samedi 2 janvier 2010

L'année utopique

Les intellectuels se réveillent. Les médias les sollicitent. Ils écrivent. Ils parlent. Mais l'écriture et la parole ne suffiront pas à faire changer le monde! Savoir l'urgence et la nécessité du changement ne le déclenchent pas! La rationalité est impuissante face à la désorganisation du savoir. Qui va, enfin, oser dire que c'est l'utopie qui est réaliste?


L'enfance est une utopie réaliste

Hervé Le Treut, qui appartient au GIEC, "cette clique catastrophiste", (selon les vifs critiques, peu crédibles, que sont Claude Allègre et Vincent Courtillot), estime qu'on est "au-delà du pire scénario". Mais il fait partie de ceux qui pensent qu'on peut comprendre pour agir.
http://www.naturavox.fr/video/article/rechauffement-climatique-interview

Beaucoup en doutent et estiment que sans solidarité mondiale, sans altruisme (qui n'est pas la générosité, nécessaire mais insuffisante), sans mutualisation, nous resterons prisonniers de la pensée du court terme. Rien ne changera. Qui ne devient un Homme révolté tel que l'a décrit Albert Camus, qui ne regarde pas loin devant lui, au-delà de lui-même, reste impuissant. Il décrit mais ne modifie rien.

L'intérêt de l'échec de Copenhague est d'avoir révélé que la défense des intérêts du moments paralyse toutes les politiques. Le réalisme n'est plus dans la prise en compte de l'immédiat. C'est l'utopie (ce réalisme qui a de l'avance...) qui peut, seule, sortir l'intelligence de son engourdissement.


L'utopie est une pensée qui s'installe dans le temps.

2010 sera-t-elle l'année utopique, l'année de la mise en œuvres des projets et des rêves considérés, jusqu'ici, comme insensés? Sortir de l'illusion, c'est proclamer l'utopie possible. Pas n'importe quelle utopie, pas la première idée qui passe, pas le fantasme (cette "production de l'imagination par laquelle le moi cherche à échapper à l'emprise de la réalité", dit le dictionnaire Robert) ni la chimère (si on la définit aussi comme une "vaine production de l'imagination")... Non! L'utopie, c'est la préfiguration d'une réalité qui, parce qu'elle n'a pas encore existée, est considérée comme une folie! À certains moments de l'Histoire, il a fallu une utopie pour sortir des impasses politiques ou culturelles : la Renaissance, les Lumières, le Front Populaire font partie des mouvements utopistes qui ont bouleversé la France.


Alors, changeons d'établissement...

Nous ne sortirons que par l'utopie d'une double impasse : celle de la paralysie économique et sociale et celle de l'impuissance politique. Quand rien ne change, alors que tout a changé, on concentre une énergie chargée d'espoir et de violence. Quand on analyse sans proposer, on laisse passer non pas l'utopie mais l'extrémisme et le "tout plutôt que...". Il y a donc urgence! Urgence à faire. L'utopie est dans la conviction que les petites initiatives cumulées sont plus efficaces que les grandes entreprises. L'utopie est dans l'engagement qui s'effectue avant que n'ait été déterminés les buts. L'utopie est dans la confiance vitale, celle d'un enfant, d'un être jeune, pour qui l'avancée humaine n'est pas encore confondue avec l'accumulation des avoirs.

2010, l'année utopique sera dangereuse et merveilleuse. Ceux qui veulent laisser le vieux monde derrière eux ont de quoi faire. Les intellectuels n'ont aucun chemin à montrer mais ils sont indispensables comme accompagnateurs, afin de signaler les fausses pistes. Et si l'utopie ,"le lieu qui n'existe pas", selon Thomas More, existait bel et bien?


Le philosophe ne craint pas l'utopie!

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