mercredi 30 avril 2008

Du terrorisme ambigu.



La banalisation du mot terrorisme est insupportable.
Ou bien toute activité humaine qui génère la terreur est l'œuvre d'un terroriste (et toute violence, y compris, bien sûr, la violence d'État est qualifiable de terroriste), ou bien, il faut s'entendre sur les critères discriminatifs qui font de celui-ci un terroriste et de celui-là un soldat, un policier ou un grand défenseur de la civilisation!
Il est des célébrités qui furent condamnés pour Terrorisme!

Galerie de portraits :


De Gaulle, Jean Moulin, Mandela, Arafat, "le Che", Khadafi ont tous été taxés de terrorisme.

L'assimilation de l'islamisme au terrorisme est deux fois coupables.


D'abord parce que cette réduction innocente les terroristes de toutes obédiences qui sévissent sur la planète, ensuite parce qu'elle justifie tous les "fous de Dieu" se recommandant, les uns ou les autres, de l'une des trois religions du Livre, et qui osent se servir de l'assassinat comme moyen de lutte contre le fanatisme... des autres!

Les USA peuvent-ils, eux-mêmes, se dire exempts des pratiques terroristes?


Hiroshima, le Ku-Klux-Klan, Guantanamo laissent, à jamais, leur trace de honte sur l'histoire du peuple américain, sur notre propre histoire humaine. Non, un résistant des années 1940-45 n'était pas plus (ou moins) terroriste qu'un combattant palestinien. Il n'y a pas de guerre sans terrorisme comme il n'y a pas de guerre sans victimes civiles. Le droit de la guerre n'est qu'une variante du droit de tuer. Ce qui déclenche la guerre, c'est toujours et encore l'injustice, l'exploitation des plus faibles, la volonté de puissance.

J'écarte à jamais de mon vocabulaire ce mot de terroriste, instrumentalisé, et réinventé décennie après décennie, pour accabler les ennemis du moment, avant de les recevoir parfois, mais longtemps après, dans les palais des Républiques.

lundi 28 avril 2008

Dommages collatéraux ou récidive?




On passe vite de l'émerveillement à l'horreur... Hier, j'admirais des animaux; aujourd'hui, me lèvent le cœur ces massacreurs, de la même condition humaine que moi, qui se persuadent d'avoir à se défendre en prenant le risque d'exterminer des enfants. Le peuple d'Israël se condamne lui-même s'il croit encore à ses propres valeurs.

D'après l'AFP, une mère de famille, ses quatre enfants et un combattant ont été tués lors d'une opération israélienne dans la bande de Gaza.

Les quatre enfants tués lundi -âgés de un, trois, quatre et cinq ans- ont été victimes d'un tir d'obus de char contre leur maison, a indiqué un médecin de l'hôpital de Beit Lahya. Leur mère, Miassar Abou Maateq, 40 ans, grièvement blessée dans l'explosion, est décédée à l'hôpital, a précisé le médecin.

La sixième victime est un combattant du Jihad islamique, a déclaré une source au sein du groupe armé. En début de soirée, un septième Palestinien a été tué dans le nord de la bande de Gaza, par des tirs de soldats israéliens, selon un responsable des services d'urgence palestiniens.

L'armée a précisé avoir attaqué des tireurs palestiniens ayant tenté de s'approcher de la frontière, soulignant que les combattants palestiniens avaient tiré des roquettes antichars et des obus de mortiers. Un porte-parole militaire a affirmé que la mort des cinq civils palestiniens avait été provoquée par des explosifs manipulés par des activistes palestiniens.

Selon le père des quatre enfants, ces derniers mangeaient dans la cour avec leur mère quand un obus a explosé contre la porte d'entrée.

"Je suis sorti de la maison quelques instants pour aller chercher un de mes enfants et j'ai entendu une explosion", a indiqué à l'AFP Ahmed Abou Maateq, 70 ans, dans la cour de son domicile, dont le sol était recouvert de sang.

Au moins 444 personnes, en majorité des Palestiniens, ont été tuées dans les violences depuis que les pourparlers israélo-palestiniens ont été relancés dans la foulée de la conférence d'Annapolis, fin novembre, aux Etats-Unis, selon un décompte établi par l'AFP.

Où sont les terroristes? Les cyniques nous ressortiront le coup du bouclier humain ou parleront de de "dommages collatéraux". En réalité, le plus fort n'a plus que sa force pour faire triompher son droit.

Dommage collatéral est un euphémisme de l'armée US désignant les victimes civiles ou alliées, ainsi que les dommages causés à leurs équipements et installations de façon accidentelle, lors d'opérations militaires. Ce terme ne définit pas les crimes de guerre mais peut être utilisé pour en cacher l'existence.

Le gouvernement d'Israël menace, en permanence, et les Palestiniens avec lesquels il prétend vouloir vivre en paix, et les Juifs qui ont un avenir de plus en plus mal assuré dans ce contexte de haine exacerbé, et les peuples de la région qui risquent d'être emportés dans un conflit aussi, ou plus, meurtrier encore qu'en Irak. Sans parler de la guerre internationale qui, de proche en proche, peut enflammer toute une partie de la planète. En réalité, le plus fort n'a plus que sa force pour faire triompher son droit.

Criminels et fous sont ces assassins d'enfants que rien n'arrête et qui, tout en tuant dix fois plus que leurs ennemis, osent se déclarer encore les principales victimes! Ces nouvelles morts d'enfants dont la possibilité a été froidement assumée par une armée récidiviste sont impardonnables.



