jeudi 6 novembre 2008

De la crise économico-écologique du capitalisme

"Moi, Marx, je n'étais pas marxiste, et je n'ai pas tout dit"

La crise économico-politico-financière et la crise mondiale écologique ne sont qu’une seule et même crise? Chacun admet qu’il y a une dimension écologique à cette crise mais il n’existe pas encore d’accord pour affirmer que la cause principale de la crise est écologique.

Ce n’est pas encore admis, ni analysé, mais c’est ainsi ! La multiplication des profits illimités a mis en évidence la mondialisation des limites humaines. L’immense savoir mathématique des traders, au service des banquiers, n’a pas évité et a même provoqué une déroute, c’est-à-dire l’embardée vers une nouvelle route, une voie tout autre, dont nul ne sait où elle mènera ! Toute la cacaphonie et l’agitation médiatiques, les bavardages contradictoires, qui ont entouré le surgissement de la visibilité de la crise, en septembre 2008, vont se prolonger longtemps encore, alternant les phases aiguës et les retombées d’intérêt, face à une opinion interloquée, lassée ou excédée. Mais le temps du monde infini est fini.

Si le capitalisme ne touche pas pour autant à sa fin, c’est la fin qui a touché le capitalisme. En propageant l’idée de l’infini du profit, les capitalistes se sont et nous ont donné à penser que les individus et les civilisations n’avaient pas de limites ? C’était plus qu’une illusion ; c’était une imposture. Le capitalisme peut tout à fait, à présent, mais l’on ne sait quand, se fracasser sur les limites de la planète. La catastrophe n’aura pas besoin d’urgence, ni de grand soir : elle ne sera que le terme d’un processus.

Dès lors, l’inverse du capitalisme n’est plus le socialisme. La gauche institutionnelle qui se qualifie encore de cet adjectif : socialiste, (dont elle ne sait plus quel est le contenu) n’est pas plus efficiente que la droite se réclamant du capitalisme pour faire face à une crise systémique car elle ne connaît pas de système de remplacement. Cette absence d’alternative ne garantit nullement que le capitalisme va perdurer. Ce ne serait pas la première fois, dans l’histoire de l’humanité, qu’une société déboucherait sur un vide conjoncturel avant même d’avoir restauré un contenu de civilisation. Sans repères, on ne se perd que si le ciel est sans étoiles ; que se dissipent les nuages et l’on retrouve un chemin, mais en général pas le même…

On peut voir grand tout en ayant conscience de la fin et des limites de chaque homme et de toute l’humanité ! Le monde n’est pas trop grand pour l’homme, c’est l’homme qui s’est construit trop grand pour le monde ! Connaître ses limites n’est pas un moins pour la pensée, c’est un plus de lucidité, un plus d’adaptabilité, un plus de reconnaissance de la présence incontournable d’autres humains limités. Oui, le temps du monde infini est bel et bien fini. Le « toujours plus » a atteint ses limites. Le temps du monde limité commence.

L’écologie devient, dès lors, la gestion de ces fins, du moins de celles sur lesquelles l’homme est en capacité d’agir. Cette écologie-là n’a besoin d’aucun parti ce qui ne signifie pas que l’écologie n’ait pas besoin de politique. Un parti Vert ne peut nuire, mais il ne peut plus couvrir tout le champ de la remise en cause d’un contenu de civilisation.

Nous pouvons oser dire, à présent, que le capitalisme n’est ni inéluctable ni remplaçable alors même qu’il y a quelques mois, les partis dits de gauche semblaient amenés à se convertir à l’économie de marché voire à l’idéologie libérale. Là est la nouveauté révolutionnaire. La parole est libérée. De même que nous semblons entrer, avec l’élection de Barack Hussen Obama à la présidence des États Unis d’Amérique, dans une époque post-raciale, nous sommes aux portes d’une ère post-capitaliste qui déborde très largement les temps passés de l’anticapitalisme.


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