jeudi 3 mars 2011

Pas de fin du capitalisme sans décroissance et inversement...

Ou bien cet ancien article du journaliste Hervé Kempf a conservé sa pertinence ou bien ne parlons plus de décroissance. En effet, ce bref compte-rendu de la rencontre des "décroissants", à Barcelone, ne faisait pas de détail :

Il n'y a pas d'écologie sans décroissance.

La décroissance est incompatible avec le capitalisme.

Tout mouvement écologique qui accepte le capitalisme détruit jusqu'à l'idée même de décroissance. CQFD

Objecteur de croissance, par Hervé Kempf

L’habit ne fait pas le moine, bien sûr, mais une belle apparence inspire le respect. C’est pourquoi il est tout sauf anecdotique que l’idée de décroissance, si allègrement injuriée par les thuriféraires du dogme « croissanciste », ait été accueillie dans un lieu imprégné de pensée. Du 26 au 29 mars 2010 s’était tenue dans la belle université de Barcelone la deuxième conférence sur la décroissance économique.

Ouverte par le recteur, organisée par l’Institut de science et de technologie environnementales (ICTA) de la capitale catalane, elle a réuni plus de 500 chercheurs et activistes venus de nombreux pays européens et américains. On sait maintenant que décroissance se dit degrowth en anglais, decrecimiento en espagnol, decreixement en catalan, decrescita en italien.

Pourquoi ce mot suscite-t-il tant d’intérêt ?

Parce qu’il repose les questions radicales qui sont au coeur de l’écologie et que les logiques de développement durable, de croissance verte et de capitalisme vert ont affadies.

En se voulant « réalistes », nombre d’écologistes se retrouvent à teinter de vert un système économique qui ne change pas sa logique de destruction de l’humain et de la biosphère. Radicaux, les objecteurs de croissance affirment que la crise de l’orée du troisième millénaire ne peut se résoudre selon les voies suivies depuis le XIXe siècle.

Sous l’étendard de cette posture peut se redéployer la liberté de pensée contre le dogme, dont un autre important colloque, à Paris, en 2002, avait défini le programme : « Défaire le développement, refaire le monde ».

On ne saurait résumer ici la variété des pistes de recherche présentées à Barcelone et la vivacité des discussions qui s’y sont tenues. Le programme, consultable sur le site Degrowth.eu, en donne un aperçu. Deux idées, rapidement, émergent. La préoccupation de la justice sociale est au cœur du projet de refondation écologique, et Barcelone a continué sur la route ouverte à Copenhague par les mouvements de la société civile avec la revendication de la justice climatique : « Changer le système, pas le climat ». Et pour les « objecteurs de croissance », le système, c’est le capitalisme.

Autre élément nouveau, la parole des mouvements du Sud, qui disent que, chez eux aussi, le développement tel qu’il est porté par les gouvernements est destructeur. Ils apportent de nouveaux concepts, tel celui de « bien-être » opposé au « mieux vivre ».

La conclusion de l’économiste Juan Martinez-Allier : « La décroissance va devenir le courant majeur de l’économie. » A Barcelone, les colonnes du dogme ont été ébranlées.

Sources : http://www.lemonde.fr/opinions/article/2010/03/30/objecteur-de-croissance-par-herve-kempf_1326340_3232.html

http://decroissance.lehavre.free.fr/images/Decroissance_libre-1.jpg

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