Source : http://afp.google.com/article/ALeqM5itb8PwrHTuJxH8jZHjdE1B8k28Ug

samedi 26 avril 2008

Se laisser, un soir, émerveiller...


Du plus grand au plus petit, mammifère ou poisson, les habitants des mers étonnent par leurs formes, leurs couleurs, leurs comportements, leur beauté. Ce sont des hymnes à la vie!


La baleine à bosse immense et svelte
L'émission de Thalassa, hier soir m'aura, encore une fois, démontré que l'homme en faisant de chaque habitant des océans une proie possible, se prive d'un grand bonheur. L'homme qui nageait près d'un géant, la baleine à bosse et de son balaineau, durant des jours et des jours et qui gagnait, progressivement, la confiance de l'animal, réalise ce qui ne se peut faire qu'avec amour : toucher la tête d'un cétacé qui pourrait d'un seul coup de sa nageoire caudale, assommer, tuer et rejeter au loin l'intrus! Bien au contraire, il veillait à ne pas le blesser! Un grand moment de télévision. Il y en a.


Le requin à aileron à pointe blanche; élégant et puissant.
Des requins je ne puis rien dire d'autre que ceci : là où le prédateur -l'homme- voit un danger, les scientifiques ne voient souvent que des élégances en mouvement qui ne s'en prennent que très rarement à l'homme. Alors que tout annonce leur disparition prochaine au rythme où l'homme les exterminent, des requins, tels que le requin à aileron blanc, surprennent par leur vivacité, leur stupéfiante aisance, leur noblesse. ce sont les princes de la mer.



Les poissons jaunes et noirs de la barrière de corail.

Quant aux poissons de la barrière de corail, leur aspect et leur variété laissent sans voix! Je ne m'en tiendrai qu'à l'un d'eux, parmi tous ces éclaboussements de couleurs, ces formes sans cesse renouvelées, ces curiosités de la nature à faire pâlir les peintres de jalousie. Je ne l'ai qu'entraperçu. Je n'en ai pas retrouvé l'image. Il était jaune et noir, comme ci-dessus, mais barré de noir, longitudinalement, de la tête à la queue, sur fond jaune intense, avec une large caudale tout aussi jaune mais, elle, semée de gros points noirs! Étonnant!

Dans une semaine en creux, alourdie par de multiples annonces affreuses, de voir ces réalités vivantes, qui, elles aussi, existent, me vient à l'esprit que d'avoir vu cela console d'être venu au monde.

vendredi 25 avril 2008

Le 25 Avril fait partie de notre histoire, celle de l'Europe

 Il était 1 h. du matin, le 25 avril 1974, quand une radio portugaise diffusa une chanson interdite de José Afonso: « Grandola Vila Morena ». 
C’était le signal  et le début de la Révolution des Oeillets, la fin du fascisme portugais.
Grândola, vila morena
Terra da fraternidade,
O povo é quem mais ordena
Dentro de ti, ó cidade

Grandola, ville brune,
Terre de la fraternité,
Le peuple est celui qui d'abord commande
A l'intérieur de toi, ô ville.

Écoutez la musique sur : http://www.ihecs.be/liens/tangente/oeil/pages/dossier/chanson.html








jeudi 24 avril 2008

Du 21 au 27 avril : la semaine sans télé.

Sortir. Sortir de la télé. Sortir de chez soi. Se sortir des conditionnements. Sortir du prêt à penser médiatique. Sortir de ses gonds. Sortir de l'ennui. Sortir dans la rue. Sortir pour vivre!

"Allez, sors de cette boîte ! Tu y es enfermé en moyenne 3 h 30 par jour. Tu ne vas passer ta vie dans cette prison mentale. Tu vas pas laisser tous ces animateurs débiles t'avilir. La semaine sans télé, c'est l'occasion de briser la glace, de se libérer de cette machine à abrutir. Allez viens, on a une vie à vivre et un monde à transformer".

mardi 22 avril 2008

Avec Césaire, faisons de la poésie une politique.



"Ma poésie est née de mon action"

Tellement prolongée est la lutte qu'elle se perd dans les sables.
Tellement menacée est la lutte qu'elle est abandonnée par les meilleurs.
Tellement décriée est la lutte qu'elle en devient surannée, désuète et obsolète!.
Et pourtant?

Au moment où le PS abandonne la révolution, officiellement, dans son principe,
au moment où le ludion roux, DCB, le juif allemand, ne rit plus à la face des flics,
au moment où l'écologie est récupérée par tous ceux qui craignent sa radicalité,
ne faut-il pas relever la tête?

Mai 68 n'est pas un évènement daté.
Mai 68 n'est pas un passé à retrouver.
Mai 68 n'est pas un mythe sacralisé.
C'est un esprit que rien ne peut effacer.

Mai 68 doit disparaitre en tant que nostalgie reportée dans le futur.
C'est un nouveau printemps politique qu'il faut voir venir.
Il assumera et dépassera mai 68.
Il se nourrira d'autres espoirs.

Aimé Césaire est mort: nous sommes tous des nègres esclaves.
Germaine Tillon est morte : nous sommes tous, à jamais, des résistants.
Lazare Ponticelli est mort : nous sommes tous des "poilus" haïssant la guerre.
Nos ancêtres vivent et guident nos pas.

Avec eux soyons donc des faiseurs d'histoire : là est la politique
Faisons lien entre les générations : là est la force.
Préparons l'éclosion d'œillets qui ne faneront pas : là est la révolution.
Sortons de nos rêves, entrons en poésie.

dimanche 20 avril 2008

À la grâce de Dieu...



