lundi 31 décembre 2007

Chypre grecque ou Chypre turque?

Chypre et Malte, un peu plus d'un million d'habitants à elles deux, entrent lundi à minuit dans la zone euro. Chypre, à 22h00 GMT, et Malte, une heure plus tard, deviennent les 14e et 15e pays de la zone euro, un bloc qui passera à 318.000 millions d'habitants, dans l'attente d'une éventuelle intégration de la Slovaquie en janvier 2009. L'Euro et l'Europe se structurent. Et que vont devenir les Chypriotes turcs? Que pèsera leur livre?

Avec 800.000 habitants pour Chypre et 400.000 pour Malte, les deux îles de Méditerranée, anciennes possessions britanniques, indépendantes depuis les années 1960, font figure de petits poucets. A Chypre, où mêmes les deux bases britanniques de Dhekelia et Episkopi-Akrotiri (255 km2) passent à l'euro, la dernière semaine a en outre été marquée par une ruée sur la nouvelle monnaie, entraînant d'importantes queues dans les banques de la capitale Nicosie. L'événement est hautement politique: c'est la véritable indépendance par rapport à la Grande Bretagne qui commence.

Le tourisme, secteur clé de l'économie de l'île -la troisième de Méditerranée par la taille-, attire de nombreux Européens qui n'auront plus à payer des frais de change. L'arrivée de l'euro est toutefois perçue avec inquiétude par les populations, qui craignent une hausse des prix, comme dans d'autres pays. Selon des sondages récents effectués pour l'UE, près de 70% des Chypriotes estiment que l'euro engendrera une hausse de l'inflation (actuellement de 3%).
Dans les deux cas, la monnaie "sortante" est plus "forte": un euro équivaut à 0,429300 lire, la monnaie de Malte depuis 1986, et 0,585274 livre chypriote. D'un point de vue pratique, à Chypre, les livres pourront être utilisées jusqu'à fin janvier. Mais, selon des analystes, elles auront majoritairement disparu de la circulation sous 15 jours. Lors de mon voyage à Nicosie, j'avais découvert un pays riche. Ces îles en Europe font désormais partie de notre ère de vie mais qu'en sera-t-il quand l'avion sera moins utilisé?

31 décembre 2007

dimanche 30 décembre 2007

2008 : vers le quarantième anniversaire de la rupture politique

Guy Philippon est un Vert encore vert. Il est passé du PSU aux écologistes sans jamais trahir ni se trahir. Que ces quelques phrases de son blog accompagnent l'une de mes entrées dans l'année 2008. Il a écrit le jeudi 22 novembre 2007 :

" 1968 : des feux de rupture sur la planète entière

Incendies de 1968 sur tous les continents dans la même année ! Pourquoi cette concentration étonnante sur une année qui ne peut pas être due au hasard?

En France, on a traité les premiers révoltés « d’enragés » ! La rage est la plus contagieuse des maladies. Les idées circulent, les informations circulent. C’est le début de la « mondialisation ». Mais cette mondialisation de la contestation des modèles dominants, c’est l’horreur pour Sarkozy et ses amis ; d’où sa haine pour Mai 68. Ces ruptures de 68 ne sont pas ses ruptures à lui ! Elles ont eu des conséquences fondamentales sur les décennies suivantes, depuis le domaine des mœurs jusqu’à celui de la politique mondiale avec la dislocation du bloc soviétique, les forums sociaux mondiaux en lutte contre le libéralisme dominant, etc. Incendies de 1968 : causes diverses, mais partout rôle important des étudiants et des luttes contre l’autoritarisme dominant dans la société comme dans la vie politique. C’est valable aussi bien dans le monde communiste que dans le monde capitaliste. En France se rajoute le ras-le-bol de l’étouffoir gaulliste. Ne serait-ce pas, au moins en partie, ce rejet des « autorités politiques, économiques, religieuses » qui explique la haine des Sarkozys?"

jeudi 27 décembre 2007

L’humanitaire doit-il se taire ?

Huit ans de travaux forcés pour les six Français de L’Arche de Zoé. « Ce stupide amour collectif qu’il faut nommer l’humanitarisme » (Balzac) est-il responsable de l’action désastreuse sanctionnée par cette parodie de justice tchadienne ? La confusion dans les mots entraîne toujours vers l’erreur. Humanisme, humanitarisme, Droits de l’Homme, droits humains, «droit de l’hommisme», humanité, tout est mêlé… !

L’humanisme est une philosophie parmi d’autres. «L’existentialisme est un humanisme» disait Sartre.

L’humanitarisme est, dit le dictionnaire Robert, péjoratif. C’est un ensemble de « conceptions utopiques et dangereuses ».

Les Droits de l’Homme, depuis 1789, sont indissociables des droits du citoyen. C’est un rappel politique du caractère universel des droits de chaque homme face aux pouvoirs ? La Déclaration de 1948, écrite plus d’un siècle et demi après, sous le choc de la seconde guerre mondiale, est bien qualifiée d' «universelle».

Les droits humains sont, plus modestement, et face aux grands principes, ce que tout être humain peut revendiquer, avec ou sans l’appui des États. D’aucuns pensent que cette humilité est plus efficace que ne peut l’être une Déclaration mal respectée par les États de l’ONU.

Les « droits de l’hommisme » constituent une formule plus que péjorative ! Elle sert à ridiculiser et à fustiger les discours pompeux, sans rapport réel avec les conflits où sont mis en cause les droits humains.

Je relève, une fois encore, que chaque fois qu’apparaît le suffixe isme, l’esprit de système rend le vocable qui le porte restrictif, car la valeur magnifiée estompe toutes celles qui l’entourent et qui en sont, pourtant, indissociables. Mais l’homme est-il une valeur, la valeur ou un complexe de valeurs ? On ne peut le mettre en système ! L’homme a des droits ; ils sont communs à toute l’humanité ; ils sont universels ; c’est communément admis; mais il y a différentes conceptions de l’homme et point une seule. Dès lors il y a « des » humanismes et la totalité de l’homme planétaire ne saurait être inscrite dans ses droits !

Parler de l’homme et de l’humanité plutôt que de tous les dérivés qu’on a tirés de ces noms me semble une bonne discipline de pensée. L’homme-personne et l’humanité-espèce sont-ils au cœur de nos analyses ? Liberté, propriété, égalité, présents dans la déclaration de 1789, sont des droits qu’on a extrapolés jusqu’à les détourner de leur sens premier. La définition de l’homme reste et restera objet de débats. Dès lors, les Droits de l’homme, non seulement ne sont pas figés mais ne sauraient jamais être complets.

Humanitaire, que mot soit adjectivé ou nominalisé, est un vocable très ambigu. Pourquoi l’activité humaine serait-elle partagée entre ce qui regarde l’homme et ce qui ne le regarde pas? Qu’est-ce qu’une activité humaine non humanitaire? Pourquoi existerait-il une ère d’activités spécifique où l’on se pré-occupe des hommes en souffrance, de sorte que l’on puisse déléguer à des professionnels le soin de lutter contre le malheur ? Et puis, surtout, comment séparer l’action humaine de l’action politique ? Agir indépendamment des États, passe ! Agir sans juger des causes des tragédies qu’on rencontre. Impossible ! Alors, pour ne pas nuire, se taire ?

Les ONG ont ceci d’équivoque qu’elles refusent de se substituer aux États tout en s’y substituant. On le leur pardonne, à cause de leur utilité, mais il y a là, au cœur de leur action, un germe mortel de mensonge qui peut se révéler très pervers. La Croix Rouge est caractéristique de ce double jeu avec les pouvoirs. L’humanitaire devient alors une action diplomatique, une politique sans politique. Humanitaire et se taire riment bien ensemble… Et, quand n’a pas appris à se taire, on peut ou bien errer ou bien être contraint de se taire. S’ils rentrent en France les condamnés de l’Arche de Zoé seront invités à se taire. Sinon, on les fera taire.

mardi 25 décembre 2007

Noël 2007

Ce 25 décembre 2007, si j’avais quelque titre encore à me dire chrétien, en vérité, je devrais dire ceci…

Depuis le début de l’ère chrétienne, en tout lieu où a été prêché l’Évangile, au cœur du massage qui est parvenu jusqu’à nous, se trouvaient logées trois exigences que l’Église n’a jamais vraiment prises en compte : la non-violence, le non-avoir et le non-pouvoir.

La non-violence, selon Jésus, ne consiste pas seulement à tendre la joue gauche quand on est frappé sur la joue droite ! Elle signifie que tous ceux qui prendront l’épée périront par l’épée. Autrement dit jamais la force n’est dans le meurtre. La paix n’est pas la non guerre et l’amour auquel sont appelés les hommes ne souffre pas l’exception de la domination par les armes.

Le non-avoir, selon le Christ, ne consiste nullement à gérer son bien avec honnêteté. Il signifie : « vends tout ce que tu as, distribue-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans les cieux ». Autrement dit, sans la sobriété, il n’est pas de partage possible entre les hommes. C’est la pauvreté qui protège de la misère. La paix est dans la justice et l’amour auquel sont appelés les hommes ne souffre pas l’exception de la domination par l’argent.

Le non-pouvoir, selon le Fils de l’Homme , ne consiste pas à refuser les honneurs et les privilèges seulement ! Il consiste à refuser de fonder la société humaine sur une quelconque hiérarchie entre frères humains. L’homme ne vit pas que de pain et satisfaire les besoins de l’humanité ne suffirait pas. La paix n’est pas dans la soumission à des chefs et l’amour auquel sont appelés les hommes ne souffre pas l’exception de la domination par des élites.

« Le royaume de Dieu est à ceux qui ressemblent aux enfants » dit Jésus. Et il insiste : « Je vous le dis, en vérité : qui ne recevra pas, comme un petit enfant, le royaume de Dieu n'y entrera point. » Ni les coups, ni l’argent, ni les titres ne feront d’un enfant un homme ou une femme. Chaque enfant joue. Un enfant qui n’a pas assez joué ne sait rien du royaume de Dieu, c’est-à-dire de l’univers où le mot bonheur garde sens. Tout enfant est dépendant. Seul l’amour de ses parents lui permet de vivre. «Quand les hommes vivront d’amour, il n’y aura plus de misère…» disait la chanson !

Noël pouvait signifier tout cela à la fois : non à la violence, non à la misère, non au pouvoir de l’homme sur l’homme. Jésus enfant en a été le témoin. L’enfant de la crèche a échappé au massacre des Innocents ; mais il est resté à la merci des soldats qui le traquaient. Marie n’a trouvé aucune auberge où accoucher ; et dans la bergerie où elle a trouvé refuge, elle est pauvre parmi les pauvres. Le roi Hérode craint le pouvoir du futur et imaginaire «Roi des Juifs», et le fait rechercher ; de même, les Grands Prêtres et les Romains qui le tueront quelque trente ans plus tard, à Jérusalem.

Sans moyens d’agir (par les armes), sans moyens de détenir (par la propriété) et sans moyens de régir (par la loi), le Christ ne dispose que de sa parole, la seule force qui puisse et va changer le monde. « Mon royaume n’est pas de ce monde » s’exclame-t-il. Cela n’a jamais voulu dire : mon royaume est dans le ciel ! Du reste le Royaume de Dieu n’est pas un royaume. C’est la société des hommes vivants et morts, avec ou sans roi. C’est notre histoire tout entière. Une histoire qui souffre atrocement des trois dominations : par la violence, l’argent et les puissants.

Noël est devenu une utopie dévoyée. La fête de Noël est célébrée par des foules qui oublient la violence faite à ceux qui sont privés de tout, par des citoyens-clients qui dépensent leur avoir et consomment dans la frénésie pour oublier leurs angoisses, par des célébrités qui étalent leurs fastes et leurs frasques avec ostentation, en oubliant le regard de ceux qui les voient s’exhiber devant eux, superbes et méprisants.

Accueillir l’utopie évangélique, qui est négation d’un tel monde où devient rare l’amour actif, devient fort dangereux. C’est pourtant le seul choix qui reste ouvert à l’homme véridique, que rien, pas même la menace de mort, la privation d’argent et l’inaccessibilité aux plus brillantes fonctions, n’empêche de réussir sa vie. « Ne pas dominer » ne deviendrait-il pas alors le maître mot ? N’être, ne pas se sentir, ou ne pas vouloir devenir supérieur à autrui : là est, peut-être, l’ascèse joyeuse, l’ambition véritable, la seule gloire qui vaille. Avec ou sans religion.

