mardi 2 octobre 2007

Le parti des Verts meurt, épuisé.

Depuis hier soir, 1er octobre, je sais qu'à moins d'un bien imprévisible miracle, il me sera impossible, en 2008, par simple honnêteté intellectuelle, de rester membre des Verts.

En renouvelant ma cotisation, en 2007, j'avais considéré que je ne pouvais, de moi-même, en dépit de graves divergences, me retirer du seul parti écologiste existant en France. Même si la formule "parti" me semblait promise à transformation voire à disparition, je ne regrettais ni le temps passé ni l'engagement que j'avais pris depuis une douzaine d'années.

Les mêmes causes produisant les mêmes effets, je vais, ainsi qu'il m'était arrivé, une première fois, après plus de vingt années passées au parti socialiste, me détacher des Verts pour des raisons qui sont, de nouveau, celles pour lesquelles j'avais adhéré! Je m'étais, en effet, éloigné, en 1993, d'un parti dont je pressentais qu'il n'avait plus de socialiste que le nom. Je vais, en 2008, aller vivre ma citoyenneté sans parti après avoir constaté que l'écologie politique n'est plus portée par les Verts, dès lors qu'ils n'ont plus aucun message qui leur soit propre, en tout cas crédible et lisible pour les Français.

Tant qu'il s'agissait de débats d'idées, il m'était possible de tenir ma place au sein d'une organisation disparate, touffue, complexe, riche de sa diversité. Jamais je n'ai regretté ma présence aux journées d'été des Verts. À présent, il s'agit de tout autre chose : les militants Verts qui me sont géographiquement les plus proches, conscients de la maigreur de leurs effectifs et de la faiblesse de leur impact électoral, incapables d'autonomie, vont, dès le premier tour des municipales, sauf rare exception, s'associer au PS ou être absent dans les communes où ils ne comptent pas même un seul adhérent.

Même les trahisons spectaculaires et successives (la dernière étant, paraît-il, selon la presse de ce jour, la prochaine nomination au Conseil Constitutionnel, par le Président de la République, de Michel Charasse, sénateur PS), ne suffisent pas à empêcher les militants Verts de se laisser absorber par un partenaire qui ne veut d'eux que leur petit supplément de voix! Là où se prennent les décisions collectives, dans les communes, au Conseil municipal, les strapontins valent-ils mieux que l'absence de siège, le faire valoir permettant d'élever la voix vaut-il mieux que le silence? Cela reste à démontrer.

Tout est donc fini. J'assiste à un suicide politique. Les Verts se meurent. Au moment où la thématique écologique s'empare de la société, les Verts, impuissants, n'en peuvent tirer... parti. Il va donc falloir un autre outil pour donner aux citoyens les moyens d'affirmer une écologie sans complexe et osant occuper la place qui lui revient à distance de tous les productivismes, de la croissance sacralisée, bref du champ de la domination libérale.

Je ne vais pas partir. Je vais, comme Daniel Zimmermann, mon ami, le disait de sa sortie du parti communiste, "oublier" de reprendre ma cotisation. Mes solidarités locales et amicales sont désormais inopérantes en politique!

Je n'irai plus, dans l'immédiat, participer à aucune assemblée des Verts "officiels". J'y perd plus que mon temps; j'y perds mon énergie intellectuelle et ma créativité politique. Je m'y ennuie. Aucun enthousiasme ne s'y déclenche plus. Ce parti est, d'un coup, devenu vieux, plus vieux que je ne le suis psychologiquement moi-même. Le temps qui me reste à vivre ne peut plus être passé dans cette médiocrité et ce conformisme.

J'ai trop faim de politique pour me laisser enfermer dans l'une de ces deux impasses : ou bien être là où l'on ne sert à rien ou bien n'être là que pour servir de béquille à un PS de plus en plus boîteux. Car, de même qu'on voudrait réduire, désormais, en France, tout le débat politique dans le duel UMP-PS, on va vouloir, commune par commune, monter le chantage suivant : qui n'est pas avec moi est contre moi; si tu n'es pas à l'UMP tu n'es pas à droite; si tu ne soutiens pas le PS, tu n'es pas à gauche. Je ne tomberai pas dans ce piège même si, pour cela, je devais fermer les yeux sur les élections locales prochaines, là où je m'étais tant investi depuis 1977.

Car je pense que rien de neuf ne peut surgir de cette fausse alternative. Les générations nouvelles ne vont pas longtemps se satisfaire de ce jeu vieillot! La chance historique qu'offre le débat sur l'avenir planétaire et la conscientisation écologique des terriens va bousculer la donne. Les écologistes trahissent et se trahissent en n'étant pas d'abord et avant tout au cœur de cette quête d'une autre politique et d'une autre façon de la mener.

En résumé :
- Je reste chez les Verts probablement jusqu'aux municipales et m'exprimerai comme tel.
- Je ne participe cependant plus à la vie de ce parti à moins qu'il ne change d'orientation.
- J'écris et contribue à l'affirmation d'une politique "alterékolo" et populaire.
- Je m'associe à la recherche et à l'action citoyennes locales, antilibérales et hors parti.
- J'affiche un engagement écologique plus déterminé que jamais.

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