mercredi 30 octobre 2013

La contradiction qui menace la République


 
La route écrase la planète.

On ne sait plus en France ce qu'est la gauche. On sait encore fort bien ce qu'est la droite. Depuis que la démocratie est devenue intellectuellement indissociable du capitalisme, il n'est plus pratiqué, en Europe, que des politiques libérales, c'est-à-dire tenant principalement compte des intérêts des entreprises et, principalement, des plus grandes. La droite ne triomphe pas seulement. Elle se veut sans aucune alternative. La gauche est vidée de son contenu. Elle meurt donc.

L'économie est présentée comme une science dont les lois ne se discutent plus. L'économie n'est pourtant pas une science ! Il est des économies mais une seule a été imposée ! Disons le crûment : on n'en fait-on jamais assez pour plaire aux riches. Si la droite parlementaire ne cesse de s'en prendre à la majorité présidentielle et au parti « ex-socialiste », elle approuve, en secret, des mesures gouvernementales qu'elle aurait voulu conduire elle-même, pour faire, si possible, pire encore ! Les citoyens constatent, dès lors, que ce ne sont plus les gouvernements qui dirigent les pays mais les puissances d'argent.

S'agissant, par exemple, de l'écotaxe, la confusion est à son comble. Elle a été votée très largement, en 2007. C'était le minimum accepté après le Grenelle de l'environnement. Tout le monde la voulait mais personne n'en a préparé des conditions acceptables d'application par tous et donc d'approbation par l'opinion. Il devait s'agir de taxer les camions en fonction de la distance qu'ils parcourent et de la pollution qu'ils génèrent, sur le principe « pollueur-payeur », afin de détourner progressivement de l'usage de la route au profit d'autres modes de transport, moins polluants. Les ressources libérées devaient être affectées notamment aux infrastructures ferroviaires. C'était un choix politique clair. Il a été sciemment saboté, et par le patronat et par des conservateurs qui ne voient que leurs intérêts à court terme. Des Bretons, de bonne foi, protégés jusqu'ici contre tout péage au sein de leur région, mais angoissés pour leur avenir, ont vu, dans l'écotaxe, la cause inévitable du recul de leur niveau de vie. Ils ont été manœuvrés ! Le Medef et la FNSEA ont fomenté la grogne. Ils ont obtenu mieux : l'émeute. 

Ce sera donc la faute à « la taxe ». Ajout du 2 novembre 2013 : car en fait de taxe, d'écotaxe, il s'est agi d'un détournement d'impôt vers le privé, d'un PPP (partenariat-public-privé) qui constitue une "bonne affaire" pour des entreprises et des banques coalisées pour mieux se servir et non servir ! Les infos révélées par médiapart sont tout à fait révélatrices de cette magouille qui va coûter aux contribuables sans rien rapporter d'écologique au pays ! (http://www.mediapart.fr/journal/france/311013/le-contrat-insense-de-lecotaxe).

Au passage, cela permet d'éreinter l'écologie... Ses soutiens plus fidèles à la majorité présidentielle qu'à eux-mêmes, protestent mais avalent à la fois et la couleuvre et leur chapeau... Bref, ce que l'UMP n'avait pas osé faire, ce sont les « pseudos-socialistes » et les « ex-écologistes » qui s'en chargent. Les sondages l'indiquent : la droite en veut toujours plus ; « l'ex-gauche » est dominée ; résultat : les citoyens jettent le manche avec la cognée et, désespérés, s'en remettent aux extrémistes, les vrais, les extrémistes de droite qui ne se retrouvent pas qu'au Front national et qui en veulent clairement à « la chose publique » c'est-à-dire à la République elle-même.

Plus d'écologie et moins d'écologie ? Nicolas Sarkozy s'était écrié : « l'écologie, ça suffit ! ». Il n'en voulait plus. François Hollande, reniant ses propres engagements, ne peut que le suivre. Cette contradiction va, à terme, lui coûter cher et politiquement et économiquement. Mais à nous tous aussi...

samedi 26 octobre 2013

Sur l'extrèmedroitisation de la France

 Non, ce n'est pas Marine Le Pen qui nous fait peur ! C'est notre grande perméabilité à des idées qui ne sont pas avancées par le seul Front National !

