mercredi 18 novembre 2015

Résistons

Un ami m'adresse le texte ci-dessous.
J'entends le faire connaître, sans en changer un mot.
De telles expressions sont nécessaires, actuellement.
Jean-Pierre Dacheux.

Résister.

Résister, entrer en Résistance, ces termes ont pris une charge affective et politique très lourde pendant l'Occupation. Entre 1940 et 1945, des Français sont entrés en Résistance contre le régime de Vichy et contre l'occupant nazi. En France même, dans nos colonies, à l'Étranger. Les Résistants, en France étaient minoritaires, voués à la clandestinité, poursuivis sans relâche par la Gestapo et la Police française de Vichy. Ils risquaient la torture, la déportation, la mort. Les nazis et les autorités de Vichy les qualifiaient de terroristes...

A la suite des attentats du 13 novembre, nous sommes appelés à résister. Aux terroristes de Daech, il va de soi. En continuant de vivre, d'aller au bistro, aux spectacles, à prendre les transports en commun, etc... Il y a des formes de résistance plus risquées, plus douloureuses ...

Il nous faut aussi résister à la tentation sécuritaire, à demander des lois d'exception, une modification liberyicide de la constitution. S'il faut adapter la constitution à la lutte que doit mener l'État pour assurer la sécurité des citoyens, cela doit se faire dans le calme, en se donnant le temps nécessaire. Ceux qui débattront de ces changements dans notre constitution devront résister à l'hystérisation verbale, à la démagogie sécuritaire ou aux tentations angéliques. L'idée d'enfermer des personnes simplement suspectées dans des centres de rétention est proprement aberrante. C'est la Loi des Suspects du 17 septembre 1793, sous la Terreur, épisode peu glorieux de notre Grande Révolution Française !

Nous avons tous été émus par cette solidarité avec notre Peuple qui s'est manifesté dans le monde entier : à Gaza, dans la Palestine occupée, en Israël, dans la quasi totalité des pays musulmans, sans compter la Russie, les États Unis, etc ... etc ... Les trois couleurs affichées, la Marseillaise chantée, la devise de notre République rappelée, proclamée : LIBERTÉ, ÉGALITÉ, FRATERNITÉ, c'est cette France-là qu'aiment et vénèrent les autres peuples. Une France terre d'asile pour les persécutés de toutes les religions et de toutes les couleurs. Et non une France qui se replierait sur elle même, qui se barricaderait en fermant son coeur et ses frontières, une France telle que la souhaitent le F.N, certains politiciens de Droite. Il nous faut résister à ce F.N et à ces politiciens.

Il nous faut résister à la tentation de stigmatiser, de rejeter nos compatriotes musulmans. Ils sont d'ailleurs les premiers visés par les fanatiques de Daech. Certaines de leurs femmes portent un foulard ou un voile, certaines ou certains de ces compatriotes ne veulent pas manger de porc, comme d'ailleurs, nos compatriotes de religion juive. Ils font le Ramadan. Et alors ? Ils n'en sont pas moins nos soeurs et nos frères, Français à part entière, et non pas Français entièrement à part !

La Loi de1905 séparant les églises de l'État "garantit l'exercice des cultes". La Laïcité n'oblige pas des Juifs ou des Musulmans pratiquants à manger du porc dans les cantines !

Et il y a ces jeunes Français devenus terroristes au service de Daech. Ce sont les enfants de la République. Ils sont nés sur notre terre de France, même si leurs parents ou leurs grands-parents sont venus d'ailleurs. Les empêcher de nuire leur appliquer les rigueurs de la Loi est une exigence.

Pourquoi en sont-ils arrivés là ? Il nous faut résister à la tentation de ne pas vouloir comprendre. Il faut comprendre, et bien sûr, comprendre ne veut pas forcément dire excuser, et encore moins justifier. Parmi les jeunes Français dont les parents ou les grands parents sont venus d'ailleurs, la très grande majorité sont d'excellents Français. Quelques uns, très peu nombreux, mais trop nombreux, bien sûr, n'aiment pas notre Pays, leur Patrie. Pourquoi ? Pour certains, les discriminations dans l'emploi, les contrôles au faciès leur ont peut-être laissé croire que la France ne les aime pas.

Jacques Piraud, 
militant socialiste, Section de Sartrouville, militant d'un mouvement d'Éducation populaire laïque.

dimanche 15 novembre 2015

Attentats : pourquoi sommes-nous haïs ?

