mercredi 6 août 2008

Une blessure de la civilisation jamais guérie



Hiroshima et Nagasaki, 1945
Statue du parc de la paix à Nagasaki.

6 août 1945 : le jour anniversaire de l'effacement d'une ville entière, Hiroshima, sous le feu nucléaire. Et, comme si ce crime d'État, car c'en est un, n'avait pas suffi, trois jours plus tard, à Nagasaki, on a recommencé pour être sûr de briser toute résistance nippone.

Nous n'en sommes jamais sortis. La Bombe, bien qu'elle n'ait pas été réutilisée, depuis 63 ans, n'en reste pas moins une épouvantable épée de Damoclès au-dessus de nos têtes et, s'il s'en fallut de peu, en 1962, qu'elle ravage le monde, elle reste présente dans les arsenaux et risque de devenir l'arme terroriste géante, au XXIe siècle.

On ne peut vivre vraiment, vivre ce qui s'appelle vivre, sous cette menace! Rien de ce qu'écrivit Camus après l'explosion n'est devenu invalide! Les Jeûneurs qui, à Paris, cette année, comme ils l'avaient fait à Taverny, auparavant, qui disent, chaque année, un non radical à cette inversion de la civilisation, ont raison. Fussent-ils dix. Seraient-ils deux...

"On nous apprend, écrivait Albert Camus, au milieu d'une foule de commentaires enthousiastes que n'importe quelle ville d'importance moyenne peut être totalement rasée par une bombe de la grosseur d'un ballon de football. Des journaux américains, anglais et français se répandent en dissertations élégantes sur l'avenir, le passé, les inventeurs, le coût, la vocation pacifique et les effets guerriers, les conséquences politiques et même le caractère indépendant de la bombe atomique. Nous nous résumerons en une phrase : la civilisation mécanique vient de parvenir à son dernier degré de sauvagerie. /.../

Qu'on nous entende bien. Si les Japonais capitulent après la destruction d'Hiroshima et par l'effet de l'intimidation, nous nous en réjouirons. Mais nous nous refusons à tirer d'une aussi grave nouvelle autre chose que la décision de plaider plus énergiquement encore en faveur d'une véritable société internationale, où les grandes puissances n'auront pas de droits supérieurs aux petites et aux moyennes nations, où la guerre, fléau devenu définitif par le seul effet de l'intelligence humaine, ne dépendra plus des appétits ou des doctrines de tel ou tel État."

Extrait de l'éditorial du journal Combat, le 8 août 1945 à relire, en entier, à l'adresse ci-dessous.

http://www.matisse.lettres.free.fr/artdeblamer/tcombat.htm

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