mardi 31 août 2010

Que votre oui soit oui et votre non soit non

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L'Église et l'État en bonne entente...

Fin de la polémique. "Monsignore" Vingt-trois, président de la conférence épiscopale, n'a pas mis de l'huile sur l'Hortefeu, mais dans les rouages entre l'État et la Sainte Église.

Les évêques de Belfort, Toulouse, Versailles ont clairement manifesté leur solidarité avec les Rroms, mais aussi ceux de Clermont-Ferrand, de Nantes ou de Vannes.

Selon un sondage de la Croix, les catholiques ne suivent pas. Une majorité d'entre eux estiment que l'Église n'a pas à s'impliquer ainsi (est-ce par sensibilité laïque ?). Une majorité approuve aussi l'expulsion des Rroms vers la Roumanie !

http://www.la-croix.com/Signe-de-contradiction/editoAlaUne/2437073/15291

Une grave question est posée : les exigences de la conscience chrétienne doivent-elles rester confinées dans la sphère privée ? À en croire les évêques, ce n'est plus tout à fait sûr...

L'évêque de Belfort-Montbéliard, Mgr Claude Schockert, a annoncé que l'Eglise allait « s'opposer au cours des prochaines semaines aux décrets de la loi Besson» sur la déchéance de nationalité, jugés «trop durs», dans un entretien au Parisien/Aujourd'hui en France. «Les catholiques ont changé, ils ne veulent pas rester silencieux quand une décision publique heurte leur conscience chrétienne» et «le temps où l'on restait dans nos églises uniquement pour parler du cultuel est révolu», prévient-il.

http://www.leparisien.fr/flash-actualite-politique/roms-l-eglise-va-s-opposer-aux-decrets-besson-annonce-l-eveque-de-belfort-montbeliard-31-08-2010-1049281.php

Devant quelque 4 000 personnes rassemblées en la basilique de Lourdes, Mgr Robert Le Gall a lu, durant son homélie, la lettre rédigée en août 1942 par son prédécesseur, Monseigneur Jules-Géraud Saliège, appelant à protéger les Juifs. "Ils font partie du genre humain. Ils sont nos Frères comme tant d'autres. Un chrétien ne peut l'oublier", disait notamment cette lettre dont il avait ordonné la lecture publique. "Les Roms sont nos frères comme tant d'autres", a répété Monseigneur Le Gall à Lourdes. "En août 2010, en France, des campements de Roms sont démantelés et des expulsions soi-disant volontaires du territoire français sont largement médiatisées", a-t-il ajouté. "Avec le pape Benoit XVI, nous souhaitons rappeler les catholiques de notre diocèse et tout homme de bonne volonté à 'l'accueil des hommes de toutes origines" et à la "fraternité universelle". Dimanche dernier, le souverain pontife, s'exprimant en français, avait appelé les pèlerins à "savoir accueillir les légitimes diversités humaines".

http://www.lepoint.fr/l-archeveque-de-toulouse-dresse-un-parallele-entre-roms-et-juifs-27-08-2010-1229596_19.php

Une soixantaine de Roms menacés d'expulsion, installés depuis trois ans dans la plaine de Triel-sur-Seine (Yvelines), ont reçu samedi le soutien de Mgr Eric Aumonier, évêque de Versailles, venu visiter leur camp. L'homme d'église a parcouru les allées du camp situé au milieu des champs avant de s'entretenir plusieurs minutes dans une grande caravane avec une partie de la communauté. "Je suis venu aujourd'hui comme un frère", a-t-il déclaré à l'issue de l'entretien."J'ai appris que ces gens ont peur, qu'il existe une grande solidarité entre eux. Je souhaite qu'ils soient écoutés", a-t-il ajouté. Il a évoqué "la grande précarité" à laquelle la soixantaine de Roms, dont une majorité d'enfants nés en France, sont confrontés, vivant sans eau courante ni électricité.