Faire très mal à la France : c'est la seule motivation connue, après les attentats du 13 novembre 2015 au soir, à Paris et à Saint-Denis. Jamais, dans notre pays, des kamikazes n'avaient encore choisi, après avoir massacré, de se donner à eux-mêmes la mort ! Près de 130 tués, peut-être 350 blessés dont certains gravement, et la plupart des assassins déchiquetés après avoir fait fonctionner la ceinture d'explosifs dont ils étaient porteurs. Un bilan de guerre...

Il va, certes, être indispensable de prendre le temps d'une réflexion profonde, mais, en vérité, nous savions qu'il allait « se passer quelque chose ». Où et quand : impossible de le savoir, pour presque tous les citoyens français, peu informés. Mais rien n'avait changé, depuis les attentats de Charlie Hebdo et de l’Hyper-Cacher à Paris, le 9 janvier 2015, ou la tentative d'attentat dans le Thalys, le 21 août 2015. Les mêmes causes pouvaient donc produire des effets comparables.

La haine des fanatiques et des intégristes soit-disant musulmans devait s'abattre de nouveau sur Paris, car les interventions militaires décidées par des gouvernements français, en Centrafrique, au Mali, en Irak, en Lybie et, à présent, en Syrie, ne pouvaient qu'exciter les « fous d'Allah » et faire de la France entière un ennemi absolu. Il ne suffit donc pas d'éliminer Daesch, il s'agit d'éradiquer les causes de l'apparition de ce monstre dont les acteurs ne font aucun cas de la vie humaine et se plaisent à vivre dans l'atrocité. Or, cette recherche est difficile et délicate car les pays occidentaux, depuis de nombreuses décennies, n'ont pas eu, et n'ont toujours pas, les mains blanches !

La Syrie, le Liban, l'Égypte se sont constitués en des temps coloniaux ou la Grande-Bretagne et la France, notamment, dominaient le Moyen Orient1. Les erreurs des États-Unis, avant et après 2001, notamment en Afghanistan puis en Irak, se paient cher, aujourd'hui. Cet arrière-fond historique pèse sur les politiques actuelles. Les relations internationales les plus violentes ont pour causes des fautes parfois anciennes et, toujours, une volonté de domination et d'exploitation des richesses locales. Admettre que ce que nous subissons a ses sources dans un passé trop vite oublié ne va pas de soi, mais c'est pourtant évident pour qui connaît un peu l'histoire des rapports entre l'occident et le moyen ou Proche orient2.

Nous sommes haïs parce que les nantis sont accusés de dominer les démunis, par la force des États du nord de la planète. Ceux qui n'ont pas de quoi vivre dignement sont manipulés, parfois décervelés, par ceux qui utilisent des motivations religieuses pour poursuivre des objectifs qui n'ont rien d'obscur : remplacer la domination occidentale par la leur. Et comme le rapport des forces « classiques » leur est défavorable, ils mènent une guerre, une forme du djihad, qui n'est plus l'« effort », la « lutte » ou la « résistance » spirituels, mais bel et bien, la transformation du plus grand nombre possible de musulmans en soldats engagés contre tous les impies et, en premier lieu, les musulmans qui ne veulent pas entrer pas dans cette lutte mortelle.

Nous ne saurions nous contenter de répondre au terrorisme par des moyens militaires conventionnels. Gagner des batailles, dans une guerre impossible à gagner in fine, ne fournit que des satisfactions passagères. Détruire l'armement du pseudo « État islamique » n'empêchera pas que se reconstituent des forces armées peut-être plus modestes mais multipliées et pouvant agir n'importe où. Tant que nous serons solidaires, alliés ou complices d'États violents comme l'Arabie saoudite, le Qatar, l'Égypte ou Israël, par réalisme économique, nous n'aurons pas l'autorité suffisante pour être entendus par des adversaires à qui nous fournissons les arguments pour nous faire haïr !

Car des questions redoutables, plus que jamais, appellent des réponses. Qui achète le pétrole que vend Daesch ? Qui achète, à prix d'or, les œuvres d'art volées et pas toutes détruites en Irak, en Syrie, ou ailleurs ? Qui vend des armes lourdes qu'utilisent les combattants qui se réclament de « l'État islamique », car toutes ne proviennent pas des armées irakiennes défaites ? Ne nourrissons-nous pas nous-mêmes le terrorisme politique (qui ne cesse de s'étendre), en offrant des raisons d'agir aux désespérés dressés contre un occident qui les abandonne et s'est enfermé dans la religion de l'avoir capitaliste ?