Que le Ministre de l'Intérieur actuel soit la personnalité politique la mieux appréciée des Français (selon des sondages dont les initiateurs et les modalités sont loin d'être toutes transparentes), voilà qui inquiète davantage. Non que Manuel Valls soit le grand méchant loup dont tout est à craindre, mais parce qu'il mène une politique, au nom du gouvernement tout entier, qui conduit à confondre les causes et les conséquences, l'appât du gain généralisé et encouragé d'une part, et les malfrats, petits et gros, qui en profitent, d'autre part. Autrement dit, des logiques de répression se mettent en place, avec l'assentiment des citoyens excédés, au lieu de dresser des obstacles à la gloutonnerie des profiteurs qui disposent de la complicité de médias aux ordres de qui les paient.

L'extrèmedroitisation est d'abord culturelle. En 2007, Nicolas Sarkozy avait remporté l'élection présidentielle sans rien cacher de l'idéologie qu'il soutenait et dont la formule, « Travailler plus pour gagner plus », n'était que la plus visible apparence. Depuis, de l'eau a coulé sous le pont et elle charrie des objets de plus en plus nombreux et dangereux. Ainsi continue-t-on à vouloir réduire le chômage en satisfaisant les exigences du patronat (à ne pas confondre avec l'ensemble des entreprises !). Ainsi leurre-t-on l'opinion en lui enfonçant dans la tête, jour après jour, que seule la vache sacrée de la croissance peut nourrir les revenus des Français. Ainsi culpabilise-t-on tous ceux qui sont privés d'emploi en leur reprochant de préférer l'assistance au travail ! Ainsi voudrait-on sanctionner ceux qui, pour trouver à s'employer, refusent de quitter leur région, leur maison, leur famille, prétendent ne s'engager que dans ce qu'ils savent faire, et hésitent à se reconvertir l'âge venant...

La mobilité, la souplesse, l'adaptabilité, la compétitivité, la modération dans l'activité salariée sont devenues des valeurs détournées qui signifient, en vérité : va où je le veux, - accepte mes conditions de travail quelles qu'elles soient, - apprend à faire tout ce que j'exige sinon, si tu n'as pas la compétence requise, je me passerai de tes services, - produit plus vite et moins cher sinon je ferme l'entreprise et je la transfère ailleurs, en France ou pas, - enfin ne me demande surtout pas de te payer plus, la main d'œuvre ne manque pas... L'affaiblissement des salariés et de leurs syndicats, incapables d'établir un rapport de force en leur faveur, fragilise des secteurs entiers de la société où s'introduisent d'autres moyens, illicites, d'avoir des ressources pour vivre. Cette situation est intenable et ne peut que déboucher sur une violence à laquelle déjà se préparent ceux qui ne veulent rien changer à un système qui broie l'Europe tout entière, mise en concurrence avec des populations immenses mais, pour le moment moins exigeantes et plus soumises.

Accepter cette logique économiste est mortifère. Ne pas sortir des fausses évidences distillées par les professionnels de la communication conduit à une impasse où les faibles et les pauvres seront égorgés. La dépréciation volontaire de la solidarité, du partage de l'égalité et de la fraternité (laquelle est une valeur politique et non une forme de la compassion !) mène à des conflits dont nul ne peut encore apprécier l'ampleur et le coût humain. Les « réalistes » ne sont pas réalistes sinon ils verraient pourquoi l'Europe, et l'Occident plus généralement, fut-ce très lentement mais inexorablement, sont entrés dans la voie du sous-développement pour avoir voulu conserver le développement pour eux seuls.