http://www.liberation.fr/societe/0101654651-l-eveque-de-versailles-visite-un-camp-de-roms

L'évêque du Puy en Velay, Mgr Brincard, avec beaucoup de prudence, n'en affirme pas moins : l'Église refuse énergiquement qu'un homme dise à son frère en humanité : "Tu es homme à partir du moment où je le décide".

http://www.hauteloireinfos.fr/Roms--L-interview-de-Mgr-Brincard-Eveque-du-Puy-en-Velay--a1567-information-haute-loire.html

Un événement historique est-il en train de se produire ? L'Église est moins solidaire du pouvoir, bien qu'il soit à droite. Car ne nous y trompons pas, l'institution ecclésiale ne peut exister que si elle temporise et passe un contrat de non belligérance avec les pouvoirs publics, elle qui fait partie des Corps constitués et des autorités religieuses. Les Roms auront, bien involontairement, obligé les chrétiens à se rappeler que "la loi est au service de la personne humaine", autrement dit que l'État ne détermine pas seul la politique face à la conscience des citoyens.

Pour moi qui n'ait "cure" des curés, des mitres, des crosses, des chasubles, des encensoirs et des déguisements ou autres pitreries sacerdotales, mais qui prend très au sérieux la parole évangélique qui assure l'égalité totale des hommes, frères, non de cœur mais par nature universelle, je me réjouis que les pauvres fassent sortir les hiérarques des bois de leurs sacristies. Mais quelque chose me dit que ça ne fait que commencer...

http://d-d.natanson.pagesperso-orange.fr/trinagle-tzigane.jpghttps://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhTG-dDW4QUnuREzG1oinrr8VEdAztApVFb63OV-ixg_shUsB7XS4WQFZFpjVhyphenhyphenH_S3PZY6oNPBu1HyPFbIHQh1LFvUuv8ejw1fKRhbor4x5m-_agv_jt9TYk4kwdXnJON7yaWnChtoAF0/s1600/france1944.jpg
Que jamais on ne revoit ça : le triangle brun et la mise en camps des Rroms ou Tsiganes !

samedi 28 août 2010

Résilience et résistance

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La résilience, dit le Robert, est "la capacité à vivre, à se développer, en surmontant les chocs traumatiques, l'adversité". La résistance, toujours selon le même dictionnaire, serait "l'action par laquelle on essaie de rendre sans effet une action dirigée contre soi".

Il y a, bien entendu, un lien entre ces mots : résilience et résistance. Dans les deux cas, on ne se laisse pas faire ! La résilience est une façon de continuer à vivre, à suivre son chemin, quels que soient les obstacles. La résistance est dans toute opposition à une contrainte subie.

La résilience prend tout le temps de la vie. La résistance prélève du temps sur nos vies.

La résilience est non-violente, mais inflexible. C'est une résistance que pas même la mort ne réussit à briser quand elle concerne tout un peuple.

La résistance, non-violente ou non, est davantage événementielle. Elle s'élève contre l'injustice. Elle peut devenir résilience quand elle surmonte l'adversité, patiemment, sans rien céder.


La résilience permet de résister à jamais sans jamais donner l'impression de résister ! La résistance est un apprentissage de la juste désobéissance laquelle est un acte citoyen et les résistants sont donc des acteurs politiques qui cherchent à changer la société.

Ce qui se passe, actuellement, en France, est un révélateur de ce refus de se laisser contester par les mendiants, les moins que rien, les "sans", bref les misérables comme l'écrivait Hugo. Et l'on sait qu'en langue française "misérable" s'entend plus comme scélérat que comme indigent !

Les Rroms vivent dans une forme de résilience. Ils ont la fragilité des roseaux. Ils plient mais ne rompent pas. Ils sont "apolitiques" si l'on considère qu'ils traversent l'histoire sans chercher à la changer, mais, de fait, ils la changent et c'est bien pourquoi tout pouvoir les exècre. Et, en cela, par ce qu'ils sont plus que par ce qu'ils font, ils interpellent la société tout entière et ils changent la politique elle-même...

