jeudi 7 novembre 2013

Nous sommes tous des Taubira

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Que nous soyons, ou non, solidaires de la politique que conduit Christine Taubira, comme Garde des Sceaux - et, pour ma part, je ne suis ni un soutien du Gouvernement ni un thuriféraire de son ministre de la Justice -, il est impossible de laisser passer les injures racistes qui ont été déversées sur elle.

Les relents de l'esclavagisme et les miasmes du colonialisme ont si profondément imprégné le tissu social français qu'il en pue encore.

Les Haïtiens qui ont, il y a plus de deux siècles, vaincu les armées envoyées par Bonaparte pour soutenir les colons, dont les ancêtres ont constitué le premier État libre de tout esclavage (on le leur fit bien payer !), comptent, parmi eux, nombre de poètes francophones. 

J'ai trouvé, dans un recueil dit de Poésies nationales, (deuxième édition, curieusement non datée), sous la signature de Massilon Coicou, écrivain fort peu connu en France, dans le poème Cauchemar, (oui, le racisme est un cauchemar !), quatre vers qui me semblent adaptés à cette condamnation des racistes et de leur refus de la présence, parmi nous, de responsables politiques noirs.

La force est votre droit, le droit est notre crime.
Qu'un peuple noir soit libre et travaille et s'anime,
Et lentement prospère, et vive sous les cieux : 
Que cela soit ainsi, c'est un crime à vos yeux.

Ce qui se passe en France, comme en Italie est un rejet des hommes et des femmes dont l'apparence et, plus encore, les compétences échappent, fut-ce en partie, à l'occident blanc. C'est tragique, et l'élection d'un Obama européen n'est pas proche de se produire là d'où s'est organisée la traite négrière.

Christine Taubira est particulièrement haïe pour avoir fait voter la loi sur la commémoration de l'esclavage, pour avoir porté, devant le Parlement, la loi sur le "mariage libre", pour être ce qu'elle est, c'est-à-dire pétrie de culture française et de négritude, et pour être femme, une femme en charge du respect des lois. Cela semble incongru et pour tout dire impensable pour ceux qui vivent dans un ethnocentrisme obsolète, si ce n'est dans le machisme le plus brutal.

N'ont pas été suffisamment étudié, dans nos pays ex-coloniaux, les effets profonds, enracinés, pendant de très nombreuses années de domination, sur des populations méprisées, exploitées, violentées. On a appris à des générations de Français que la grandeur de la France s'était manifestée dans un empire géant soit-disant en charge de la transmission de la civilisation véritable. L'armée et l'Église furent associées pour garantir l'irréversibilité d'un processus ethnocidaire qui devait assurer à jamais, à notre pays, le statut de grande puissance éternelle.

Cartes à l'appui, -je les revois encore !-, les écoliers ont été littéralement endoctrinés avant comme après la seconde guerre mondiale. Les guerres nouvelles, de libération des peuples privés du droit à disposer d'eux-mêmes ont (déjà !) été présentées comme des entreprises terroristes. les défaites du Vietnam et d'Algérie n'ont pas été pardonnée. Jamais il n'a été rappelé que c'était la violence d'État qui avait engendré des violences indépendantistes.

Madame Taubira est le symbole même de ce qu'exècrent les nostalgiques du passé colonial et des tenants d'un esclavage moderne suite évidente de l'esclavage transatlantique passé. Elle a même osé être favorable à l'autonomie de sa lointaine Guyane.

Au moment où il devient possible de dire que la guerre de 1914-1948 fut une guerre perdue par tous les belligérants, il est temps que la parole et l'écriture se libèrent totalement. Jaurès avait eu raison d'écrire (mais il en mourut) : "le capitalisme porte en lui la guerre comme la nuée porte l'orage". Les dominations, (esclavage, colonialisme, capitalisme moderne) auront été les causes des perversions intellectuelles et psychologique ayant fait et continuant de faire le lit du racisme !

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