Faire la guerre à la guerre, riposter : on n'entend, sur les ondes, que ce message ! Quelle cécité de la part de ceux qui nous dirigent et devraient être notre conscience ! Pourquoi ne comprenons-nous pas que les réfugiés qui fuient vers l'Europe sont plus nos alliés qu'une menace ? Il n'est pas de mort douce ! Il est mort, il meurt et mourra plus d'hommes, de femmes et d'enfants en Méditerranée ou sur les routes des Balkans que dans Paris. L'abandon de ceux qui meurent en fuyant la mort est un terrorisme aussi. Être solidaires des victimes, de toutes les victimes, conduit à pourchasser les causes des drames et de la violence instituée et justifiée par de faux religieux3.

La raison d'État peut nous nuire. Faire la guerre, en ce siècle, ne garantit pas la victoire du plus fort technologiquement. Le déploiement et la dispersion des forces françaises en Afrique est de peu d'efficacité. Le feu des armes est un langage qui ne permet jamais de modifier la pensée d'autrui. Elle conduit, au mieux, à une soumission temporaire et nourrit une hostilité cachée mais durable. On ne peut l'emporter qu'en changeant les motivations de l'ennemi, mais aussi en se changeant soi-même, jamais en dominant par la seule violence.

Les haines résistent au temps et la paix ne résulte pas de la défaite d'autrui mais de la disparition de ces haines et donc de leurs causes. La politique qui néglige ces causes et en combat les seuls effets apparaît comme immédiatement vaine ou comme impossible, dans le temps, à mettre en œuvre4. Le Moyen-Orient n'a cessé de le démontrer mais nous n'avons pas voulu en tenir compte. Ainsi surgissent des haines inexpiables...

Le 15 novembre 2015


1Le Moyen-Orient, qui regroupe en tout seize pays, est à cheval entre l'Europe, l'Asie et l'Afrique,
2Le Proche-Orient, selon Wikipedia, est une partie de l'Asie et de l'Afrique, qui correspond à ce que fut l'empire ottoman. 
3Le Pape François : « Il ne peut exister aucune justification religieuse à la violence », le 30 septembre 2013.  
4Comme le démontre le conflit israélien permanent depuis 1948 !

vendredi 13 novembre 2015

COP21 et urgences climatiques

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C'est l'alerte ! Ce qui était, jusqu'à présent, si peu médiatisé, fait le buzz : "il y a le feu à la planète", comme disait Jacques Chirac, en 2002. ("L a maison brûle et nous regardons ailleurs": c'est avec cette formule choc qu'il avait entamé son discours, lors du Sommet de la Terre à Johannesburg !)

Les climatosceptiques ont perdu la partie et les effets du réchauffement climatique se font de plus en plus ressentir. L’existence d’un réchauffement climatique global ne souffre plus d’aucune contestation.

Il y aura encore, certes, des hivers très froids, mais la moyenne des températures continue de s'élever. Et c'est dramatique !

S'en tenir à 2 degrés d'élévation des températures planétaires ne sera sans doute pas tenu.

Jamais, depuis des siècles, sur Terre, on n'avait connu des années aussi chaudes qu'en 2014 et 2015. Le mois de juin 2015 a été le plus chaud depuis le début des relevés de températures en 1880.

L'exceptionnelle rencontre de presque tous les chefs d'États, à Paris, bientôt, nous vaudra d'excellents discours, mais pour quoi faire ?

La volonté politique nécessaire pour faire cesser la dégradation de l'environnement à cause de l'activité humaine n'est pas suffisante.

Le poids des lobbies économiques est trop lourd pour que des changements notables apparaissent à court terme.

Nous-mêmes, drogués par la publicité consumériste, sommes-nous prêts à changer de mode de vie ?

Une course contre la montre est engagée, mais comment se décider à agir vite pour préserver un avenir que nous ne verrons pas ?

Nicolas Hulot a publié un petit livre : Osons qui mérite la lecture, mais l'auteur est entre deux eaux : s'il dénonce clairement la cause des désordres climatiques : le système économique actuel, comment peut-il rester, maintenant, le conseiller des présidents (hier de Chirac, aujourd'hui de Hollande).

Une rupture intellectuelle est à effectuer, loin des tous les discours politiciens. Il y va de la vie des générations à venir, de celles de nos enfants et petits enfants, et des autres aussi; non encore conçus.

Vivre modestement, penser comme on vit et vivre comme on pense, n'est plus seulement éthique, c'est devenu indispensable, obligatoire et primordial.

L'écologie a changé d'âme : elle n'est plus une affaire de parti. Au sens exact du mot (l'organisation de la vie en-commun, indispensable à toute l'humanité) Elle est devenue entièrement politique.

Écologie et économie sont l'envers et l'endroit d'une seule et même médaille : celle de notre histoire. 

Il nous faut changer et d'économie et de politique. Tout le monde le pressent et même le sait mais personne n'ose. Sans la détermination des citoyens, les gouvernants tergiverseront encore... À nous d'agir !


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