Du Tee-Party américain au FPO autrichien, au Vlaams Belang belge, au Jobbik hongrois (mais la vague n'a cessé d'enfler partout, en Norvège, Danemark, Suède, Italie, Japon, Israël...) les mêmes revendications s'installent : vivons chez nous, entre nous, chassons les étrangers, fermons les frontières, renforçons notre police et notre armée, appuyons nous sur nos élites, méfions nous du métissage, combattons l'islamisation, plaçons l'ordre avant la liberté... S'il ne s'agissait que des excès idéologiques d'une partie de nos sociétés il n'y aurait pas à craindre ce poison qui a déjà diffusé, dans le passé, et dont nous avions trouvé l'antidote. Le poison réinjecté dans notre corps social atteint, cette fois, la droite classique et la partie « républicaine » de la gauche qui se sont laissé pénétrer par le nationalisme et le retour d'une conception fermée de l'identité française. Autrement dit, les organisations économiques et sociales étant mises à mal par ce qu'on appelle la crise (et qui est une forme nouvelle d'une mondialisation qui a cessé d'être occidentale), le repli de tous ceux qui craignent l'avenir, et singulièrement pour leur propre avenir, prend un tour agressif sur lequel surfent d'habiles démagogues. 

http://upload.wikimedia.org/wikipedia/en/thumb/c/c5/Jobbik_Magyarorsz%C3%A1g%C3%A9rt_Mozgalom.png/150px-Jobbik_Magyarorsz%C3%A1g%C3%A9rt_Mozgalom.png

 L'extrèmedroitisation apparaît donc comme un effet de glissement du curseur politique, non vers les extrêmes comme on nous dit mensongèrement (pour nous faire accepter une fausse égalité entre le Front de gauche et le Front national par exemple), mais vers la droite dure, super-individualiste, hostile aux choix écologiques les plus incontournables, centralisatrice, souvent sexiste, néo-nationaliste, répressive avant d'être préventive, interventionniste dans les pays hier sous domination coloniale, etc... Il s'agit là d'une orientation où se rejoignent des formations politiques (en tout ou partie) de plus en plus décomplexées, c'est-à-dire de plus en plus à droite, de plus en plus extrémistes dans leur défense de la « démocratie capitaliste » (les deux mots étant devenus indissociables, progressivement après la chute du mur de Berlin, et nettement depuis le début du XXIe siècle !).

Nous sommes entrés dans un conflit idéologique total. Ce n'est plus un affrontement parti contre parti. C'est la mise en cause brutale de la citoyenneté. Qui choisit le camp des pauvres, des modestes, des négligés, des oubliés, des « sans », des abandonnés, bref des « misérables » eut dit Victor Hugo, est confronté, immédiatement, à tous ceux qui, ou bien veulent que ça dure, par intérêt personnel (lequel est multiforme et ne concerne pas que les grandes fortunes) ou bien préfèrent la stagnation plutôt que le risque d'un changement jugé impossible (et nul mieux que François Hollande n'aura si vite, et si éloquemment, bradé ce beau mot de changement) ! Il nous faut considérer les échecs multipliés d'une Europe non européenne qui n'a pas encore d'existence politique, des partis socialistes européens, sevrés de marxisme, et devenus si peu sociaux qu'on les confond voire qu'on les associe aux conservateurs -comme en Allemagne, actuellement-, des partis écologistes qui se sont trahis eux-mêmes en cessant d'être ce qui a été leur raison d'apparaître. Le malheur accouche parfois d'une espérance : tous ces échecs ne peuvent qu'entrainer vers un neuf qui ne viendra pas au monde tout seul.

Il est temps de méditer, de nouveau, le propos d'Antonio Gramsci : "L'ancien se meurt mais résiste ; le neuf ne tarde pas à voir le jour, mais dans le clair-obscur surgissent des monstres." Chassons les monstres et travaillons à ce que le neuf, qui s'annonce, n'avorte pas.

dimanche 20 octobre 2013

Leonarda et la religion du droit


François Hollande a tranché : Leonarda Dibrani, mineure, peut quitter le Kosovo et rentrer, seule, en France ; ses parents n'en ont pas le droit. Indépendamment du ridicule de la proposition (comment vivre sans famille ?), il y a, dans la décision du chef de l'État, et donc dans l'esprit de ceux qui l'ont conseillé, une conception du droit qui fait froid dans le dos !

Qu'est-ce que le Droit sinon l'ensemble des lois et textes d'application qui, dans une société donnée, la nôtre en l'occurrence, constitue les règles de vie communes à tous les habitants, citoyens ou non, Français ou étrangers. Le droit protège ; il ne crée pas l'injustice, sinon il cesse d'être le droit.