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Gavroche, dont la faiblesse, liée à son indocilité, fait la force.


mardi 24 août 2010

De la légitimité du vol.

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Saint ou pas, Thomas d'Aquin est un délinquant, sans doute un Rom ! Lisez plutôt !

En effet rien de ce qui est de droit humain ne saurait déroger à ce qui est de droit naturel ou de droit divin. Or selon l’ordre naturel institué par la divine providence, les réalités inférieures sont subordonnées à l’homme, afin qu’il les utilise pour subvenir à ses besoins. Il en résulte que le partage des biens et leur appropriation selon le droit humain ne suppriment pas la nécessité pour les hommes d’user de ces biens en vue des besoins de tous. Dès lors, les biens que certains possèdent en surabondance sont destinés, par le droit naturel, à secourir les pauvres. C’est pourquoi saint Ambroise écrit : « Le pain que tu gardes appartient à ceux qui ont faim, les vêtements que tu caches appartiennent à ceux qui sont nus et l’argent que tu enfouis est le rachat et la délivrance des malheureux. » Or le nombre de ceux qui sont dans le besoin est si grand qu’on ne peut pas les secourir tous avec les mêmes ressources, mais chacun a la libre disposition de ses biens pour secourir les malheureux. Et, même en cas de nécessité évidente et urgente, où il faut manifestement prendre ce qui est sous la main pour subvenir à un besoin vital, par exemple quand on se trouve en danger et qu’on ne peut pas faire autrement, il est légitime d’utiliser le bien d’autrui pour subvenir à ses propres besoins ; on peut le prendre, ouvertement ou en cachette, sans pour autant commettre réellement un vol ou un larcin.

Secunda secundae: la morale particulière. Question 66 : Le vol et la rapine

http://philosophos.free.fr/spip.php?article305

Thomas d'Aquin (né vers 1225 à Aquin, près de Naples, en Italie du Sud, mort le 7 mars 1274 à l'abbaye de Fossanova près de Priverno dans le Latium) et enterré à Toulouse, est un théologien philosophe italien, membre de l'ordre dominicain. Considéré comme l'un des principaux maîtres de la philosophie scolastique et de la théologie catholique, auteur d'une Somme de théologie, il a été proclamé docteur de l'Église en 1567 et « Docteur commun » en 1880. Appelé le « Docteur angélique » par l'Église catholique, il est considéré comme le patron des universités, des écoles et des académies catholiques.

lundi 23 août 2010

La politique impossible

Ce qui doit être fait ne sera pas fait. Dans le contexte actuel, les changements indispensables ne viendront pas de l'intérieur. Qu'on puisse, fort tranquillement, dans le journal Libération, titrer que, selon un sondage, pour n'avoir plus Sarkozy, les Français voteraient volontiers Strauss-Kahn, laisse pantois ! La politique politicienne nous éloigne de la politique nécessaire.

Ce que l'on présente comme nécessaire est, du reste, ce qu'il faudrait écarter, à commencer par la réforme des retraites. En réalité, la doxa l'emporte, le formatage médiatique fonctionne et, même hors des sphères gouvernementales, toute politique sociale est présentée comme impossible, car trop coûteuse. Or, ce qui sera fort couteux, sous peu, c'est le renoncement, de fait, à une politique sociale.


Viens, tôt où tard le temps où le gros ne peut plus manger les petits

Les Français le pressentent : s'ils souhaitent, en 2012, la victoire de la gauche, ils doutent qu'elle puisse faire mieux que la droite. Comprendre : il n'est plus de gauche puisqu'il n'est pas de politique de gauche qui soit, actuellement, possible.