Oui, mais Dieu justement, me diront les « fidèles »? Et l’au-delà ? Et l’âme ? Et le péché ? Dieu ? S’il est, il est amour et nous voilà revenu au problème précédent, c’est-à-dire à ce que dit l’apôtre Jacques , ou Paul de Tarse , ou même Augustin d’Hippone qui affirment, chacun à sa manière : sans amour il n’y a… rien. Rien qui vaille ! Ne pas aimer est a-thée, plus encore si l’on « croit » en Dieu. L’au-delà ? Il n’a rien avoir avec un autre monde ; le nôtre est insondable, immense et bien plus que complexe ; il est déjà au-delà de l’espace et du temps tels que nous les avions pensés. Pourquoi s’y interdire l’espoir d’une vie meilleure qui nous conduirait au-delà… de nos vies brutalisées. L’âme ? Elle est ce que chacune des personnes vivantes porte au plus profond d’elle-même, son je, et c’est autant impénétrable qu’unique. Tout autre essai de définition constitue une extrapolation imprudente, philosophiquement. Quant au péché, c’est un mot-piège qui décrit les insuffisances et les crimes des humains, et culpabilise les fautifs alors que le « ne jugez point » devrait dire notre incapacité à sonder les reins et les cœurs. Les actes qui blessent gravement l’humanité ont des ressorts qui sont impossibles à mesurer et aucune confession n’en peut mesurer la gravité, ni en effacer l’erreur.

Noël, c’est la lucidité et la sérénité de retour, au moment où rejaillit la lumière dans notre hémisphère nord. C’est, par avance, parier sur l’au-delà du froid, l’au-delà de la nuit, l’au-delà de l’impuissance, l’au-delà du désespoir. À qui serait devenue impossible cette foi en la vie, en l’amour, en la solidarité, en la réussite de tous et de chacun, il resterait bien sûr, les cadeaux et la table du réveillon, dérisoire mais touchant sursaut de qui veut, en dépit de toutes ses ignorances, croire en « quelque chose » de bon et d’heureux, fut-ce un seul soir…

Le réveillon est le moment où l’on n’accepte de ne pas dormir pour rester ensemble. Réveillons-nous donc ! Mais pour ouvrir les yeux, pas pour ignorer une réalité qui, de toute façon, nous submergera. 2008 s’avance avec son cortège d’épreuves et d’espérances. Ceux qui ont choisi de fonder leur temps de vie sur le partage vont entrer dans un combat plein de risques. Agir par la seule force de la pensée et de l’amour est une gageure. Mais la violence, la richesse et la puissance ne cessent d’échouer. L’histoire de l’humanité et les événements de ce début de siècle le démontrent abondamment. Ou bien les hommes emprunteront une autre voie, ou bien ils quitteront la scène planétaire. À qui laisse, après lui, des êtres qui constituent de nouvelles générations, il ne reste plus qu’à passer du conte de Noël à la parole de Noël, celle qui peut encore donner à croire que la paix, la fraternité et la parité sociale ont un avenir.

dimanche 23 décembre 2007

... Et n'en parlons plus!

Après avoir lu Alain Badiou et Alain Brossat, tous deux professeurs de philosophie à l'université Paris 8, qui, l'un comme l'autre, ont écrit, chez le même éditeur, Lignes, un pamphlet politique virulent et lucide (1) concernant Nicolas Sarkozy, qu'y a-t-il encore à dire, concernant ce fantoche qui encombre notre espace politique?
Rien.
Tout est dit.
Il faut s'efforcer de vivre, de penser et d'agir sans se laisser prendre aux pièges de mots et de décisions qui seront vite obsolètes. Résister, c'est ne pas parler, désormais, en bien ou en mal, de ce personnage qui ridiculise la France. Il faut traiter les questions qui s'imposent à nous et pas celles que Sarkozy nous impose.
Oui, il faut tourner la page avant qu'elle ne se tourne d'elle-même ou que les Français ne ferment, brutalement, ce livre et, en même temps,ce chapitre pitoyable de notre histoire.
(1) Alain Badiou, De quoi Sarkozy est-il le nom, éditions Lignes, 2007.
Alain Brossat,
Bouffon imperator, éditions Lignes, 2008.

jeudi 20 décembre 2007

Le chanoine impudique.

"Bouffon imperator" est devenu aujourd'hui, selon le dictionnaire Le Robert : "dignitaire ecclésiastique, membre du chapitre d'une église cathédrale, collégiale, ou de certaines basiliques". Est-il "Chanoine titulaire, prébendé (oh!) ou honoraire"? La prébende, précisons-le, est un "Revenu fixe accordé à un ecclésiastique (dignitaire d'une cathédrale ou chanoine)" précise encore le dictionnaire, bref c'est un moyen de gagner plus en travaillant plus (un peu)...

Mais soyons sérieux. Par où qu'on l'aborde, Saint Nicolas, quasi évêque, est un catholique qui ne saurait pourtant être en odeur de sainteté. Qu'il puisse à la fois vivre ce qu'il vit tout en se faisant le défenseur des valeurs chrétiennes a de quoi surprendre! Un catholique intégriste, ou simplement traditionaliste, s'offusquera que ce double divorcé s'affiche à Rome, auprès du Pape, juste après s'être choisi une nouvelle et médiatique maîtresse. Un catholique pratiquant comprendra mal que ce qui est interdit aux humbles soit accordé aux grands par le Pape Benoît XVI, pourtant si attentif à la protection de la doctrine, (la politique aurait-elle ses quartiers réservés dans l'univers pontifical)? Un catholique simplement exigeant, pour qui l'accueil de l'étranger, le refus de l'argent roi, le partage et l'hospitalité font partie du message évangélique aura quelque peine à accepter la mise en scène télévisuelle de cette rencontre ambiguë.

Le citoyen français, chrétien ou pas, se trouve, une nouvelle fois enfermé dans une contradiction : le Président de la république a des droits et s'en sert, d'une part; mais il en abuse avec effronterie, d'autre part, et montre au monde entier qu'il se moque totalement des conventions ou des habitudes, les mieux fondées comme les plus infondées, qui sont celles qui accompagnaient jusqu'à présent, l'exercice du pouvoir. Nicolas Sarkozy, en quelques mois, a réussi a incarner, seul, ce pouvoir qu'il délègue, reprend ou distribue, à son gré. Il est le Maître. Il est le Chef. Il est l'Imperator, le Conducator, le Caudillo et le Leader Maximo tout à la fois. Je n'ose écrire le Führer, le Guide suprème. En tout cas, il est le Prince (attention à la visite en Andorre). Et par-dessus tout, il est le Chanoine.

Trop, c'est trop. Et le culot d'enfer de ce personnage d'opérette à spectacle atteint ses limites. Il est l'impudeur même.

À quand la photo, dans Paris-Match, de Nicolas Sarkozy, à l'Élysée, cigare à la main et Carla Bruni sur les genoux, entouré de ses ministres, une coupe de champagne à la main, fêtant l'entrée dans l'année nouvelle, en présence du cardinal de Paris ou du primat des Gaulles venus dire la gratitude des catholiques pour la réinstallation de la fille ainée de l'Église au premier rang de la cour européenne?

mardi 18 décembre 2007

La décroissance n'est pas la non croissance, mais l'anti-croissance

La décroissance n'est pas la non croissance, c'est l'anti-croissance! Décroissance est un mot provocateur qui révèle que le culte de la croissance débouche sur la mise à sac de la planète tout entière. La décroissance est un solde à établir entre le plus de croissance utile et le moins de croissance nuisible, en sachant bien que, désormais le moins l'emporte sur le plus! N'acheter que ce qui est nécessaire est insupportable en économie de marché quand le marché est nourri par les sollicitations énormes et souvent mensongères de la publicité! La décroissance, c'est la sobriété.

Si tous les hommes vivaient sobrement, il y aurait un plus de vie matérielle convenable pour la majorité des hommes et moins de déperdition d'énergie, de matières premières et d'alimentation pour les autres. S'il fallait, et ce n'est même pas indispensable, que tous les humains mangent, en moyenne, afin que personne ne meure plus de faim ou de malnutrition, un peu moins que ne le peuvent la majorité des seuls habitants des pays occidentaux, cela vaudrait grandement la peine! La décroissance n'exige même pas cela. Elle est simplement l'ardente obligation de ne plus rien gaspiller et de cesser d'augmenter, puis de réduire la production de ce qui n'a pas besoin d'être consommé. La difficulté ne serait pas de ne pas pas produire l'inutile; la difficulté est idéologique : changer de logique pour en finir avec le mythe trop bien installé de la croissance. La décroissance va devenir la condition du mieux être général mais il faudra sans doute encore bien des drames avant qu'on s'y résolve!

"Une charge démesurée"

Les Rroms roumains qui vivent en France dans la précarité (mais moins quand même que s'ils étaient restés en Roumanie...) constitueraient, quand ils sont sans emploi, "une charge démesurée" pour les services sociaux de notre pays. À présent, l'argument suffit à fonder l'obligation d'avoir à quitter le territoire français (OQTF), au bout de trois mois de
présence. En fait, la charge financière est proportionnelle au nombre de ces étrangers sans ressources qui fréquentent les hôpitaux pour se soigner, y accoucher ou se faire vacciner. Pour une population de quelques milliers de personnes, la charge n'est donc point aussi démesurée qu'il est dit. Ce qui est démesuré, c'est de recourir à des moyens de transports importants, y compris l'avion, pour reconduire chez eux, des familles qui n'effectuent de "départs volontaires" que contraints et forcés. Ce qui devient exorbitant, c'est de payer des fonctionnaires de police ou de l'ANAEM pour "accompagner" les Roumains jusqu'à l'entrée de la Roumanie. Les quelques centaines d'euros "offerts" aux familles pour qu'elles puissent rentrer dans leur ville ou village ne sont pas pris en compte dans le calcul de la charge démesurée... À vrai dire, on ne songe qu'à "faire du nombre", c'est à dire à renvoyer loin de nos frontières des indigents dont on veut se débarrasser quitte à le payer, cette fois, très cher.

lundi 17 décembre 2007

Extimité

C’est, paraît-il, Jacques Lacan qui a lancé le mot : « extimité », c'est-à-dire l’intimité extériorisée. Nicolas Sarkozy a remplacé Cécilia par Carla. On s'en foutrait s'il ne fallait pas qu'on le sache! Or, il nous impose de le savoir! Un homme public ne peut pas cacher sa vie privée, semble-t-il... Le Président de la République l'expose donc. Point d'hypocrisie, certes, mais mépris du peuple sans aucun doute. Un bras d'honneur est fait à l'ensemble des citoyens. "Je vis comme je le veux et vous emmerde!" J'ai tous les droits et c'est comme ça... Le Roi Soleil multipliait les bâtards et nul ne pouvait rien en dire. Retour au temps de la Cour de Versailles : un bon confesseur suffit à effacer les frasques. Un bon journaliste devrait pouvoir remplacer un curé! Peu après la Saint Nicolas, on nous apprend simplement que notre puissant monarque s'est choisi une nouvelle belle. Il n'y a pas six mois, les élans tendres du nouveau Président à l'égard de son ex femme, émouvait les gazetiers. Il va falloir s'habituer à une nouvelle star du showbiz politique qui sait chanter et conquérir tous les publics. Ce spectacle me lève le cœur. Il donne à penser que le pouvoir permet tout, y compris de coucher avec qui l'on veut. J'avoue que la discrétion des prédécesseurs de Sarkozy me convenait mieux. Je pouvais critiquer les cavalcades des coureurs de jupon qu'ils soient princes ou qu'ils soient roturiers. Là, je dois accepter que l'État incarné soit cynique y compris dans l'intimité. Cette philosophie des rapports humains m'est insupportable. Alain Brossat va la décrire, en son prochain livre, intitulé Bouffon impérator. J'y avais vu l'annonce d'un pamphlet politique. Je crains qu'il ne s'agisse de tout autre chose : la description d'une impudeur bien pire que celle de exhibitionnistes, l'impudeur de l'âme. Si les Français se font une raison, eh bien, eux aussi donneront d'eux-mêmes, à nouveau, l'image de ces veaux que Charles de Gaulle stigmatisait. Ils acceptent tout, supportent tout et en redemandent? Je ne crois pas. Le pays ne peut courir, à un tel rythme, vers le néant de ses espoirs en laissant un seul homme ne tenir compte que de lui-même.

vendredi 14 décembre 2007

Décolonisation sans repentance

Repentance signifie, pour Le Robert, "souvenir douloureux" et "regret de ses fautes". Décolonisation signifie, pour le même Robert, "cessation pour un pays de l'état de colonie; processus par lequel une colonie devient indépendante"; et encore : "libération de groupes humains ou de secteurs socioéconomiques tenus dans un état de dépendance, de subordination".

