans la sphère politique et dans le domaine économique tout à la fois ne s’improvise pas. Elle résulte d’une formation qui n’est guère fournie dans l’univers scolaire et universitaire. Seuls les réseaux militants, les cellules citoyennes sont à même de concourir à cette formation.

Et, de toutes les formations, la plus indispensable est celle qui associe le politique, l’économique et le social dans un même effort de recherche des moyens de faire face aux urgences écologiques, du local au global. La réflexion sur ce qu’est la démocratie pratiquée, le travail utile et la production du nécessaire ne fait que re-commencer. La démocratie est plus que le vote. Le travail plus que l’emploi. La production autre chose que la croissance indéfinie.

Le danger est qu’il va falloir apprendre à marcher en marchant. L’entrée dans un nouveau monde avant d’être préparé à faire face à ses périls est tout à la fois angoissante et indispensable. Attendre est plus risqué que de se préparer avant d’agir. L’urgence écologique est là : il faut sortir des vieux schémas avant même que d’avoir su quoi y substituer ! Comme l’enfant qui apprend à marcher ou à faire de la bicyclette, pour ne pas chuter, il faut accepter de se mettre en déséquilibre afin d’avancer.

Il y a bien urgence, révolution et nécessaire insurrection devant le politiquement correct, les fausses évidences de tous ceux qui ne peuvent oser sortir de la doctrine prémâchée que diffusent les libéraux pur jus autant que les socialo-libéraux. Autrement dit, les partisans du laisser faire comme les partisans de règles minimales acceptent un jeu social et économique qui ne fonctionne que pour les nantis et les tricheurs. Le prix à payer pour les humains est devenu trop lourd. Ce ne sont pas les règles qu’il faut supprimer ou changer, c’est le jeu tel qu’il est organisé par ceux qui, depuis deux siècles, gagnent tout le temps. La cartes sont redistribuées et elles ne portent plus les mêmes images ? Nous sommes entrés dans un autre temps. Fin de la partie.

L’affrontement du réel est rude. C’est ce que Al Gore, Hubert Teeves, Jean-Marie Pelt, Nicolas Hulot et tant d’autres essaient, à tâtons, de faire comprendre. Et comme souvent, l’opinion réagit, dans ses profondeurs, mieux que les élites enfermées dans des savoir tout faits et considérés comme indiscutables ! Ce n’est pas des élections qui peuvent suffirent à transformer les pratiques, à déplacer les repères, à ouvrir l’avenir, mais l’élection peut être l’occasion d’une prise de conscience si profonde qu’il ne soit plus jamais possible de revenir en arrière. L’inscription massive sur les listes électorales de nouveaux électeurs est le signe de la recherche d’une voie nouvelle. Bien entendu, les structures traditionnelles ont cherché à bloquer la possibilité de sortir du cadre électoral habituel. Il semble que, cette fois, il va se passer quelque chose d’inattendu. Jamais une mobilisation n’a débouché sur le statu quo. Il s’agit donc d’être dans le flux qui inonde l’espace politique pour comprendre ce qui se prépare et n’est pas encore défini. Ce blog est pour moi le lieu où effectuer, comme tant d’autres citoyens, ce travail d’observation, de recherche et de propositions.

Il y a urgence. Elle est écologique parce qu’elle est la recherche d’un difficile équilibre relationnel entre des groupes humains ayant à gérer les richesses naturelles ou produites qui permettent de vivre. Beaucoup de connaissances sont remises à plat. C’est une période inquiétante qui débute, mais qui peut être passionnante. L’humanité joue son destin. Quiconque arrive sur terre connaît ce sort merveilleux et tragique ? Cette fois, ce sont les hommes tous ensemble qui font face aux conditions de leur survie.

Politique et démographie : le changement d’ère…

Les bouleversements survenus dans l’histoire humaine en un seul siècle dépassent nos capacités d’entendement. Au début du XXe siècle, la population de notre planète dépassait le milliard et demi d’habitants, mais il a fallu attendre les années 1950 pour compter deux milliards et demi de Terriens . Nous voici, en 2007, à plus de six milliards et demi d’êtres humains appelés à vivre ensemble . En 2030, nous serons 8 milliards et en 2050 sans doute 9 milliards. Ensuite, les démographes estiment qu’une décrue devrait s’annoncer.

Il est vital pour l’espèce humaine de mieux comprendre ce phénomène qui nous était inconnu jusqu’au milieu du siècle dernier. Qui aurait cru que l’Inde allait devenir, dans vingt ans, le pays le plus peuplé avec 1,6 milliard d’habitants, passant devant la Chine avec ses 1,5 milliard de ressortissants ?

D’autres rapports humains vont s’installer, et la mondialisation dont nous pensions qu’elle ne pouvait qu’être dominée par les États-Unis d’Amérique va se présenter d’une façon qui ne nous a jamais été avancée jusqu’ici ! Nous n’avions pas prévu une régression aussi forte des populations européennes (hormis, actuellement la France et l’Irlande), l’augmentation des effectifs en Afrique (au-delà du milliard de personnes) et la montée de la population en Amérique du Nord (de l’ordre de 300 à 400 millions d’États-Uniens, mais avec une inexorable progression de l’apport hispanique). À cela s’ajoutent le recul extraordinaire de la population russe (à raison d’un million de moins par an), le risque de disparition pure et simple de l’Allemagne, à terme, (en dépit de ses actuels 82 millions d’habitants) si elle continuait à perdre plus de vies qu’elle n’en crée, le risque moindre mais réel d’une fonte brutale des populations espagnole et italienne, un recul démographique inattendu au Maghreb… Tous nos savoirs ou plutôt nos idées reçues sur la répartition de la présence humaine sur Terre sont à rectifier.

Autre erreur sur laquelle nous avons vécu : la terre ne peut nourrir une aussi importante population ! C’est faux ! Et les hommes savent comment nourrir plus de dix milliards de bouches ! Cependant, si c’est possible, ce n’est pas possible en offrant à toutes les populations le modèle de vie qui est celui des Occidentaux ! Un autre monde s’annonce et nulle politique ne pourra empêcher les immigrations, le métissage des familles, un tout nouvel usage des moyens de transports, le développement massif des énergies renouvelables, un changement alimentaire conduisant à une diminution de la consommation des protides animales au profit des protides végétales. Nous n’échapperons pas à la nécessité d’une organisation beaucoup plus poussée des aides à la personne, et il nous faudra bien prendre en compte les exigences écologiques les plus fortes (notamment en ce qui concerne la gestion des ressources en eau et des ressources alimentaires : poisson, riz et autres céréales, ainsi que la lutte contre les causes de l’effet de serre…).

Tout se passe comme si, sous la pression démographique, les Terriens n’avaient plus le choix : il leur faut s’adapter ou disparaître.

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