Et pourquoi, diantre ? Parce qu'il est inscrit au fer rouge, dans notre chair, qu'il n'est pas de juste répartition des richesses possible sans augmentation de ces richesses. Leur partage, en l'état de l'économie occidentale, semble irréalisable. Nous sommes convaincus, sans oser le dire, que toute politique passe sous les fourches Caudines des possédants et aucune force politique n'est en mesure de modifier cette situation historique permanente. Aucune politique de gauche n'a encore été pérenne.

Dans un rapport capital/travail où les syndicats ont pour rôle de tempérer la domination des entreprises, rien ne peut changer, en effet. Dans un rapport riches/pauvres où quelques fortunes privées peuvent égaler celles de nombre d'États, rien ne peut changer, en effet. Rendre possible la politique impossible est une utopie de belle taille mais, sans doute, un pari d'autant plus utile à tenter qu'il est impossible que les politiques "possibles" réussissent.

L'échec des politiques, toutes inspirées par l'occident, est patent. Ceux-là mêmes qui ont les yeux rivés sur la croissance et le CAC 40, sont amenés à présenter l'austérité comme indispensable. L'austérité pour la masse des gens modestes, bien sûr ! On connait la rengaine. La préservation des profits supposerait toujours plus de compression de "la masse salariale", donc de chômage, donc de perte du pouvoir d'achat, donc de consommation, mais donc, aussi, de... production. Avec ses propres idées, le libéralisme annonce sa propre fin. Le capitalisme n'offre, comme possibilité de politiques économiques, que des politiques impossibles.

Politique impossible contre politiques impossibles : les États tournent en rond et ceux qui les dirigent, ou bien ne savent où ils vont, ou bien ne vont que là où se trouvent les chances d'une perpétuation (qu'ils savent pourtant temporaire) de leur pouvoir. C'est court ! Obama ne peut rien, en dépit de ses immenses pouvoirs présidentiels, face à des exigences économiques qui ne sauraient être remises en cause et qui laminent l'économie américaine autant que celle du reste du monde. Le monde... Quel monde ? L'antienne altermondialiste ("Un autre monde est possible"), bute sur la montagne d'obstacles que les maîtres de ce monde élève devant quiconque s'essaierait à mettre un tel slogan en actes.


La Terre n'est pas un citron qu'on presse

Pourtant, la politique impossible, celle où les hommes vivraient, tous, simplement pour que, simplement, tous les hommes vivent, pourrait bien devenir la seule possible. La volonté politique n'en serait pas à l'origine, mais pourrait finir par l'accompagner. Car, à cela, il y a une cause majeure et suffisante : nous détruisons plus que nous ne produisons, ne récoltons et ne consommons ! Ou bien nous supprimerons une partie de l'humanité (ce qui conduit au génocide par une euthanasie géante et monstrueuse) ou bien nous devrons entrer dans cette politique du partage jamais vraiment essayée. La 'journée du dépassement" (le 20 août, en 2010) nous sert de mesure : nous vivons dans une économie de l'impossible. Il est plus que temps d'oser la politique impossible qui ne se limite pas à la décroissance et qui donne droit à chaque vivant de vivre.

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À quoi bon, sinon, d'être...





vendredi 20 août 2010

Dosta !




Dosta ! Assez !

La chasse aux Roms a pris des proportions auxquelles nul ne songeait !

Quel compte Nicolas Sarkozy a-t-il à régler avec cette population ? Lui rappelle-t-elle un double passé familial ? Il est, certes, en Hongrie, des Sarkösi. Il est même des Tsiganes qui portent ce nom. Quant à Cécilia, ex-Sarkozy, née Ciganer, elle a, sans doute, des liens avec ces Tsiganes honnis. Ce ne serait pas la première fois que la politique aurait à voir avec des considérations personnelles...

Le Canard enchainé, 18 août 2010

Mais pourquoi fait-on une fixation sur ces Européens ? Pourquoi mélange-t-on les Voyageurs français (cessons d'appeler "gens du voyage", les Manush, les Gitans et autres Yénish !) avec les Rroms de Roumanie, ou de Bulgarie, qui ne connaissent les caravanes que pour s'y abriter, dans des campements, en les regroupant en bidonvilles !

