mardi 27 décembre 2011

Du jeu pervers de l'élection présidentielle



Il n'y a rien de plus confortable que de ne pas penser (Simone Weil)

Sortirons-nous un jour, en France, de cette opération électorale (hélas, majeure !) qui détourne et contourne les choix des Français ? L'élection présidentielle a fait son temps mais nous allons encore la subir...

Comment faire élire celui dont les électeurs majoritairement souhaitent l'échec ? la méthode a déjà fonctionné plusieurs fois...

Trois candidats espèrent, actuellement, l'emporter : Sarkozy, Hollande, et même Bayrou.

Quatre candidats peuvent se retrouver au second tour : les mêmes, plus Marine Le Pen.

Deux candidats pèseront indirectement sur le résultat, en atteignant ou en dépassant 5% des suffrages exprimés : Mélenchon et Joly.

Plus que jamais; en 2012, la course aux 500 parrainages sera difficile pour les "petits candidats". Les grands partis verrouillent -nous dit-on-, les élus, et surtout les maires, nombreux, dont certains pourraient, "par esprit républicain", parrainer un candidat qu'ils ne soutiennent pas. Il n'empêche que l'intérêt de susciter des candidatures rivales subsiste.

S'il se trouvait que Marine Le Pen n'obtienne pas les 500 signatures qui lui sont indispensables (son père ne les avait obtenues que de justesse, en 2007), cela pourrait avoir des raisons contradictoires ! Permettre un charivari FN pour mieux condamner "le système UMPS"; récupérer des voix de la droite dure, grâce à la frange de de l'UMP dite de la droite soit-disant "populaire" ; interdire un accès éventuel bien qu'improbable, au second tour de la candidate FN... Un délicat problème n'en surgirait pas moins : qu'un parti pesant plus de 10% des voix ne trouve pas assez de soutiens lui permettant de présenter son candidat passerait pour un déni de démocratie. La règle des 500 signatures n'est, du reste, qu'un outil supplémentaire dans la panoplie de bipolarisation de l'élection présidentielle.

Mécaniquement, ceux qui s'affirment à gauche peuvent être majoritaires et être absents du second tour, donc éliminés. C'est l'un des meilleurs espoirs de Sarkozy.

Statistiquement, plus les électeurs sont âgés, plus ils votent conservateurs. C'est la raison pour laquelle les encouragements du gouvernement à s'inscrire sur les listes électorales sont si timides ! Les nouveaux électeurs, en effet, sont hostiles au président sortant...



L'élection de 2007 avait vu un record de participation. Après le traumatisme de 2002 (Jospin ne pensait qu'au second tour et avait, pour cela, perdu l'élection), les électeurs voulaient du neuf. Ils en ont eu...! Cette fois, la participation, tout en restant forte, pourrait être moindre car le désenchantement des Français est sans égal.

La donne est simple par conséquent : l'électorat est captif et le choix unique qui intéresse les médias se limite au choix entre "le centre gauche et le "centre droit", (les outsiders, comme on dit en langage sportif, devant non seulement se retrouver affaiblis mais rapidement mis sur la touche).

Politiquement Sarkozy est battu : il a gravement déçu et son bilan est très mauvais. Mathématiquement, il n'a pas perdu si son adversaire est Marine Le Pen, portée par la vague nationaliste et les déconvenues liées à "la crise" ; il n'a pas perdu si son adversaire est François Hollande, poussé à la faute, dans la dernière ligne droite, en lui faisant dire une chose et son contraire (tout doit changer ; rien ne peut changer) ; il n'a pas perdu si son adversaire est François Bayrou, sans "troupes", sans appui populaire et ne pouvant compter que sur "l'antisarkozisme".

Cette mécanique peut-elle s'enrayer ? Il n'y a pas d'élection sans une part de surprise. De Gaulle en ballotage en 1965 ! La gauche absente, déjà, en 1969 ! Giscard d'Estaing plutôt qu'un candidat gaulliste en 1974 ! Mitterrand élu et réélu sans peine, en 1981 et 1988 ! Chirac devant Balladur en 1995 ! Chirac encore devant... Le Pen, en 2002 ! Sarkozy aisément élu face à une candidate socialiste dont le parti est pourtant le mieux implanté en France, en 2007...