Décolonisation sans repentance voudrait donc dire : fin de la colonie mais sans "regret de ses fautes", sans "souvenir douloureux", sans reconnaissance de l'importance de la "libération", de la nécessité de "l'indépendance", de l'injustice de la "subordination"! Les colonisateurs passeraient aux oubliettes de l'histoire, mais sans jugement. Dans cet état d'esprit, on déplore sans accuser. On tourne la page sans avoir à assumer de responsabilité.

Un grand pays ne se déjuge pas, nous dit-on. Avouer ses crimes le déshonorerait-il? Surement pas. Ce qui prolonge la décolonisation, et continue à lui faire porter les fruits les plus amers, c'est qu'on ne la déracine pas. Refuser de la mettre au ban de l'histoire de l'humanité, c'est continuer à vouloir que la puissance des riches s'impose. Et si elle ne l'emporte plus par les armes, par l'administration, ou par la religion elle y parvient toujours par l'argent. Ainsi, les peuples, hier sous domination, souvent, le restent.

La colonisation des esprits (mais aussi celle des richesses matérielles) n'a pas cessé. Ce n'est pas seulement de repentance qu'il faudrait parler, mais de rupture, de vraie rupture, de rupture sincère avec des pratiques et des idéaux qui, loin d'être obsolètes, sont restés actifs dans la pensée de bien des dirigeants occidentaux.

Éloge de la minorité

Qui vit dans la majorité s'y avachit.
Les majorités sont structurellement conservatrices.
Les majorités sont construites pour durer.

Les minorités luttent pour exister.
Les minorités sont en perpétuelle recherche de développement.
Les minorités peuvent entrer dans des majorités changeantes.

Une majorité devrait n'être constituée que de minorités associées.
Une telle majorité n'existerait que par le débat.
Une majorité monolithe et massive devient, tôt ou tard, dictatoriale.

Un idéal démocratique voudrait que pour que s'épanouissent les sociétés, elles ne comptent que des minorités.
Car ils n'est pas bon que les minorités s'enferment dans leur statut de minorité irresponsable.
Parce qu'il n'est pas bon que des majorités soient sans contestation réelle "aux affaires".

Une opposition qui n'est que de mots est inutile.
Une opposition qui n'est jamais, et en rien, associée aux décisions se crispe et devient systématiquement négative.
Il n'y a de démocratie réelle et de majorité que grâce aux minorités actives qui s'unissent.

mercredi 12 décembre 2007

Propos iconoclastes

Je me suis sinon endormi, du moins éloigné de ce lieu d'écriture. J'y reviens avec ce texte qui risque d'en inspirer d'autres.

Feu la gauche.

Mieux vaut être à gauche que se dire de gauche.
Le mot gauche est obsolète.
Il ne signifie plus que « la non-droite »
Il est mort parce qu’il cloisonne.
Il empêche d’entraîner les peuples vers d’autres solidarités que celles des partis.
Il bloque y compris la signification du mot gauche tel qu’il fut employé par le passé.

Car ce vocable ne contient plus les valeurs suivantes :
- Refus de tous les privilèges dans l’esprit des Lumières.
- Solidarité active et préférentielle avec les plus démunis.
- Promotion collective organisée et militante.
- Rejet du profit comme moteur de l’activité humaine.
- Reconnaissance de l’égalité des hommes comme semblables.
- Défense de la liberté de conscience et non de celle de dominer.
- Recherche constante de la fraternité coopérative.
- Contestation de la hiérarchie sociale fondée sur des élites.
- Modestie et sobriété comme mode de vie des responsables.
- Contestation de l’organisation économique capitaliste.
- Valorisation du partage dans la justice.
- Engagement résolu contre le racisme et le colonialisme.
- Égalité de vie entre hommes et femmes.
-
L’objectif d’une politique de notre temps est de réintégrer ces valeurs abandonnées.
Mais aussi d’y ajouter des valeurs nouvelles :
- Prise en compte des limites planétaires physiques et démographiques.
- Redynamisation du concept de partage entre tous les peuples.
- Rejet de la mondialisation monoculturelle.
- Affirmation d’un altermondialisme respectueux des diversités humaines.
- Intégration de la dimension écologique dans toute politique économique.
- Contestation du système des États-nations, destructeur des peuples.
- Fin du mythe de la démocratie représentative sans démocratie effective.
- Sortie des limites : privé/public, entreprises/État.
- Redéploiement de l’associatif, du coopératif, de la solidarité économique.
- Mise en œuvre de politiques de formations à échelle mondiale.
- Lutte contre toutes les fermetures rendant impossible l’hospitalité universelle.
- Priorité accordée aux luttes contre l’exploitation généralisée des femmes.
- Recherche constante des moyens d’action non-violents efficaces.
- Information libre et complète, ouverte en toutes langues.
- Contestation du seul travail salarié et reconnaissance du travail volontaire.

L’opposition simple entre détenteurs du capital et détenteurs de la force de travail a vécu. Mais la lutte des classes s’est maintenue sous la forme de l’exploitation d’un nombre croissant d’êtres humains par un nombre restreint de profiteurs de plus en plus riches. Non seulement l’injustice génère toujours de la violence allant jusqu’à la guerre, mais, à présent, le monde entier est sous la menace de destructions irréversibles plus épouvantables encore que les guerres parce qu’elles proviennent de déséquilibres naturels affectant des populations innombrables et produits par une activité humaine prédatrice motivée par le seul profit.

La gauche traditionnelle est passé à côté de ce constat. Elle est restée prisonnière d’un schéma dual : nous retournerons au pouvoir chaque fois que les électeurs seront lassés des politiques conservatrices. Ce schéma est faux. Il ne faut pas craindre d’en sortir. Quitte à abandonner des mots (gauche, socialisme, communisme), privés de leur sens et qui ont servi à trahir.




samedi 20 octobre 2007

La semaine révélatrice

Semaine sinistre pour Sarkozy. Depuis son élection, il avait réussi à jeter de la poudre aux yeux des Français. Mêlant mythes et réalités, souplesse de langage et dureté de ses choix politiques, il semblait, pour le moment, intouchable...

Depuis la défaite de la France (non, de l'équipe française de rugby!) devant l'équipe d'Angleterre, au stade de France, s'il vous plaît, des événement, de nature diverse, se sont produits qui modifient le contexte politique.

Il peut sembler stupide de juxtaposer le sport, une grève, un divorce, un scandale financier, un durcissement supplémentaire de la politique d'immigration et un sommet européen! Sauf que le Président de la république actuel avait fait feu de tout bois pour se mettre politiquement en évidence. Il était à Cardiff, pour voir battre aux All Blacks; la grève des transports aura été la plus massive jamais connue depuis au moins 12 ans; la bulle people qui brillait devant les yeux éblouis des Français a explosé; la cassette antigrèves du patronnat, constituée depuis des décennies, révèle ce qu'est le MEDEF et le détournement vers la mise en cause du financement des syndicats ne suffira pas à masquer le scandale; le test ADN pour déterminer la parentalité, la bouderie de la Cité de l'immigration par le gouvernement, la chasse systématique aux étrangers en situation irrégulière disent assez que le pouvoir en place a pris le relais de Le Pen; la Constitution européenne mise au placard est remplacée par un traité "simplifié" moins européen encore que ne l'était le TCE et on annonce qu'il n'y aura pas reférendum. Autrement dit la politique spectacle va devoir être corrigée. On revient à la politique tout court.

Fini les récupérations nationalistes. La raclée infligée aux "Bleus" par l'Argentine, hier soir, oblige à plus de modestie. La Coupe du Monde de rugby organisée en France à grands coups de pub s'achève sur un échec retentissant. Cela n'empêchera pas Bernard Laporte d'entrer au Gouvernement, lundi, mais il est déjà dévalorisé et surtout il va servir de bouc émissaire après ce flop retentissant. Dommage, mais, comme son maître, il vivait dans l'esbrouffe et l'autoritarisme. Des joueurs déçus, des journalistes sportifs privés de copie, vont le lui faire payer y compris en allant jusqu'à l'ingratitude... Les défaites sportives ne sont pas des catastrophes nationales mais on a tout fait pour attiser, chez les supporters, une passion excessive de la victoire. Le sport opium du peuple? Le nuage de fumée se dissipe.

Finie l'évidence de la réforme sociale. Travailler plus pour gagner plus..., non seulement on n'en voit pas même les prémisses, mais on commence à comprendre qu'on casse y compris le peu de ce qu'on croyait être une sécurité pour ses vieux jours. Nous entrons dans une période de tumulte qui ne peut s'achever que par un conflit majeur. Les uns comptent sur la méthode Thatcher qui brisa, et pour longtemps, les forces syndicales, (François Fillon est prêt à remplir ce rôle de briseur de grève et plus encore de destructeur des résistances populaires). Les autres, bousculant les timidités syndicales et politiques, à gauche, sont prêts à entrer dans un conflit long et incertain autant par instinct de survie que par conviction. Ces motivations fragiles et pourtant fondamentales peuvent mener là où personne n'a prévu d'aller.

Fini le couple modèle. Cécilia ne sera pas Jackie. Elle en sait assez pour ne pas accepter de jouer le rôle de faire valoir. Elle laisse seul le comédien brillant qui l'empêchait d'être qui elle est. Plus de baiser sur la bouche à l'Élysée. Plus de représentation publique de la famille recomposée et cependant exemplaire. "Un célibataire à l'Élysée" titrait cruellement la presse. La presse aux ordres va s'empresser de banaliser cette rupture qui est le lot de tant de couples en France. En vérité, pour avoir voulu se servir de cette image de couple glamour, Sarkozy perd une partie de son aura. C'est, même si c'est injuste, une défaite politique.

Fini la mise à l'écart des patrons voyous. Ce sont ceux qui ont pouvoir de négociation avec les syndicats, au sein du MEDEF qui détournent des fonds considérables avec l'intention peu dissimulée d'acheter leurs interlocuteurs. Que Gauthier-Sauvagnac, mis en cause, ait, jusqu'à récemment, été le négociateur principal du MEDEF, dit assez que l'économique gouverne le politique et pas toujours en faisant la fine bouche sur les moyens employés. Sous les yeux des Français ces pratiques sont dévoilées. cela va laisser des traces.

Finies les précautions oratoires pour faire la chasse aux immigrés. On a des taux d'expulsion à respecter et on les respecte. Tout est entrepris pour limiter la présence étrangère en France. Y compris les membres de l'Union européenne sont soumis à cette loi d'airain non écrite. Vous pouvez circuler librement en Europe mais pas rester durablement en France. Si, en outre, vous êtes tsiganes, alors, non. pas de ça chez nous. Pour ceux-là, les bus, avec le concours de fonctionnaires zélés, sont tout près à vous ramener non pas chez vous, car parfois, il n'y a plus de chez soi, mais dans le pays d'où vous êtes venus. Après débrouillez-vous. Moins de regroupements familiaux, surveillance et complications administratives accrues, difficultés à s'employer dues non aux employeurs mais aux Direction de l'emploi; etc... Nous sommes rentrés dans un temps d'hétérophobie.

