samedi 12 décembre 2009

Les apories de Copenhague




La sirène de Copenhague méditerait-elle sur l'impuissance de l'humanité?

L'aporie, dit Le Robert est une difficulté d'ordre rationnel paraissant sans issue? Au sommet de Copenhague, plusieurs apories se présentent.

La première est que ceux qui ont le pouvoir de décider ne décideront pas ce qu'il faudrait décider parce qu'ils ne sont pas les maîtres de la décision.

En effet, "le système" comme dit Nicolas Hulot (comprendre le capitalisme) dirige ceux qui dirigent et ils ne feront pas hara-kiri. Ce qui produit l'effet de serre n'est pas touchable et, capitalisme vert ou pas, on ne changera pas, d'en haut, la civilisation qui détient le pouvoir sur Terre : la civilisation occidentale.


On ne sortira de la civilisation du carbone par décret.

Imagine-t-on le Conseil de sécurité élargi, sur le champ, à l'Inde, le Nigéria, l'Afrique du sud, le Brésil et quelques autres grands États capables de contester la domination anglo-saxonne et d'introduire la sécurité alimentaire et environnementale dans les prérogatives de ceux qui veillent sur les relations internationales?

Imagine-t-on la création d'une autorité mondiale capable d'imposer le respect des décisions qui n'ont pas été respectées à Kyoto et qui ne pourraient l'être à Copenhague : plus qu'une OMS, plus qu'une OMC, une OME (organisation Mondiale de l'Environnement) devant laquelle la volonté des États s'inclinerait?

Imagine-t-on surtout que la totalité des crédits qui ont été libérés pour sauver des banques le soient pour sauver la planète? Il n'en faudrait pas tant, mais, différence essentielle, l'argent du système ne peut sortir du système : les capitaux qui font tourner l'économie telle qu'elle est, ne peuvent être distraits pour réduire à la fois, (ce qui revient au même) : les effets de serre climatiques (enserrant la planète) et les effets de serre économiques (enserrant les populations exploitées).

Autre aporie : il faut décider vite ce qui demande du temps pour produire des résultats! Non seulement ce qui est à défaire ne peut être immédiatement défait, mais ce qui n'aurait pas dû être fait est déjà fait! Si, enfin, on reconnait que l'action humaine dérègle le climat, cela ne conduit pas à passer de la prise de conscience à la prise de décision! L'augmentation de deux degrés de la moyenne des températures sur Terre est acquise. Il n'est pas question de "refroidissement"! Il est question d'arrêter la surchauffe. Ceux qui doivent tenter de limiter cette évolution désastreuse ont des mandats trop courts pour être engagés indépendamment de la volonté de leurs mandants. Ils hésitent donc. Ils ne peuvent qu'hésiter. Les choix ultimes sont toujours en-deçà du nécessaire. Pour sauver la Terre, la démocratie, telle que nous la pratiquons, est insuffisante.


Non, la Terre n'est pas en feu. Ce sont ses habitants qui s'y suicident par le feu!

Reste à pratiquer une autre démocratie! Laquelle? Cela restera-t-il celle où la décision vient de ceux qui ont le plus (d'argent, de connaissance, d'autorité, de moyens de pression) et ne peuvent pas désirer, pour eux-mêmes, moins et d'avoir, et de savoir et de pouvoir? Allons-nous voir surgir, au contraire, celle où s'exprime la volonté de survie de ceux qui ont le moins, et sont donc les plus menacés? Cette dernière éventualité n'est envisageable que sous l'une ou l'autre de ces deux conditions : l'une est de l'ordre de la révolte violente, l'autre appartient à la non-violence de masse. Ou bien les peuples, en proie à l'angoisse, vont se dresser contre leurs dirigeants, mais aussi les uns contre les autres (pour manger, boire, trouver refuge...), ou bien les citoyens du monde vont se manifester, puis manifester publiquement, ensemble, avec une telle capacité de communication, d'exigence et de savoir faire, que la donne s'en trouvera changée. Utopie, certes! Le champ des utopies est, en effet, largement ouvert! Sans l'une d'elles, qui devra se révéler plus efficace que tout ce qui s'est jusqu'ici essayé, en politique, l'aporie finale restera : comment changer sans rien changer mais ce serait l'impasse, et alors, le terme de l'expérience humaine...

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