On observera que, hormis Mitterrand candidat quatre fois et l'ayant emporté deux fois, le candidat socialiste, que ce soit Jospin ou Royal, n'a pas constitué une véritable menace pour le candidat de la mouvance RPR - UMP. Que peut-il se produire, en 2012, qui change sensiblement le rapport des forces ?



La règle du vote utile va-t-elle jouer ? Tous les résignés de la Ve République, "à gauche", restent marqués par le syndrome de 2002 : tout plutôt qu'un nouveau Le Pen au second tour !

Le besoin d'un renouveau d'une gauche ayant confondu alternative et alternance, va-t-il, en l'absence possible de candidats de Lutte ouvrière, du NPA ou du Parti des travailleurs, gonfler le score du candidat du Front de Gauche au point de devenir indispensable au candidat socialiste, tant au second tour que pour les législatives qui suivront ?

L'influence du vote écologiste n'est-elle pas, actuellement, sous estimée et les 5% de Noël Mamère, en 2002, ne seront-ils pas dépassés par Éva Joly qui dispose, après Fukushima et grâce à la prise de conscience des jeunes générations, d'un matelas de voix potentiel qui peut s'avérer plus important que prévu ?

Restent deux incertitudes encore : celles de l'ampleur de l'abstention (à cause des "écœurés de la politique") et celle de l'importance des votes non exprimés, blancs et nuls donc, hélas mélangés, (à cause du refus de la donne politique et du mode de scrutin lui-même).

Cette complexité, reflétant la variété et le scepticisme de l'opinion publique, est volontairement annihilée par un type d'élection bipolaire qui, stricto sensu, n'a pas un caractère démocratique puisque les votes sont ou captifs ou limités dans leur expression.

Imaginons une loi électorale qui ne retiennent, au second tour, que les trois premiers, ou les candidats ayant obtenus plus de 20% des suffrages, ou qui accorde une prime de 5 ou 10% au candidat en tête, sans éliminer les candidats ayant eux-mêmes atteint des scores égaux ou supérieurs à 5 ou 10% ! Et l'on peut en rajouter y compris dans l'absurde... Toutes les conditions de la réussite s'en trouveraient modifiées. Jospin eut, par exemple, été élu en 2002.

L'élection présidentielle repose, mais nous nous refusons à l'admettre, sur une règle du jeu perverse. Elle transforme le régime démocratique en régime monarchique. Elle n'est mise en œuvre dans aucun autre pays d'Europe. Elle peut conduire à des contradictions (modestement appelées : cohabitation)... Elle trompe, depuis longtemps, le pays qui pense que l'élection du Chef de l'État au suffrage universel ne peut qu'être démocratique !

L'année 2012 sera-t-elle celle d'une innovation, inconnue depuis que la durée du mandat présidentiel a été ramené à 5 ans : une majorité présidentielle et une majorité parlementaire différentes ? Rien ne l'interdit sinon l'appel véhément du vainqueur à la cohérence politique.

Oui, décidément, la Ve République a besoin de plus que d'un lifting ! Elle ne correspond plus à ce qu'une République française doit être dans un ensemble politique européen politiquement élargi et influent. Nous allons vivre, sans doute, la dernière des élections de type néo-gaullien, fondée sur une analyse obsolète et erronée des rapports politiques en France.

Dans cette attente, il nous sera offert de participer, de nouveau, au jeu pervers de l'élection présidentielle...


Un mauvais souvenir : Sarkozy était bel et bien légitime !

samedi 24 décembre 2011

De l'actualité du message de Vaclav Havel. 2

Dissident-président ou sans parti engagé ? Vaclav Havel a tenté, réussi et échoué.

Engager la lutte et opposer la force de l'esprit à la force d'un État, c'est ce qu'a tenté le dissident.
Faire passer son pays, en profitant de la perestroïka en URSS; du satellite politique à l'autonomie politique, c'est ce qu'a réussi, appuyé sur l'ensemble des citoyens tchécoslovaques, le sans parti engagé.
Exercer le pouvoir d'État en évitant la partition de la Slovaquie c'est ce que n'a pu faire le président.

