mercredi 12 octobre 2011

L'espoir politique ou l'impossible rêve ?


La vie politique consiste à réanimer des espoirs impossibles. Les médias s'excitent sur les primaires socialistes comme les Mexicains ou les Philippins devant les combats de coqs.

Tout semble dit : François Hollande n'a-il-pas déjà reçu, l'un après l'autre, tous les soutiens de la droite de la fausse gauche ?

Celui, d'abord, très vite, de Manuel Valls, pour qui la faim du pouvoir autorise d'avaler toutes les tambouilles fabriquées et d'accepter toutes les magouilles préparées, dans les officines et cuisines où les plats libéraux mijotent. Cet homme du futur est dépassé et son socialisme n'était que de façade.

Celui de Jean-Michel Baylet, ensuite, le bon apôtre laïque, pour qui Édouard Herriot eut été un dangereux gauchiste, l'homme du radicalisme sans racines. Cet homme du passé n'a d'autre avenir que celui du chacal qui se repaît de ce que le fauve-roi lui laisse déguster.

Celui de Ségolène Royal, enfin, dont on voudrait espérer que la connivence avec son ex-époux est constituée de souvenirs conjugaux mais qui, en réalité, se croit encore investie d'une modernité qui n'est faite ni de rénovation, ni d'actualité, ni d'innovation et la voici qui tente, une ultime fois, de tromper les socialistes et autres Français derrière des apparences qui n'ont rien de populaire.

Bref, tous les ingrédients de la fausse gauche sont déjà dans la soupière où François Hollande a même convoqué le souvenir et les gargouillis d'orateur du plus talentueux des artistes ayant jamais trompé "le peuple de gauche" : l'autre François lui-même, celui dont le mérite fut de tout trahir avec une maestria et un savoir-faire jusqu'à ce jour inégalés.

Et nous voici au bord du gouffre. Celui qui gagnera dirigera une France impossible à diriger. Martine Aubry, pas plus que son père, ne dispose des moyens de conduire sa politique. François Hollande ne pourra longtemps opposer ses habilités aux coups de boutoir d'un régime économico-politique à l'hallali et donc d'autant plus dangereux.

L'absent, "le troisième homme", Arnaud Montebourg, tout fier d'avoir fait mentir les sondages, n'a rien de mieux à faire que de démontrer que les deux protagonistes devenus, selon lui, simples "impétrants" (qui ont obtenu quelque chose) vont, nécessairement, s'empêtrer (donc s'embarrasser, s'entraver, s'encombrer, s'enferrer) dans des difficultés qu'il avait prévues et annoncées. Cela ne lui servira guère à l'avenir... Jouissance passagère qui masque, du reste, la même impuissance : Nicolas Sarkozy est probablement électoralement condamné mais qui va lui succéder sera bien en peine de dire ce qu'il ou elle fera de sa victoire.

Il faut vraiment être amoureux fou du pouvoir ou insensé (ce n'est pas incompatible !) pour aspirer diriger son pays dans de telles conditions ?

Tout est-il par conséquent écrit, et n'aurons nous qu'à assister à un mauvais spectacle ? Voire ! Du premier tour des primaires, deux enseignements majeurs sont à retirer.

Premièrement, par dessus les partis, des Français, sans d'autre contrainte que celle de leur désir de participer à la décision politique, sont allés dire qu'ils étaient là, et qu'ils ne voulaient pas, n'être que des électeurs. Plus de deux millions et demi d'indignés et autres motivés ont changé la donne : on ne pourra plus jamais se priver de l'avis de ceux qui, primaires ou pas, peuvent se mobiliser. Coup de printemps tardif que la météorologie confirme... Bref, on ne refera pas trop souvent le mauvais coup du référendum de 2005 où l'on a voulu éteindre un débat et une volonté politiques, pour des résultats d'ailleurs forts minces et déjà contredits par la crise européenne !

En second lieu, une partie des tentations intra-PS ont été, pour un temps, mises de côté. La tentation libéralo-socialiste a "Vallsé"; la tentation radical-socialiste a vécu ; la tentation autoritaire royalo-socialiste a chuté lourdement. Le paysage s'est rouvert et y soufflent (un peu !) des bouffées d'air écologiques et "partageuses". Et comme le sol s'ouvre aussi, sous la pesée des actions humaines qui bouleversent la Terre, tout n'est pas perdu, la terreur aidant. Point n'est nécessaire de subir la catastrophe pour que se secoue la planète ; la trouille peut suffire...

Alors ? Alors, il faut voter, dimanche. Ne serait-ce que pour accentuer le mouvement de la première vague et dépasser les trois millions d'électeurs. Partout où l'on peut déborder les partis, il faut aller.

Ensuite, il faut choisir Martine Aubry pour qu'elle soit amenée, élue ou pas, à peser sur l'avenir du PS en le faisant évoluer vers plus grand que lui. Plus de bavardage sur "la gauche" ! La gauche, non pas molle mais morte, est à réinventer quel que soit le nom qu'on lui donne et cette nouvelle force politique sera polymorphe ou ne sera pas.



Rien à espérer, ce soir, de l'habileté et de la jonglerie médiatiques des acteurs d'un soir. Les primaires PS peuvent nous conduire vers une bipolarisation catastrophique ou, tout au contraire, vers une nouvelle approche de la politique qui ne soit pas celle de la Vème République, comme l'a bien observé (il n'a pas toujours tort) Nicolas Sarkozy qui ne serait rien sans les institutions retouchées et monocratiques de l'après gaullisme. Rien n'est tranché. Il appartient aux écologistes, communistes, radicaux et tous autres citoyens qui ont, depuis longtemps, déserté les partis de refaire surface. La France, l'Europe, notre très petite planète ont besoin d'eux.

Cervantès avait raison. Son Don Quichotte ne se battait pas seulement contre des moulins à vent. Il était seulement impossible de l'empêcher de croire que l'amour et la justice sont des concepts utopiques. Même ce gros réaliste de Sancho Pança ne le croyait pas ! Puisqu'il suivait son maître. Faire de l'impossible rêve un possible espoir n'est pas interdit. Il faut bien sortir de ce tunnel où l'on nous enfume, où l'on noircit tout et où l'on nous prive d'horizon. Je n'attends rien du PS. Je voterai pour Martine Aubry au... second tour de l'élection de 2012, si c'est elle...


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