dimanche 7 juin 2009

Oui à une Europe européenne



Regardons bien une carte du continent européen. On y voit que l'Europe ne se limite pas à la communauté européenne et, de l'Albanie à la Russie (qui va jusqu'en Asie), en passant par la Suisse, il y a beaucoup d'autres pays, candidats ou pas à une entrée dans l'Union, qui font partie de l'Europe physique. Mais l'Europe politique est-elle inscrite dans cette Europe physique dont il est déjà si difficile de fixer les confins? On a trop oublié que De Gaulle n'était pas aussi anti-européen qu'on l'a prétendu, mais sa conception de l'Europe, qui n'était pas atlantiste, allait plus loin que les incantations! On connait son célèbre propos :
"Bien entendu, on peut sauter sur sa chaise comme un cabri en disant l'Europe ! l'Europe ! l'Europe. Mais cela n'aboutit à rien et cela ne signifie rien." ( Entretien avec Michel Droit du 14 décembre 1965).


De Gaulle et Adenauer.

L’Europe gaulliste se voulait une Europe européenne s’étendant « de l’Atlantique à l’Oural », et n’excluant donc, par principe, ni la Grande-Bretagne ni l'ex bloc soviétique. Elle était largement ouverte à l’adhésion d’États, au-delà des six États fondateurs de la Communauté européenne : « Cette solidarité, faudra-t-elle qu’elle s’enferme dans une sorte de citadelle politique et économique ? demandait De Gaulle? Au contraire ! L’union des Six, une fois réalisée et, à plus forte raison, si elle venait à se compléter d’adhésions et d’associations européennes nouvelles, peut et doit être, vis-à-vis des États-Unis, un partenaire valable en tous domaines, je veux dire puissant et indépendant. » (Conférence de presse, 21 février 1966). « En fait, précisera-t-il dans ses Mémoires, cela nous conduit à /.../ faire en sorte que certains autres, avant tout la Grande-Bretagne, n’entraînent pas l’Occident vers un système atlantique qui serait incompatible avec toute possibilité d’une Europe européenne. » (Mémoires d’Espoir, page 182.). « Mais il n’est pas moins évident que, si les Occidentaux de l’Ancien Monde demeurent subordonnés au Nouveau, jamais l’Europe ne sera européenne et jamais non plus elle ne pourra rassembler ses deux moitiés. » (Mémoires d’Espoir, page 207.)

Il ne m'est pas habituel de citer De Gaulle dont je n'ai jamais été un soutien. Je ne lui rends pas les armes en constatant que l'Europe, en panne en ce jour de scrutin européen, l'est pour la raison qu'avait annoncée De Gaulle :
si les Occidentaux de l’Ancien Monde demeurent subordonnés au Nouveau, jamais l’Europe ne sera européenne. Ce qui, en terme contemporains, signifie que l'Europe libérale, sous influence anglo-saxonne, interdit à l'Europe d'être l'Europe.

Car l'Euro
pe va au-delà de toute limite géographique, fut-elle l'Oural! L'Europe a atteint une autre limite, une limite politique : ou bien elle reste l'Europe des gouvernements et il sera vite constaté qu'il est devenu impensable de l'élargir; ou bien l'Europe cesse d'être une Europe de concertation entre l'administration des États-nations et devient ce qu'elle n'est pas encore, une Europe des citoyens, une Europe fédérale, et elle redevient ouverte aux pays qui attendent de nous rejoindre (notamment ceux des Balkans). Il faut ajouter que cette Europe-là pourrait aussi voir des États refuser de demeurer dans un tel ensemble fédéral. De même, peut-on imaginer voir des pays, situés aux marges de l'Europe physique, entrer dans cette communauté politique nouvelle.



Europe est, selon la mythologie, le nom d'une princesse libanaise enlevée par Zeus, transformé en taureau. La source même de l'Europe, son appellation originale se trouve en-dehors des limites territoriales de ce "cap de l'Asie" qu'est, en réalité, le pseudo continent européen.

Europe, la déesse enlevée par Zeus était phénicienne. La tradition grecque attribue comme père à Europé (en grec ancien, Eurṓpē), Agénor , roi de Tyr. Dans les œuvres d'Homère, Εὐρώπη n'est donc pas un terme géographique. Selon Hérodote, elle fut à l’origine de la dénomination d’un continent que pourtant elle n’abordera pas. En effet, Europé passa d'Asie Mineure en Crète, et de Crète en Lycie. Au IVe siècle après J.-C., le mot Europe désigne l’une des six provinces du diocèse de Thrace, et son territoire correspond approximativement à celui de la Thrace orientale turque actuelle.



Ce jour, 7 juin 2009, va nous ouvrir les yeux, du moins je l'espère. Le scrutin pourrait se trouver marqué par deux évènements : d'une part, le refus de participation à des scrutins européens dont on ne respecte pas les décisions, comme ce fut le cas avec les référendums français et néerlandais (Un article rude, parfois grinçant et ambigu, paru dans l'Itinérant, sous la signature de Rodolphe Clauteaux, analyse impitoyablement cette situation), d'autre part, la montée de la représentation écologique (encore très insuffisante, mais résultant nécessairement de la montée de la prise de conscience des citoyens, devant la montée des périls liés au réchauffement climatique).


Le besoin de démocratie effective et d'une "économie-écologique" enfin dégagée de l'emprise libérale peut commencer à s'exprimer. L'Europe ouverte et européenne sera-t-il le lieu de cette prise de conscience? Je voudrais pouvoir le croire...

Sources :

http://www.gaullisme.net/europe-de-l-atlantique-a-l-oural.htm

http://fr.wikipedia.org/wiki/Europe

http;//litinerant.over-blog.com


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