Tous et chacun avec Vaclav Havel

La démission de Vaclav Havel fut plus qu'une libération, pour lui, ce fut un moment de vérité pour la démocratie. Cette démission signifiait que laisser le champ libre à l'action politique peut voir ressurgir les démons, non plus les démons du totalitarisme pro-soviétique, mais les démons du néo-totalitarisme capitaliste. Havel a constaté qu'il ne pouvait échapper à ce dilemme : la fausse démocratie populaire ou la fausse démocratie libérale. Il s'est alors retiré. Ce fut à la fois logique et historique. Celui qui ne s'accroche pas au pouvoir sauve mieux que son image, il sauve ce pour quoi il avait donné sa vie : la liberté et la vérité citoyennes.

Vaclav Havel, l'utopiste, a eu les obsèques d'un roi. Le peuple tchèque, crispé sur son nationalisme et accroché à l'espoir d'entrer dans le cercle des pays riches, a constaté, par l'expérience, que leur président défunt avait vu clair : on ne fait pas le bonheur du peuple malgré lui, certes, mais on ne gagne rien non plus à rejoindre le camp des dominateurs de l'économie mondiale. La "crise" ou la mutation de société qui s'étale, à présent, sur l'Europe donne à penser aux Tchèques, et à nous avec eux, que l'implosion du "bloc de l'est", en 1989, ne garantissait pas aux "pays de l'ouest" une immortalité du régime économico-politique "libéral" et en réalité, oui, perversement totalitaire.

Vaclav Havel a cru à l'économie de marché parce qu'il y voyait l'exercice de la liberté du citoyen dans la sphère économique ce que le communisme avait expressément interdit en instituant un capitalisme d'État. Il pensait, à bon droit, que la démocratie qui ne s'exerce pas dans le domaine de l'économie n'est pas la démocratie. La suite lui a démontré que les marxistes avaient eu raison au moins sur un point : la liberté du renard libre au milieu des poules libres n'empêche pas que le plus fort dévore les plus faibles. Le "pouvoir des sans-pouvoir" ne concerne pas que les sans-pouvoir politique ; il concerne aussi les sans-pouvoir économique, autrement dit les pauvres. Les indignés ont surgi trop tard pour que Vaclav Havel en fasse parti.


Gorbatchev propose aux Russes d'oser une nouvelle perestroïka

Aujourd'hui même, 24 décembre, les indignés russes manifestent contre le néo-despotisme de Poutine et autres revenants du stalinisme, convertis au libéralisme totalitaire. La boucle se boucle. Vingt ans après sa propre démission, exactement, Gorbatchev les soutient et invite Poutine à se retirer ! Vaclav Havel a fait parti des rares hommes politiques qui ont redonné espoir aux sans-pouvoir, comme Gandhi, Martin Luther King ou Mandela qui ont fait autre chose que de rechercher à triompher et ont, ainsi, modifié l'histoire de l'humanité.

vendredi 23 décembre 2011

De l'actualité du message de Vaclav Havel. 1

Quand, en 1978, Vaclav Havel écrivait Le pouvoir des sans-pouvoir (1), il ne pouvait savoir qu'un jour, au-delà de la Tchécoslovaquie, des sans-pouvoir prendraient le pouvoir. Il pensait qu'un citoyen sans pouvoir reste un citoyen et peut le manifester, fut-ce à ses risques et périls. Il ne savait pas, alors, que les "sans-pouvoir économique" pouvaient peser sur la vie du monde, qu'ils accèdent ou pas au pouvoir... d'État.

Vaclav Havel apporte des nuances essentielles à la vie politique, notamment celles-ci :
le dissident n'est pas un opposant même s'il est inévitable qu'il soit considéré comme tel.
une "définition topographique" de la politique (droite, gauche, centre) n'a pas de sens (2), même notre cœur est à gauche.
Le pouvoir est un service auquel il ne faut pas s'accrocher (3) et se battre pour le conserver ou le conquérir fait confondre l'intérêt personnel et l'intérêt général.
La "dictature post-totalitaire" est différente de la dictature classique; ce n'est plus seulement par la force qu'on impose la monocratie, mais par la domination de l'idéologie.

Il faut méditer ces affirmations et les replacer dans le contexte politique de notre temps. Je le ferai ici. J'y ajouterai une réflexion sur l'économie de marché (à laquelle Vaclav Havel s'était rallié) qui n'est pas ce qui a succèdé à l'économie administrée par l'État et qui peut devenir une économie totalitaire.

