jeudi 26 mai 2011

Sexe et pouvoir



Essayons d'oublier le sordide. Efforçons-nous de comprendre ce qui conduit des personnalités connues, des dirigeants d'États ou d'organismes internationaux, vers des "abus sexuels".

Je vois à ces comportements choquants, et tolérés en France autant et plus qu'ailleurs (au nom du respect de la vie privée !), au moins trois explications.

La première tient à ce que le pouvoir d'agir sur les événements se confond souvent avec le pouvoir d'agir sur les personnes. Le roi fornique et l'Église absout. Le roi est puissant et le prouve. Le roi est riche et ses bâtards abondent. La monarchie s'est déplacée : elle n'est plus de droit divin, mais elle est dans l'esprit de tous les chefs ayant pouvoir sans limites dans leur royaume d'influence, depuis la plus modeste des communes jusqu'au sommet de l'État. Rien ni personne ne peuvent résister au désir de celui qui règne.

La seconde accompagne la première, évidemment, et tient à l'impunité des maîtres. Non seulement le droit de cuissage fait partie des prérogatives des puissants, mais nul ne saurait se mêler des frasques des riches, (sauf quand l'édifice, où l'on profite de la situation, se lézarde du fait de la révélation d'excès dont l'opinion finit par se lasser). C'est une constante que les hommes en vue se croient hors de portée des juges même si, parfois, ils sont rattrapés par leur inconscience.

La troisième est liée à la complicité de tous ceux qui ramassent les miettes qui tombent de la table des nantis. Les petits marquis imitent les princes et, surtout, se gardent de dénoncer les fautes qu'ils observent. Les journalistes, eux, ne vont pas sombrer dans le ridicule en projetant la lumière sur des jeux que Sade a mieux décrit qu'eux. En outre, la règle non écrite, en France, est que les alcôves ont rideaux fermés et que l'on ne peut donc y décrire ce qui s'y passe même si violence et crapulerie s'y exercent.

On relèvera que, presque toujours, même s'il est des exceptions, la contrainte sexuelle est le fait des mâles. Si des femmes se servent de leur corps pour disposer de pouvoirs, elles n'exercent que rarement la force, ou la pression de leurs chantages, pour aboutir à leurs fins.



Le viol est bien chose commune. Forcer une femme s'effectue par la surprise et la brutalité, par la menace, la corruption chez les riches comme chez les pauvres. La culture occidentale est pénétrée d'hypocrisie. Le sexe est tabou sauf pour ceux qui sont hors de la société banale. Pour qui l'exerce, le pouvoir protège de tout, y compris, s'il le faut, des lois que l'on a fait voter. Le temps où des philosophes (Montesquieu notamment) rappelaient que politique et vertu sont indissociables serait-il, à jamais, dépassé ?

Vertu, étymologiquement est proche de virilité, virilité au sens de force d'âme autant que force du muscle ! La vertu politique n'est pas la chasteté ! C'est le respect de soi et des autres sans quoi le pouvoir se trouve corrompu. L'extension de ses comportements intimes à la sphère publique est insupportable, d'un point de vue éthique. Plus que la morale, l'éthique exige de voir, en l'autre, un autre soi-même à qui rien ne peut être imposé par la violence. Si entrer en politique libère de cette exigence, ne craignons pas alors de dire qu'il est sain que les citoyens s'éloignent d'une telle politique.



Dès que la (ou le) politique cesse d'être un service pour devenir un moyen de domination, elle (ou il) cesse d'être d'intérêt démocratique. La vertu politique n'est pas la vertu sexuelle, mais condamne celui qui échappe à la dignité à renoncer, sur le champ, à toute responsabilité politique.

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