jeudi 2 février 2012

L'impossible absence de l'écologie politique




L'écologie politique est quasi absente de la campagne électorale, jusqu'à présent. Ce ne sont pas les deux candidates s'y référant qui sont en mesure de faire bouger les lignes ! Corinne Lepage, pourtant compétente dans sa critique de l'énergie nucléaire, porte sur elle l'image d'une ancienne ministre insuffisamment opposée au capitalisme pour pouvoir contester une économie libérale productiviste, incompatible avec les exigences écologiques. Éva Joly, pourtant compétente et courageuse, souffre d'un accord préalable passé entre EELV et le PS qui bloque sa liberté de parole.

Les candidats dits « de gauche » sont à peu près mutiques sur le sujet, à commencer par François Hollande, incapable de se dégager d'une idéologie collectiviste et croissantiste, « progressiste », mais, plus encore, refusant de reconnaître que la crise économique est aussi une crise écologique. Quant à Jean-Luc Mélenchon, ses préférences personnelles pour une sortie du nucléaire sont vidées de toutes propositions du fait de son alliance privilégiée avec le parti communiste plus que frileux sur le sujet ! Le NPA ne pèse plus rien et moins encore Lutte ouvrière...

Cette situation ne peut durer. La sensibilité de l'opinion, et notamment des plus jeunes citoyens, vis à vis du réchauffement climatique, de l'importance de l'isolation des logements, de la transition énergétique en faveur des énergies renouvelables, de la nourriture bio, du démantèlement des centrales nucléaires, de la toxicité des produits de consommation courante, de la pollution publicitaire, ne pourront très longtemps encore rester passés sous silence.
L'écologie politique facultative ! Elle n'est pas un simple aspect de la problématique politique ; elle en est désormais le cœur. Elle n'est pas un complément ou un supplément politiques ; elle est, à notre époque, intimement mêlée à tous les dossiers. Elle est non seulement indissociable de notre présent et de notre avenir, elle domine la pensée parce qu'elle aborde toutes les questions qui sont posées à l'humanité tout entière. Que cette évidence soit masquée montre assez la peur et le rejet qu'inspire une approche économico-politique qui rompt avec les habitudes pratiques et idéologiques de la société occidentale.
On pourrait attendre que les mutations de société, engagées, inévitables, aient produit leurs effets mais ce serait d'une grave imprudence. Les décisions qui ne sont pas prises à présent auront des conséquences d'autant plus désastreuses qu'elles ne pourront être corrigées. L'enfermement idéologique dans lequel s'inscrivent les leaders d'opinion et les décideurs économiques fait peser sur le monde entier des menaces chaque jour plus importantes. La situation internationale est chargée de violences inouïes et les pires ne sont pas celles qui sont liées aux conflits armés. Ce à quoi nous préparent les pollutions par les métaux lourds, les nanotechnologies et autres technologies que les apprentis-sorciers diffusent et vendent avec grand profit, c'est... la terre inhabitable.

Point de catastrophisme dans ces affirmations. Rien de ces menaces n'est ignoré des chercheurs libres, ceux qui ne sont pas payés pour dire le contraire de ce qu'ils savent. La question n'est pas de savoir si l'écologie fait partie de la compréhension du monde dans sa complexité ! La question est de savoir ce qu'il va nous coûter de l'avoir ignorée. La question subséquente étant : pourquoi nous laissons nous faire comme moutons chez le boucher ou pourquoi le peuple est-il impuissant devant ceux qui le dominent !

La campagne électorale n'est qu'un moment de la vie politique et pas même le plus important. Néanmoins, c'est un moment sensible. C'est la période de conscientisation ( mais aussi d'enfumage) la plus intense dans une démocratie active. L'impossible absence de l'écologie politique ouvre un immense espace de contradictions. Ceux qui s'en contentent ou s'en satisfont vont déchanter. L'écologie s'invitera dans les débats avec ou sans l'autorisation des partis et des candidats, (y compris les candidats "écologistes" empêtrés dans des pratiques politiciennes qui  les rendent inaudibles). Si Fukushima, par exemple, ne laissait aucune trace, ou trop peu, sur la politique française, l'élection de 2012 constituerait une impasse politique totale. Mais ce n'est là que l'événement majeur de 2011, voici un an bientôt, qui a changé la perception des Terriens. Il y a bien d'autres préoccupations écologiques pesant sur l'avenir des États dont le nôtre. 


L'oublier ou faire semblant serait la pire des irresponsabilités, la désespérance la plus noire et priverait les citoyens de leur droit à rester maîtres de leur vie. Ce serait le "début de la fin" de toute construction démocratique. Puissions-nous nous épargner cette erreur historique.

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