Vaclav Havel (1936-2011)

(1) Paru dans : Havel Vaclav, Essais politiques, Paris, Calmann-Lévy, 1990, pp.65 à 157.
(2) Havel Vaclav, Méditations d'été, Paris, éditions de l'Aube, 1992, p.61-63.
(3)
Havel Vaclav, L'angoisse de la liberté, (recueil de discours), Paris, éditions de l'Aube, 1992, p.237 : Discours de démission.

jeudi 22 décembre 2011

Faire de Noël une révolution



Brice Parain (1917-1971)

"Chaque parole a des retentissements. Chaque silence aussi". (Jean-Paul Sartre).
"Les mots sont des pistolets chargés". (Brice Parain).

Brice Parain (1), philosophe aujourd'hui oublié, interviewé par le Monde, le 2 août 1969, affirmait : "La nouveauté, c'est la mort de Dieu et l'émancipation de l'esprit hors de l'emprise cléricale. Mais cela ne suffit pas à créer un monde nouveau. La révolution russe a tenté aussi de fonder un monde nouveau. C'était un formidable événement, dont j'ai été le contemporain : j'avais 20 ans en 1917. J'y ai cru. La Russie a voulu devenir une grande puissance industrielle, et elle y est parvenue. Je ne crois pas que l'on puisse échapper aujourd'hui à la civilisation industrielle et à la crise qui en est issue. Si on veut transformer ce monde, il faut le penser. Il est radicalement différent de tous les autres". (2)

La nouvelle survenue de Noël nous laisse dans les mêmes impasses que par le passé. Contrairement à ce que dit Brice Parain, Dieu, hélas, n'est pas mort ! Car Dieu n'est que ce qu'en disent les hommes, c'est-à-dire une caricature de ce que peut être Dieu, s'il est.

Que deux milliards d'êtres humains célèbrent la naissance "du petit Jésus" ne fait pas renaître Dieu en sa crèche ! On peut même constater que tout ce pour quoi Jésus a été crucifié triomphe jusqu'en son église : l'amour ou l'acceptation complice (c'est tout comme...) de l'argent, du pouvoir et de la violence.

Pour transformer le monde il faut user des mots qui, comme le voulut Vaclav Havel, donnent du pouvoir aux sans pouvoir (3). Le monde réel appartient au pauvre, au sans parti, au non violent. Tout discours religieux qui ne commence pas par dire cela est, de fait irréligieux et désespérant.

Vaclav Havel, le "sans parti engagé"

Le piège des mots, béant devant nous, est tendu par des communicants qui nous font accroire ce qui sera contredit sous peu ! La politique est ainsi salie par des professionnels qui affirment ce qu'ils ne pensent pas.

Trions parmi les mots ! Pesons les. Pénétrons les !

L'austérité, pour ne prendre que celui là est-il : sévérité, dureté, rigidité ?
S'accompagne-t-elle d'abstinence, de mortifications, d'ascèse, de pénitence, tous mots proches, à connotation religieuse, utilisés dans le langage monastique de ceux qui croient encore que le malheur vient du péché individuel !

L'austérité est-elle vue comme une rigueur ou une sobriété ? Car l'une contredit l'autre ! La rigueur accable ; la sobriété libère.

Dégainons les mots. Non pour tuer mais pour vivre. Prenons parti, librement, pour ne pas prendre le parti d'un parti, pour ne pas sombrer dans le parti pris. Soyons solidaires des modestes qui ne sont pas sans richesse, des illettrés qui ne sont pas sans culture, de tous "les sans" qui ne sont pas sans pouvoir.


Ne désespérons pas le Père Noël...

L'espérance de Noël n'est pas dans les bondieuseries et les cadeaux, ou, alors, faisons-nous cadeau de bonheurs simples. Et reprenons le refrain d'Aragon, cela vaut plus qu'un cantique :

Qui parle du bonheur a souvent les yeux tristes
N'est-ce pas un sanglot de la déconvenue
Une corde brisée aux doigts du guitariste
Et pourtant je vous dis que le bonheur existe
Ailleurs que dans le rêve ailleurs que dans les nues
Terre terre voici ses rades inconnues


Accostons à cette Terre, la nôtre ! Réenchantons le monde. C'est peut-être une chance ultime.
Ne fêtons pas Noël ! Faisons de Noël la fête du partage. Osons la joie.



