mercredi 9 février 2011

Contre le mariage des prêtres


Le Monde daté du 7 février (page 7) rapporte que 144 professeurs d’universités catholiques, enseignant en Allemagne, en Autriche et en Suisse, dans un article récent, daté du 4 février, plaident pour la fin du célibat obligatoire et pour l’ordination des femmes.


C’est le scandale de la pédophilie qui secoue l’Église catholique et qui aboutit à une pareille prise de position. La chute des effectifs connus des catholiques, mesurée, notamment, par le refus croissant de citoyens allemands de payer l’impôt religieux, oblige l’Église à rechercher comment « regagner en crédibilité » !


Est-ce vraiment la bonne approche d’une question délicate concernant la sexualité d’adultes tenus au célibat par discipline ! Qu’un prêtre ait une compagne ou un compagnon, avec qui il partage sa vie, finira par ne plus faire scandale. Au reste, dans la réalité, et depuis longtemps, des prêtres catholiques ont souvent eu des relations sexuelles avec des personnes faisant partie de leur paroisse, ou non. Plus encore, au sein de l’Église catholique, dans certains rites orientaux, à la différence du rite latin, le mariage des prêtres existe déjà.


Ce qui est débattu, c’est la possibilité, pour une personne totalement consacrée au service de l’Église, d’avoir non seulement des rapports amoureux, mais d’avoir, près d’eux, des témoins (non qualifiés !) de leur activité pastorale. Cette « laïcisation indirecte » introduirait du désordre dans le sacrement de l’Ordre !


Il y a mariage non pas quand il y a autorisation, ou constat, de l’engagement de deux personnes à vivre ensemble, mais quand se produit l’événement de la rencontre sexuelle dont les conséquences peuvent bouleverser l’histoire d’une société. La signature d’un contrat, en mairie ou dans un lieu religieux, ne fait qu’entériner une décision prise, voire, le plus souvent, que suivre une union intime accomplie.


C’est sous cette lumière qu’il faut examiner un ensemble de possibilités pouvant modifier les règles strictes que s’est donnée l’Église depuis des siècles ! Qu’un homme marié puisse devenir prêtre ne ferait qu’aligner le rite latin catholique sur un rite oriental tout aussi catholique. On voit mal où se trouve la difficulté théologique. Qu’une femme puisse être ordonnée prêtre ne devrait pas davantage faire problème dans une assemblée « universelle » qui compte en majorité des femmes et, surtout, qui, en plus du culte marial, exalte l’égalité religieuse des humains des deux sexes.



L’obligation du célibat est, elle, d’ordre disciplinaire. Il suffirait que soit soulignée la préférence du célibat pour qu’on échappe à une contrainte intenable et hypocrite. Il ne s’agirait pas d’obliger au mariage mais d’y consentir. C’est fort différent. Nul doute que bien des prêtres ne se chargeront pas de familles, compte tenu des responsabilités paroissiale ou communautaire qu’ils reçoivent. D’autres feront couple.


Reste l’obligation de chasteté qui n’autorise aucune activité sexuelle hors du mariage. L’histoire nous apprend que, laïcs ou religieux, prêtres et moines ou pas, prélats de tous rangs ou non, cette obligation n’a guère été fidèlement observée et, si les fidèles ont davantage subi le poids de cette observance, contrôlée par la confession, les grands de ce monde s’y sont toujours facilement soustrait. Autrement dit, le « rigorisme moral », que déplorent les 144 théologiens, fait plus de ravages qu’il ne protège les chrétiens.


La vie sexuelle des religieux hors mariage n’ayant jamais été ignorée que par des… ignorants, faut-il tenter de la réguler, en la faisant entrer dans un cadre civil ? Ne vaut-il pas mieux que prêtres et laïcs soient, les uns comme les autres, considérés comme des êtres humains sexués auxquels il est, d’abord, demandé le respect et l’amour d’autrui ? Mieux vaudrait, sans doute, qu’un chrétien, être terrestre, ne dissocie pas la sexualité des relations humaines de qualité pouvant se nouer entre adultes consentants.


Le viol direct ou psychologiquement contraint, (y compris au sein du mariage !), la prostitution organisée, (cette marchandisation de l’amour), la pédophilie, (cette relation inégale avec un mineur), sont, avant toute autre chose, des crimes auxquelles il faut s’en prendre. Toute révision des codes comportementaux, au sein de l’Église, devrait, selon moi, armer les catholiques pour qu’ils deviennent, d’abord, des constructeurs de milieux relationnels où la tendresse, la solidarité, l’égalité des sexes, la protection des enfants iraient de soi. On n’en est, hélas, pas là !



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