mercredi 27 avril 2011

Au-delà de toute lassitude...

Je ne plie pas et n'abandonne rien, mais je suis las devant l'inhumanité de l'humanité ! Je n'arrive pas à désespérer d'un monde désespérant, mais je fatigue...



1911 est une année terrible. Je sais : l'histoire a accouché de bien pires... Mais enfin, à y regarder de très près, depuis la France, en ce printemps hâtif, on ne voit guère apparaitre de nouvelles pousses d'espoir. Au contraire, s'enfoncent dans le sol de la planète, de nouveaux germes meurtriers, certains inarrachables et qui rendent notre sol, ici ou là, impropre à la vie.

Hiroshima n'a rien enlevé aux certitudes des sachants qui attendent, sans doute, pour revisiter leurs certitudes, que, dans six mois, six ans, soixante ans, telle ou telle centrale nucléaire française, soit incontrôlable et contamine l'Europe tout entière !

Ne parlons pas du principe de précaution! S'il s'agit encore de ne pas entreprendre ce qui risque de nuire gravement à l'espèce humaine, c'est raté. Le mal est fait.


Première les de toutes les précautions : éviter de perdre de l'argent.

Tchernobyl continue de nuire et, si l'on recommence à en parler, alors qu'on avait presque réussi à l'enfouir sous un sarcophage d'oubli bien plus solide que le sarcophage matériel qui se perce et se troue, c'est parce que le Japon est sous la menace de l'effondrement économique, et qu'il faut bien se résoudre à admettre que Fukushima laissera des plaies inguérissables dans toute l'Asie.

Deux attitudes m'emplissent d'un abattement auquel je ne sais comment résister : l'obstiné refus de la réalité et l'inculture de ceux qui se retrouvent les maîtres de nos destinées !

La presse continue son petit travail de lavage de cerveaux et fait méthodiquement douter de l'évidence : l'énergie nucléaire est un cancer qu'il nous faut au plus vite arracher des entrailles de l'industrie humaine. Le refus de cette réalité cruelle fait d'ailleurs bon ménage avec la faim de profit.

Le reste est grossièretés et illusions, jeux stupides et mise en images. Deux milliards de gogos vont s'ébaudir devant les télévisions nous noyant sous les retransmissions d'un mariage princier, en 2011 !

Les puissants, dans leurs palais ou leurs bureaux somptueux, jouissent de leur pouvoir de vie et de mort sur autrui. Ils n'ont rien lu ou ont tout oublié de ce qui mettait en question leurs avantages. Ils n'ont pas la capacité de prendre les décisions qui s'imposent parce qu'ils sont hors de toute politique, car il leur faut perdurer dans leur domination, coûte que coûte !

Et voilà où nous attend la détresse : rien ne peut changer sans violence, non pas la violence donnée pour s'arracher aux tyrans, non, la violence librement subie pour que ces tyrans cèdent sous le poids de la volonté populaire. Le "printemps arabe" est rouge. En Syrie, au Yémen, à Barhein, et même en Tunisie et en Égypte, c'est par la mort que passe la liberté. Ne parlons pas de la Lybie, où un tout autre chemin est parcouru, celui de la révolte les mains armées, mais il ne conduit que vers ce que l'occident sait faire : dominer par le feu en invoquant les droits de l'Homme.

Il faut, hélas, établir un lien entre le Japon et le Machrek : c'est dans les plus dures épreuves que l'homme est contraint de construire ou reconstruire son avenir. Une différence pourtant : le désert lybien sera bientôt plus fréquentable que le désert japonais et l'est déjà davantage que le désert ukrainien. Mais plus : les non-encore nés sont d'ores et déjà menacés par nos œuvres funestes.

Je relisais quelques pages de La supplication, Tchernobyl, chronique du monde après l'apocalypse. L'horreur décrite y est telle qu'il y a de quoi sauter des pages et se cacher, vite, derrière une amnésie volontaire. Mais l'auteure, Svetlana Alexievitch, n'est pas Cassandre et sa ralation de la catastrophe n'est pas catastrophiste ! En avril 1996, elle écrivait, simplement, que "la destruction de l'Abri (nom de code du 4ème réacteur, contenant en son ventre gainé de plomb et de béton, son sarcophage fendu, vingt tonnes encore de combustible nucléaire) aurait des conséquences encore plus horribles que celles de 1986". Ce n'est que réalisme et, quoi qu'en disent Sarkozy et ses affidés nucléaristes, saurions-nous gérer 99% des risques que les centrales européennes nous font courir, le 1% restant peut être fatal à toute l'Union, demain ou dans cent ans, ce qui au regard de l'histoire, revient au même...



Voilà pourquoi l'arrière grand-père que je suis est, lui aussi, dans la lassitude et la supplication ! Nous ne pouvons laisser ce monde-là à nos successeurs. C'est un crime contre l'humanité ! Si nous ne tournons la page, la page du productivisme insensé et, finalement infécond, nous allons ruiner la Terre entière en toute bonne conscience.

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