Car il y a abus de mot quand la référence au droit devient un mode de refus de droits humains qui n'ont pas besoin de code pour s'imposer. Celui qui aime accomplit la loi et plus que la loi, disent les textes que citent les chrétiens. (Romains 13.10 : "…l’amour est donc l’accomplissement de la loi" ou
Galates 5.14 : "Car toute la loi est accomplie dans une seule parole, celle-ci : Tu aimeras ton prochain comme toi-même".) Dans notre civilisation, chrétiens ou pas, nous avons tous comme tradition non pas la religion de la loi mais un respect des personnes qui passe avant le droit.

Adolescent, puni pour je ne sais plus quelle peccadille, dans mon internat, j'avais dû commenter, par écrit, la formule : "mieux vaut une petite injustice qu'un grand désordre" ! Je m'étais libéré de la rage d'être en retenue en pourfendant ce faux principe. J'estimais déjà que toute injustice, fut-elle petite, peut conduire vers un grand désordre. 

Nous en sommes là, avec Leonarda. Déjà, Manuel Valls, de plus en plus bravache, et qui se constate soutenu, annonce, dans Le Journal du dimanche, que les précautions sont prises : la famille ne rentrera pas en France. Autrement dit, la police est, par avance, chargée de traquer ces clandestins qui tenteraient de revenir en France pour rejoindre leur fille à Pontarlier. Inhumanité manifeste ! Pas plus qu'à Lampedusa où, sous nos yeux, on laisse la mer punir de mort les réfugiés africains qui tentent de violer la loi et de pénétrer en Europe, on n'acceptera la moindre exception ! Une famille sans droit "n'a pas vocation à vivre en France" (surtout, ce n'est pas dit, mais c'est évidemment pensé, s'il s'agit de Rroms...). Qu'ils aillent s'échouer ailleurs...


Alexandre Romanès, dans le numéro de Libération du 18 octobre 2013, rappelle la phrase de Gandhi : "Quand la loi n'est pas respectable, je ne la respecte pas". Oui, la loi n'est pas sacrée et quand elle ne respecte pas les hommes, il faut lui désobéir. Un bon citoyen n'est pas celui qui s'incline à tout coup devant la loi, il est celui qui sait et peut discerner ce qui est juste ou non et qui agit en conséquence.

Il y a ambiguïté dans le constant rappel à la société de droit. Admettre quasi automatiquement que notre pays est une société de droit fait bon marché des violations multiples que subit le droit existant et que constatent les avocats défenseurs du droit ou le Défenseur des Droits (actuellement Dominique Baudis). Mais il y a bien pire : en nombre d'occasions, le droit français se révèle injuste, ce que souligne, par exemple, un jugement récent de la Cour européenne des droits de l'homme (1).

La Ligue des Droits de l'Homme, elle-même, n'échappe pas à ce culte du droit par ses rappels au droit de façon trop générale, comme si une société était harmonieuse et libre parce qu'elle dispose d'un Droit national abondant, précis et enseigné ! 

Le droit est rectiligne et manque de souplesse. Il faut donc le corriger, sinon le droit devient rigide et vire à droite. Au lieu d'être un ensemble de repères permettant de trouver son chemin soi-même, il prétend fixer en détail notre mode de vie ! Bien entendu, c'est impossible et aucune répression ne permet de faire marcher tout le monde d'un même pas, sauf à détruire cette démocratie fragile constamment menacée voire mise à mal. 

La jeune Leonarda est, bien sûr, soutenue par les lycéens de son âge qui se reconnaissent en elle. Sans l'avoir voulu, elle nous aura permis d'ouvrir les yeux sur une contradiction majeure. Au moment où l'on fustige les Rroms en stigmatisant leur prétendu refus d'intégration voila une adolescente, parfaitement francophone, qui réussit ses études et concourt à l'insertion de sa famille dans une ville où elle se fait accepter. C'est tout le discours sur la "vocation" des Rroms à rentrer dans leur pays qui vole en éclats. Après Anina, l'étudiante voulant devenir magistrate, en France, ces jeunes filles rroms démontrent (mais pourquoi est-ce nécessaire ?) qu'on peut vivre en France, même si l'on est d'origine étrangère, en restant soi-même (2).




