samedi 30 juin 2007

Subvertir le capitalisme

Le capitalisme ne se renverse pas. Ceux qui l'ont cru ont perdu la main, pire ont commis des crimes. Il n'est pas question de briser l'économie de marché; il s'agit de la subvertir.

C'est l'arrogance des puissants qu'il faut casser. Elle est indue.

Gérer ou diriger?

Il n'y a rien à dire à l'exécution d'un budget soumis à l'examen d'un Conseil municipal, dès lors qu'il est contrôlé et honnête, c'est la préparation du budget qui est délicate et difficile, car choisir ce qu'on fait des crédits dont on dispose est un acte politique dès lors qu'il n'est pas possible de tout faire!

Gérer c'est peut-être gouverner, ce n'est pas diriger. Celui qui gouverne ne fait qu'aller là où on lui dit d'aller. La politique, au contraire, n'est pas l'art de gouverner, c'est décider de la voie à prendre, c'est diriger.

La religion contre le religieux

La religion est la codification du religieux, sa mise en "ordre".

J'éprouve, désormais, une défiance systématique à l'égard de toutes les religions parce qu'elles tuent le religieux après l'avoir enfermé dans des contraintes fortes et des limites étroites.

En outre la récupération du sentiment religieux par les pouvoirs politiques avec la complicité des porte parole des confessions, du pape jusqu'à la plupart des prêtres, pasteurs, imams ou rabins, conduit à la domination des peuples et non à leur libération.

La fin du royalisme

Nous voici, pour un temps ou pour longtemps, soulagés de l'hypothèque Ségolène Royal. Du moins au sein du PS. Le blairisme à la française est, pour le moment, écarté, au moment même où Tony Blair quitte le pouvoir, en Grande-Bretagne. La double bévue de Ségolène Royal sur la généralisation des 35 heures et le SMIC à 1500 euros, qu'elle aurait défendus sans y croire au cours de sa campagne, a rompu le charme...

Maintenant, il serait injuste et dangereux d'imputer à la seule candidate des socialistes la responsabilité de "l'échec impossible". C'est le PS tout entier dont le fonctionnement, les contradictions et les erreurs d'analyse ont permis cette aventure pénible.

La candidature Royal n'aura pas été un accident mais la conséquence d'un renoncement au socialisme lui-même.

jeudi 21 juin 2007

Pour une autre France : Audin, Boulin, Borrel, Ben Barka. Va-t-on tourner ces pages?

Audin, Boulin, Borrel.
Tous assassinés.
On ne peut soutenir que nous ne savons rien! Il suffit de lire :

http://fr.wikipedia.org/wiki/Maurice_Audin
http://fr.wikipedia.org/wiki/Affaire_Robert_Boulin
http://fr.wikipedia.org/wiki/Bernard_Borrel

Le premier, grand mathématicien mais communiste, mort à Alger, sous la torture des paras, pour défendre l'Algérie française....
Le second, ministre du travail de VGE, "suicidé" dans la forêt de Fontainebleau, pour masquer un complot politique au sein même du gouvernement de la France.
Le troisième, juge, précipité au bas d'un ravin, à Djibouti, pour avoir enquêté sur les crimes des dirigeants d'un pays qui héberge l'armée française.

Mme Josette Audin, 50 ans après, en appelle à Sarkozy! (voir dans l'Humanité de ce jour)
La famille de Boulin exige la réouverture du procès qui avait conclu à un suicide. (Lire le livre de B. Collombat : Un homme à abattre, avril 2007)
Mme Borrel a été reçue à l'Élysée par... Sarkozy, le mardi 19 juin. (voir sur le site : rue89.com/2007/06/19/affaire-borrel-sarkozy-s-engage-a-la-verite)

Chirac aura été le dernier chef d'État français en âge d'être, dans sa jeunesse, soldat en en Algérie (lieutenant).
Il a reconnu les crimes de Vichy, pas ceux de l'armée française.
Le cadavre d'Audin n'a jamais été remis à sa famille; aucune explication sur sa mort n'a été fournie.

