samedi 12 décembre 2015

Pour l'écologie politique libre

J'appelle écologie politique libre la pensée de l'en-commun, en relation avec l'ensemble du vivant (humains, animaux, plantes) et tout le prétendu "'inanimé" (minéraux, terres, eau, vent, feu...), sans référence à un parti ou une organisation en quête de pouvoir sur autrui.

" Nous disposons aujourd’hui d’un immense faisceau de preuves et d’indices qui suggèrent que nous faisons face à des instabilités systémiques croissantes qui menacent sérieusement la capacité de certaines populations humaines - voire des humains dans leur ensemble - à se maintenir dans un environnement viable", écrivent Pablo Servigne et Raphaël Stevens dans leur livre ayant pour titre : Petit manuel de collapsologie à l’usage des générations présentes, paru aux éditions du Seuil, début 2015.

Nous sommes sûrs, disent-ils :
• que la croissance physique de nos sociétés va s'arrêter dans un futur proche,
• que nous avons altéré l'ensemble du système-Terre de manière irréversible (à échelle humaine),
• que nous allons vers un avenir instable, non-linéaire, dont les grandes perturbations seront la norme,
• que nous serons soumis à un effondrement global.
 

L'urgence de la prise de conscience des habitants de la Planète apparaît, ce jour, à la clôture de la COP 21, au Bourget, plus importante que l'accord des 195 délégations nationales, lequel ne fait et ne pouvait faire qu'un pas en avant. Ne faire qu'un pas en avant est déjà beaucoup. On l'avait pas fait à Copenhague. Les bonnes intentions ne peuvent, cependant, permettre de faire face à "l'état d'urgence climatique". 

Il faut nous laisser du temps disent les Chinois, conscients d'être économiquement dépendants des sources d'énergie carbonées et à tel point qu'ils ne peuvent changer leurs modes de production industrielle avant des années. Ils ont raison, mais tort ! Raison d'admettre que même s'ils commencent maintenant, les effets des changements opérés ne seront visibles qu'à l'approche des années 2030. Tort parce que la pollution, qui tue à Pékin, n'est plus supportable et il faut donc davantage d'actions en Chine autant qu'ailleurs, ce dont la Chine est, du reste, capable. L'imitation du modèle de croissance occidental dans un pays de plus d'un milliard et trois cent millions d'habitants aura été ravageuse.

L'erreur des peuples qui critiquent, aujourd'hui, le modèle économique capitaliste, source des désastres écologiques, c'est d'y avoir sombré. L'Inde, à son tour, demain le l'État le plus peuplé de la planète, résiste aux changements que nécessitent la maîtrise du climat. Elle a pourtant toutes les capacités, techniques et  culturelles, lui permettant d'échapper aux déréglements particulièrement importants dans ce pays de moussons, au pied de l'Himalaya.

Le calendrier que proposent les auteurs du rapport de la COP 21 est frappé de la même contradiction que celle rencontrée en Chine et en Inde : ceux qui ont déclenché les actions humaines responsables du réchauffement climatique, depuis deux siècles, sont, certes, davantage coupables que les pays dits "émergents" qui se sont pliés aux lois du marché et au modes de vie occidentaux. Les USA et les pays d'Europe sont à la source de ces dégradations qui touchent toute la planète à présent.

La décroissance (ou mieux : l'abandon du culte de ce toujours plus nommé croissance) n'est pas au rendez-vous de Paris. Les conséquences funestes de la financiarisation de l'économie ne sont pas reconnues. L'énergie nucléaire, qui aura dévoré les crédits de la recherche en faveur de l'exploitation des énergie renouvelables, n'est pas mise en cause puisqu'elle produit pas ou peu de gaz à effet de serre !

Ce qui est positif est que ni les États ni leurs conseillers scientifiques ne puissent plus jamais nier ce que la communauté scientifique internationale, représentée par le GIEC, a démontré. Ce qui est positif est que l'opinion publique sait que l'on ne pourra pas continuer à vivre comme nous vivions au XXe siècle. Ce qui est positif, surtout, c'est que de multiples initiatives écologiques voient le jour et réussissent.

Si, bientôt, les énergies du soleil, du vent, du sous-sol terrestre (géothermiques), hydroliques (de tous les mouvements des eaux, dont ceux de la mer), deviennent prioritaires, sont financées et mises en place sur toute l'étendue de la planète, alors la COP 21 aura marqué une rupture avec le passé, mais on en est loin parce que l'écologie politique libre reste balbutiante face aux politiques installées et sous la pression énorme, constante, des lobbies du système "libéral" que les États n'ont pas la volonté de mettre au pas..


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