Le débat est lourd de différends profonds. L'identité française n'est pas close (elle ne l'a jamais été) et elle est plurielle (n'en déplaise à l'UMP, au Front national et à une partie des socialistes qui n'ont retenu de la République que son caractère ethnocentré de non reconnaissance des minorités). Les Rroms de l'Union européenne (Roumains ou Bulgares depuis 2007, Croates depuis 2013), mais aussi ceux qui sont ressortissants de pays européens ayant "vocation" à entrer, tôt ou tard, dans l'Union, en dépit  d'innombrables résistances, (dont l'Albanie, le Kosovo, la Serbie, la Serbie, la Macédoine, le Monte-Negro et, bien entendu, la Turquie...), ne sont pas des étrangers comme les autres. Ils sont chez eux en Europe, dans toute l'Europe et s'ils n'en ont pas partout le droit formel, ils en on le droit de fait - ils y sont ! -, le droit moral - à moins qu'on songe, comme les nazis, à les faire disparaître ! -, le droit des hommes à vivre sur un continent qui est autant le leur que le nôtre - depuis sept siècles -.

Les Rroms ont, en Europe, le droit d'avoir des droits ! Merci Leonarda.
 
(1) - La Cour européenne des droits de l'homme(CEDH) a condamné, jeudi 17 octobre, la France pour avoir prononcé en 2004, sans nécessité apparente, l'expulsion d'un campement de gens du voyage et sans leur proposer de solutions satisfaisantes de relogement. /.../ Les juges concluent qu'il y a eu violation du droit au respect de "la vie privée et familiale, du domicile et de la correspondance".
http://www.lemonde.fr/societe/article/2013/10/17/la-cedh-condamne-la-france-pour-une-expulsion-de-gens-du-voyage-en-2004_3497339_3224.html
(2) -  Anina Ciociu, Je suis tzigane et je le reste, éditions City, 2013.

mercredi 9 octobre 2013

Les cinq R ou de la résistance à la rupture.


Résistance, refus, révolte, rébellion, rupture : nous voici acculés vers des attitudes de rejet au lieu de passer le plus clair de nos vies à construire une société d'équilibre.

Résister, c'est ne pas se laisser entrainer dans ce qui nous apparaît néfaste. Ce n'est pas tout rejeter.

Refuser, consiste à dire non aux comportements politiques toxiques. Ce n'est pas tout critiquer.

Se révolter, c'est s'opposer à ceux qui ne proposent rien à quoi l'on puisse souscrire. Ce n'est pas tout nier.

Se rebeller, c'est se dresser contre l'État, dès lors qu'il ne remplit plus ses missions. C'est un acte citoyen positif et nécessaire.
http://www.nostate.com/wordpress/wp-content/uploads/2008/11/rebellion.jpg

Rompre, c'est briser le lien qui nous enchaîne aux outils qu'utilisent les servants-serviteurs-asservis du système économico-politique. C'est se libérer.

Il y a là toute une gradation qui conduit de la simple contestation à la non-participation à cette démocratie-capitaliste (les deux mots sont désormais liés !) qui se veut sans aucune alternative, finie, close.

Nul besoin de recourir à des actions violentes pour laisser s'épanouir sa colère. « La plume plutôt que le fusil » s'exclame la jeune Pakistanaise de 16 ans, Malala Yousafzai, dans une autobiographie parue le 8 octobre. On voudrait la porter candidate au prix Nobel de la paix et, déjà, les médias occidentaux commencent à pourrir son image en en faisant une miraculée dont les méchants Talibans n'ont pas eu la peau...



Malala Yousafzai, sauvée...