Nous vivons, comme l'avait bien vu André Gorz, dans son dernier livre Ecologica, les débuts d'un temps de gratuité. Un vaste débat s'est ouvert qui concerne le sens de cette gratuité : appas économique, dérive consommatrice ou don!

L'écologie s'empare, pour le moment dans l'ambiguïté, de la réflexion sur les différente formes de développement : la recherche de la mesure des avancées collectives prend de nouveaux noms. Le PNB (Produit National Brut) n'y suffisant plus, on parle, avec le PNUD, à l'ONU, des indicateurs de développement humain, de Produit intérieur brut vert ( intégrant la mesure des destructions), de produit intérieur doux (comme au Québec)...

Où est la richesse? Patrick Viveret relève que "la question du développement soutenable, marginale hier, est en train de devenir essentielle" (1).

Le gratuit, c'est pour le riche. Il peut répondre à la la gratuité incitative, à son gré.

Le gratuit, c'est aussi pour le consommateur. Il y répond soit en succombant aux tentations publicitaires, soit... en trichant, en cueillant, sur ordinateur, des richesses mobiles, telles que la musique ou des films à la mode (celui de Dany Boon, Bienvenue chez les Ch'tis, ajoute la fraude au succès en salle -l'une nourrissant l'autre-).

Le gratuit, c'est aussi ce qu'on donne à qui ne peut vivre sans aide. Ou bien à qui l'on aime et avec qui l'on partage.

En régime capitaliste, le gratuit est une aubaine suspecte. Ou bien il aide à élargir les marchés ou bien il les désorganise, ou bien il les nie!

Francine Pessel-Markovits, philosophe, remarque que, athée ou chrétien, l'occidental est sensible à la théologie de la gratuité (2), ce background culturel qui se rapporte aux dons de Dieu, à la grâce divine. La charité n'est pas que l'apport du surplus au pauvre -ce dont le capitalisme se contente volontiers-, c'est aussi l'idéologie du partage qui, portée à un certain niveau de gratuité (3), sent son communisme à plein nez.

(1) Libération du 31 mars 2008.
(2) Francine Pessel-Markovits, C'est gratuit, éditions Albin Michel, mars 2007.
(3) Jean-Louis Sagot-Duvauroux,
De la gratuité, éditions de l'Éclat, avril 2006.

samedi 19 avril 2008

La crise alimentaire est aussi au fond des océans



Décidément l'émission "grand public" du vendredi soir sur FR3 :
"Thalassa, le magazine de la mer" veut mettre en garde les téléspectateurs contre des périls majeurs dont la mer est le révélateur. Je ne sais combien de temps encore on tolèrera cet éveil écologique et citoyen. Pour le moment, j'y trouve de quoi nourrir ma réflexion politique.

Hier, il s'agissait du recul rapide, dramatique et parfois irréversible des ressources halieutiques! Tout cela s'ajoute aux constatations multiples que font tous les travailleurs de la mer. Plus de morue ou tellement moins! Disparition possible de plusieurs espèces de requins. Destruction de barrières de coraux où pullulaient les poissons. Diminution très importante de la taille des prises. Menace sur le thon rouge en méditerranée. Multiplication de fermes aquacoles où l'on hâte la production de variétés carnivores qui se nourrissent de... ce qu'on va pêcher pour eux. Pollution grave par les plastiques, fatale à quantité de dauphins et tortues...

Il me vient, évidemment, qu'il en est, pour le poisson, en mer, comme pour tout ce qu'exploite l'homme, sur la terre ferme : on ne peut prélever plus que ce que la nature produit! Ne pas laisser se renouveler une population est le plus sûr moyen de la faire disparaitre! Cet irrespect est mortel pour toutes les espèces y compris l'espèce humaine.

Je songe au pardon demandé par le paysan africain à la chèvre qu'il sacrifiait, pour se nourrir. On en est loin! Quand les énormes orques s'échouent volontairement sur une plage pour dévorer un phoque ou un éléphant de mer et reculent vers les flots avec leur prise, ils ne causent pas plus de mal à la nature que lorsque le léopard des mers s'empare d'un pingouin ou quand l'anémone de mer capte du plancton. La taille du prédateur ne fait rien à l'affaire. C'est la quantité des prélévements qui désorganise les biotopes. Et le superprédateur qu'est l'homme, non seulement ne se préoccupe pas de la nourriture qui lui sera, dans l'avenir, nécessaire mais il rend impossible l'équilibre entre tous les vivants qui dépendent les uns des autres.

Chaque bateau de pêche est devenu une usine à tuer, équipée, scientifique, massive, qui ne laisse aucune chance au poisson que convoitent les entreprises géantes qui mettent au travail (ou au chomage) les travailleurs de la mer. Nous vivons des temps de guerre faite au vivant.

Je suis d'autant plus bouleversé par ces pratiques à contreproductives qu'elles massacrent la beauté. Chaque thon pêché est un obus vivant dont la ligne est étrangement aquadynamique. J'ai vu, pour la première fois, hier, un poisson plat, noir et blanc, au décor constitué de multiples taches d'une harmonie inouïe; un peu plus tard, une manière d'arc en ciel vivant et sous marin apparaissait sur l'écran. L'absence totale de considération pour ce milieu où l'on puise sans mesure, pour "faire de l'argent" dégoute de la fausse vie que s'imposent les hommes. La mer, (dont on commence, -attention aux nouveaux dégats- à découvrir les grandes profondeurs et... les trésors comestibles) n'est plus qu'un terrain de chasse. Nous ne l'aimons pas. Elle nous intéresse pour ce qu'elle rapporte. Et c'est tout.