Fini le recours au référendum. On n'a pas encore vu venir le contrechoc de la substitution, à l'initiative de Sarkozy, (ce dont il se vante!) du traité simplifié au TCE. Il m'étonnerait que cela passe comme lettre à la poste. Ce qu'a défait un référendum seul un reférendum peut le refaire. Ce n'est pas ce qui se prépare. Le Parlement seul sera consulté. Si les socialistes, comme il est probable, s'alignent, on ira au devant de protestations importantes. D'autant que ce traité n'est nullement simplifié et gomme y compris les symboles politiques européens (hymne, drapeau...). Je ne vois pas en quoi ce qui a fait rejeter le TCE serait devenu obsolète. Entre les gouvernements et les peuples d'Europe le fossé va se creuser ne fut-ce que parce qu'on veut prendre les décisions les plus fondamentales par dessus la tête des intéressés. La démocratie dont on se gargarise est en péril.

La France n'est plus dans les stades. Les Français s'éveillent. Ils ont été anesthésiés. Nous allons vers une contestation progressivement grandissante des objectifs politiques de l'omni-Président. Cela semble aller plus vite que prévu. Tant mieux.

vendredi 19 octobre 2007

Rupture avec la rupture

Un non événement politique, une rupture conjugale, a pris un contenu politique parce que ceux qui avaient voulu faire de leur union un symbole public, une forme de l'attrait vis à vis d'une personnalité politique, ont brisé leur contrat. Et ce contrat n'était pas seulement matrimonial!

Nicolas Sarkozy, quoi qu'il fasse et dise, à présent, aura été celui qui a voulu faire de son épouse un instrument de la politique présidentielle et l'intéressée a regimbé. Trop fière pour être chosifiée, elle a repris sa liberté qui n'est pas uniquement sa liberté affective qui est aussi une liberté citoyenne. Elle ne sera pas "la première Dame de France" d'un Président qui décide de tout dans la vie de tous ceux qui l'approchent!

Quel que soit le fond de la pensée de Cécilia ex-Sarkozy, elle nous rend le service d'être la première à rompre avec un mythe politique, et elle le fait après avoir mis en terre son premier époux, Jacques Martin, un insolent professionnel, qui n'avait aucun tabou et osait les pires diatribes politiques comme les grands chansonniers, seuls, en sont capables.

Sarkozy a voulu la rupture. Il l'a. Une rupture de pure forme, qui ne changeait rien à la politique de renforcement du pouvoir de l'argent, mais une rupture de génération, une rupture culturelle. La banalisation du divorce a pris force d'État. On peut même s'en réjouir. Mais, il y a bien davantage dans ce non événement médiatisé à l'extrême : le donneur de leçons, le monarque-people a reçu un camouflet. Une large partie de son électorat conservateur n'appréciera ni cette manifeste perte d'autorité au sein même de sa famille ni l'affaiblissement de "l'institution du mariage" dont les autorités publiques ont en charge de la protection.

Cécilia María Sara Isabel Ciganer-Albéniz a rompu avec la rupture, en rompant avec le mensonge. Puisse-t-elle, à présent, pouvoir vivre dans l'authenticité. Mais la presse lui en donnera-t-elle le temps et la possibilité? Elle a joué avec un feu auquel on fera tout pour qu'elle se brûle.

samedi 13 octobre 2007

L'autoroute A104 sera au cœur du prochain mandat municipal

L'une le veut; l'autre l'accepte; les autres se taisent. La traversée de la commune d'Éragny par l'autoroute A104 sera au cœur du prochain mandat municipal. En plein Grenelle de l'environnement, alors qu'on découvre, enfin, que le développement du tout routier a été et devient une catastrophe planétaire, on discute pour savoir quels aménagements rendraient supportable ce qui, de toute façon ne l'est pas.

Muriel de Coster (une revenante dont on se demande comment elle a pu réunir autour d'elle y compris ceux qui la fustigeaient) qui se voit de nouveau maire, ne cache pas qu'elle soutiendrait ce que le député de la circonscription désire : prolonger la Francilienne, "qui se fera qu'on le veuille ou non" (Voir Le Parisien du 11-10-2007). Dominique Gillot (la maire sortante), qui admet le principe du prolongement, plaide pour une atténuation des nuisances, tant dans la réalisation du projet futur que pour l'aménagement de la RN184. Les autres, qui semblent incapables, actuellement, de penser une alternative à ce duel sans cesse recommencé, n'osent pas aller devant les médias pour dire leur double refus : celui de la personnalisation déplorable de l'enjeu municipal, d'une part, et surtout celui de l'inéluctabilité d'une autoroute prolongée au travers d'un tissu urbain dense entraînant un nouveau massacre de l'environnement local et régional, d'autre part.

Ceux qui n'acceptent pas ce faux dilemme entre le sûr et le possible, et qui disent non, en étant, simplement, en avance de quelques années sur ce que les contraintes écologiques amèneront à faire, de toute façon, oui, ces citoyens doivent se réveiller. Inutile de tenir, en haut lieu comme dans chaque ville, des discours généraux sur la réduction de l'effet de serre tout en continuant à faire comme avant, et sans même envisager cette pause, ce moratoire que craignent tant les technocrates (les autos-crates?), eux qui savent bien que, d'ici quelque temps, ce ne sera plus possible.

Verts ou pas, les écologistes ne peuvent laisser passer cet événement sans de nouveau réagir. Ils ont toute légitimité pour le faire. Ils n'ont pas démérité ayant été les seuls à parler clair pendant le débat public avorté sur l'A104. Qu'ils soient ou pas candidats à des élections, (municipales, cantonales ou régionales...), ils doivent se faire entendre sauf à ne plus exister.
Et non seulement sur un projet d'autoroute qui symbolise et condense toutes les divergences sur la conception de l'organisation de la vie publique, mais également sur tout ce qui rend le vivre ensemble plus écologique, mieux partagé, davantage écouté.

Si la démocratie, tellement malmenée partout, conserve encore son sens, ne restons pas spectateurs et, finalement, simples juges des conflits électoraux à venir! Entrons dans l'arêne pour que notre propre vie soit prise en considération et pas seulement des dossiers ou des intérêts personnels. Tous les citoyens ne peuvent être physiquement candidats sur une liste mais ils peuvent être tous candidats dans la définition d'une autre façon d'agir en politique, en
ne s'en remettant pas aux seuls élus présents ou à venir pour décider de leur propre sort!

jeudi 11 octobre 2007

De la pédophilie.

La pédophilie est un crime. Encore faut-il savoir clairement pourquoi. Il est impossible de penser une relation enfant/adulte sans violence, car domination il y aura toujours. S’il n’y a pas égalité entre partenaires sexuels, il n’y a pas échange sexuel, il y a rapt. Rapt, selon le Robert, est depuis des siècles, assimilable à viol.

Le viol, comme l’étymologie l’indique, est une violence et toute violence est à proscrire entre personnes humaines. En matière de sexualité, aussi bien entre adultes qu’entre adultes et enfants, entre hommes et femmes, comme entre hommes ou entre femmes, la violence est une destruction d’autrui que rien n’autorise, même le consentement de la victime.

Les moyens pour s’opposer à la violence pédophile sont multiples. Actuellement on privilégie l’empêchement. On ne prend pas assez en considération ce qui conduit à ces déviances. Bracelets électroniques, hôpitaux fermés, castration chimique, internements ne peuvent suffire à cerner le phénomène !

Imposer le sexe à un enfant est une monstruosité qui ne vient pas uniquement du vouloir propre d’un adulte ; c’est le passage à l’acte de quelqu’un qui a perdu les principaux repères de toute vie en société.

Deux points essentiels ne sont guère abordés : l’accompagnement ou le soin du pédophile, d’une part, la connaissance de ce qui engendre cette distorsion comportementale, d’autre part. On écrit beaucoup sur les pédophiles ; peu sur la pédophilie, parce que cela obligerait à regarder de près et la nature humaine et l’organisation de la vie des hommes en groupe.

Le pédophile viole-t-il la nature ou s’y soumet-il ? Y a-t-il une sexualité qui tourne vers l’enfant comme il en est une qui tourne vers des partenaires de même sexe ? Ce qui était condamné, voici quelques dizaines d’années, et l’est encore en certains pays, accompagné par les plus graves des sanctions, est admis facilement de nos jours. C’est l’homophobie qui peut conduire devant les tribunaux, et pas l’homosexualité.

Est-ce donc que, violence sexuelle mise à part (mais est-ce pensable !), on pourra, dans un certain temps, considérer, comme les Grecs de l'Antiquité, que le jeune éphèbe est un partenaire possible ? Il me semble que la question mérite examen. Je l’ai, pour ma part, tranchée mais je ne dispose pas des moyens d’imposer mon refus de toute relation sexuelle entre adultes et enfants, car il y faut bien plus que des principes moraux. Il s’agit d’appréhender une connaissance de notre humanité bien plus finement que nous n’avons fait jusqu’ici. J’ouvre donc ce débat sulfureux avec moi-même autant qu’avec les penseurs, ethnologues sociologues et philosophes. Il y va, je crois, de notre santé sociale.

mercredi 10 octobre 2007

La France réac.

La France a le gouvernement qu'elle voulait et qu'elle mérite.
La droite traditionnelle n'est d'ailleurs pas la seule à l'avoir voulu.
La gauche, par sa trahison et ses contradictions, l'a rendu possible.
Nicolas Sarkozy incarne cette évolution.
Car, contrairement à ce que beaucoup pensaient, il y a bien eu rupture.
Pas une rupture de fond, une rupture de style, de rythme et de formes...
La rupture que Sarkozy voulait : de génération et de dynamisme.

La France cynique l'emporte.
Rien ne vaut plus que le mérite, le succès et la réussite.
Même si ce doit être au détriment d'autrui.
Gagner, vaincre, l'emporter : la France-rugby fait un triomphe.
Écraser, bosseler, cogner : la gloire va au plus fort.
La douceur est médiocrité.
L'idéologie de la guerre s'avance sournoisement.

La France est engloutie sous les mensonges et les discours habiles.
Les médias sont le plus souvent aux ordres.
Entre la croissance, le 4.40 et les 40 années de cotisation retraite,
Il n'y a place, sur les écrans, que pour la mode filiforme et les polars sanglants.
Les images et les sons se juxtaposent, se croisent, se disloquent
et permettent notre décérébration.
Résister n'est plus seulement dire non, c'est fermer les yeux et les oreilles.

La France réac est à son zénith.
Tous les talents sont mis au service de la dissimulation.
Nous ne sortirons pas de cette mélasse sans violences.
Tragédie que nul ne peut espérer ni empêcher.
Mais il ne fallait pas entrer dans cette impasse.
Nous n'en sortirons pas en reculant mais en s'usant les ongles
(ou en se rompant les reins) pour franchir le mur qui nous bouche l'avenir.

mardi 9 octobre 2007

Je n'en suis plus...

De cet ensemble humain dont j'ai sous les yeux le spectacle quotidien, à coup sûr, je ne fais plus partie. Je n'en suis plus.

Non que j'ai cessé de me penser membre de la famille humaine, non pas que j'aie perdu le goût de vivre..., tout au contraire. Je suis d'un autre monde, d'une autre terre, d'une autre planète plus réels que ceux qui nous sont mis dans la tête en images et en mots. Le faux univers qu'on persiste à nous présenter comme le seul où nous puissions vivre ne m'intéresse plus.

Rien qu'aujourd'hui, j'ai vu des enfants rroms parmi les ordures et les rats, n'ayant d'autre raison de vivre que celle que leur procure le dynamisme vital de leur jeunesse. Leurs parents étant sans doute coupables d'être venus là, ils n'ont droit ni à l'école, ni à l'eau courante, ni aux toilettes, ni aux poubelles. Cela ne se passe pas dans les favelas d'Amérique latine mais à Bonneuil... en France! Le seul élu que j'ai rencontré m'a rappelé qu'il ne fallait pas confondre les soucis humanitaires et les nécessités politiques.

On se prépare, du reste, très bien à maîtriser les éventuelles révoltes des misérables. On vient de doter les polices municipales du pistolet électrique Taser (1). Cela ne tue pas souvent; ça blesse un peu; ça secoue très très fort; ça protège des méchants...

Dans un pays où l'on s'équipe de tels outils pour "maintenir l'ordre" sans que protestent les citoyens, je cesse d'être concerné. Je n'en suis plus. Je suis ailleurs car je veux jusqu'au terme de ma vie échapper au culte de la violence (fut-elle "légitime"), à l'enfermement dans le stress et le harcèlement, au cynisme banalisé. De ce monde de désespoir je fais mon deuil. J'ai faim de sourires.