Il y a un mystère dans cette folie furieuse qui s'abat sur une population qui n'est pas faite que de saints, mais qui n'est pas plus délinquante qu'une autre ! Au reste, les Roms étrangers, peu nombreux, n'ont guère de moyens de défense. On les chasse. Ils reviendront.

Quant aux "Roms de France", qui ne veulent surtout pas qu'on les nomme Roms, ils ont une si grande expérience des malfaisances des gadjé, qu'ils sauront traverser cette sombre période. Au passage, ils vont démontrer leur capacité de résistance...

Comme souvent, hélas, à quelque chose malheur est bon ! Nicolas Sarkozy, par ses excès et ses provocations, aura eu le mérite de mettre en évidence des questions mises sous l'éteignoir. Jamais on aura tant parlé des Roms et "gens du voyage". Jamais, donc, on n'aura eu une telle occasion de faire connaître un peuple auquel, depuis des siècles, il est refusé d'être ce qu'il est mais qui, en dépit des pires persécutions, n'a pas disparu et ne disparaitra pas.

Les Tsiganes, Roms, Manouches, Gitans..., quel que soit le nom qui leur est donné (1), sont des compatriotes européens avec lesquels il nous faudra vivre, non en les "intégrant", non en les pourchassant, non en les expulsant, -ce qui reste sans effet- mais en les re-connaissant !

Dosta (2) !


Fanny Ardant, marraine de la campagne Dosta

(1) Voir le glossaire établi par le Conseil de l'Europe : www.coe.int/t/dg4/linguistic/Source/Roma_Glossaire_FR.doc

(2) http://www.dosta.org/fr

Fanny Ardant a été reçue le 24 juin à Strasbourg par l’assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe, c’est-à-dire par les représentants de 47 pays qui tous, ou presque, comptent des Roms dans leur population. On estime que cette communauté compte 10 à 12 millions de personnes en Europe. Dans son film, dont le titre est tiré d'un sonnet, "Bohémiens en Voyage" extrait des “Fleurs du mal”, de Charles Baudelaire, Fanny Ardant joue une institutrice qui quitte son école pour enseigner la musique aux jeunes Tsiganes.

Le Conseil de l’Europe soutient les Roms depuis 20 ans, sans grand résultats. Partout, pourtant, ils pâtissent toujours de préjugés tenaces, de discrimination, voire de violences. On ne les voit jamais sur la scène politique. L’assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe invite donc les 47 à s’occuper sérieusement de cette minorité, de son éducation, de sa santé, de ses conditions de logement, bref de tout ce qui pourra lui assurer une vie décente et conforme aux standards européens.


dimanche 15 août 2010

15 août : Marie entre traditions et religiosité

C'est le 15 août : jour de l'Assomption. Le culte de la Vierge sera partout exalté en pays chrétien. Mais de qui parle-t-on ? De "la Vierge" ou de Marie, mère de Jésus ? L'une est mythique, l'autre est, sinon historique, du moins un personnage évangélique essentiel à la compréhension de l'apport du Christ à l'histoire humaine.

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Elle aime. Le reste est bavardages.

Avec Marie, on passe du merveilleux au réel le plus cru. J'ai plusieurs fois insisté sur le Magnificat, trop ignoré des "fidèles" et des pontifes, sans doute parce que ce message est non seulement révolutionnaire mais, dans la culture et le langage des Évangiles, un véritable hymne à l'insoumission.

En deux vers, tout est dit :
Il a renversé les puissants de leur trône et élevé les humbles.
Il a comblé de biens les affamés et renvoyé les riches les mains vides.