Nous saurions pourtant y faciliter la vie. Il a fallu que nous constations l'habitat des épaves par la faune aquatique pour que nous vienne l'idée que l'homme pouvait aussi aider à la vie marine! Les récifs artificiels, immergés au large du Japon pour que les crustacés et les poissons côtiers s'y reproduisent et s'abritent, constituent une bonne solution sauf si ce ne sont rien d'autre que des aquafermes sousmarines... Un poisson n'a-t-il comme seul intérêt que de pouvoir être mangé?

J'en viens à penser que le végétalien, s'il sait équilibrer ses repas, loin d'être, comme on le présente, un monstre inconscient qui met en péril et sa vie et celle de ses enfants, offre une possibilité à l'humanité : celle de moins nuire. De toute façon la tempérance et la sobriété sont devenues des qualités vitales pour l'espèce humaine. Le plus est meurtrier. Le mieux passe par un moins. Moins..., en mieux. Pas l'identique en moins!

La crise alimentaire mondiale, qui conduit à un drame planétaire causé principalement par la confiscation de la production des céréales par les banques et les firmes, a son prolongement dans les océans. "Moins de viande, moins de poisson, plus de céréales" : voila un slogan qui ne peut que mettre en furie les prédateurs les plus acharnés qu'ils soient, ou non, conscients de ce qui devient un crime contre l'humanité, comme dit Jean Ziegler.

Je me sens loin de ce monde qui fonctionne comme s'il n'était jamais possible de vivre autrement, et qui n'a d'autre moteur pour ses activités que la recherche passionnée du "toujours plus" qui s'achève à tout coup par un toujours plus de misère.

mardi 15 avril 2008

« Élections, piège à cons » : le retour ?


Voici 40 ans fleurissait, sur les murs des grandes villes de France, de multiples affichettes, sombres ou, au contraire, hautes en couleurs, et toujours iconoclastes... L’une d’entre elles mettait en évidence le slogan anarchiste : « élections, piège à cons » ! (Slogan de mai 1968 en France, d’après une expression de Jean-Paul Sartre)

Les opinions qui circulent et prévalent en France actuellement, et notamment parmi les jeunes, sont plus que nostalgiques ; elles sont rageuses.

J'entends ceci :
" Qu’on vote rouge, bleu, orange ou vert : on est trahi ! "


Ou bien : "La démocratie est un cirque, un spectacle, un jeu qui n’intéresse plus personne".


Ou encore : "La fraude électorale n’a plus besoin d’être clandestine : le fric fait l’élection".


Ce n’est pas au lendemain du retour de Berlusconi en Italie que l’on va se réjouir !

On avait connu la réélection de Busch, le triomphe de Sarkozy, la comédie russe de Poutine, les émeutes post-électorales du Kénya, le maintien de Mugabe. Voici la chevauchée du Cavaliere.

Déjà, l'on ne votait plus pour qui l’on veut, mais contre qui l’on ne veut pas.
Tous les résultats s’en trouvaient bouleversés ?
À présent, on constate que le changement social ne vient pas par les urnes.



Alors faut-il encore voter ?


En 1933, Hitler est arrivé, fort légalement, au pouvoir.
En 1940, De Gaulle était jugé comme un traître et le Parlement avait élu Pétain!
L’histoire s’est faite ailleurs, en France, que dans les Assemblées : en 1789, 1871, 1936, 1945 ou 1968.

Être citoyen ce n'est pas agir en politique seulement en votant!

samedi 12 avril 2008

Les émeutes de la faim



Le Monde a faim titre le Journal du Dimanche (1). L'article de Matthieu Verrier souligne la gravité de la crise planétaire.

"La liste s'allonge de jour en jour. Partout dans le monde, des manifestations emplissent les rues, tournant parfois à l'émeute, comme en Haïti où cinq personnes sont mortes. L'Afrique de l'Ouest est particulièrement touchée, avec des "manifestions de la faim" au Burkina-Faso, au Cameroun, au Sénégal ou encore en Côte d'Ivoire. L'Egypte, où la population proteste contre la hausse du prix du pain, a interdit l'exportation de certaines denrées pour les réserver à son marché agricole. Face à la gronde croissante, les dirigeants s'inquiètent".

Faut-il s'étonner de cette irruption de la colère? Jean Ziegler, Rapporteur spécial du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies sur le droit à l’alimentation, avait prévenu : "La destruction de millions d’Africains par la faim s’effectue dans une sorte de normalité glacée, tous les jours, et sur une planète débordant de richesses". Il rappelle que le droit à l’alimentation est le premier des droits de l’homme et exhorte à réaliser une "distribution plus équitable des biens, qui satisferait aux besoins vitaux des gens et les protégerait contre la faim." (2)

Dans les 122 pays dits du tiers-monde vivent aujourd'hui 4,8 milliards des 6,2 milliards d'homme que nous sommes sur terre. Les prix des denrées alimentaires ont augmenté de 35% entre janvier 2007 et fin janvier 2008, selon les données des Nations unies, ce qui porte l'augmentation à 65% entre 2002 et aujourd'hui. L'Organisation pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) note une inflation, en 2007, de 80% sur les produits laitiers et 42% sur les céréales. Les projections ne prévoient pas d'amélioration à court terme.

Plusieurs facteurs sont avancés pour expliquer l'inflation. La hausse de la demande, notamment due à l'augmentation du niveau de vie dans des pays comme la Chine, créerait la pénurie. La flambée du pétrole concourt aussi à celle des denrées alimentaires. Autre mise en cause: le développement des biocarburants. Les cultures qui leur sont consacrées sont des productions alimentaires en moins.

