mardi 8 mai 2012

À quand la politique et la démocratie ?

Il est incorrect de ne pas se réjouir avec les vainqueurs, surtout quand on a apporté sa faible contribution à la victoire. Eh bien, tant pis.

Depuis le 6 mai, c'était il n'y a pas deux jours, j'observe, éberlué, la suite d'un spectacle médiatique qui n' a pas grand chose à voir avec la politique et qui me semble éloigné de la démocratie véritable.


Je ne voudrais pas me montrer méprisant à l'égard de ceux dont on coulé les larmes de joie ou de dépit, mais je ne comprends pas trop cette insistance sur des sentiments respectables mais nullement décisifs. Les médias auront capté et étalé ces images parfois indécentes qui révélaient triomphalisme ou détresse...

Je constate aussi qu'en fait de changement, les mêmes commentateurs, les mêmes personnalités politiques se jettent sur les micros et se livrent à des analyses qui ne sont que des justifications a posteriori. En fait  de recherche de ce qui peut se produire de neuf dans le pays, je n'entends rien...

Tout bien réfléchi, et je ne fais que me répéter, la 5ème République ne peut satisfaire la demande politique et enferme les citoyens dans des processus électoraux qui figent ou détournent leur expression.


Autrement dit, nous venons d'assister à la ènième manifestation d'un jeu politicien qui place les acteurs dans la tribune, une fois qu'ils ont payé leur place au moyen d'un bulletin de vote, en ne laissant sur scène que les vedettes.

Nous ne savons, du reste, pratiquer la démocratie autrement. Nous avons été formatés pour ne penser notre rôle que dans ce cadre institutionnel plus que jamais incontesté mais pas incontestable !

Nous assistons au triomphe des partis, y compris de ceux qui sont défaits et qui, déjà, préparent leur revanche. Et cette débauche d'élections sans suivi politique, partout en Europe, ne fait qu'accentuer le caractère douteux de pratiques électorales qui servent de défouloirs et qui ne sont pas appliquées à la réalité des questions que les hommes ont à affronter.

On vote en Syrie. On vient de voter en Grèce. On voudrait bien voter en Égypte. On a voté aussi en Grande-Bretagne. Il y a quelques mois on votait en Espagne. On aura voté en Russie. On va voter aux USA. On revotera en juin en France. Etc.

La Syrie ne peut que voter conforme, sous peine de mort. La Grèce devra revoter si, faute de majorité, elle rejette la politique d'austérité qu'on lui a imposée. Le printemps arabe, en Égypte, n'est acceptable par l'armée que si elle conserve le pouvoir. Les Britanniques ont désavoué, pour la gestion des villes, ceux qu'ils avaient choisis pour diriger la Grande-Bretagne. Les Espagnols qui ont fait payer aux socialistes la déconfiture économique de leur pays, manifestent en masse contre le nouveau gouvernement. Poutine s'installe avec morgue et brutalité. Les USA vont se lancer dans une guerre médiatique et financière géante de quelques mois pour décider s'ils conservent ou non Obama, quatre ans encore. Quant à la France, elle va, pour la forme, se relancer dans une campagne électorale dont on connait déjà le résultat dès lors qu'il n'y a plus qu'une seule élection qui pèse, désormais.

J'ai quelque peine à penser que des élections fassent la démocratie. J'ai plus de mal encore à penser que les questions politiques fondamentales y soient abordées. 

Penser la politique avec Montesquieu ?

Je ne veux, désormais, consacrer du temps à mettre en évidence que ce n'est pas la conquête d'une majorité qui fait l'histoire d'un pays. J'ai seulement l'intuition que la débauche d'énergies et de crédits qui a conduit à un résultat électoral fragile aura usé et crispé des citoyens qui méritaient mieux et dont la créativité politique a été mise aux oubliettes le temps de faire sortir de l'ombre un nouveau prince.

Il est temps de "faire la politique" plutôt que de faire "de la" politique et il n'a jamais été aussi important de faire saisir que la démocratie réduite aux élections n'est pas la démocratie. Avec beaucoup d'autres, chercheurs ou simples acteurs locaux, je veux m'y employer.

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