Tous les Présidents, y compris Mitterrand, ont laissé pourrir des dossiers sensibles au nom de la raison d'État.
L'enquête sur Boulin, ouverte en 1983 a été close par un non-lieu, en 1992.
Boulin, pressenti comme premier ministre, avait-il approché des questions intouchables?

"Le procureur de la République, Jean-Claude Marin, a confirmé, ce même mardi 19 juin, en soirée, l'origine criminelle de la mort du juge Bernard Borrel",
La Françafrique n'est plus, en période de de mondialisation, supportable par notre République ex-coloniale.
Sarkozy s'apprête-t-il à tout mettre sur le dos de ses prédécesseurs? Rupture!

Il faut prendre très au sérieux cette réouverture des placards.
La morale n'a pas grand chose à voir dans ces affaires...
Une nouvelle génération se décharge des paquets encombrants, pour avoir les coudées franches.

Peut-être saurons nous aussi, bientôt, comment on a pu laisser Ben Barka se faire assassiner en France.
Profitons de ce grand ménage politique pour faire émerger la vérité.
La France que nous aimons est cette anti-France, tellement fustigée hier.

On a toujours tort d'avoir raison trop tôt...
Mais tout finit par ce savoir
Trop tard hélas pour changer la donne politique.

Sauf...
Sauf si nous tirons les enseignements de ces horreurs.
Sauf si nous ne nous laissons pas tromper par les faux semblants de Sarkozy.

mardi 12 juin 2007

Voter blanc

Voici des décennies qu'est tentée la promotion du vote blanc.
Jamais, en France, cette possibilité d'exprimer son opinion n'a été prise en compte.
Voter blanc ou nul, en France, c'est la même chose!
Faire l'acte d'introduire un bulletin vierge ou laisser l'enveloppe vide revient au même : c'est à peine si l'on repère le nombre de ces cas d'abberration. Quant à faire entrer ces avis parmi les suffrages exprimés, il n'en est pas question!
L'électeur qui a voté blanc n'est qu'un votant.
Il y a, à cela, des raisons politiques : contester l'offre politique est insupportable à ceux qui se partagent les suffrages; comptabiliser les refus, serait valider des bulletins qui peuvent rendre impossible l'émergence d'une majorité absolue.
Dans les conditions actuelles voter blanc est une contestation de la bipolarisation.
Voter blanc est une mise en cause du mode de scrutin.
Voter blanc, c'est voter, mais dire que les conditions du vote sont inacceptables.
Voter blanc, c'est vouloir sortir du système majoritaire qui accable les options minoritaires.
Voter blanc, c'est vouloir une France où l'on vote comme presque partout en Europe avec non pas une dose mais une large part de proportionnelle voire une proportionnelle intégrale.
Voter blanc, c'est vouloir une autre République.

lundi 11 juin 2007

Ne pas s'associer à la défaite!

Hier soir, au milieu de la débâcle générale des candidats hostiles à l'UMP, j'ai pu constater que nous restions prisonniers d'une illusion très dangereuse : la gauche serait ce qui s'oppose à la droite. Eh bien non! C'est un peu court. Ce dualisme ne sert à rien si aucun autre contenu, aucune affirmation alternative et crédible ne permettent à cette gauche de se faire reconnaître! (Car, à chaque scrutin, il faut se faire re-connaître!)

La cause de la déroute est là : la gauche est devenue à tel point méconnaissable qu'on ne peut plus l'identifier et donc la choisir! Quand la gauche n'est plus la gauche, elle s'effondre. Plus encore: nombre de candidats se réclamant de la gauche ne l'incarnent pas; les électeurs les ont donc écartés!

Continuer à soutenir le PS tel qu'il est devenu, c'est trahir la gauche dont, sans conviction, nous nous réclamons. Les écologistes ne doivent se résigner à la défaite inéluctable du 17 juin et donc ne pas s'y associer.