Action contre la faim (ACF) réclame pour sa part la création d'un fonds mondial de lutte contre la faim.

Cela se passe sur une planète qui regorge de richesses. La FAO est dirigée par un homme de courage et de grande compétence, Jacques Diouf. Il constate qu’au stade du développement actuel de ses forces de production agricoles, la planète pourrait nourrir normalement (3) douze milliards d’êtres humains, soit le double de l’actuelle population mondiale. Il plaide pour un "transfert massif de semences", ce qui permettrait aux agriculteurs des pays pauvres de s'approvisionner en grain, engrais et fourrage. Il a par ailleurs appelé les dirigeants mondiaux à participer à un sommet sur la crise alimentaire du 3 au 5 juin à Rome.

Conclusion : ce massacre quotidien par la faim n’obéit à aucune fatalité. Jean Ziegler lève le ton et affirme : "Derrière chaque victime, il y a un assassin. L’actuel ordre du monde n’est pas seulement meurtrier. Il est aussi absurde. L’équation est simple : quiconque a de l’argent mange et vit. Qui n’en a pas souffre, devient invalide ou meurt. Il n’a pas de fatalité. Quiconque meurt de faim est assassiné".


(1) http://www.lejdd.fr/cmc/international/200815/le-monde-a-faim_109910.html
(2) Jean Ziegler vient de publier L’Empire de la honte (2007) en Livre de poche.
(3) Nourrir normalement veut dire procurer à chaque individu adulte, chaque jour, 2 700 calories.

vendredi 11 avril 2008

Sommes-nous "égoïstes par nature"? Ou du Grenelle impossible




J'ai entendu, sur France Culture; aujourd'hui même, un savant pédiatre, Aldo Naouri, fondant toute son analyse sur l'égoïsme naturel de l'homme. La thèse est bien connue, et aussi sotte que bien ancrée dans la majorité des esprits. Pour contribuer à abolir cette idée toute faite qui ruine toute action politique, on peut se tourner vers les philosophes. Pour cette fois, je préfère donner connaissance d'une note plus modeste mais qui n'en est pas moins utile à connaître. Elle conduit à deux évidences : le Grenelle de l'environnement était mort-né et l'écologie sarkozienne renvoie à la seule responsabilité individuelle donc à la négation du politique comme destin commun.


Emmanuel Giannesini, maître de conférence à Sciences Po, a publié dans le cadre de La Forge(1) une note intitulée Le Sarkozyxme n’est pas une écologie. On peut y lire ceci:

