mercredi 23 mars 2011

Contre la "discipline républicaine"

La discipline républicaine n'a de républicain que le qualificatif ! Elle impose aux petites formations de se rallier aux grosses par intérêt électoral. Plus, elle fait passer le candidat arrivé en tête au rang de candidat à privilégier absolument, au second... Dans les scrutins à deux tours, circonscription par circonscription, elle vassalise les candidats arrivés avec ne fut-ce qu'une voix de retard. Elle culpabilise ceux qui, s'ils peuvent se maintenir, -avec un seuil de 12,5% des inscrits, il y en a peu, dans les élections cantonales !-, qui, par leur présence, pourraient faire perdre leurs alliés. En clair, le plus souvent, il est exigé que les non socialistes s'alignent sur les socialistes. Ces "partenaires" auront de rares strapontins dont le nombre ne sera, de toute façon, jamais proportionnel à l'influence électorale réelle de la formation sacrifiée.

Impossible, dans les scrutins uninominaux à deux tours, (et les élections cantonales de 2011 en sont un bon exemple !), de faire émerger des élus qui ne soient pas des notables connus ou des représentants des partis dominants (UMP et PS, pour l'essentiel !).

S'agissant des candidats dits "de gauche" l'obligation de l'union est quasi religieuse et ceux qui, dans le passé, affirmaient que l'union est un combat, ont perdu ce combat.

L'Union de la gauche est un terme qui fut utilisé pour désigner en premier lieu une alliance électorale conclue entre le Parti socialiste (PS), le Mouvement des radicaux de gauche (MRG) et le Parti communiste français (PCF), de 1972 à 1977, sur la base du Programme commun de gouvernement.

Le terme d'Union de la Gauche fut réemployé, plus récemment, lors des Élections régionales françaises de 2010 pour désigner les listes constituées par le PS, Europe Écologie et le Front de Gauche pour le second tour afin de faire face aux listes de la Majorité présidentielle.

La majorité plurielle est le nom de l'alliance de partis de la gauche française de 1997 à 2002. Cette alliance correspond au gouvernement de Lionel Jospin. Cette alliance politique a souvent été désignée du vocable de "Gauche plurielle", les Verts étant couramment classés à gauche bien que se considérant eux-mêmes comme un courant de pensée nouveau différent de la droite et de la gauche. La gauche plurielle, avec François Hollande, était devenue "la gauche durable", (sous entendu la gauche qui s'étant élargie aux écologistes atteint un seuil permettant de se maintenir longtemps aux affaires).



On voudrait, à présent, pour 2012, nous refaire le coup de la gauche unie, de la gauche plurielle ou de la gauche durable ! Passe encore pour le parti communiste qui n'a plus d'ambition autre que celle de sauver quelques sièges, mais toute formation qui forme l'espoir de s'élever au niveau du PS ne peut s'enfermer dans cette dynamique ! La gauche unie a permis au PS de dévorer l'électorat PC et de marginaliser l'électorat radical. La gauche plurielle a permis de tenir en laisse les écologistes trop ambitieux... La gauche durable serait celle, réussie, dont avait rêvé Lionel Jospin en installant les élections législatives dans le suite de l'élection présidentielle.

Le Front de gauche, récemment apparu, est travaillé par des ambitions contradictoires ! Son élément communiste cherche toujours à bénéficier de l'élan socialiste en attendant des jours meilleurs ; son élément "parti de gauche", plus impatient, compte récupérer les électeurs que le PS déçoit. Objectivement, la "discipline républicaine" sied au PCF mais n'est qu'une nécessité temporaire et regrettable pour le PG.

Quant aux écologistes, c'est au sein de leur nouvelle famille, Europe-Écologie les Verts, au sigle aussi bizarre que peu attractif (EELV), que git la contradiction : l'alliance avec le PS est recherchée non pas pour maintenir mais gagner de nouveaux sièges (ce qui agace les communistes) mais avec l'espérance, entretenue par certains scrutins régionaux ou européens, de rejoindre, voire dépasser, les scores socialistes... Les scrutins uninominaux leur sont, pour cela, défavorables, tandis que les scrutins proportionnels les propulsent vers des succès qui ne sont pas... durables !



Dans la 5ème République, il est hors de question de faire représenter les divers courants politiques selon leur poids dans l'opinion. La bipolarisation est un argument efficace pour obtenir le respect de la "discipline républicaine", celle qui tue les petites formations avant qu'elles ne s'épanouissent ! Les candidats du Front national, qui ont pu peser presque autant que l'UMP, en mars 2011, n'obtiendront aucun élu, ou très peu ! Au lieu de leur interdire l'accès à la représentation, par interdiction pure et simple, on les laisse s'enferrer dans des campagnes ne débouchant sur rien d'autre que l'affirmation de thèses reprises par une partie de l'UMP afin de récupérer leurs voix !

Cette pratique est injuste et dangereuse. Le piège dans lequel les sarkozistes viennent de tomber le révèle ! Le "siphonnage" des voix lepénistes ne marche plus. Le vote nationaliste, sécuritaire et subtilement xénophobe, est retourné vers le FN. Il correspond à une tendance actuellement croissante en Europe. À vouloir conserver la légitimité républicaine du FN, pour mieux récupérer ses électeurs au second tour, on risque d'encourager non une formation mais une politique à laquelle les Français déçus, désenchantés, voire désespérés, peuvent se rallier par provocation puis par habitude !

La "discipline républicaine" (tous unis face à l'extrême droite) n'est plus acceptée. Ni, à droite, par les électeurs chauffés à blanc par une UMP qui a basculé dans une nouvelle idéologie du type "travail, famille, patrie"; ni à gauche, où les électeurs des organisations qui ne se résignent pas au leadership du PS (PG, EELV, NPA), ne sont plus obéissants aux consignes des appareils.



Le fond de la situation que cette analyse révèle, c'est que "le big one" politique qui peut surgir avant, pendant, ou après l'élection présidentielle de 2012, peut entrainer la fin de la bipolarisation, donc la fin de la Vème République elle-même. Ce dont, pour ce qui me concerne, je ne saurais me plaindre.

Il est temps, en effet, que la République cesse d'être un agencement partisan et redevienne ce qu'elle fut, dès l'origine, et le reste : la res publica, la chose publique, l'intérêt général, le service public, la fin des privilèges, la disparition de la monarchie ou de l'oligarchie. Les événements, parfois cruels, qui, se passent en ce monde, actuellement, en indiquent la nécessité, l'urgence et la possibilité. À chacun de nous le même message est adressé : que la vieille politique "dégage"...


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