Ce matin, à la lecture des résultats nationaux, l'analyse s'amplifie : déçus les électeurs des milieux populaires, présents encore il y a un mois, ont déserté. L'abstention n'est pas le fait du hasard. Elle est politique. Elle est un rejet de la donne. La gauche n'est pas vaincue; elle est absente.

La gauche qui existe est donc ailleurs que là où l'on a voulu la fixer : dans la gauche d'hier, la gauche mécanique qui n'a qu'à suivre les consignes de vote des partis. La gauche vivante, quel que soit le nom qu'on lui donnera, se cherche et finira par se trouver.

Reste à à déterminer si la solidarité avec ceux qui ont représenté la gauche doit, une dernière fois, se manifester, par exemple, par un appel au soutien du candidat PS à la dérive, dans la seconde circonscription du val d'Oise où je vote. J'ai le sentiment que ce serait trahir les électeurs qui ne se reconnaissent, eux, ni dans la droite triomphante ni dans une gauche sans avenir. Nous sommes entrés dans une ère nouvelle et l'échec est si violent qu'il est inutile de vouloir en limiter voire en masquer l'amplitude.

Les écologistes n'ont pas à soutenir la gauche, à voler à son secours, tout simplement parce qu'elle ne leur est pas extérieure, parce qu'ils sont eux-mêmes la gauche, dans la gauche, une partie de la gauche, et responsables, pour cela, de ce qu'elle va devenir. C'est d'eux-mêmes que les Verts doivent, en priorité, s'occuper. Le PS n'est pas la gauche à lui seul. Pour lui, le vin amer est tiré; qu'il le boivent. DSK, dit-on, risque d'être battu : on le confondra donc moins, à présent, avec la gauche. L'opération vérité a commencé. Très douloureusement, contradictoirement : la gauche, en cessant d'être la gauche, s'est battue et détruite elle-même. On ne peut soutenir ce qui est à l'origine de la déconfiture.

Royal n'était pas candidate : elle aura ainsi évité la défaite dans sa terre du Poitou. La voilà qui veut prendre langue avec Bayrou. Si l'on se risque dans sa propre logique, cela vient non seulement un peu tard, mais c'est inutile et peut-être pitoyable. Appeler au secours d'une gauche qui n'est plus la gauche, un homme courageux mais en plein échec, qui a toujours honnêtement reconnu qu'il n'était pas de gauche, est non seulement contre productif, c'est ajouter de la confusion à la confusion, c'est en appeler à un "recentrage" de la gauche, c'est persister dans la volonté de blairiser le socialisme. C'est.... suicidaire!

Les Verts ont, à présent, autre chose à faire que d'accompagner, jusqu'au bout, le combat d'arrière garde de ceux qui sont la cause de leurs propres malheurs!

Si mes propos choquent, j'en demande pardon, mais qui ne parlera pas clair, en ces temps de décomposition-recomposition se résignera à voir "une" des gauches, devenue obsolète, gérer, à l'Assemblée Nationale, son tout petit capital minoritaire. Nous devons avoir plus d'ambition! L'écologie politique nous donne des clefs pour l'affirmation d'une tout autre gauche, qui sera de nouveau solidaire des victimes du système économique, qui sera à son tour "décomplexée", et qui préparera une véritable alternative; pas une simple alternance.

jeudi 7 juin 2007

Vers un nouvel ailleurs des écologistes.

Succès pour l'écologie, échec pour les écologistes ? L'élection présidentielle a permis de beaucoup parler de l'écologie, mais c’est le candidat le moins écologiste qui est devenu le Président de la République française !

Et maintenant? Comme, désormais, tout est lié aux risques considérables d’un réchauffement climatique non maîtrisé et au déficit des ressources énergétiques non renouvelables, l’urgence écologique va donc rester au cœur du débat politique. La signature du Pacte écologique de Nicolas Hulot avait traduit cette reconnaissance d’une évidence économique et politique, mais elle n’a nullement permis d'extraire la pensée politique de l'impasse intellectuelle et des fausses logiques qui nous ont conduits là où nous en sommes ?