« Tout indique que le Grenelle de l’environnement, une fois retombé l’enthousiasme artificiel qui a suivi le discours prononcé par Nicolas Sarkozy le 5 octobre, jouera le même rôle que la Charte de l’environnement adossée à la Constitution : une déclaration d’intention vague et généreuse, et puis plus rien. Le changement climatique et l’épuisement des ressources (tant quantitatif que qualitatif ) appellent non pas une adaptation de nos modes de vie et de production, mais une révolution éthique de notre rapport au monde et à la nature, quelque chose comme l’inversion du rapport de domination utilitariste issu de la descendance cartésienne au profit d’une intelligence globale de notre position dans la nature. Ceci, tout le monde ou à peu près le sait. Même Nicolas Sarkozy, dans son discours du 5 octobre, a trouvé les mots pour le dire, fût-ce par le détour de métaphores empruntées : « Je veux que le Grenelle soit l'acte fondateur d'une nouvelle politique, d'un New Deal écologique en France, en Europe, dans le monde. » Les mots pour le dire, mais ni les actes, ni même la volonté pour le faire.
A la vérité, il fallait être naïf pour croire en ce domaine à une rupture. On se contentera de rappeler ici qu’il n’est pas une seule mesure aujourd’hui avancée dans le cadre du Grenelle (pas une seule, chacun pourra s’amuser à le vérifier) qui n’ait été inscrite dans la Stratégie nationale de développement durable élaborée par le gouvernement de Lionel Jospin en mars 2002 en vue du sommet de Johannesburg.
1) Le consensualisme sarkozien est un mot creux
Le consensualisme est totalement revendiqué par Nicolas Sarkozy, ses propos sont sans ambiguïtés : « Nous ne ferons pas accepter cette nouvelle ambition écologique par la contrainte. Personne ne doit se sentir injustement pénalisé par les mesures écologiques que nous déciderons. Sinon, nous échouerons. ». Curieusement, la réforme écologique « bénéficie » d’un régime de faveur, car nulle part ailleurs n’est revendiquée une telle obligation de consensus préalable. On se rappelle qu’à propos de la réforme des retraites ou de la carte judiciaire, par exemple, ou même dans le cadre de la réforme de l’Etat et de la réduction de ses effectifs, le gouvernement a franchement affiché ses objectifs politiques et s’est donné les moyens de contrecarrer ses opposants. Disons-le franchement et sans détours : il faut vraiment faire un effort de crédulité pour croire qu’un programme politique de quelque importance peut n’avoir que des amis. Rien n’est plus faux ni plus dangereux que de croire cela. Il est hors de question de placer sur le même plan l’agriculteur converti au bio dès le début des années 1990 et celui qui persiste à produire en répandant deux à trois fois plus d’azote que les sols épuisés n’en peuvent absorber. Il est aberrant de ranger côte à côte l’entreprise qui s’est dotée dès les années 1980 de dispositifs de collecte de ses effluents et les usines qui ont attendu le début des années 2000 pour se délocaliser vers des cieux plus compréhensifs afin de s’éviter une mise aux normes. Et il est choquant d’abstraire par principe de toute responsabilité une industrie publicitaire qui a vanté tour à tour tout ce dont est en train de mourir la planète. Si, comme affirme le penser Nicolas Sarkozy, la crise écologique nous oblige à repenser l’ensemble de nos modes de vie et de production, il est contre-productif de commencer par dire que personne n’y est pour rien. Ce faisant, nous accréditons l’observation du philosophe Günther Anders, qui notait avec prescience dès les années cinquante : « A l’instant même où le monde devient apocalyptique, et ce par notre faute, il offre l’image d’un paradis habité par des meurtriers sans méchanceté et des victimes sans haine. Nulle part il n’est trace de méchanceté, il n’y a que des décombres. »
2) La décision politique passe par l’éthique Les contradictions n’apparaissent qu’à la faveur d’une réflexion éthique, par exemple sur la légitimité d’une industrie nucléaire dont les risques associés – même faibles, même maîtrisés – sont à proprement parler apocalyptiques, et qui ne laisse pas d’autre choix aux générations futures que de gérer nos propres déchets. Le philosophe Jean-Pierre Dupuy note : « Le commissariat à l’énergie atomique a confié à des sociologues la tâche d’analyser ce qui fait que les gens ont peur du nucléaire. Je crois urgent de réaliser une étude anthropologique sur ce qui fait que les nucléocrates n’en ont pas peur. » L’absence de réflexion éthique préalable de Sarkozy, et partant l’incapacité de désigner des fins indépendamment des moyens, se traduit dans le discours du 5 octobre par un traitement des risques ne reposant sur aucune logique et qui confine parfois au cynisme. Ainsi, l’interdiction des 50 substances les plus toxiques (oui, dont la toxicité est avérée !) est-elle subordonnée à l’existence « d’alternatives possibles », tandis que la réduction des pesticides, dont la dangerosité n’est plus à prouver, est limitée à 50 % « si possible dans les dix ans qui viennent ». Pour bien comprendre le non-sens éthique de ces restrictions en apparence banales, voire « de bon sens », il suffit de les transposer dans un autre champ que nous sommes plus habitués à mettre en relation avec la dimension morale. Par exemple la loi pénale. Imagine-t-on qu’une loi énonce avec placidité : « Interdiction des braquages sous réserve de la disponibilité de ressources financières alternatives pour les braqueurs » ou « Réduction de 50 % du nombre des viols conjugaux, dans un délai de dix ans si possible et sous réserve de la disponibilité d’exutoires » ? Il est juste que nous soyons plus sensibles au sort des hommes qu’à celui de l’humanité, mais le but de l’activité de penser, c’est justement d’établir les conditions par lesquelles nous pouvons sortir de ce qui serait à long terme un paradoxe suicidaire.
En conclusion de son discours, le président de la République a donné la clé, quasi-psychologique, de son approche de l’écologie : « Je ne crois pas à la responsabilité collective. La responsabilité est toujours individuelle. » Cette pétition de principe incarne l’essence même de la politique de droite, ce qui après tout ne surprendra personne et relève du droit le plus strict de l’homme-Sarkozy, qui n’a jamais prétendu, contrairement à son prédécesseur Chirac, jouer aux hommes de gauche. Mais en matière écologique, le rétrécissement du champ de la responsabilité aux seuls individus est une contradiction dans les termes. L’écologie est par essence le lieu d’une responsabilité collective parce que le destin qu’elle engage est lui-même collectif ; parce que les effets des comportements individuels sont dérisoires par rapport à ceux de nos choix collectifs ; surtout, même si l’idée peut sembler abstraite ou difficile, parce que notre capacité à donner des droits aux absents, et notamment à cette humanité future qui est le sujet même du développement durable, repose entièrement sur une extension du principe de souveraineté à plus que nous-mêmes. Nier que la responsabilité collective existe, c’est nier l’existence d’un destin commun et d’une capacité à agir en commun. S’en remettre à la seule responsabilité individuelle, c’est accepter par avance la stratégie du passager clandestin, où prime le calcul des intérêts de court terme. C’est en ce sens qu’on peut affirmer sans grand risque d’être démenti, si les mots ont encore un sens, que le sarkozysme est tout ce qu’on veut sauf une écologie. Il ne s’est rien passé le 5 octobre dernier.

(1) Visitez La Forge.
http://la-forge.info
Publié par biosphere.ouvaton.org

lundi 7 avril 2008

L'olympisme et les droits de l'homme



La tragi-comédie de ce jour donne à rire et à pleurer! On découvre, tout à coup, que le Tibet est sous le joug? On s'aperçoit qu'on tue, on enferme, on massacre en Chine!

Que ne s'en est-on rendu compte plus tôt, quand on a choisi Pékin comme Ville d'accueil des Jeux olympiques? Quelle hypocrisie?

On découvre que la Chine va devenir la première puissance économique du monde alors, après en avoir attendu de somptueux marchés, on prend peur et on cherche à abaisser le géant en ruinant le crédit qu'il avait acquis.

Gageons que Sarkozy vendra moins facilement ses usines nucléaires à la Chine après le camouflet pour les autorités chinoises, ce jour, à Paris.

Je n'ai aucune sympathie pour le capitalisme d'État dont le monde entier s'est entiché, ces dernières années. Pourtant, donner des leçons de démocratie à la Chine vient non seulement trop tard mais au moment où d'autres pays font bien peu de cas des droits de l'homme. Les braillards qui se dressent, sans grand risque ici, contre la Chine, exigent-ils que la France balaie devant sa porte?

