dimanche 21 août 2011

Feu et contrefeu : vers la perte de toute dignité

Un feu, c'est bien connu fait de la fumée... On nous enfume donc. Ici, l'on nous sort le dossier médical qui confirme le viol. Là – cela ne pouvait rester sans réplique ! – on prétend que Mme Diallo « ne pense qu'à l'argent » et que son avocat négocie avec ceux de DSK...


Une femme de toute façon blessée dans sa dignité

Dans la procédure américaine, l'affaire Dominici se serait soldée par un acquittement. En France, constatée par un vote majoritaire (parfois..., un peu influencée par le Président du Tribunal), « l'intime conviction des jurés » suffit à envoyer quelqu'un en prison ; hier : à la guillotine ! Aux USA, on ne peut condamner, au pénal, qu'à la condition que le jury, unanime, puisse décider « sans aucun doute raisonnable ». En gros, en France on peut être condamné, sans être coupable, alors qu'aux USA on peut être acquitté tout en étant coupable. Le pire n'est pas au-delà de l'Atlantique...

Cependant, le risque est grand de voir un acquitté se présenter comme innocent alors qu'en France, c'est la présomption d'innocence qui joue (ou devrait jouer), tandis qu'aux USA, c'est la prudence libérale (au bon sens du mot) qui conduit à conclure que rien ne peut être décidé s'il y a « l'ombre d'un doute ».

Il se peut donc que, dans les jours à venir, DSK se retrouve blanchi sans être blanc comme neige. Il se peut aussi que ce soit l'intérêt des deux parties de rechercher une « sortie honorable » (elle ne le serait, pourtant, qu'en apparence !) qui permette de dire, : « OK, il y a eu relation sexuelle; d'un côté on l'affirme consentie ; de l'autre on l'affirme violente ; on ne sait où est la vérité ; pour ne pas nuire totalement à la victime, éventuelle ou réelle, jetée sous les feux des médias, on lui accorde une indemnisation avec l'accord de ceux qui nient toute contrainte faite à l'intéressée. »

La vérité n'en sortira pas grandie, mais a-t-on besoin de la divulgation de cette vérité ? Faut-il faire de l'opinion mondiale un gigantesque jury ? Pour beaucoup, DSK est soit un délinquant soit un délirant sexuel et sa culpabilité à défaut d'être certaine est hautement probable. Pour tous les autres, qu'il se soit agi d'un piège politique pour se débarrasser de DSK, ou qu'il s'agisse d'une opération destinée à récupérer de l'argent sur le dos d'un riche, on a transformé une faiblesse passagère et « très humaine » dans la logique machiste, en un crime.

Le comble serait que DSK, de retour en France, reprenne ses activités politiques comme si de rien n'était ! C'est, évidemment, difficile à imaginer tant le traumatisme a dû être grand, mais ce retour à la lumière pourrait aussi déclencher un vif sentiment de revanche et une occasion de régler des comptes. Ce n'est pourtant pas l'hypothèse la plus probable.

Payer, sous la pression de la justice, « la femme de chambre » comme disent les médias (Monsieur Strauss-Kahn est toujours, lui, l'ex « Directeur du FMI ») laissera des traces et, juste ou pas, ce sera l'aveu d'une culpabilité, légère ou grave, mais ineffaçable. Si le Procureur de New-York, Cyrus Vance, lève, mardi 23 août, ce qui n'est pas encore certain, quoi qu'annoncent les journaux, tous les chefs d'accusation qui pèsent encore sur DSK, tout ne sera pas réglé et de longues procédures, couteuses, pourront être engagées au civil, une fois écartée la question pénale. Aux USA, les procédures pénale et civile sont indépendantes. Dans cette logique, on peut ne pas être criminel en restant « partiellement » coupable et astreint à une très lourde indemnité.

Telle est la complexité et l'ambiguïté de la situation. Pourtant le fond est ailleurs : tout n'a pu être inventé par Mme Diallo, menteuse ou pas, qui n'est pas "la femme d'en bas", qu'on a sortie de l'anonymat, mais une femme de service, parmi des millions d'autres, qui a droit au respect ni plus ni moins que quiconque, fut-il, à tort, en la circonstance, considéré comme un "homme d'en haut" ! La chose est acquise. Et nous, citoyens français devront, tôt ou tard, savoir si celui que beaucoup d'entre nous (et toute la machine électorale d'un grand parti politique) s'apprêtaient à conduire aux portes de l'Élysée, était incapable d'exercer des fonctions qui réclament (en principe !) plus que de l'intelligence. De la dignité.


La dignité : c'est ce qui inspire le respect


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