samedi 30 juillet 2011

La révolution qui vient...


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Yvan Craipeau (1911 - 2001) écrivit ce livre en... 1957
http://fr.wikipedia.org/wiki/Yvan_Craipeau

Inutile de mettre une majuscule à "la révolution qui vient"... Elle est banale. Elle est inéluctable. Elle sera dure. Elle bouleverse des certitudes installées depuis des siècles. Elle renoue, pourtant, avec "la" Révolution, la grande, celle de la rupture avec la monarchie.

Quand on lit, sur le site de la nébuleuse intellectuelle Terra Nostra que la gauche, pour ré-accéder au pouvoir, devrait s'adapter à un électorat plus diplômé, plus féminisé, moins ouvrier, plus jeune, on assiste à la mise à mort de la politique et, en particulier à la mise à mort de la gauche en tant qu'entité proposant aux citoyens une autre organisation économique et sociale, plus juste et plus accessible aux humbles.

Ces élucubrations ne pèseront plus rien quand surgiront les conséquences d'évolutions encore souterraines mais qui, tel le tremblement de terre ou le tsunami, se gonflent, dans l'ignorance et l'indifférence quasi générales, jusqu'au surgissement d'événements qui modifient, d'un coup, la donne économique et politique.

L'histoire est patiente. Le "grand soir", préparé par les révolutionnaires, n'a plus guère de sens depuis que le changement résulte davantage de transformations planétaires qui modifient les rapports entre les hommes, presque indépendamment de leur volonté ! "La révolution qui vient" n'a plus besoin de révolutionnaires ou, plutôt, ce ne sont plus les révolutionnaires qui engendrent la révolution, mais la révolution qui produit des révolutionnaires.

La révolution arabe n'a pas été voulue par les Arabes, mais les Arabes n'ont pu que l'accompagner quand l'insupportable a atteint un niveau où la mort elle-même ne pouvait être pire que ce que les dictateurs imposaient aux peuples. Cette révolution-là est en marche et bien sot serait celui qui penserait qu'elle est faite, et qu'il suffit d'en dégager les conséquences en Tunisie, en Égypte, en Syrie, en Lybie, ou ailleurs... La tentative occidentale de reprendre la main dans la région proche orientale est vaine. Des peuples ont découvert qu'ils pouvaient non seulement peser sur leur propre destin, mais servir d'exemple au monde entier. On ne reviendra pas en arrière, même si l'on cherchera à masquer les effets profonds d'événements qui perturbent, notamment, les pétroliers, les agences de tourisme et... la politique d''Israël.

La révolution écologique ne résulte pas de l'action politique des écologistes, mais les écologistes disposent des outils d'analyse et d'informations permettant d'éclairer l'opinion sur ce qui peut se passer au cours du XXIe siècle. Cette révolution-là qui conduit à constater que "l'abondance s'entretient" et qu'il n'est de "richesse durable que renouvelable" modifie toute la conception capitaliste de la production, dès lors qu'elle est prédatrice et épuise y compris les ressources nécessaires à l'humanité. La décroissance n'est pas un concept en ce sens qu'elle ne vise aucune cible ; ce n'est pas un objectif économique ou politique. Cependant, c'est une contre dynamique intellectuelle : dans un monde dont nous avons compris et vérifié les limites. Le "toujours plus" est, enfin, reconnu comme étant "plus" que stupide..., criminel ! L'humanité va devoir abandonner cette idéologie de domination de la nature et devra renoncer à ses comportements de pillarde, capable de se nuire à elle-même jusqu'à la destruction finale.



On a pu penser, en 2008, que la crise économique, monétaire, banquière, boursière..., planétaire, marquait le début de la fin du capitalisme ! De bons esprits, prompts à la reconversion, si c'est leur intérêt, ont même, alors, écrit que, tel le communisme soviétique en 1989, le système allait imploser. C'était compter sans l'adaptabilité prodigieuse du dit système et sur l'énergie intellectuelle considérable des Puissants et des Sages qui ont à sauver leurs profits matériels et intellectuels. Une guerre idéologique s'est déclenchée et, puisqu'il faut gérer, désormais, un monde dont on sait qu'il n'est pas inépuisable, il a été décidé de faire peser, sur ceux qui n'ont pas le pouvoir, c'est-à-dire l'énorme masse des exploités ré-exploitables, la charge de la décroissance des revenus, de manière à pouvoir enfler encore le volume de la croissance rentable et génératrice de richesses pour les riches... Ainsi sommes-nous entrés, pour quelque temps, dans l'âge de la rigueur et de l'austérité pour la majorité afin d'éviter la sobriété pour tous.

Que pèse, devant de telles évolutions de société, les discours dits de gauche ou de "socialisme". Qu'il soit bien clair que "la révolution qui vient" engloutit ces bavardages et détruit des mots devenus sans contenu. Une gauche adaptable au capitalisme structurellement en perdition ne peut que retarder un processus qu'elle devrait appeler de ses vœux ! Elle est "contre-révolutionnaire" et suicidaire. Elle n'est plus. Ne parlons pas davantage de "socialisme", mot blessé à mort par le capitalisme d'État soviétique et, aujourd'hui, qu'on aurait pu voir incarné, en 2012, par des vedettes médiatiques, dont le grand talent masquait si bien les immenses appétits ! "La révolution qui vient" ne peut même plus restaurer la charge positive, historique, des mots gauche et socialisme ! Y rester fidèle, c'est les abandonner.



Éclairage final, celui de Bertrand Rothé et Gérard Mordillat : Il n'y a pas d'alternative. Le slogan de Margaret Thatcher ("No alternative", qui signifiait : nous avons le choix entre le capitalisme et le capitalisme) se retourne ! Il n'y a pas d'alternative à l'abandon du capitalisme. Ou bien, comme l'annonçait André Gorz, nous passerons, de nous-mêmes, à l'après-capitalisme ou bien la fin du capitalisme s'accompagnera de la barbarie, une barbarie qui n'est pas encore inévitable mais qui a commencé à s'installer.

"La révolution qui vient" est d'autant plus subtile, puissante et imprévisible qu'elle repose sur une double force : celle de la jeunesse qui n'en peut plus de vivre sans espoir d'un mieux et celle des pauvres qui n'en peuvent plus de lutter, lutter toujours pour vivre chichement. La richesse globale produite peut bien, pour quelque temps encore, augmenter, mais elle ne profite qu'à une minorité des humains et, communication oblige, la planète entière le sait.



Les éducateurs, les philosophes, les républicains n'ont rien d'autre à faire que de préparer les citoyens à ce qui va se produire plutôt que de penser élections ! Il en est de la politique comme des hautes études, celui qui vise le résultat réussit moins bien que celui qui se passionne pour ce qu'il étudie. Étudions donc la situation permettant d'accéder à la démocratie économique, au partage entre tous et le reste nous sera donné par surcroît...

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