C'est contre ces détournements constants de l'attention des citoyens qu'il faut se dresser. Ce que dit Malala, c'est que les femmes ont, sur Terre, un rôle politique majeur qui peut, avec l'éducation, conduire vers l'émancipation de tous. Ce qu'on veut lui faire dire, c'est qu'elle a rejoint l'occident définitivement. Elle a été sauvée en Europe et débarrassée de la balle qu'on lui avait tiré dans la tête. On lui a donné la parole en Europe alors qu'au Pakistan, on voulait la faire taire. On l'a aidée à écrire sa bibliographie alors qu'elle est encore une enfant, brillante certes, mais faible dans cet univers rapace. Bref, veut-on nous faire croire, qu'elle est, à présent éduquée, protégée, une fois mise en vedette par les bons, face aux méchants antioccidentaux, fanatiques et... musulmans.

Cet exemple est frappant : pour masquer les turpitudes de la pseudo civilisation occidentale qui sombre dans l'exploitation brutale de la planète et de ses habitants, on loue une courageuse et très intelligente jeune fille qui a fui ses assassins. L'Europe ou les USA accueilleront-ils pour autant tous les jeunes humains qui fuient la guerre, l'extrême misère ou la torture ? Non ! Les Syriens arrivés à Calais sont, aux yeux des autorités françaises et anglaises, d'abord des illégaux. À Lampedusa, (dont on parle aussi pour le prix Nobel de la paix, et ce n'est pas un hasard, tant est grand le malaise !) on mourait par centaines au large de l'île, bien avant le drame récent, et nombre de survivants, à la belle étoile, n'avaient pas une couverture pour s'abriter du froid et de la pluie dans certains centres d'accueil-rétention.

En quel monde vivons-nous où se camoufle, sous les mots choisis, habiles et perfides, une volonté de rejet de tous ceux qui ne se soumettent pas aux lois du marché et à notre mode de vie ethnocentrique (dont le modèle US n'est qu'un sous-produit, résultant de l'histoire coloniale, esclavagiste et ultra-violente) ?

Sauver l'occident de lui-même, (car nous en faisons partie et nous sommes directement concernés !) c'est résister à cette glissade vers le « tout-fric », la justification du pire par le gain et le profit. Sauver l'occident de lui-même, c'est refuser de laisser associer le meilleur de notre civilisation à un système dominant auquel le monde entier devrait se soumettre sous peine de sanctions économiques ou militaires. Sauver l'occident de lui-même, c'est se révolter contre une gestion des affaires des hommes qui voit, en chaque citoyen, ( en dépit de l'apport des philosophes, depuis Montaigne et La Boétie jusqu'aux Encyclopédistes et Rousseau ), soit un consommateur soit un employé, avant de voir en lui un semblable et un frère. Sauver l'occident de lui-même, c'est se rebeller afin d'empêcher que s'effectue, élection après élection, le détournement pervers de la démocratie qui transforme chaque électeur en auteur de son propre malheur. Sauver l'occident de lui-même, c'est rompre avec la fatalité d'une organisation sociale qui ne tient plus que par la force des armes, incapable de donner espoir à ses enfants, aveugle face à la finitude d'une planète à laquelle on ne donne pas le temps de se reconstituer.

La rupture n'est qu'un sauvetage désespéré mais urgent. Il est grand temps de vivre autrement, loin des apparences que les médias aux ordres nous font confondre avec la réalité. Il est indispensable de vivre hors de l'univers des partis et de tous les organismes conservateurs qui ne regardent pas plus loin que le temps d'un mandat électoral. Ce sera une épreuve pour tous ceux qui ont confondu le confort et la civilisation. Mais il n'y a plus d'autre choix que celui-ci : vivre de peu pour vivre mieux. Rien de neuf, en cette exigence. On le savait depuis plusieurs décennies mais, cette fois, on est placé devant la dernière échéance : pour l'espèce humaine, le délai est expiré. Le mode de vie occidental actuel nous détruit. Ou bien des événements très cruels nous contraindront d'y renoncer, ou bien nous accepteront la radicalité que nombre de scientifiques dont ceux du GIEC, mais aussi bien d'autres sages, nous exhortent d'accepter. Les puissants sont devenus impuissants. Place aux modestes et aux simples. Passons de l'indignation à la rupture. Ne nous laissons plus manipuler, prenons enfin nos vies en main !


Oser et réussir


Archives du blog

Résistances et romanitude

Résistances et Changements

Recherche Google : rrom OR tsigane