Je préfère l'utopie qui offre un horizon au réalisme qui sacrifie les innocents.

(1) La décision est acquise : le pistolet à impulsion électrique Taser X-26 va équiper la police municipale. La ministre de l'intérieur, Michèle Alliot-Marie compte l'annoncer lors d'une réunion avec l'Association des maires de France (AMF), qu'elle s'apprête à réunir vers le 11 octobre. Le décret du 24 mars 2000, qui excluait jusqu'ici de l'équipement des policiers municipaux le Taser, arme classée en 4e catégorie au même titre que le fusil à pompe, sera ainsi modifié.

LE MONDE | 04.10.07 |

dimanche 7 octobre 2007

Le rugby et l'opium du peuple

Les Néo-Zélandais sont, hier soir, redevenus les Blacks.
On les avait dépouillés de ce vocable pour se rassurer,
pour les réduire à ce qu'ils sont : de simples hommes.

La presse n'en titre pas moins, ce matin : les Bleus ont vaincu les Blacks...
Le bleu, couleur de la droite française, l'emporte, ainsi, sur le noir, couleur du mal absolu.
Les Blacks (devenus gris le temps d'un match!), ne pouvaient que pâlir à Cardiff...

Ils seront donc honnis dans leur pays!
Vindicte bien injuste!
En sport le droit de perdre ou de gagner n'était-il pas, jusqu'ici, une évidence...

Qui était dans les vestiaires, à la fin du match,
avec Fillon, Rachida Dati (?) et Laporte..., futur ministre?
L'homme qui gagne, bien sûr : Nicolas Sarkozi.

Car le message, subliminal, c'est : avec Sarkozi, la France gagne.
Subliminal : "message construit de manière à atteindre l'inconscient du consommateur".
Le consommateur, en l'occurence, c'est bel et bien le citoyen français.

Depuis des mois, on a envahi l'espace publicitaire avec le Mondial de rugby.
Jamais ce sport n'avait été porté si haut
On a mis l'argent qu'il fallait pour séduire l'opinion.

Le rugby, sport populaire, sport de lutte, sport amateur (sport d'amis)
laisse la place au rugby, sport de conquête, de force et de domination,
le sport professionnel l'emporte (sport du fric, demain du dopage...)

Je le constate, le rugby aussi,
le sport qui fut une activité fraternelle sur les stades,
est devenu une variante de l'opium du peuple.

mardi 2 octobre 2007

Le parti des Verts meurt, épuisé.

Depuis hier soir, 1er octobre, je sais qu'à moins d'un bien imprévisible miracle, il me sera impossible, en 2008, par simple honnêteté intellectuelle, de rester membre des Verts.

En renouvelant ma cotisation, en 2007, j'avais considéré que je ne pouvais, de moi-même, en dépit de graves divergences, me retirer du seul parti écologiste existant en France. Même si la formule "parti" me semblait promise à transformation voire à disparition, je ne regrettais ni le temps passé ni l'engagement que j'avais pris depuis une douzaine d'années.

Les mêmes causes produisant les mêmes effets, je vais, ainsi qu'il m'était arrivé, une première fois, après plus de vingt années passées au parti socialiste, me détacher des Verts pour des raisons qui sont, de nouveau, celles pour lesquelles j'avais adhéré! Je m'étais, en effet, éloigné, en 1993, d'un parti dont je pressentais qu'il n'avait plus de socialiste que le nom. Je vais, en 2008, aller vivre ma citoyenneté sans parti après avoir constaté que l'écologie politique n'est plus portée par les Verts, dès lors qu'ils n'ont plus aucun message qui leur soit propre, en tout cas crédible et lisible pour les Français.

Tant qu'il s'agissait de débats d'idées, il m'était possible de tenir ma place au sein d'une organisation disparate, touffue, complexe, riche de sa diversité. Jamais je n'ai regretté ma présence aux journées d'été des Verts. À présent, il s'agit de tout autre chose : les militants Verts qui me sont géographiquement les plus proches, conscients de la maigreur de leurs effectifs et de la faiblesse de leur impact électoral, incapables d'autonomie, vont, dès le premier tour des municipales, sauf rare exception, s'associer au PS ou être absent dans les communes où ils ne comptent pas même un seul adhérent.

Même les trahisons spectaculaires et successives (la dernière étant, paraît-il, selon la presse de ce jour, la prochaine nomination au Conseil Constitutionnel, par le Président de la République, de Michel Charasse, sénateur PS), ne suffisent pas à empêcher les militants Verts de se laisser absorber par un partenaire qui ne veut d'eux que leur petit supplément de voix! Là où se prennent les décisions collectives, dans les communes, au Conseil municipal, les strapontins valent-ils mieux que l'absence de siège, le faire valoir permettant d'élever la voix vaut-il mieux que le silence? Cela reste à démontrer.

Tout est donc fini. J'assiste à un suicide politique. Les Verts se meurent. Au moment où la thématique écologique s'empare de la société, les Verts, impuissants, n'en peuvent tirer... parti. Il va donc falloir un autre outil pour donner aux citoyens les moyens d'affirmer une écologie sans complexe et osant occuper la place qui lui revient à distance de tous les productivismes, de la croissance sacralisée, bref du champ de la domination libérale.

Je ne vais pas partir. Je vais, comme Daniel Zimmermann, mon ami, le disait de sa sortie du parti communiste, "oublier" de reprendre ma cotisation. Mes solidarités locales et amicales sont désormais inopérantes en politique!

Je n'irai plus, dans l'immédiat, participer à aucune assemblée des Verts "officiels". J'y perd plus que mon temps; j'y perds mon énergie intellectuelle et ma créativité politique. Je m'y ennuie. Aucun enthousiasme ne s'y déclenche plus. Ce parti est, d'un coup, devenu vieux, plus vieux que je ne le suis psychologiquement moi-même. Le temps qui me reste à vivre ne peut plus être passé dans cette médiocrité et ce conformisme.

J'ai trop faim de politique pour me laisser enfermer dans l'une de ces deux impasses : ou bien être là où l'on ne sert à rien ou bien n'être là que pour servir de béquille à un PS de plus en plus boîteux. Car, de même qu'on voudrait réduire, désormais, en France, tout le débat politique dans le duel UMP-PS, on va vouloir, commune par commune, monter le chantage suivant : qui n'est pas avec moi est contre moi; si tu n'es pas à l'UMP tu n'es pas à droite; si tu ne soutiens pas le PS, tu n'es pas à gauche. Je ne tomberai pas dans ce piège même si, pour cela, je devais fermer les yeux sur les élections locales prochaines, là où je m'étais tant investi depuis 1977.

Car je pense que rien de neuf ne peut surgir de cette fausse alternative. Les générations nouvelles ne vont pas longtemps se satisfaire de ce jeu vieillot! La chance historique qu'offre le débat sur l'avenir planétaire et la conscientisation écologique des terriens va bousculer la donne. Les écologistes trahissent et se trahissent en n'étant pas d'abord et avant tout au cœur de cette quête d'une autre politique et d'une autre façon de la mener.

En résumé :
- Je reste chez les Verts probablement jusqu'aux municipales et m'exprimerai comme tel.
- Je ne participe cependant plus à la vie de ce parti à moins qu'il ne change d'orientation.
- J'écris et contribue à l'affirmation d'une politique "alterékolo" et populaire.
- Je m'associe à la recherche et à l'action citoyennes locales, antilibérales et hors parti.
- J'affiche un engagement écologique plus déterminé que jamais.

mardi 18 septembre 2007

Agir en politique

"Moins de discours, plus d'action" nous répète-t-on!
Le mot action est frappé d'ambiguïté. L'action n'est pas la gestion. L'action n'est pas l'agitation. L'action, en politique, est un combat culturel. Il s'agit de travailler à changer les esprits donc à modifier les comportements.
Quand l'actuel président de la République a mené campagne, il a agi en mettant en cause des concepts, et en proposant d'autres. Et il a gagné. Si le contenu de sa politique est détestable, il peut, à présent, la mettre en œuvre parce qu'il a convaincu.
L'action en politique ne consiste pas à appliquer un programme. Elle consiste à obtenir l'agrément et la participation des citoyens.
De telles orientations valent pour toute action publique qu'elle soit celle d'un parti, d'un syndicat, d'une association, d'un collectif ou de citoyens isolés.
Quand les ouvriers de l'entreprise LIP, dans les années 1970, ont mené une lutte qui a fait date et dont on continue à explorer les ressorts, ils avaient été longuement préparés par la réflexion politique commune qu'une équipe animait. Charles Piaget rappelle encore, aujourd'hui, que ce qui compte et ce qui est efficace, c'est de faire bouger ce qui se passe dans les têtes. Rien, sinon, n'est possible.
"Penser pour agir" est plus qu'une formule; c'est une méthode. Il n'est pas question seulement de réfléchir avant d'agir, il faut conduire un travail intellectuel qui s'applique à des réalités perpétuellement mouvantes. Il s'agit de penser dans le présent.
On ne cesse d'en appeler au respect des fondamentaux. Là encore, on se leurre. Il n'existe pas de corpus de pensée préétabli auquel il suffirait de se référer pour ne pas errer! Dans "fondamentaux", il y a l'idée de fondement. Au reste, ce nominatif, ("fondamentaux") qui n'existe qu'au pluriel n'a pas de place dans les dictionnaires. En politique, ou bien on considère que ce qui fait socle, la base, la fondation, est solide et l'on peut s'appuyer dessus, ou bien au contraire, on constate que rien ne peut désormais se construire sur des fondations fragiles qui ne peuvent plus supporter un projet d'avenir. Et dans ce cas, bien loin de respecter ce passé de normes, de règles et de principes, il va falloir re-construire, et pas par-dessus le soubassement mais en réédifiant les assises d'un projet social ambitieux. Cela s'appelle la révolution. Pas la violence et la turbulence mais la transformation en profondeur de nos références sociales, un renversement des perspectives bien plus qu'un renversement du pouvoir.
L'action en politique prend du temps. Ce qui se passe brusquement, brutalement, est soit une illusion soit une révolution qui n'est pas durable! Pour conquérir, non des territoires mais des espaces de vie, et sans la force des armes, il faut gagner les esprits et pas pour quelque temps, pour des années, ou pour toujours. Ainsi, à quoi sert d'abolir, par la loi, la peine de mort s'il ne devient pas littéralement "impensable" qu'un homme enlève la vie à un autre homme au nom de la société? Pourquoi, encore, parler de parité entre les hommes et les femmes tant que le droit plie devant les usages qui placent toujours le mâle en première place, dans l'entreprise, au parlement, dans la famille ou dans la rue?
Le slogan "changer la vie" était porté par des militants qui n'avaient envie que de changer la tête de l'État, pas leur propre tête. On sait ce qu'il en est advenu! Penser autrement la vie pour la changer n'est pas l'affaire d'une élite, constituée de politiciens, de philosophes et de juristes; c'est l'affaire du peuple. Et le peuple c'est la collectivité qui pense, pas la foule qui s'attroupe.
L'action politique consiste à penser avec le peuple et au sein du peuple, en se sachant partie du peuple. Dès qu'on échappe à cette condition, par repli sur soi, orgueil intellectuel, réussite sociale ou enfermement dans les dossiers, on cesse d'agir en politique. On remue du vent.

vendredi 14 septembre 2007

Plus écolo que moi, tu meurs

Surréaliste moment, hier soir, au cours du Bureau municipal d’Éragny-sur-Oise, ouvert à toute la majorité et où je me suis retrouvé. Les élus « Verts et ouverts » y ont été calmes et convenables autant qu’il se peut, mais quand même… Ne voilà-t-il pas que les élus PS de l’Agglomération de Cergy-Pontoise veulent développer, d’urgence, la pratique du vélo. Il y faudra, dit la maire, Dominique Gillot, de la volonté politique.

Que les écologistes, fort réjouis de cette brusque conversion de leurs partenaires, fassent observer que des travaux d’infrastructure et de sécurisation sont donc à envisager sans tarder, devient la preuve de… leur timidité, de leur manque d’esprit d’initiative.