Certains choix écologiques seront sans doute, un peu mieux pris en compte car on ne peut plus faire autrement. Même aux USA, dans certains États, on évolue. Pourtant, il n’est pas encore question de voir les dirigeants français remettre en cause ces choix nucléaires que, pourtant déplorent la majorité de nos concitoyens des autres pays d'Europe. De même, le moratoire sur les cultures OGM n'est point envisagé, en dépit du principe de précaution inscrit, à présent, dans la charte de l'Environnement de notre Constitution.

Une idée-force s’est imposée en France, avec bien du retard : nous ne pouvons plus vivre en nous en tenant à une conception quantitive de l'économie, en mesurant le dynamisme de nos sociétés à l'aide du seul comparatif de leurs PNB. Prendre exactement en compte nos ressources et nos moyens, impose de faire appel à d'autres critères. Économiser et écologiser iront désormais de pair. Pourtant, rapidement, apparaitrons les limites de la recherche de nouvelles sources de profit liées à l'exploitation du gisement d'activités regroupées autour du thème rebattu du « développement durable » (locution fourre-tout qui fait d'autant plus consensus qu'on peut y loger des concepts différents, voire opposés!).

Certes, il va bien falloir, dans les prochaines années, travailler sur l'isolation progressive des logements et bâtiments, la fourniture d'eau chaude domestique par panneaux solaires, la production d'électricité photovoltaïque, l’installation de puits canadien de type géothermique, voire l’installation de parcs d’éoliennes et la production de carburants propres. Et tout cela fournira des contrats juteux aux entreprises. Mais dès qu’il va s’agir d’évoquer la diminution du transport automobile, la réduction du transport aérien, la limitation de l'usage des pesticides, le contrôle accentué des industries chimiques polluantes, ou l'amélioration rapide des transports publics en nombre et en qualité, alors là, on risque de retomber dans le discours convenu qui en appelle à la science, au progrès, aux évolutions technologiques pour reporter à plus tard les décisions qui seraient à prendre, pourtant, courageusement, dès à présent !

L'écologie est entrée dans le champ économique. Il ne faut donc pas s'étonner que l'adaptabilité du capitalisme et sa capacité à mettre en œuvre tout ce qui peut produire des richesses, le conduisent à l'exploitation du filon. Mais toute cette récupération ne peut aller sans exacerbation des contradictions! La première étant qu'on ne peut, à la fois, gérer, sans se donner de limites, un monde qui est limité. La seconde, non moins délicate, étant que le renouvellement des ressources exploitables s'effectue à des échelles de temps qui excluent le court terme et donc le profit immédiat.

Le productivisme (qu’on appelle encore croissance, ce mot qui garde encore pour sens : produire pour produire, et le plus possible, afin de satisfaire les besoins de la société humaine), constitue une idéologie qui a ravagé la gauche comme la droite. On sait pourtant, de mieux en mieux, qu’on peut produire plus tout en aggravant la misère du monde, ne fut-ce que parce qu’on a toujours besoin de moins d’emploi, d'heures travaillées, pour obtenir plus de marchandises. Le slogan sarkoziste « travailler plus pour gagner plus », qui a fait florès, repose sur une illusion géante : d’une part parce que cela conduit à réduire le travail humain au travail salarié (ce que chaque activité ménagère permet de nier) mais aussi parce qu’en augmentant le nombre d’heures de travail, tout en diminuant la rétribution de chaque heure travaillée, on peut abaisser le coût total du travail et donc restreindre les rémunérations. La décroissance, concept dont on ne peut déjà plus empêcher l’examen, ne signifie pas recul de la production mais choix motivé de la production ; elle ne signifie pas renoncement à tout développement mais réorientation sélective du développement vers la satisfaction des besoins essentiels de l’humanité.

