lundi 11 juin 2007

Ne pas s'associer à la défaite!

Hier soir, au milieu de la débâcle générale des candidats hostiles à l'UMP, j'ai pu constater que nous restions prisonniers d'une illusion très dangereuse : la gauche serait ce qui s'oppose à la droite. Eh bien non! C'est un peu court. Ce dualisme ne sert à rien si aucun autre contenu, aucune affirmation alternative et crédible ne permettent à cette gauche de se faire reconnaître! (Car, à chaque scrutin, il faut se faire re-connaître!)

La cause de la déroute est là : la gauche est devenue à tel point méconnaissable qu'on ne peut plus l'identifier et donc la choisir! Quand la gauche n'est plus la gauche, elle s'effondre. Plus encore: nombre de candidats se réclamant de la gauche ne l'incarnent pas; les électeurs les ont donc écartés!

Continuer à soutenir le PS tel qu'il est devenu, c'est trahir la gauche dont, sans conviction, nous nous réclamons. Les écologistes ne doivent se résigner à la défaite inéluctable du 17 juin et donc ne pas s'y associer.

Ce matin, à la lecture des résultats nationaux, l'analyse s'amplifie : déçus les électeurs des milieux populaires, présents encore il y a un mois, ont déserté. L'abstention n'est pas le fait du hasard. Elle est politique. Elle est un rejet de la donne. La gauche n'est pas vaincue; elle est absente.

La gauche qui existe est donc ailleurs que là où l'on a voulu la fixer : dans la gauche d'hier, la gauche mécanique qui n'a qu'à suivre les consignes de vote des partis. La gauche vivante, quel que soit le nom qu'on lui donnera, se cherche et finira par se trouver.

Reste à à déterminer si la solidarité avec ceux qui ont représenté la gauche doit, une dernière fois, se manifester, par exemple, par un appel au soutien du candidat PS à la dérive, dans la seconde circonscription du val d'Oise où je vote. J'ai le sentiment que ce serait trahir les électeurs qui ne se reconnaissent, eux, ni dans la droite triomphante ni dans une gauche sans avenir. Nous sommes entrés dans une ère nouvelle et l'échec est si violent qu'il est inutile de vouloir en limiter voire en masquer l'amplitude.

Les écologistes n'ont pas à soutenir la gauche, à voler à son secours, tout simplement parce qu'elle ne leur est pas extérieure, parce qu'ils sont eux-mêmes la gauche, dans la gauche, une partie de la gauche, et responsables, pour cela, de ce qu'elle va devenir. C'est d'eux-mêmes que les Verts doivent, en priorité, s'occuper. Le PS n'est pas la gauche à lui seul. Pour lui, le vin amer est tiré; qu'il le boivent. DSK, dit-on, risque d'être battu : on le confondra donc moins, à présent, avec la gauche. L'opération vérité a commencé. Très douloureusement, contradictoirement : la gauche, en cessant d'être la gauche, s'est battue et détruite elle-même. On ne peut soutenir ce qui est à l'origine de la déconfiture.

Royal n'était pas candidate : elle aura ainsi évité la défaite dans sa terre du Poitou. La voilà qui veut prendre langue avec Bayrou. Si l'on se risque dans sa propre logique, cela vient non seulement un peu tard, mais c'est inutile et peut-être pitoyable. Appeler au secours d'une gauche qui n'est plus la gauche, un homme courageux mais en plein échec, qui a toujours honnêtement reconnu qu'il n'était pas de gauche, est non seulement contre productif, c'est ajouter de la confusion à la confusion, c'est en appeler à un "recentrage" de la gauche, c'est persister dans la volonté de blairiser le socialisme. C'est.... suicidaire!

Les Verts ont, à présent, autre chose à faire que d'accompagner, jusqu'au bout, le combat d'arrière garde de ceux qui sont la cause de leurs propres malheurs!

Si mes propos choquent, j'en demande pardon, mais qui ne parlera pas clair, en ces temps de décomposition-recomposition se résignera à voir "une" des gauches, devenue obsolète, gérer, à l'Assemblée Nationale, son tout petit capital minoritaire. Nous devons avoir plus d'ambition! L'écologie politique nous donne des clefs pour l'affirmation d'une tout autre gauche, qui sera de nouveau solidaire des victimes du système économique, qui sera à son tour "décomplexée", et qui préparera une véritable alternative; pas une simple alternance.

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