Que les Tibétains manifestent a une autre allure! Eux souffrent. Eux risquent. Eux luttent pour exister en tant que peuple.

Mais, de grâce, l'usine à dollars que constituent les Jeux n'a rien à voir avec l'olympisme de Coubertin. Le marché du sport est une gigantesque entreprise. Les Droits de l'homme ne peuvent guère y être pris en considération. Les enjeux passent avant les jeux? L'or, l'argent et le bronze représentent bien plus que des médailles : ils sont le reflet des affaires et l'exacerbation des nationalismes. Du pain et des jeux? Même pas! Des jeux d'abord pour distraire les peuples. Le pain viendra après, s'il y en a.

samedi 5 avril 2008

"L'écologie, c'est aussi la croissance" : le débat est enfin ouvert






Borloo : L'écologie, c'est aussi la croissance
titre Valeurs actuelles, dans son édition du 4 avril.

La vérité oblige de préciser qu'à la question de la journaliste qui l'interrogeait : "Avez-vous le sentiment que cette économie durable peut se développer malgré le climat de sinistrose de la croissance ?", le ministre Jean-Louis Borloo avait exactement répondu : "elle constitue justement un moteur de croissance".

Le vrai débat est ouvert. Quand le ministre dit du Développement durable compte sur les emplois et l'activité économique engendrée dans tous les secteurs où il devient urgent d'intervenir pour pallier les pollutions, l'effet de serre, la chute des réserves énergétiques naturelles, l'effondrement de la biodiversité, etc..., on peut acquiescer. Quand le même ministre ne dispose pas des moyens d'empêcher la majorité, dont il dépend, de rendre possible la culture des semences OGM, le développement du nucléaire et la relance de l'automobile, il s'éloigne de l'écologie véritable et reste imbibé par l'idéologie productiviste.

Une écologie qui serait le moteur de la croissance (sans que rien ne soit dit du contenu de cette croissance) ne serait pas l'écologie mais une duperie géante qui apparaitra vite aussi vaine que le Grenelle de l'Environnement.

Le propre des leaders politiques est de parler haut et clair au bon moment, c'est-à-dire avant que les évènements ne les contredisent! Toute parole sans humilité est devenue une parole de mensonge. Dire avec assurance ce qu'il faut faire, alors que nous ne savons pas où aller, a quelque chose de ridicule mais surtout de tragique!

Chaque jour des informations nouvelles révèlent une crise de civilisation liée à une dégradation galopante de notre environnement. Jamais encore l'espèce humaine n'avait connu pareille accumulation de risques, risques qui sont là, devant nous, mais pas encore ressentis de façon directe et violente.

Et ne voilà-t-il pas que l'on demande à l'écologie de développer l'activité économique alors que c'est cette économie même -conçue, comme toujours, comme une rentabilité et non un équilibre- qui est à l'origine des perturbations gigantesques qui s'abattent sur la planète!

Oui, le débat est ouvert : il faudra soit choisir la voie de la sobriété soit celle du profit et chacune de ces voies ne conduit pas au même aboutissement. Sobriété et non rigueur; sobriété et non austérité; sobriété et non économies demandées à ceux qui sont en manque.

La chance de la France, aujourd'hui, est que la caricature qui sert de
politique au pays est révélatrice. On ose y dire ce qu'on cache avec habileté ailleurs. Non que le discours des gouvernants actuels soit malhabile mais il est d'un cynisme absolu et annonce, sans vergogne, des réponses données à la crise qui font et feront souffrir, sans partage de l'effort demandé.

L'écologie de la croissance fait partie de cet attirail de formules faites pour masquer les réalités. Ceux qui ont pu, un instant, se laisser séduire par le brio du bonhomme Borloo vont vite déchanter.

Non seulement le débat est ouvert. Le vrai combat politique commence.


www.valeursactuelles.com/public/valeurs-actuelles/html/fr/articles.php?article_id=2226

vendredi 4 avril 2008

Il y a 40 ans, mourait Martin Luther King.

C’est le 4 avril de cette fabuleuse année 1968, celle où la face du monde a failli changer que des fanatiques ont cru pouvoir tuer un rêve en assassinant Martin Luther King, le porte-parole des Noirs. Cinq ans plus tôt, au cours de la plus importante manifestation jamais organisée à Washington, le pasteur King s'était écrié :


«J'ai fait un rêve qu'un jour,
Les fils des anciens esclaves
Et les fils des anciens propriétaires d'esclaves

Pourront s'asseoir ensemble à la table de la fraternité (...)

J'ai fait un rêve
Que mes enfants habiteront un jour une nation
Où ils seront jugés
Non pas par la couleur de leur peau,
Mais par le contenu de leur caractère
(...).

le 14 octobre1964, il devient le plus jeune de tous les Prix Nobel de la Paix.