La FAO vient d’annoncer que l’agriculture biologique est en mesure de satisfaire tous les besoins alimentaires des 7 milliards d’êtres humains que nous serons bientôt. Les discours sur la production agricole intensive, pour sauver de la famine les populations des pays dits « en voie de développement », étaient et restent donc des discours mensongers. Dans la même fausse logique, si l’on utilise de trop grandes surfaces de terres arables pour produire du colza, de la canne à sucre ou du manioc, afin de remplacer l’essence de nos voitures par de l’éthanol, on va affamer les habitants de pays entiers, notamment sous les Tropiques! Si nul ne fait la critique écologique et politique des fausses solutions économiques, tant celles d’hier que celles que mitonnent de pseudo experts, alors là, oui, il y a motif à avoir peur, y compris peur des violences que cette injustice planétaire massive va engendrer. Aux écologistes de faire connaître l'étendue des périls! C'est là leur première tâche politique.

L’écologie n’est pas d’abord une théorie, c’est une pratique à mettre en œuvre dans notre quotidien. Il n’y a pas d’écologie sans écologistes. Encore faut-il que ces écologistes sachent apporter leur contribution à la redéfinition des valeurs d’une gauche qui ne sait plus ce qu’elle est. La gauche a raté le virage qui pouvait la redynamiser, et les Verts, en son sein, n’ont pas réussi à faire passer le message simple suivant : il n’y a pas plus de gauche sans écologie que d’écologie politique ailleurs qu’à gauche.

Soyons précis : il existe trois visages de la gauche (ce qui la rend méconnaissable) : la gauche de type blairiste, socialo-libérale, de centre gauche, ouverte au centre tout court, la gauche de gouvernement, à la française, aux idéaux devenus flous, unie autour d’un PS restant l'axe d’une majorité plurielle allant de PCF au MDC, au MRG et aux Verts, enfin, la gauche altermondialiste, riche de sa diversité, mais faible de par son histoire, juxtaposant trois variétés de trotskismes, mêlant différents courants antilibéraux et minoritaires dans leurs partis respectifs, ou, de plus en plus souvent, sans parti du tout. Ségolène Royal pour n’avoir pas choisi entre le premier et le second type de gauche (et en voulant faire se rallier à elle, in fine, y compris les altermondialistes) a sans doute perdu son élection pour n'avoir pas su ou pu échapper à la confusion engendrée par ce méli-mêlo.

Les Verts ont, de leur côté, été victimes de cette incapacité à surmonter les ambiguïtés de la gauche (lesquelles se réfléchissaient en leur sein). Les écolos dits « environnementalistes », ne faisant pas du rapport droite-gauche, un schisme structurant, sont soit restés dans leur « ni droite-ni gauche » (comme Antoine Waechter) soit passés au Parti démocrate, (où certains ont rejoint François Bayrou, comme Corine Lepage et Jean-Luc Benhamias). Les écolos nostalgiques de la gauche plurielle, convaincus que rien n’est possible sans une entente étroite avec le PS, même au terme de débats serrés, ont encore la maîtrise de ce qui reste de l’appareil des Verts et se retrouvent autour de Dominique Voynet, de Noël Mamère, voire d’Yves Cochet. Enfin, les écolos altermondialistes ou "alterékolos", qui ont soutenu José Bové, se regroupent autant à l’extérieur qu’à l’intérieur des Verts, dans les associations, et se caractérisent par leur refus de rendre l’écologie soluble dans le social-libéralisme comme dans le libéralisme.

Reconstituer la gauche ou les Verts revient donc finalement au même. Il s’agit de savoir si s’ouvre le temps (ou un temps) pendant lequel prime « l’union de toutes les bonnes volontés de droite comme de gauche », vues les urgences écologistes -première hypothèse- ? Ou bien il s'agit de savoir si s’est ouvert le temps d’une acceptation de la bipolarisation politique, en France : droite modérée contre gauche modérée, incluant chacune une dimension écologiste, dans un contexte institutionnel pour longtemps encore présidentiel -seconde hypothèse-. Ou bien il s'agit de savoir, enfin, si les temps qui s’annoncent sont, au contraire, des temps de transformation sociale majeurs, où la radicalité des choix, sous l’influence des contraintes écologistes, ne peut qu’engendrer des conflits politiques importants entre ceux qui supportent et ceux qui ne supportent plus les écarts des conditions de vie d’un bout à l’autre de la planète, -troisième hypothèse-.