Que ces mêmes écologistes fassent observer que recourir à la publicité et à l’entreprise Decaux pour financer l’opération, n’est guère glorieux alors que la publicité est, à leurs yeux, une pollution flagrante, devient une autre preuve : celle de… leur manque de réalisme alors que la collectivité peut s’exonérer de trop lourdes dépenses en faisant payer le publicitaire.

Que les Verts, pour les appeler par leur nom, fassent enfin remarquer que Cergy-Pontoise n’est pas Paris et que sa géographie autant que sa démographie nous oblige à penser une formule originale, achève de jeter sur eux le doute : élever des objections avant de s’engager signifierait tout bonnement… qu’on écoute les critiques sans jamais vouloir rien entreprendre.

Et ce n’est pas tout. Parle-t-on de la sécurité ? Le premier adjoint, Roland Gros, a découvert, à Paris, que la sécurité est certes insuffisante, ce qui n’a pas empêché, dit-il, de créer, un parc qui connaît un succès foudroyant ! Sans parler de Pékin (sic) ! La sécurité passe donc après la mise en œuvre. Nouveau ! À Paris, si la sécurité des cyclistes reste encore très insuffisante, comment oublier que d’importants travaux sont progressivement effectués pour augmenter le kilométrage de pistes cyclables sécurisées?

Parle-t-on de la publicité ? Grâce à l’entreprise Decaux, à Éragny-sur-Oise, on aurait fait disparaître des panneaux disgracieux ! La ville a changé d’aspect, (ce qui est vrai, mais ce n’est pas grâce aux panneaux Decaux, mais à cause des contraintes liées à la réglementation nouvelle qui a été votée par le Conseil Municipal).

Parle-t-on, enfin, de la spécificité de l’agglomération de Cergy-Pontoise ? Il y a deux maires qui veulent des vélos pour satisfaire la population, dit Dominique Gillot, (elle-même et Bernard Morin, maire de Vauréal). Dominique Lefèvre, maire de Cergy, président de l'Agglomération, suit. Les autres seraient dubitatifs, notamment Alain Richard maire de Saint Ouen l'Aumône. C’est un peu trop simple En réalité, on découvre le besoin, et tous les élus se résigneront à accepter ce qu’ils méprisaient auparavant…

On veut, à la veille des élections municipales de 2008, surfer sur le succès de l’opération d’aménagement des transports cyclistes, à Paris, Lyon ou ailleurs. Toutefois, on est bien loin de s’engager dans une politique telle qu’on la voit réalisée en Belgique, aux Pays-Bas ou dans le nord de l’Allemagne. Or, c’est de cela que la France a besoin, (et de bien mieux encore : des vélos d’un type nouveau, des pistes cyclables partout, bref une nouvelle culture du déplacement… ). Le vélo, comme les éoliennes par exemple, trouvera sa place dans le paysage quotidien des Français, mais seulement si on y met le prix : en utilisant ce qui a fait le succès de la bicyclette dans les pays pourtant froids du nord de l’Europe mais, j’y insiste, en en payant les infrastructures (et c’est un investissement très rentable !).

Il est insupportable de se laisser donner des leçons d’écologie par ceux qui ne recherchent qu’à satisfaire, au moindre coût, une demande supposée forte et populaire ! Ce passage au Bureau municipal majoritaire m’aura rappelé qu’on continue à prétendre pouvoir plier la réalité sous le poids des mots et du vouloir-être-incritiquable ! Aucune rigueur intellectuelle n’est plus possible quand on fonctionne ainsi ! Pénible constat.

mercredi 12 septembre 2007

Rentrée douloureuse. Ouvrir le débat tout de suite

L'été s'achève. Me voici de retour. Non que je me sois retrouvé en vacances, mais parce que trois activités m'ont sollicité : les journées d'été des Verts, à Quimper, où j'ai animé des ateliers sur les politiques migratoires et notamment vis à vis des Rroms ou Tsiganes, le Colloque philosophique de Chilhac en Haute-Loire ayant pour thème : "Culture et politique, le différend culturel" et, enfin, le suivi des expulsions de Rroms roumains installés sur la plaine de Pierrelaye-Bessancourt.
Il est plus que temps de faire le point.
Le paysage politique ne cese de se transformer, d'une part à cause des conséquences des élections de mai dernier (notamment sur le comportement des formations de gauche ou prétendu telles) et à cause des pratiques nouvelles qui sont celles de l'équipe présidentielle au pouvoir depuis bientôt six mois.

Dire ce qu'est la gauche et ce qu'elle pourrait faire, à présent, dans le contexte, de nouveau électoral, des prochaines élections municipales de 2008 n'est pas simple! Savoir ce qu'on peut faire à l'intérieur d'un parti pour être efficace en politique, n'a jamais été aussi délicat. Prendre appui sur la politique dirigée par le ministre Hortefeux et conduisant à des quotas d'expulsions d'étrangers (y compris et notamment les Rroms) pour révéler où se situe le définitif "différend culturel", voilà de quoi m'occuper.

Je vais devoir écrire et proposer des textes qui permettent le débat et la réflexion collective.
Je vais m'y employer sans tarder.

mercredi 15 août 2007

Un sur six milliards

Sarkozy par-ci.
Sarkozy par-là.
C'est ainsi,
on n'y coupe pas...

La presse s'empresse auprès de lui.
La politique people triomphe.
La pollution médiatique est à son comble.
"Et moi, et moi, et moi..." chantait Dutronc!

Ce ne sont pas seulement les Chinois qu'on oublie.
Ce sont les hommes et les femmes ordinaires,
ceux qui font notre quotidien, les anonymes,
bref, le monde réel, sans doute sans intérêt...

Le combat culturel commence dans les journaux.
Ignorons cet homme qui n'est qu'un homme.
N'entendons ce qu'il dit que s'il a quelque chose à dire.
Allons chercher le jus sous la mousse des mots.

Je rêve d'un boycott médiatique
d'un journal qui s'occupe du sort des hommes,
pas de la mise en spectacle d'un homme de pouvoir,
simplement de ce qui fait la vie des Terriens.

Quand se souciera-t-on des humbles,
des méconnus, des sans grade,
de ceux qui agissent sans brio,
c'est-à-dire de l'inverse des Sarkozy : oui, des anonymes?

lundi 13 août 2007

L'omniprésident

Le Canard enchaîné donne à Nicolas Sarkozy le titre d'omniprésident.

Il est partout. Il fait tout. On ne voit que lui. Il parle à la place des autres. Il est le furet qui passe partout et s'introduit partout. Il est sans gêne. Il est l'incarnation du pouvoir jusqu'à la caricature. Il est pressé. Il ne lui a pas fallu plus de deux mois pour s'imposer, pour trouver son style, pour faire taire ceux de ses proches qu'il inquiète.

L'homme est dangereux parce qu'attirant. Les Français l'acceptent tel qu'il est. L'état de grâce perdure. La France prend en partie modèle sur ce personnage qui réussit et qui n'a cure des critiques déversées sur lui. Il y a, dans cette figure de roman, quelque chose de Rastignac et de Méphistophélès.

"Le petit Nicolas" n'a rien d'un personnage comique de bande dessinée. Bien qu'on l'ait, depuis longtemps, comparé à Iznogoud, celui qui veut prendre la place du vizir, il échappe au ridicule car tout le monde, ses ennemis comme ses amis, tous ont compris qu'il est lui-même, à présent le vizir! Est-ce la preuve vivante qu'on peut réussir en usant et en abusant des outils de la démocratie? Le croient, du moins , les ignorants et les ambitieux.

Plus dure peut être la chute. J'en sais plus d'un qui y comptent et qui l'attendent. De l'ex-Président dont l'image est tombée en poussière en quinze jours, jusqu'aux déçus de l'élection présidentielle qui rêvaient, pour eux-mêmes, de cette domination d'un seul, tous attendent le faux pas, l'excès de pouvoir, la concommitance de la régression économique avec le quinquennat pour voir se dégonfler la baudruche.

Erreur! Même les baudruches tiennent debout dans le système présidentiel français. Tous ceux qui n'existent que pour et par le chef de l'État le serviront en toutes circonstances. Les talents ne manquent pas autour du petit Bonaparte de ce siècle.

Deux ou trois conditions sont à remplir pour que l'omniprésident soit un simple président puis un ex-président : la première est que soit remporté un combat culturel radical afin de rendre impossible des relations politiques, administratives et citoyennes faussées, autoritaires, élitistes et impitoyables; la seconde est que la France abandonne un modèle démocratique qui n'en est plus un! On verra bientôt que l'endroit et l'envers de cette même médaille est fort difficile à graver, et à fondre, car changer de philosophie politique et de contenu démocratique tout à la fois, suppose bien plus que de l'intelligence! Il y faut l'occasion de l'événement et une forte participation populaire. On en est loin. Troisième condition peut-être : le rapprochement des peuples de l'Europe de plus en plus conscients que leurs sorts sont liés.

Michel Serre disait hier, dans sa chronique hebdomadaire de France-Info, que la philosophie n'est qu'une suite de défaites, bien qu'avec le temps, elle seule puisse rendre compte de la complexité de la condition humaine. Le soir, sur Arte, était de nouveau présenté le film de Richard Attenborough, sur Gandhi. On y rapporte que celui sans qui l'Empire britannique aurait tardé encore à quitter l'Inde, rendait compte de son combat politique non violent en expliquant que l'histoire finit toujours par donner tort aux tyrans et aux assassins. Il démontrait aussi que le pouvoir décisif appartient au peuple, pas aux hommes de pouvoir. On peut en rire, il n'en reste pas moins que la violence politique ne connaît que des triomphes temporaires, non pas fugaces, (ils peuvent avoir des effets longs), mais non durables.

L'omniprésent Sarkozy n'est ni un tyran ni un assassin mais il a placé son action sous le signe de la pire égocratie, pas celle de l'autocrate ou du prince de sang, celle du chef d'entreprise qui, in fine, est seul à décider de l'essentiel. C'est un piège redoutable : il conduit à s'enfermer dans des logiques brutales pouvant mener à des affrontements terrifiants.

Les opposants de cette majorité fondue en un seul représentant ont la responsabilité de ne pas entrer dans son jeu, de ne pas faire semblant d'être dans le système démocratique traditionnel. La cinquième République est dépassée mais pas dans le sens d'un plus démocratique, bien plutôt dans le sens d'un retour à l'ordre, tel que le conçoivent, depuis toujours, les possédants. La régression est systémique. Elle s'appuie sur un fond politique qui n'a jamais été absent en France. Il ne suffisait pas, en 1793, de supprimer la personne du Roi pour supprimer son être politique. Un peu plus de deux siècles après la Révolution française, les philosophes ont, de nouveau de quoi intervenir. La monarchie est de retour.

dimanche 12 août 2007

Le ciel n'est plus immense; il est impensable

Marie est montée au ciel. Les catholiques vont fêter cela d'ici quelques jours. Je retrouve, aujourd'hui, une note griffonnée où j'écrivais : "le ciel n'est plus immense; il est impensable".

Les certitudes terrestres sont mal en point. Ne voila-t-il pas qu'aurait été découverte une nouvelle planète à quelque vingt années-lumière? Autant dire à côté. Les journalistes, comme d'habitude, après avoir annoncé cet événement qui révolutionne la pensée, n'en disent plus rien... Nous voici amenés à
croire non plus le discours des prêtres sur le ciel mais celui des astronomes! Le ciel que scrute des hommes armés de leur calculs et de leurs outils d'observation n'en finit pas de s'étendre et de se complexifier! C'est ce qu'on nous dit. C'est ce que nous sommes incapables de vérifier. C'est pourtant ce qui n'est pas douteux...

Le ciel dont on parlait aux enfants, au catéchisme, apparaît bien petit et bien moins mystérieux. L'infini était un mot qui faisait peur mais qui ne pouvait qu'être vague. L'infini, désormais, a ceci de neuf qu'il est bien plus qu'une idée; c'est une réalité dont on peut apprendre qu'elle n'est pas encore mesurable! Oui, le ciel n'est plus immense mais il est impensable ou plutôt :
le ciel est bien plus qu'immense; il est impensable puisqu'incommensurable. L'espace reste insaisissable mais pourtant, il est là. On y entre, même si c'est en ses très minces franges, aux abords de la Terre. Le ciel n'est plus l'autre monde; c'est le nôtre!