Le mercredi 3 avril 1968, dans la nuit, des tempêtes balayaient les États de l’Arkansas, du Kentucky, du Tennessee, détruisant des maisons, arrachant des arbres, des lignes de haute tension. Le Tennessee justement où Martin Luther King était arrivé le matin même. Dans cette nuit d’apocalypse, le Révérend King prononça, au temple Mason, son dernier discours, sûrement l’un des plus prophétiques. Il se terminait ainsi :

« Eh bien, je ne sais pas ce qui va arriver maintenant.
Nous avons devant nous des journées difficiles.
Mais peu m'importe ce qui va m'arriver maintenant,
Car je suis allé jusqu'au sommet de la montagne.
Je ne m'inquiète plus.
Comme tout le monde, j’aimerais vivre longtemps.
La longévité a son prix.
Mais je ne m'en soucie guère maintenant.
Je veux simplement que la volonté de Dieu soit faite.
Et il m’a permis d’escalader la montagne et j’ai regardé au loin
Et j’ai vu la Terre promise.
Il se peut que je n'y pénètre pas avec vous.
Mais je veux que vous sachiez, ce soir,
Que notre peuple atteindra la Terre promise.
C’est pourquoi je suis heureux ce soir.
Je ne m’inquiète de rien,
Je ne crains aucun homme.
Mes yeux ont vu la gloire de la venue du Seigneur ! »

Le lendemain, au « Motel Lorraine » à Memphis, Tennessee, vers 18 heures, Martin Luther King tombait, la gorge trouée …

Si Barack Obama devait devenir président des États Unis, à qui le devrait-il?
Il y a 40 ans, la perspective d'un Noir président ressemblait au mieux à un gag, au pire à un sacrilège...

Martin Luther King est mort quand à son combat pour les droits civiques s'est ajouté la dénonciation de la guerre du Vietnam et la lutte contre la pauvreté. À Memphis, il était venu soutenir les éboueurs!

La force de la non-violence tient à ce qu'elle ne se satisfait de rien, pas même de ses succès. Elle veut la perpétuelle avancée de la justice et affronte le pouvoir des violents.

Aujourd'hui un immense chemin à été parcouru mais celui qui reste à faire est plus long et plus difficile encore : passer de l'égalité formelle, légale, entre Blancs et Noirs, à l'égalité réelle, économique et sociale. On est loin aux USA et ailleurs. En 1968, en France, Dany Cohn-Bendit lançait : "nous sommes tous des Juifs allemands". Qui dira, en 2008, au nom de tous les peuples exploités, aliénés, dominés, humiliés, toujours plus nombreux, au Tibet comme ailleurs : "nous sommes tous des Noirs assassinés et nous voulons passer du rêve à la réalité"?


jeudi 3 avril 2008

Rigueur ou sobriété ?

On nous l'a chanté :
Les mots font mal, les mots... (Guy Béart)





On fera des économies.
Sans rigueur, dit-on.
La rigueur, ça ne s'avoue pas.
Et la sobriété, c'est ringard.
Faire des économies,
C'est bon pour l'économie.
Mais qui économise?
Qui paiera ce qu'on ne paiera plus?

La réduction des dépenses publiques?
Voilà du sérieux.

Ralentir le train de l'État?
Voilà du populaire.
L'ennui, c'est que ce n'est pas crédible.
Le train de l'état ne ralentit pas!

L'ennui, c'est que ce n'est pas crédible.
Les dépenses publiques sont... les nôtres!

L'ennui, c'est que ce n'est pas crédible.
L'économie des uns enrichissent les autres!
L'ennui, c'est que ce n'est pas crédible.
La réduction des dépenses privées : ce n'est pas n'est prévu.
L'ennui, c'est que ce n'est pas crédible.
L'effort demandé n'est jamais partagé.
L'ennui, c'est que ce n'est pas crédible.
Cette rigueur qui n'a pas de nom, c'est l'injustice.
L'ennui, c'est que ce n'est pas crédible.
Rigueur ou économies pour toi, profit pour moi...

L'ennui, c'est que ce n'est pas crédible.
Vivre tous plus simplement, modestement...
... Mais agréablement!
De cet effort, il ne sera pas question.



mercredi 2 avril 2008

L'argent n'a pas d'odeur et l'or pas de couleur





Que l'or soit noir, bleu, blanc, jaune, ou vert, on s'en fout du moment que c'est de l'or.


Le pétrole. Or noir. Hubert Reeves rappelle qu'on en a consommé la moitié des réserves en un siècle. Qu'importe. Investissez sous le pôle Nord. Il devient accessible.

L'eau. Or bleu. On manque d'eau potable sur cette Terre. Qu'importe. Investissez chez Véolia. C'est l'entreprise française qui va nous arranger ça.

La neige. Or blanc. On urbanise la montagne pour accueillir les touristes et les faire cracher quatre mois par an. Qu'importe. Investissez dans les canons à neige qui nous protègent du réchauffement durable, pardon du développement climatique. Bref, vous avez compris.

L'or-métal. L'or jaune. Le vrai. Le dur. Le durable. Le métal des rois et le roi des métaux. Son prix grimpe? Qu'importe. Investissez dans le lingot ou les napoléons. Un Napoléon, c'est un étalon. Il peut sauter haut et n'importe quoi. Sans risque.

Le bio. L'or vert. Le vivant transformé en or. Mieux que Midas! On peut faire de l'or avec du bois, de l'huile ou du vent. Et tuer toute biodiversité. Qu'importe. C'est l'avenir. Investissez dans tout ce qui ne produit pas d'effet de serre. Le nucléaire, par exemple. Oui, parfaitement le nucléaire, c'est de l'or vert.

D'ailleurs
Le Monde de ce jour vous le dit : "Or vert : l'environnement, un investissement rentable"... Ah, j'oubliais...

Le sang. L'or rouge. Pourquoi oublier cet autre investissement? Parce que ça fait Dracula? Parce que le sang contaminé, ça ne paie plus? Et les organes? Et tout ce qu'on peut arracher au corps humain de rentable? Ne soyez pas ringard. Soyez de votre temps. Investissez dans ce qui rapporte.

Et foin des hontes ou remords. Ce qui est rentable vous absout.

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