Sous cet éclairage, on doit envisager comme probable l’éclatement d’une gauche de plus en plus disparate. Ni unie, ni plurielle, ni durable, la gauche est faite, actuellement, de gauches incompatibles. En dépit de leurs accords multiples sur le fond des dossiers, les Verts, pris dans ce maelström, ne peuvent, à leur tour, que se distinguer ou se séparer les uns des autres, leurs divergences, stratégiques autant que tactiques, étant insurmontables.

Pour ma part, considérant qu’être, ou ne pas être, membre d’un parti politique, n'a plus rien d'’essentiel je me positionne, aisément, sans m'inscrire dans des conflictualités boutiquières inutiles, parmi les altermondialistes. Ma rupture avec la gauche de gouvernement et les Verts, du moins tels qu’ils fonctionnent actuellement, est donc, cette fois, devenue inéluctable. Il ne m'est pas possible de savoir quand et comment, mais je sais déjà qu'il me sera donné de m'impliquer dans un nouvel ailleurs politique.

mardi 5 juin 2007

La radicalité et la peur.

Un ami m'adresse un courriel et y conteste l'usage du mot radical en politique qui ferait peur aux citoyens.
Je tiens à ce vocable : "radical".
Sous les mots, il y a des définitions.
En l'occurence, sous le mot radical, il y a la définition même de la politique.
Du reste, il convient de restituer, au mot "radical", son sens qu'avaient avachi les partis politiques pseudo-radicaux ("de gauche" ou valoisien).
Le radical s'enfonce dans le terreau de la vie.
D'aucuns prétendent donc que la radicalité fait fuir l'électeur, car elle lui fait peur!
C'est la confondre avec l'extrémisme!
Fait-elle peur, vraiment? Pas à tous les citoyens, tant s'en faut.
Faut-il du reste ne pas faire peur?
La vérité, -pas celle qu'on croit détenir, celle qu'on approche-, fait utilement peur.
Ce qu'on découvre sous les propos haineux d'un Fillon en meeting, hier, fait tout à fait peur.
La réalité très inquiétante de la planète, avec ses conflits multipliés et ses menaces climatiques, fait plus que peur. Elle angoisse.
Impossible de nourrir sa conscience politique et de mener une action politique sans avoir peur.
Car ouvrir les yeux ou faire ouvrir les yeux enclenche une peur, souvent salutaire.
J'entends dire que l'avant-garde ferait moins peur que la radicalité!
Des avant-garde, je sais qu'elles sont, le plus souvent, décimées.
Avant-garde est un concept militaire, comme militant ou campagne (électorale).
Ce sont des mots de la guerre.
Certes, les avant-garde explorent utilement le terrain avant que ne s'avance le gros de la troupe, et ceux qui les constituent vivent, courageusement, mais... dans la peur.
L'avant-garde "vient avant ou devant".
Elle est faite de sacrifiés.
Je veux bien accepter le concept d'avant-garde car il faut qu'il y ait des hommes véritables qui osent s'avancer les premiers sur des territoires mal connus, mais la radicalité m'apparaît plus exigeante encore.
Elle touche au cœur, à la racine, à l'essentiel.
Elle prétend possible un autre monde. Elle rend féconde l'utopie.
Face à la radicalité de la droite qu'expriment, sans peur, Sarkozy et consorts, faudrait-il se retenir de dire, notamment, la radicalité de l'écologie politique, parce qu'elle fait peur?
Selon moi, ce qui fait le plus peur, une peur délétère cette fois, c'est la résignation, l'abandon, l'abdication citoyenne, bref le renoncement à la radicalité.

dimanche 3 juin 2007

De l'utilité d'une purge politique

Qu'ils forment ou déforment l'opinion des électeurs, peu importe, l'évidence est que les médias apportent les éléments de la réflexion collective.