Mais quel est donc ce Seigneur capable de briser la superbe des maîtres et de donner toute leur place aux pauvres, qui non seulement satisferait les besoins vitaux des privés de tout, mais chasserait les nantis en les laissant, à leur tour, sans richesse aucune ? Est-ce bien le Dieu Tout-puissant de l'Ancien Testament qui peut abattre le pouvoir des usurpateurs humains ayant confisqué le pouvoir divin, ou le Prince des Petits qui se dresse contre l'injustice des riches ? Est-ce l'un et l'autre, qui sont superposés dans l'imaginaire d'une jeune femme révoltée par le malheur des humbles ?

Je ne sais dire. Je suis ignorant de ces choses. Mais ce que je sais c'est que Marie a porté, annoncé, celui qui va refuser le pouvoir, l'argent et la force, celui qui n'entrera pas dans le monde du sceptre, de l'écu et de l'épée, celui qui vaincra les Trois Tentations : celle de la transformation illusoire des pierres en pain, celle de l'empire mensonger sur les esprits par le miracle et celle de la domination totale sur les royaumes par la fourberie et la violence.

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Qui promet de changer les pierres en pains est le même qui prive les hommes de pain

Ce que je sais, c'est que c'est une femme qui affirme une autre humanité : celle des humbles, des pauvres et des doux. Pas celle des résignés, des esclaves et des mous, non ! Celle de de la féminité de l'humanité qui suppose de regarder l'autre comme égal, sans peur et sans domination.

Folie pour les hommes ! Seule espérance pourtant que celle qui ne fait pas de son prochain un rival mais un frère. Marie est tendresse et point mollesse, résistance et non obéissance.

Ce n'est pas ce qu'enseignent les catéchismes, ce que montrent les tristes images pieuses ? Et alors ? Marie mérite mieux que des louanges fadasses. Elle inspire ceux qui ne s'agenouilleront jamais devant les détenteurs des monnaies, des armes et des lois. Vierge, elle ne le fut pas, mais elle fut pure de toute pensée aliénatrice.

Cette femme-là, qui lutte contre l'impitoyable, est, oui, mère de l'humanité véritable.


samedi 14 août 2010

De la norme et du relatif

Là où il y a norme, il y a culture. Là où il y a culture, il y a relatif. Si bien que nous sommes constamment en équilibre entre le stable et l'instable. Nous sommes en marche. Sans points d'appui on chute. Sans déplacement, sans échappée à la norme, il y a immobilisme et fin. Si bien que le compromis à rechercher sans cesse est une oscillation entre l'acquis et la remise en questions.



Cette hésitation fructueuse entre la certitude et le doute traverse toute politique digne de ce nom. Le conservatisme est une mort sociale. Les transformismes impatients peuvent conduire au pire et le nazisme autant que le stalinisme ont été des négations du passé et non un dépassement du passé.

Le malheur de l'humanité tient à cet enfermement dans la contradiction apparente entre la norme et le relatif. La norme est à droite. Le relatif est à gauche. Pourtant il est du relatif dans la norme et le relatif cherche de nouvelles normes. La tradition est un fixisme au nom duquel on fait violence à tout ce qui n'est pas dans l'ordre établi. La révolution est un retournement qui change les places ou les acteurs sans changer les rapports de domination. L'histoire nous a informés de tout cela mais il reste à penser une nouvelle histoire.

De toutes les contradictions celle que Max Weber a mis en évidence à propos du monopole de la légitimité de la violence par l'État m'apparait la plus douloureuse. Les violences d'État ont plus détruit de vies que l'ensemble des violences criminelles. Cela est su. Ce qui est moins abordé, hormis dans les milieux anarchistes, c'est que l'État lui-même est une violence. Changer de politique sans changer l'État, c'est s'enfermer dans une norme tabou, un pacte sacré qui rend impossible ce dont le XXIe siècle a besoin : l'autonomie.



