mardi 26 février 2008

Questions autour d'un vol "vert"?

"Les écolos britanniques ont accueilli froidement le premier vol commercial «vert» initié par Virgin dimanche. Il carburait, pour 20 % de l’un de ses quatre réservoirs, à l’huile de coco et de babassu. Selon le Mouvement pour le développement mondial (WDM), cette initiative ne serait qu’un «coup de pub avec de dangereuses conséquences pour la planète». Accusés d’entraîner la déforestation et de menacer l’agriculture de subsistance dans les pays du Sud, les biocarburants seraient une mauvaise réponse à la question climatique. Pis, si tous les vols britanniques utilisaient ces carburants, souligne WDM, la réduction des émissions ainsi obtenue serait annulée en un an, par la simple augmentation du trafic. Selon Kenneth Richter, des Amis de la Terre, «si Virgin voulait sérieusement réduire l’impact de l’industrie aéronautique, il soutiendrait la campagne pour inclure l’aviation dans les objectifs gouvernementaux de réduction des émissions de CO2». Le gouvernement s’est engagé à réduire ses émissions de 60 % d’ici à 2050, mais refuse d’inclure l’aviation dans ses calculs."(1)

Nous traversons une phase de manipulation de l'opinion publique! Au lieu de poser les questions difficiles, on cherche à convaincre les citoyens qu'on va tout changer en ne changeant rien. Quitte à mettre beaucoup d'argent dans ces opérations publicitaires!

Oui ou non, faudra-t-il, à tous prix, réduire les émissions de gaz à effet de serre, dans les 40 ans qui viennent? Oui ou non, faut-il commencer tout de suite? Oui ou non, faut-il réduire progressivement, mais dès à présent, l'usage des carburants fabriqués à partir des énergies fossiles (pétrole et... uranium!). Oui ou non, l'aviation est-elle concernée par ces limites tracées autour de l'industrie aéronautique? Oui ou non, les biocarburants constituent-ils une réponse acceptable au remplacement du pétrole ou cela ne règle-t-il rien? Oui ou non, la flambée des prix alimentaires, qui apparaît, est-elle liée à cette double cause : la diminution des espaces agricoles réservées à l'alimentation, d'une part, et l'augmentation
inéluctable du prix du pétrole dont les compagnies maîtrisent la croissance sans risque immédiat pour elles-mêmes, d'autre part? Oui ou non, une croissance économique indéfinie, sans contenu ni limites, n'interdit-elle pas, désormais, une autre croissance : celle du bien être de l'humanité? Oui ou non, pouvons-nous engager une modification des procès culturels permettant de supporter la fin des fausses évidences, afin de vivre le XXIe siècle sur des fondements tout autres, où le savoir et l'équité permettraient de vivre plus sobrement mais avec plus de plaisir?

Quel exemple que ce "vol vert"! Si remplacer le kérosène par l'huile de coco conduit à diminuer les ressources vitales des humains et aggrave la pollution par la suppression, comme en Indonésie, de forêts entières, l'économie de marché (de dupes?) a-t-elle encore un sens? Impossible de dire : nous ne savions pas! Si nous acceptons cet abandon, autant laisser aller l'humanité jusqu'à l'épuisement de ses ressources, elle n'en souffrira pas davantage mais achèvera, à coup sûr, sa course historique avec l'illusion d'avoir pu prolonger un mode de vie qui la condamne! Jamais la formule cynique "après moi le déluge" ( plus exactement : "tout cela durera bien autant que moi", de Louis, dit le Bien-Aimé!) n'aura trouvé un emploi plus justifié.

(1) Source : http://www.liberation.fr/actualite/economie_terre/312182.FR.php

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