Et que nous disent actuellement les médias? Que tout réussit à Nicolas Sarkozy. Que la présidentialisation accentuée de la vie politique française est acquise. Que le Parlement qui va sortir des urnes, le 17 juin, sera aux ordres du Président, l'opposition y étant laminée. Que Ségolène Royal s'est introduite dans la robe du possible président à venir sans complexe, c'est-à-dire en acceptant définitivement la bipolarisation. Que même réduit à la portion congrue, le parti socialiste restera le seul à pouvoir ambitionner un accès au pouvoir dans la décennie à venir. Que tous ceux qui ont été des condamnés, des mal aimés, des chassés peuvent revenir en force : de Gérard Longuet en Lorraine jusqu'à Alain Carignon à Grenoble, sans oublier Alain Juppé à Bordeaux.

Les Français seraient-ils devenus sourds et aveugles? Est-ce un mauvais rêve? Mais surtout qu'est-ce qui a rendu inintelligents les chercheurs en politique qui ont toujours réponse à tout et qui, en fin de compte, n'expliquent rien.

Car que nous disent les doctes possesseurs de vérité dont la gauche est emplie?
Que les institutions et les lois électorales déterminent cette évolution inéluctable vers l'élimination des oppositions politiquement incorrectes?
Mais alors, pourquoi n'a-t-on pas fait de la sortie de ce piège la priorité absolue?
Que celui qui détient le pouvoir de l'argent et de la presse ne peut qu'accéder au pouvoir central.
Mais alors, pourquoi n'a-t-on pas davantage dénoncé ce lien entre l'économique et le politique?
Que la modernisation de la gauche française n'ayant pas été faite, elle n'était plus crédible pour convaincre les citoyens.
Mais alors, pourquoi la même gauche a-t-elle remporté massivement, les dernières élections régionales et cantonales?

On peut longtemps, ainsi, aligner les contradictions. La réalité est telle : ou bien l'opinion est entièrement malléable et la démocratie n'est plus qu'un jeu d'apparences, ou bien l'opinion, en s'exprimant à un moment t de l'histoire, reflète bien l'état du pays, -les médias n'ayant pu, en 2005, inverser la réponse des Français au référendum-, et ce sont les erreurs, les insuffisances, les contradictions des gauches qui ont été sanctionnées.

La situation ne s'analyse sans doute pas de façon aussi carrée. Oui, les lois électorales aggravent la punition. Oui, les médias limitent la capacité d'expression des opposants. Oui, entre les forces des tenants de l'économie triomphante et les forces des acteurs politiques des citoyens dominés, il y a disproportion. Oui, les prêches néo marxistes et les références au seul passé diminuent l'impact de la parole politique, à gauche.

Cependant, ce qui est cause d'échec, c'est, à la fois, l'absence de projet politique d'avenir (le manque d'utopie créatrice) et la juxtaposition de préconisations incompatibles ( selon qu'on pense en terme de parti de gouvernement ou en terme de mouvement de transformation sociale).

Entre les partis de la gauche traditionnelle, (PS, PRG ou MDC) et les formations politiques dites d'extrême gauche (LO, PT, LCR : eux-mêmes inconciliables), il n' y a guère de voie de passage. Quant aux partis communistes et Vert, coincés dans l'entre deux, voulant participer aux gouvernements et ne pas être confondus avec un PS contesté, ils devront soit disparaître s'ils persistent, soit se refonder pour pouvoir réapparaître.