L'autonomie jette un pont entre la norme et le relatif. Sans norme l'autonomie est impraticable. Sans relativité, il n'est pas de diversité des choix et des comportements, pas d'autonomie. La quête de la liberté véritable se situe là, entre l'établissement de repères durables (les normes) et la possibilité constante de supprimer des repères ou de les changer de place (le relatif). Le génie des hommes, c'est de disposer de cette culture qui permet de marier le repérable et le modifiable. La plongée dans le temps vécu fait le reste.

Encore un tâtonnement expérimental à effectuer : la vie en société dans l'autonomie maximale ne peut que bouleverser nos pratiques économiques et législatives. Le droit n'est plus droit, c'est-à-dire raide. Il deviendra souple, modifiable, pliable et d'autant plus solide. Telle est la perspective. L'éloge de la folie a été rédigé bien avant que je naisse ! Folie pour folie, utopie pour utopie, si l'on veut que l'homme continue d'être, et d'être un être de culture, il lui faudra bien entrer dans cette folie.



mercredi 11 août 2010

Urgence et compromis

Le compromis demande du temps.
L'urgence exige l'immédiat.



Le compromis est le contraire de l'abandon. C'est la recherche méthodique, patiente, exigeante d'un accord provisoire, d'un point d'équilibre, d'une reconnaissance des accords et désaccords existant entre deux thèses divergentes. C'est le refus du renoncement et l'acceptation de l'adversaire auquel on ne fait aucune concession mais qu'on respecte. C'est une attitude politique s'il en est, mais tout à fait incompatible avec la politique qui se pratique où l'on cherche à tromper, dominer ou réduire l'autre. Le plus célèbre des praticiens politiques du compromis fut, bien sûr, Gandhi.

L'urgence est le contraire de la précipitation. C'est ce que la lucidité fait découvrir : l'actualité d'un danger ou la nécessité d'une action. En politique tout est souvent présenté comme urgent, pour hâter la prise de décision, bien qu'il faille du temps pour satisfaire les plus urgentes des urgences !

Le compromis répète-t-on sans cesse, avec raison, n'est pas une compromission. L'urgence n'est pas dans la hâte mais dans la gravité !

Le compromis s'allie à l'urgence quand on veut obtenir des résultats durables. On ne fait, disait un pédagogue, pousser les fleurs en tirant dessus. Avant d'être un colosse, le chêne est une plantule. L'action humaine s'effectue à un rythme : trop rapide, elle s'effondre ou produit des effets désastreux; trop lente, elle disparait sans laisser de traces. Le bon tempo est déterminant et la gestion écologique du temps est devenue primordiale, ce que ne peuvent appréhender les acteurs qui sont enfermés dans des durées fixes, telles que celles des mandats des élus.

Changer le rythme de l'action publique constitue un enjeu difficile, redoutable et indispensable désormais. C'est au jour le jour qu'on modifie une situation dont on constatera les effets d'ici vingt ans ! Quand nos ancêtres faisaient pousser des arbres pour réaliser des mats de bateaux, non seulement ils attendaient la pousse, mais ils renouvelaient les plantations et, même, ils noyaient les fûts des arbres coupés pour les préparer au travail du charpentier ! Sans considérer l'utilité d'un retour en arrière, il est des enseignements à tirer de la sage lenteur. Paul Virilio, depuis longtemps, analyse les dangers, pour la civilisation, des sociétés dominées par la vitesse.

Hâte toi lentement et tu réussiras mieux que celui qui se jette dans l'action avec le souci de réaliser un profit prochain. L'accélération de nos sociétés techniciennes, devenues technologiques, nuit au monde entier et les avertissements des philosophes, depuis Jacques Ellul jusque André Gorz, parmi bien d'autres, n'y ont rien changé.

Nous sommes dans l'urgence et la multiplication de drames gigantesques, cet été, (notamment en Russie, Pakistan, Chine, Inde, Europe de l'est...) qu'il s'agisse d'incendies, d'inondations ou d'effondrements des sols nous fournit un terrible enseignement : il faut prévoir des dizaines d'années à l'avance les risques auxquels il faut faire face, et s'y préparer, pour les atténuer, voire pour les empêcher.