(1) Intellectuel discret, grand ami d'Albert Camus, il s'engagera aux côtés de Robert Antelme et d'André Breton, entre autres, au sein de la revue Le 14 Juillet contre le retour au pouvoir du général de Gaulle en 1958. Il a dirigé le tome 1 de L'Histoire de la philosophie dans l'Encyclopédie de la Pléiade.
Voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Brice_Parain
(2) http://www.cafe.edu/genres/e-intpar.htm
(3) Vaclav Havel, Le Pouvoir des sans-pouvoir, essai, 1978.


lundi 19 décembre 2011

Les faux choix



Ne laissons pas se déliter nos choix humains

Les choix politiques ne s'abritent plus à l'intérieur des partis.
On peut effectuer ces choix sans "adhérer" (se coller !) à des partis politiques.
S'enfermer dans une logique partidaire (1), c'est s'interdire des choix innovants.

Il en est ainsi du choix entre la droite et la gauche, alors que la droite n'est plus nécessairement le, (ou les) partis du conservatisme et du capital, et alors que la gauche n'est plus le, (ou les) partis du progrès et du travail.

Il en est ainsi du choix du socialisme (qui n'a qu'une définition : la fin du capitalisme quelles qu'en soient les formes), alors que le parti socialiste n'est plus, nulle part en Europe, socialiste.

En France, les choix idéologiques s'appuient sur des organisations qui dépassent ou contournent les partis.

S'agissant des partis eux-mêmes, - mises à part les structures faites pour soutenir et installer les dirigeants qui demeurent les servants du système économico-politique occidental qui s'autodésigne, faussement, comme "la démocratie" - , où serait le choix ?

Le PS propose une alternance qui n'est pas une alternative. Il reste inscrit dans des logiques libérales. Il a cessé d'être le parti de Jaurès et même celui de Blum. Il a glissé, avec François Mitterrand, dans l'acceptation d'un rôle : celui de "limitateur des dégâts" et d'occupant des palais du pouvoir, sans exercer ce pouvoir de plus en plus aux mains des technocrates des milieux financiers.

Le PCF est ce qui reste d'un grand parti populaire qui se meurt non seulement de ses erreurs passées et de son attachement trop longtemps persistant à L'URSS, mais de sa volonté de faire durer le temps de sa représentativité grâce à quelques élus ne devant, in fine, leur place qu'à des alliances avec le PS. Son idéologie productiviste fait le reste : il a cessé d'offrir un choix possible.

Les partis groupusculaires ou crépusculaires, trotskistes ou non, sans force autre que celle de leur protestation, mobilisent, en vain, des énergies qui ne demandent qu'à s'employer, mais qui ne proposent rien d'autres que des solutions du passé, d'un anticapitalisme sans danger pour les dirigeants de système. Il n'est là, rien qui puisse donner à choisir un modèle de société approchable.

Le Parti de Gauche qui voulait redonner sens au socialisme et ouvrir un espace à l'écologie politique se trouve, pour des raisons électorales, associé au PCF dans un Front de gauche qui édulcore son originalité. Il est rentré dans les rangs du système politicien traditionnel.

L'écologie politique ne parvient pas à sortir du dilemme : ou "faire de la politique autrement" et ne pas peser sur les résultats électoraux ou constituer un parti comme les autres et s'empêcher de "faire de la politique autrement". En un mot, que ce soit, hier, le parti des Verts ou, aujourd'hui, le parti EELV, il faut passer par un accord avec le PS pour exister et, dans ces conditions, on laisse, sur le bord de la route, une large partie des choix écologistes, notamment ceux qui sont incompatibles avec le capitalisme.

On le voit donc : le bipartisme, la fausse gauche contre la vraie droite, interdisent l'expression d'un refus du système économique et politique dominant. Il ne peut rien sortir des jeux où les modestes sont toujours perdants. L'Europe en surchauffe, actuellement, le démontre et l'éviction des gouvernements à majorité de droite (Italie, bientôt la France peut-être) ou à majorité pseudo socialiste (Grèce, Espagne...) risque de n'aboutir qu'à un seul et même résultat : la domination confirmée et amplifiée des puissances d'argent.

