mercredi 1 janvier 2014

De l'inanité des vœux

Chacun sait, en son for intérieur, qu'un 1er janvier vaut un 31 décembre, ni plus ni moins. Le bonheur ou le malheur ne choisissent pas leur jour.

Il est sain, toutefois, pour ses proches, pour l'humanité tout entière, pour soi-même, d'espérer plus de paix et plus d'amour, car nous voyons les ravages causés d'abord, au fil du temps, par les comportements humains, bien plus cruels que les soubresauts naturels infligés par les grandes catastrophes.

Ce qu'on découvre, année après année, à l'approche "des Fêtes", c'est l'hypocrisie, l'excès, l'aliénation auxquels il est difficile d'échapper, sans compter avec la marchandisation des relations humaines, de moins en moins sincères et de plus en plus intéressés.

L'hiatus est considérable entre le Noël historique, fait de louange de la pauvreté et d'espérance en la lumière, et la frénésie, l'addiction, de la consommation suscitée, nourrie, encouragée par les industries du commerce, de la Saint Nicolas début décembre,  jusqu'à la galette des Rois, début janvier.

À peine passée la bénédiction urbi et orbi du pape, parfaitement intégrée dans le conditionnement médiatique, voici venir le déchaînement gastronomique de la Saint Sylvestre. Après le sapin, le petit Jésus, le Père Noël et ses cadeaux obligés, les chocolats, nous avons droit, via les médias, à l'étalage des recettes de cuisine, aux visites de Rungis, puis à l'addition des envois de cartes postales et de messages téléphoniques ou sur internet. Ne pas s'y adonner est mal séant, grossier !

Car vouloir se soustraire à ces conditionnements isole. On passe pour un ours ou un pisse-vinaigre. Constater que les dettes des ménages, alourdies en fin d'année, ne s'embarrassent pas de la soi-disant " crise" ne peut guère s'exprimer durant ces quelques semaines d'oubli et d'insouciance. Oser déplorer que le triptyque production-vente-consommation ne soit pas entamé mais, au contraire, soit bien en place, dominant presque tous les comportements quotidiens rompt avec l'opinion commune.

J'y vois, certes, une volonté d'être "heureux-quand-même", de faire un pied de nez à la médiocrité, de prendre sa part d'une richesse mal partagée et j'ai scrupule à en faire la critique si elle peut atteindre le désir des plus modestes de vivre aussi dans la joie et le plaisir.

Et pourtant, je ne peux que faire la distinction entre ce qui se partage et ce qui s'engloutit, entre l'exubérance d'être ensemble et l'abêtissement généralisé dans lequel des peuples entiers sombrent. Les feux d'artifices et les pétards (avec leur lot d'accidents), les flots d'alcool (associé à toute rencontre festive), le foie gras (présenté comme devant faire partie de tout repas de réveillon), les huitres (obligatoires), les cadeaux (de plus en plus revendus...), le French Cancan du Moulin Rouge (et les festivités des autres cabarets exhibant des filles)..., tout cela fait partie d'une fausse culture bien installée dans nos cerveaux de consommateurs.

Quant aux vœux officiels, ces cérémonies où se montrent ceux qui veulent séduire encore une fois leurs électeurs, c'est paroles vaines et dépenses inutiles, mais tout le monde y tient. C'est l'occasion de rencontres informelles  qui permet de recueillir informations avis et confidences.

Il faut du courage et de fortes convictions pour se retirer de ces jeux futiles et immanquables ! On ne passe pas seulement pour un rustre ; on sort de la société. 

Il importe pourtant de "limiter les dégâts", de rester sobres en ses paroles et en ses achats, de résister à des comportements induits qui, pour certains, déshumanisent ou éloignent de la dignité.

On ne peut, tout à la fois, prendre ses distances avec la société de surconsommation et souscrire, en même temps, au culte frénétique et impulsif des vœux incontournables.

Je le pense depuis des années. Il me semble, en 2013-2014, plus que jamais indispensable de l'affirmer.

Sans plus...







Archives du blog

Résistances et romanitude

Résistances et Changements

Recherche Google : rrom OR tsigane