Le compromis entre les hommes, mais aussi le compromis avec la nature, est l'axe de toute politique intelligente, visant les moyen et long termes. Il ne faudra pas moins qu'une révolution intellectuelle pour en convenir et en tirer les leçons pratiques. Qui ne voit, à la lecture de l'information quotidienne, toute l'urgence de cette pratique du compromis ?


dimanche 8 août 2010

Intransigeance et radicalité

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Il est des penseurs qui confondent leurs certitudes et la vérité.

Pire : il est des philosophes qui pensent juste et interdisent aux autres de chercher la vérité.

Nul n'a jamais raison à 100% et qui approche du vrai peut, par son intransigeance, perdre, d'un seul coup, sa crédibilité.

Celui qui sait est modeste et ne doute pas que se loge, dans ce qu'il affirme, des erreurs qu'il ne voit pas lui-même.

Je crains ceux qui savent et plus encore ceux qui disent que les autres se trompent.

Je ne pense nullement que toutes les opinions se valent pourvu qu'elles soient sincères.

Je ne crois pas davantage qu'il faille taire ses différends.

C'est de l'esprit de la quête de vérité que je voudrais savoir témoigner. Dire à un interlocuteur : "je ne pense pas comme toi" et lui dire "tu te trompes" n'a pas du tout le même sens !

En esprit, dans le premier cas, on oppose une pensée à une autre. Dans le second, on s'oppose à celui dont on ne partage pas les convictions.

Il faut laisser, entre deux thèses, une marge de doute, fut-elle infime, afin de permettre la continuité du dialogue.

Je suis de ceux qui se rebellent quand j'entends dire, fut-ce par mon meilleur ami, qu'il faut choisir entre une assertion et une autre ! Ne suis-je donc pas apte à faire, moi-même, la part entre ce qui est compatible et ce qui ne l'est pas ?

La radicalité commande que l'on ne fasse pas de faux compromis. L'intransigeance exige de se rallier, sauf à passer pour un ignorant ou un lâche.

Je m'élève contre l'intransigeance parce que nous avons besoin de radicalité.

La radicalité va chercher la vérité à la racine, profond, lentement, et sans oublier les mille radicelles que sont toutes les nuances qui nourrissent le tronc de la proposition centrale.

L'intransigeance est voisine de l'intolérance et de l'inquisitoire.

Je veux pouvoir débattre avec celui dont je conteste l'avis sans qu'il puisse jamais voir en moi un ennemi ni même un adversaire ! L'ennemi est celui qui veut ma fin, physique ou intellectuelle. L'adversaire est celui qui s'oppose à moi autant qu'à ce que je dis.

Il suffit qu'on sache que je ne suis sensible qu'à ce qui me convainc, y compris à ce qui me convainc qu'il est des zones faibles dans mes certitudes.

J'ai rencontré, il y a peu, cette redoutable opposition entre celui qui s'exprime avec force et solidité et celui qui résiste à une approbation totale et immédiate.

C'est d'autant plus douloureux que l'on risque de passer pour un mou parce qu'on ne se laisse pas gagner entièrement par une argumentation dont on a approuvé l'essentiel !

Je m'exprimerai sur ce qui me conduit à cette mise au point intellectuelle, mais il m'apparait qu'il ne faut pas se laisser dominer par l'exemple. La question est générale : la nuance n'infirme pas mais conforte la radicalité. La confusion avec la rigidité de pensée est dramatique ! La radicalité est fermeté mais pas dureté. Elle est une clarification progressive et pas un acquiescement simple face aux meilleurs arguments assénés.

À cela je tiens, y compris si, ce disant, je me retrouve écarté de nombre de controverses. Sans souplesse, l'intelligence est toujours lésée.

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