Qu'on puisse seulement dire que les astres se comptent par milliards ou plutôt sont innombrables, réduit notre pensée à bien peu. Un domaine sans limites s'ouvre. Les religions, une fois de plus, vont devoir réviser leurs représentations du monde. Les sots qui en sont à contester Darwin vont devoir faire face à un discours scientifique bien plus dangereux : le ciel n'est pas ailleurs et nous sommes déjà dedans, dans son infini toujours impénétrable mais déjà présent. Il eut fallu au Pape casser non pas l'œuvre de Galilée mais sa lunette. Mettre l'œil au téléscope suffit à faire basculer dans l'émerveillement ou l'horreur. Ce ciel n'est pas vide, bleu ou noir; il est peuplé, nuit et jour, par une lumière ponctuée qui juxtapose des taches et des éclairs si nombreux qu'on dirait qu'aucune place n'est laissée aux interstices interstellaires! Illusion supplémentaire : au contaire, entre ces tous ces astres si rapprochés existent des espaces, des intervalles infranchissables le temps d'une vie humaine, des béances sans fond. Bien sûr, un astrophysicien rirait de ma naïveté, cependant comme pour les étoiles, si vaste soit son savoir par rapport au mien, il n'en sait guère plus.

Le ciel est par dessus le toit si bleu si vaste, écrivait Verlaine.
Le poète a toujours raison
Qui voit plus haut que l'horizon
Et le futur est son royaume
, chantait Jean Ferrat.
La philosophie et la poésie sont encore les moins mauvais modes d'approche de la réalité humaine. Nous avons perdu un ciel; nous en avons retrouvé un plus étonnant encore. Le sort de l'homme est tout autre que ce que l'on en croit. Et ce n'est pas forcément une mauvaise nouvelle...

samedi 11 août 2007

Un citoyen pas très catholique

J'ai eu la surprise de m'entendre moi-même dire, à haute voix, que je n'étais pas catholique. C'était la première fois de ma vie. Par honnêteté, j'avais voulu préciser, à quelqu'un qui m'interrogeait, que je ne serais sûrement pas un catholique bien représentatif devant le Vicaire général du Val d'Oise en visite à un campement de Rroms. C'est, je crois, ce que je voulais dire. En fait, et pour parler bref, parce qu'on me demandait pourquoi je ne viendrais pas à la rencontre de ce personnage d'Église, j'ai lâché : "...parce que je ne suis pas catholique".

Je ne suis, en effet, pas très catholique aux yeux de bien des catholiques. Mais le suis-je à mes propres yeux? Cet épisode m'a conduit à repenser que je n'avais pas longtemps été catholique au sens où l'entend la hiérarchie catholique.

Enfant, je suis allé au catéchisme parce que ma mère m'y envoya, comme y allaient presque tous ceux qui avaient mon âge. Après ce qu'on appelait la Communion Solennelle, je restai catholique parce que, dans le Livre des Actes des Apôtres qui trainait dans la chambre de mes parents, j'avais lu des récits épiques qui exaltaient l'adolescent que je devenais, avec une priorité fondamentale : les chrétiens étaient ceux, et seulement ceux, qui mettaient tout en commun. Plus tard, j'ai cru trouver, dans la famille de celle avec qui j'allais vivre, la mise en œuvre de ce principe de partage absolu. Je sus assez vite que ce n'étais pas tout à fait vrai, sauf pour Claire, ma compagne (je ne voulais pas dire ma femme). À l'École Normale d'Instituteurs, ce "séminaire rouge", je m'accrochais à cette évidence que catholique signifiait universel et que par conséquent, le religieux pouvait communiquer avec toutes les cultures. J'y trouvais une source d'inspiration pour la laïcité qui était la mienne, c'est à dire un respect d'autrui qui autorisait à chercher passionnément l'unité du monde en dépit des innombrables et souvent heureuses différences qui le constituent.

Au seuil de la vieillesse, je constate que l'Église catholique n'a pas suffisamment, ni assez vite, évolué pour pouvoir demeurer ou devenir catholique. Son universalité n'est que de façade. Je dois donc admettre, que cela me plaise ou non, que je ne suis plus catholique parce que je ne pense plus comme pensent la majorité des catholiques. Le catholicisme est un ...isme comme un autre, c'est-à-dire un système. Or, il n'y a pas de système universel. Ceux qui l'ont pensé, qu'ils soient inspiré par leur foi ou par la raison, ont conduit l'humanité vers la violence et le meurtre. L'universel n'est pas Un; il est divers et complexe. La richesse du monde est dans sa multiplicité. Catholique, par conséquent, selon moi, non dogmatique et non sectaire puisque universel, est un mot qui, ainsi lu, ne veut rien dire pour un Pape ou un évèque, un protecteur de la foi...

J'ai la chance et le malheur de lire, occasionnellement, une publication qui traine sur le bureau de mon très vieux beau-père : Famille chrétienne. J'y relève exactement l'une des visions du monde qui rend le catholicisme creux et pervers. Je m'y suis, récemment, à y regarder de près, trouvé décrit comme l'un de ces relativistes d'où provient tout le mal, ce qui signifie, notamment, que je fais l'erreur gravissime de ne pas comprendre qu'il n'est qu'une vérité, celle dont l'Église a la garde, une seule. S'en éloigner conduit à l'horreur sociale, politique et générale. Cet intégrisme idéologique qui apparaît partout, au cœur des religions, est bien là, en Europe, en France, dans une revue ayant pignon sur rue.

La philosophie que je fréquente ne permet pas de céder à ces affirmations péremptoires qui transforment les meilleurs des hommes en bourreaux. Dès qu'il est impossible de penser autrement que ne le veut le pouvoir, que ce soit celui d'un État ou d'une Église, alors la dragonnade n'est pas loin.

Pour finir la description de ma distanciation par rapport au catholicisme, je dois revenir sur cette prise de conscience fulgurante qui me fit comprendre, bien avant de savoir quoi que ce soit du marxisme et des luttes ouvrières, que ce qui fondait les premières communautés de chrétiens , c'était le partage. De là me vint que chaque homme pouvait être mon semblable et que le plus proche de mes semblables s'appelait le prochain. De là me vint que celui qui aime son prochain comme lui-même ne peut, en aucune circonstance, le tuer. De là me vint que nul ne se peut placer au-dessus de tout autre, forcément son égal, et qu'il n'est aucun autre pouvoir que celui du service. De là me vint, enfin, que celui qui n'est pas radicalement du côté des pauvres, des non violents et des détachés du pouvoir ne peut se réclamer du Christ et de sa Parole, rapportée, bien des années plus tard, par ceux qui ont écrit les Évangiles.

J'ai cessé d'être catholique parce que je suis catholique, comme j'ai cessé, sur un tout autre plan, d'être socialiste parce que je suis socialiste, d'être communiste parce que je suis communiste, d'être écologiste parce que je suis écologiste, d'être anarchiste parce que je suis anarchiste. Aucun adjectif qui se termine par le suffixe "iste" ne pourra jamais me définir tout entier. Je n'appartiens entiérement à aucun parti, chapelle ou nation et aucun groupe humain ne peut s'emparer de moi. Je tiens à mes multiappartenances, y compris celles qui sont contradictoires, car elles m'obligent, alors, à chercher comment surmonter mes contradictions.

Aujourd'hui, il n'y a plus, me semble-t-il, d'alternative autre que celle-ci : ou bien être catholique (plus largement chrétien), c'est engager sa vie dans cette liberté absolue par rapport à l'argent, à la force et au pouvoir, ou bien l'on n'est ni catholique ni chrétien.

Et Dieu, me direz vous? Il vous semble, peut-être, que je l'oublie un peu! Et bien Dieu, -peut-on, d'ailleurs, employer ce mot s'il a le sens infini que lui donnent les hommes?- ce Dieu, qui n'est, de toute façon, rien de ce qu'on en dit, et qui, s'il est, ne peut se trouver défini autrement que ne le fait le Christ, ("Dieu est Amour"), ce Dieu-là serait au travail dans la construction du monde, terrestre autant que céleste, et donc, sur la planète terre, par l'intermédiaire de ceux dont il est question dans le Sermon sur la Montagne : les humbles, les pacifiques et les pauvres.

Que ceux qui croient en cette utopie improbable se réclament du Christ et qu'ils se disent chrétiens et catholiques, passe, mais alors, tous les autres, les bavards qui sont "comme l'airain sonnant", les onctueux qui parlent et n'agissent guère, tous ceux là, les plus nombreux, mentent. Quant à moi, qui ne sait plus s'il est catholique, je ne sais si je mens ou pas, mais je sais que je ne peux plus me ranger parmi ceux dont j'ai si longuement constaté qu'ils mentent.

dimanche 5 août 2007

Sarkozy ou la realpolitique dévoilée

La libération des infirmières bulgares contre des ventes d'armes à la Lybie trouble l'opposition en France. Pourquoi?
Que ce soit vrai ou faux, ce qui importe, c'est qu'on puisse, devant l'opinion publique, aux yeux du monde entier, faire ce que d'autres États font dans le secret. Là est la nouveauté.
J'exècre les choix politiques de Sarkozy mais je dois reconnaître qu'il ne masque pas ses choix et les assume. Je rêve d'une politique autre aussi bien assumée!
Le dictateur lybien est devenu fréquentable, donc on le fréquente.
Beaucoup plus modestement : on s'aligne sur les États-Unis, alors pourquoi, en tant que chef d'État, n'y passerait-on pas ses vacances?
C'est la culture politique de Nicolas Sarkozy, dont on verra bientôt, les effets ravageurs qui fait de moi un opposant radical, mais j'admire son culot et la façon dont il impose ce qu'il est et ce qu'il fait.
Nous allons beaucoup souffrir mais c'est une chance, me semble-t-il, d'avoir pour adversaire, un homme qui agit, plus que ses prédécesseurs, à visage découvert.

mardi 31 juillet 2007

Pour en finir avec le Tour de France

Le Tour a déjà brisé bien des vies.
Il a séduit aussi des générations entières en flattant le culte de l'exploit.
C'est une machine publicitaire d'une étonnante efficacité : des foules se pressent au bord des routes pour admirer et les coureurs et la caravane hurlante des véhicules de différentes marques.
Les coureurs sont eux-mêmes transformés en hommes-sandwiches portant sur le dos, les cuisses, la poitrine, les noms des sponsors de leur équipe.
Depuis des décennies, la déviation d'une initiative née voici un siècle, s'est poursuivie, inexorablement, faisant passer la compétition sportive loin derrière l'enjeu commercial.
Les victoires successives d'un coureur américain devenues douteuses, puis celle, l'an passé, d'un autre coureur américain bel et bien convaincu, lui, de dopage, les expulsions du Tour de tricheurs avant même le départ, ou pendant l'épreuve, tout indique que non seulement la course est truquée mais que les enjeux financiers sont devenus tels que tous les risques peuvent être encourus pour tenter sa chance.
Le spectacle de cette marchandisation du sport qui s'est emparée de bien d'autres activités sportives à commencer par le foot-ball et l'athlétisme, est efficacement mis en scène par des médias complices.
La professionnalisation de la course cycliste oblige au résultat si l'on veut faire fortune avant de n'être plus physiquement capable de briller.
Voici venu le temps de vérité : le Tour de France a perdu toit son intérêt. Une foule de gogos continue encore à battre des mains mais plus personne ne peut croire en la sincérité d'une épreuve totalement dominée par des intérêtrs financiers.
L'hypocrisie des dénonciateurs du dopage, dans le milieu du vélo, n'a d'égale que celle des politiques qui, en réalité laissent faire.
Les chaînes allemandes de télévision cessent-elles de couvrir le Tour après la découverte du dopage d'un coureur allemand, la fédération cycliste danoise sanctionnent-elle le porteur du Maillot Jaune, danois, suite à une accusation de dopage, qu'à cela ne tienne, on continue, pire, on critique ces mesures prises hors de nos frontières par des partenaires honnêtes.
L'actuel Maillot Jaune va donc, quelque temps encore, grâce aux médias, (il m'étonnerait qu'on le laisse arriver jusqu'à Paris sous cette tunique), étaler le long des routes traversées, ce slogan non écrit : "Dopage ou pas, le Tour continue".
Il y aussi d'autres enjeux qui retardent la fin du Tour de France : l'enjeu politique notamment. Le Tour de France, "la plus grande course cycliste au monde", est une manifestation nationaliste éblouissante. Une majorité de Français en est encore fière. Même ceux qui n'y croient plus parleront longtemps de la lutte entre Poulidor et Anquetil, Coppi et Bartali, ou des exploits de Bobet, Charly Gaul et autres... Et pensez donc, les derniers grands vainqueurs français Hinault et Fignon sont des "consultants" du Tour de France. Salir cela, c'est reconnaître qu'on s'est laissé duper, et c'est insupportable.
Qu'on soit passé des équipes nationales aux équipes commerciales n'a jamais fait lever de protestations. Que les morts prématurées de Jacques Anquetil, d'un champion anglais, Tom Simpson, -sur les pentes du mont Ventoux, en plein Tour!-, de Louison Bobet n'aient jamais fait se poser de questions sur les risques d'un usage très ancien de substances dopantes, est la preuve d'une complaisance généralisée : le Tour était intouchable.
Eh bien, le Tour est touché. Trop c'est trop. Ce que le simple bon sens n'obtenait pas, le ridicule va le permettre : même s'il devait se prolonger quelques années encore, le Tour de France est une épreuve menacée par ce qu'il craint le plus, le désintérêt populaire. Le doute a été semé. La sincérité de la course fait sourire. L'étalement publicitaire écœure. La transformation des athlètes en machines à sous est inconvenante. Le Tour n'est plus crédible. Le Tour est blessé à mort. Il ne lui reste plus qu'à mourir.