Restent, actuellement, les mouvements populaires puissants et confus qui, des "printemps arabes" aux "Indignés" (espagnol, étatsunien, israélien, russe...) manifestent la volonté de changer de paradigmes. Sont-ils la cause ou la conséquence de l'affaiblissement du système mondialisé qui, à vouloir fonctionner sans limites, avec un appétit féroce, a trouvé ses limites ? Ils sont, en tout cas, les seuls à pouvoir modifier la donne politique, pour le meilleur et, sans doute parfois, pour le pire.

Il n'a jamais été aussi important d'éviter les faux choix. Le talent des trompeurs d'opinions est immense. Il ne suffit plus d'avoir des idées de changement, il faut commencer à le mettre en œuvre, dans sa vie. On pouvait, dans le cadre de la politique de représentation, confier sa pensée à des élus, à charge pour eux de l'exécuter. La politique de délégation aux partis a ôté le pouvoir aux citoyens.

C'est fini. Nous entrons dans des temps complexes où les citoyens ont à apprendre leur citoyenneté et à comprendre comment on participe continuellement aux décisions. C'est une autre histoire qui s'ouvre.




(1) Voir; pour ce mot nouveau : Réflexion sur la logique partidaire en France. La crise du politique, par Lydia Nicollet
http://base.d-p-h.info/fr/fiches/premierdph/fiche-premierdph-2040.html



dimanche 18 décembre 2011

Il y a bientôt 100 ans mourait Poincarré.

Maîtrisons-nous ce que nous entreprenons ? Le chaos est-il un état permanent de la Terre ou un effet, aussi, de l'activité humaine ? Allons-nous de toute façon vers l'inconnu ou y avons-nous notre part ? Ces questions ne sont plus théoriques. Les bouleversements climatiques ne sont plus la seule affaire des scientifiques ou du GIEC ! C'est notre quotidien qui est bouleversé. Les désordres économiques ne sont pas "naturels" : ils ont pour causes nos propres actions ; ils sont donc susceptibles de corrections. Inutile de s'en remettre aux faux savants ! C'est la politique qui doit intervenir. C'est à dire... nous.

De Poincaré à Lorenz, des clefs pour appréhender le réel

Henri Poincarré (1854-1912)

".../... Dans notre époque la Science et les expertises ont un besoin croissant de repères ? Avec 2012 commence la centième année après la mort d'un très grand scientifique français : le mathématicien, physicien et philosophe Henri Poincaré. Un repère exceptionnel pour sa valeur scientifique, mais aussi sur le plan moral. En plein chaos économique, pourquoi ne pas rappeler le rôle décisif d'Henri Poincaré, il y a plus d'un siècle, dans la naissance d'une Théorie du Chaos des systèmes dynamiques autrement plus utile et sérieuse que les « théories économiques » répandues de manière récurrente par les « grands spécialistes » occidentaux au cours des trois dernières décennies ? "

http://science21.blogs.courrierinternational.com/archive/2011/12/17/henri-poincare-centenaire-de-sa-mort-ii.html

Edward Lorenz (1917-2008)

Du théoricien de génie Henri Poincaré au météorologue Edward Lorenz : La théorie du chaos est un centenaire très moderne.

"Le simple battement d'ailes d'un papillon au Brésil pourrait déclencher une tornade au Texas". Cette métaphore, devenue emblématique du phénomène de sensibilité aux conditions initiales, est souvent interprétée à tort de façon causale : ce serait le battement d'aile du papillon qui déclencherait la tempête. Il n'en est rien. Cependant une donnée infime, imperceptible, peut aboutir à une situation totalement différente de celle calculée sans tenir compte de cette donnée infime.

http://abcmathsblog.blogspot.com/2007/11/du-thoricien-de-gnie-henri-poincar-au.html

jeudi 24 novembre 2011

Haro sur Éva Joly !



Ils s'y mettent tous ! Les professionnels de la politique politicienne, du bavardage médiatique, du conformisme électoral et de la pérennité du système, s'en donnent à cœur joie. Eva Joly ne joue pas le jeu. Il faut l'abattre :


.

Et si, en dépit de tout et contre tous, elle disait ce que pensent de nombreux citoyens ?
• que le PS ne propose pas une alternative à l'UMP, seulement une variante au libéralisme.
• que le rapport au nucléaire constitue un vrai clivage qui ne suppose aucun compromis.