La refondation, voilà bien le maître mot, dont on va faire mille usage dans les mois à venir. Et rien ne garantit encore que la ou plutôt les différentes refondations vont suffire à clarifier les pensées et à redonner de la crédibilité à ces gauches qui ne peuvent s'unir puisqu'elles ne visent plus les mêmes objectifs. Entre la refondation-droitisation que ne cessent d'appeler de leurs vœux Cohn-Bendit, DSK et bien d'autres, d'une part, et la refondation-antilibérale dont on nous promet les Assises à l'automne, d'autre part, il y a un abîme.

Les élections législatives vont mettre en premier plan, cruellement, par le nombre de voix autant que par le nombre de députés, le vide de la représentation de ceux qui s'essoufflent encore à crier leurs convictions de moins en moins écoutés. Le Parti communiste pourrait bien, pour la première fois, ne plus avoir de groupe parlementaire. Les Verts n'en auront toujours pas. Aucun des partis qui ont multiplié les candidatures pour grapiller les euros ne comptera un seul député et si une exception surgissait, elle ferait spectacle et pas événement. Quant au PS, il va subir le contre choc de ses divisions internes : largement diminué dans sa représentation parlementaire, il va entrer dans la phase cruciale, celle où l'on se déchire jusqu'à se séparer, à moins que ce ne soit jusqu'à se déjuger afin de sauver les apparences.

Fallait-il passer par ce désastre pour refonder non pas tel ou tel parti mais tout simplement la politique? Car, là où nous sommes tous, citoyens, responsables et coupables de l'échec historique qui nous traumatise tous, c'est que nous n'avons pas, à temps, repensé la politique. Nous restons intellectuellement prisonniers de vocables usés. D'une telles déconvenues, on ne peut sortir que par le haut. On ne peut, en effet, chuter plus bas. Tout se passe comme si, -et j'avoue que c'est une lecture optimiste des événements-, les électeurs avaient passé un impitoyable coup de torchon sur tout ce qui interdit la résurgence de la pensée politique dans ce qui fut la gauche.

La démocratie n'est pas ce qu'on en a cru. La gauche l'a pensée comme étant la chance de faire triompher le nombre sur le chiffre, le nombre des travailleurs sur le chiffre d'affaires. Il semblait inéluctable que la masse des petits finisse par l'emporter sur les "deux-cents familles" ou la minorité des possédants. La Révolution française n'avait-elle pas balayé la noblesse installée aux commandes du royaume? La révolution sociale donnerait le pouvoir à la classe ouvrière. On sait ce qu'il en advint. Si, à présent, les citoyens-travailleurs ne détiennent plus la clé de l'avenir, c'est que le travail est plus que la production, le travailleur plus que le salarié, et, la-dessus, le candidat Sarrkozy avec son "travailler plus pour gagner plus" va être contredit par le président Sarkozy. Le réel n'est manipulable que durant des périodes brèves.

Je retrouve, peu à peu, quelques raisons de me redynamiser. J'aurai vécu ce drame électoral, -pour moi, c'en est un- comme une violente purge politique. Sans elle, sans doute, jamais nous n'aurions osé dire et faire ce que nous allons pouvoir, à présent, dire et faire. Le temps politique ne connaît pas de hâte ( et là encore Sarkozy pourrait bien chuter). Par chance, l'écologie politique aura été embarquée dans cette obligation de la refondation; elle aussi a subi la purge. Et comme elle recèle les possibilités de réanimer la pensée antiproductiviste et anticapitaliste, je ne doute pas qu'elle émerge enfin mais il lui faudra autre chose que la résurrection d'un parti. La démocratie ne peut plus que se vivre et penser ailleurs qu'au sein des partis dont le modèle est cassé. La généralisation de la politique qu'annonce l'énorme participation électorale, ne doit pas nous donner à croire que tout est joué avec une plusieurs élections. La politique par intermittence s'achève. Si nous restions enfermés dans les pratiques politiques déjà connues, nous pourrions désespérer. J'ai, en ce jour, la conviction que le temps de la politique "classique" est révolue. Nous allons entrer dans une période faste (et dangereuse) où rien ne sera plus acquis pour quelque pouvoir que ce soit.

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