vendredi 13 juillet 2007

Changer d'ère et d'air en politique

La sarkomania risque de s'imposer.
Cette politique-spectacle plaît.
La surprésidentialisation est à l'œuvre.
C'est très exactement ce que j'exècre.
Ce néo-populisme est par essence antidémocratique.

Face à cela, qu'avait connu l'Italie avec Berlusconi, la gauche "centriste" se délite.
La gauche "blairiste" se révêle être bien ce qu'elle est: néolibérale.
La gauche "républicaine" explose en autant de chapelles que de doctrines.
Si ce qui arrive ne m'a que peu surpris, s'agissant de la droitisation de la gauche, (extrêmes inclus), la rapidité de l'action de mise à nu, ou à plat, de ses adversaires par le feu follet Sarko a, tout de même, de quoi étonner.

On ne sait que penser! Qu'est-ce qui prime, l'énergie de ce Président à tout faire ou le vide sidéral de ce parti socialiste qui ne sait plus ce qu'il est? Quelle est la cause principale de l'ouverture de ce champ de ruines que désertent, jour après jour, des personnalités politiques médiatiques, au PS et ailleurs à gauche? Est-ce l'audace du démolisseur ou la fragilité de ce grand parti d'élus désormais sans profondes racines populaires qu'il faut placer au premier rang des causes de cette dévastation?

La rupture annoncée était une fracture voulue et opérée sans anaesthésie! Toute l'opposition va en souffrir. Le PS en premier lieu parce qu'il était le plus en vue, mais chacune des composantes de cette ex-gauche plurielle va s'en trouver brisée.

Pendant ce temps, la France s'adapte, se laisse éblouir, résiste mal à ce tsunami politique que nul n'avait vu arriver. Sarkozi par-ci, Sarkozi par-là, le furet saigne ses opposants et règne en maître de moins en moins contesté! En moins d'un trimestre, il s'est emparé de toutes les commandes, et le Parlement, qu'on croyait pourvu d'une forte minorité de députés capables de mettre un frein à la domination de l'omniscient, omnopotent, omniprésent Président, se trouve réduit au rôle de grand théatre où des intermittents du spectacle politique peuvent briller mais dans les rôles qui leur sont assignés par le Grand Metteur en Scène... Il va d'ailleurs venir à la Tribune de l'Assemblée nationale, grâce à une modification constitutionnelle, pour y donner le la de la partition à jouer, en bon chef d'orchestre qu'il est. Quand on vous dit que cet homme sait tout faire!

Pareille déconfiture de la part de ceux qui ne savent plus où s'installer pour agir efficacement, qu'ils soient socialistes, écologistes, humanitaires ou issus de l'immigration, annonce une tempête violente. Le temps est compté. Les politiques les plus attentifs le savent. C'est pourquoi, à droite, on bouscule le calendrier parlementaire : il faut élever un barrage de lois face à la déferlante qui suivra la prise de conscience de ce que va devenir la France. C'est pourquoi, à gauche, on panique, soit en fuyant vers celui qui fascine, séduit et corrompt, soit en recherchant des solutions de raccroc du reste contradictoires : la "démocratisation" à l'anglo-saxonne vers un Parti Démocrate de type étatsunien, d'une part, ou la "gauchisation" vers une formation rénovée et refondée à la mode allemande ou hollandaise, par ailleurs!

Rien ne bougera, face à la droite dite décomplexée, tant que des contradictions politiques, que le libéralisme va engendrer de lui-même, ne seront pas apparues aux yeux des Français. Rien ne se produira tant que les luttes populaires n'auront pas obligé la gauche à reconsidérer des analyses surrannées. Le socialisme, le trotskisme, le communisme ont marqué la pensée de générations entières et il faut en tenir compte mais nous entrons dans un autre temps, celui des menaces sur la planète tout entière. Il faut changer d'époque et de chansons!

Me reste-t-il dix ans à vivre physiquement ou intellectuellement pour contribuer à faire émerger des concepts nouveaux dans lesquels les citoyens puissent se reconnaître? Je ne peux le savoir mais il ne me déplairait pas de faire encore partie de ceux qui vont ouvrir des perspectives à ceux qui vont nous succéder...

jeudi 12 juillet 2007

L'éternité ne se conçoit que par amour.

Les discours sur la survie sont, en général, creux.

L'amour est ce qui donne à croire à l'éternité. C'est irrépressible.

Quand deux êtres que n'attire pas seulement le sexe, ne voient de sens à leur vie que l'un par l'autre, ils ne peuvent -illusion ou pas- concevoir aisément l'affaissement définitif de la conscience.

Chacun du reste, être pensant, ne peut se concevoir non pensant.

mardi 10 juillet 2007

De la perpétuation de l'esclavage.

Je ne connais plus d'autre moyen de mettre en difficulté ceux qui n'ont cessé de rechercher comment s'approprier le monde qu'en mettant constamment en avant que la planète ne nous appartient pas.

Autrement dit, et pour faire court, la lutte écologique seule -mais dans toutes ses dimensions, environnementales et sociales- est à même de faire reculer le capitalisme.

J'appelle capitalisme, en le regardant tant du pont de vue de l'actualité que du point de vue de l'histoire, ce processus de conquête qui n'a cessé de viser la mise en tutelle de tout ce qui peut s'opposer à l'élargissement sans fin de l'avoir.

Il faudra bien qu'au cours des temps à vivre on s'emploie à examiner, dénoncer et abolir les causes de ce qui exploite la planète! Il nous est indispensable de connaître ce que la conquête du monde a fait payer et continue de faire payer à l'humanité.

Le capitalisme rend une partie de l'humanité esclave de l'autre. Esclavage, servage, colonisation, exploitation auront été une seule et même action gigantesque de prise de pouvoir de l'homme sur l'homme.

Ce constat est, certes, désespérant, mais beaucoup de signes nous donnent à penser que l'humanité ne supportera plus longtemps cet esclavage multiforme. Deux preuves de ce que j'affirme se trouvent contenues dans la démographie et dans les menaces écologiques.

Dans la démographie parce que tenir en laisse bientôt 9 milliards d'êtres humains va devenir, d'ici 2050, d'une complexité et d'un coût que les "maîtres du monde" n'imaginent même pas. Dans les menaces écologiques parce que l'action de l'homme sur son cadre de vie a bouleversé des équilibres, supprimé des ressources et engendré des perturbations telles qu'il devient impossible de prolonger des pratiques qui ruinent non seulement les exploités mais les exploiteurs.

Ce bilan humain désastreux, à l'échelle de quelques millénaires, pourrait conduire au doute radical sur l'avenir humain. Il peut aussi déclencher un désir de vivre-malgré-tout qui modifie totalement les rapports politiques.

Je veux pouvoir me bercer quelque temps encore de cette illusion. Après, ce ne sera plus mon affaire mais celles de tous mes successeurs...

lundi 9 juillet 2007

Incrédulité.

Prêtres, vous ne savez pas ce que vous dites.
Vous parlez creux.
Vos mots sont impies.
Vous banalisez l'esprit.
Vous nous détournez de Dieu.

Car s'Il est,
il ne peut être ce que vous en dites.
Votre parole est mensonge,
illusion,
et insulte à la vérité.

La vérité est modeste,
prudente et humble,
elle ne s'assène pas,
elle n'épouvante pas,
et ne décourage personne.

J'entends encore
le rire de ma petite fille
se gaussant des menaces
dont on voulait l'encombrer :
celles du péché
et celles de l'enfer.

Elle fut saine
de réagir ainsi
mais pouvait-elle rester insensible
aux paroles d'autorité
des adultes et des sachants?
Trahir l'enfance est criminel.

Prêtres, imams, rabbins,
moines et sorciers,
votre savoir se détruit
dès que vous ordonnez
ce qu'il faut penser
et tuez ainsi la conscience libre.

Vous êtes ces infidèles
dont vous avez si peur.

De la droitisation de la gauche radicale

On a longtemps appelé gauche extrême des organisations politiques qui étaient idéologiquement rigides et enfermées dans la tour de leurs certitudes. Toutes les formations léninistes sont tombées dans cette erreur funeste : la démocratie populaire, c'est la dictature des élites qui se sont mises entièrement au service du peuple. Il s'agissait déjà d'une droitisation. Ce qui est droit, c'est ce qui n'est pas courbe et la meilleure façon de ne pas se courber, de ne pas se plier, c'est d'être rigide. Celui qui ne se courbe pas trahit moins.

On connaît les conséquences de ces comportements austères, intransigeants, fidèles à la doctrine, autoritaires, sans concessions, irréprochables, incorruptibles. De l'Inquisition à la Terreur, de l'échafaux au goulag, l'histoire n'a cessé de nous révéler la monstruosité des accapareurs de vérité. Des crimes ont marqué à jamais cette fausse gauche qui pratiquait le contraire de ce qu'elle énonçait.

L'amollissement de la pensée à gauche ne l'a pas assouplie. Non seulement l'abandon des convictions socialistes lui permet de continuer à pratiquer le contraire de ce qu'elle énonçait, mais il lui permet de continuer à se vautrer dans des modes de gouvernance antidémocratiques. Quant à la gauche trotskyste qui n'a cessé de vilipendé le stalinisme et la social-démocratie, elle s'est donné à choisir entre le renoncement à la prise de tout pouvoir et la gestion pépère du petit capital de sympathie que lui confère son intransigeance apparente.

Je soutiens que toutes les gauches se sont droitisées, soit qu'elles se soient durcies jusqu'à se contredire, soit qu'elles se soient converties en tout ou partie à l'idéologie qu'elles avaient, depuis leur origine, combattue.

S'agissant uniquement de la gauche dite radicale, il n'est pas sans intérêt de relever qu'elle souffre des mêmes maux que la gauche qu'elle voue aux gémonies. Elle s'affadit et se crispe tout à la fois. Elle sait ce qu'elle ne veut pas. Elle ne sait plus ce qu'elle veut.

Ce constat est alarmant parce que nul, parmi les anticapitalistes, ne sort indemne de cette défaite idéologique dont la dernière élection présidentielle en France a permis de constater l'ampleur. Au nombre des chantiers de rénovation des outils de l'action politique et de redéfinition des contenus politiques eux-mêmes, il y a, à coup sûr, la mise en évidence de tout ce qu'a produit comme dégâts, dans la pensée, cette droitisation généralisée du champ politique.

J'en avais confusément conscience. Je mesure mieux la difficulté et la dimension de cet aggiornamento à entreprendre, sans délais...

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