• que le débat présidentiel fournit une occasion de poser des questions de civilisation.
• qu'une majorité ne se concocte pas avant l'établissement d'un rapport de forces.
• que l'indignation des citoyens ne souffre pas de se contenter de demi-mesures.
• que sans solidarité active avec les plus démunis des citoyens, aucune politique ne vaut.
• que la dette n'est pas dû au laxisme des Français mais à la goinfrerie des plus riches.
• que la démocratie n'est plus là où 10% des plus riches possèdent plus de 50% du patrimoine !
• que changer de "logiciel", c'est sortir de la logique de la croissance pour aller vers la sobriété.
• que la réalisation d'un seul EPR serait la relance et non la sortie du nucléaire.
• que "les affaires" scandaleuses qui se succèdent et n'épargnent pas le PS sont dues au système.
• que l'Europe qui n'est pas une protection contre les nationalismes perd toute raison d'être.
• que la démocratie ne peut fonctionner sous la férule des partis.
• que les Français sont capables de prendre en main leur vie quotidienne.
• que les initiativespour entrer dans une société écologique ne doivent plus être bridées.

Finalement, même si c'est par principe et improbable, on ne peut demander à Éva Joly de soutenir François Hollande sans qu'il s'engage à la réciprocité !


jeudi 17 novembre 2011

Présidentielles : une bonne fois pour toutes...


Tout en admettant que :
1 - l'élection ne garantit pas la démocratie ;
2 - l'absence d'élection ne la garantit évidemment pas non plus ;
3 - l'élection présidentielle renforce constamment la monocratie ;
4 - le mode de scrutin uninominal à deux tours a bipolarisé la République ;
5 - l'absence de 3ème candidat, même si aucun n'a atteint 25% (cf. 2002), fausse la majorité ;
6 - la non prise en compte du vote blanc interdit de récuser tous les candidats ;
7 - l'énorme financement des campagnes bloque toute concurrence électorale équitable ;
8 - l'exception électorale française en Europe met en évidence l'iniquité du présidentialisme ;
9 - le glissement de l'élection vers un supershow médiatique trouble et trompe les électeurs ;
10 - la place des législatives, après les présidentielles, soumet le législatif à l'exécutif ;



...il n'en reste pas moins que :
a - voter, ou ne pas voter, est un choix politique lourd pour tout citoyen ;
b - l'abstention volontaire n'a de sens que si elle est expliquée, popularisée, collective ;
c - la contestation de l'élection présidentielle en son principe doit s'exprimer par le vote ;
d - le vote blanc est légitime et il doit être compté dans les suffrages exprimés ;
e - voter pour faire élire et voter pour exprimer ce qu'on pense peuvent être incompatibles ;
f - le vote contraint enlève à l'électeur son pouvoir politique ;
g - choisir un président, en France, n'oppose pas toujours droite et gauche (cf : 1969 et 2002) ;
h - un candidat solitaire devient non un porteur de projet mais un chef de guerre ;
i - à une élection à caractère obsolète, il faut oser opposer un autre mode de scrutin ;
j - l'élection de 2012 introduit une rupture en remplaçant le choix de société par un référendum ;



...il s'ensuit, de façon pratique que :
I - entre l'abstention et le vote blanc, si le choix est impossible, il faut voter blanc ;
II - il faut écarter tout candidat qui n'a pas de projet de révision de la constitution monarchique ;
III - il faut écarter tout candidat qui n'a pas un projet de sortie du système économique libéral ;
IV - il faut écarter tout candidat qui ne veut pas libérer la France du nucléaire civil et militaire ;
V - il faut écarter tout candidat qui reste dépendant du système politique des partis ;
VI - il faut voter pour le candidat le moins éloigné de ce qu'on pense, non pour battre le sortant ;
VII - l'élu, quel qu'il soit, ne sera pas en capacité de mettre en œuvre son programme ;
VIII - il y a danger gravissime à faire peser la charge de la dette sur les épaules des plus pauvres ;
IX - il faut faire entrer la France et l'Europe dans le mouvement d'indignation planétaire ;
X - la démocratie doit surprendre et ne pas se donner aux professionnels de la politique.


Ces repères ne sont que des repères. Ils balisent le champ politique. Ils permettent, au moment où se dégageront les nuages qui empêchent de voir l'avenir, de se retirer d'une élection truquée ou, au contraire, de participer à un choix qui échappe au conditionnement médiatique.

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