lundi 28 janvier 2008

La politique au-delà des partis et des États (2ème partie)

La politique est chose trop sérieuse pour la confier aux politiciens. Les sommes colossales qui servent à payer les campagnes électorales (au bout desquelles les questions de fond n'ont pas été posées afin d'éviter une défaite), seraient mieux employées pour assurer la formation civique des citoyens nulle part convenablement assurée.

Laissons de côté les partis dont j'ai dit qu'ils couraient à leur fin mais regardons en quoi les États non plus ne sont pas à même de conduire, à présent, les affaires des hommes. Les grandes questions dont dépend l'avenir de l'humanité sont toutes transnationales et les États-nations ne sont plus en mesure de les traiter.

Quelles sont ces questions que ni les partis ni les États ne peuvent présenter aux citoyens comme étant des priorités vitales?

La première de toutes est d'ordre démographique : si, en 2050, la planète compte 9 milliards d'habitants, il faudra faire cohabiter six fois plus d'êtres humains qu'au XIXe siècle. Sans un partage de l'eau potable, de la production alimentaire, de l'espace de vie disponible et des connaissances scientifiques indispensables pour vivre ensemble, c'est tout simplement impossible. Ce sont la guerre, la famine, l'immigration de masse et la misère généralisée qui limiteront les effectifs de la population humaine terrestre.

La seconde est d'ordre écologique : si d'ici 2050, les hommes n'ont pas limité les activités qui engendrent un réchauffement climatique artificiel et rapide, les désastres qui attendent les générations à venir n'auront aucun équivalent au cours des temps historiques, si ce n'est peut-être la peste noire. Nul, riche ou pauvre, n'échappera aux conséquences d'une gestion démente des ressources fossiles non renouvelables.

La troisième est d'ordre social : si nous ne nous en prenons pas aux causes de la "bidonvillisation" de la planète, une déferlante de violences urbaines emportera tout sur son passage et il deviendra inutile de parler de civilisation. 2007 aura été l'année charnière puisque, depuis, il y a plus d'humains en milieu urbain qu'en milieu rural. mais le pire est devant nous : en 2020, sans un changement radical de nos modes de vie, deux milliards d'hommes vivront non plus en ville mais en bidonville. "Si rien ne change, l'humanité future habitera dans des cartons" lance le sociologue américain Mike Davis.

La quatrième est d'ordre générationnel : nous ne nous sommes pas préparés à vivre plus vieux, or un vieillissement considérable de la population humaine s'est effectué en un demi-siècle. C'est vrai sur tous les continents et singulièrement en Asie. Les conséquences matérielles et culturelles du phénomène sont inouïes. La place du travail, la durée des formations, l'image du corps, la conception de la santé, la répartition et la transmission des richesses vont s'en trouver bouleversées.

La cinquième est d'ordre méthodologique : les quatre questions vitales précédentes ne sont pas à traiter autrement qu'ensemble. Non seulement elles sont liées mais elles sont interagissent les unes sur les autres. En Inde, par exemple, qui sera bientôt l'État le plus peuplé du monde (voilà pour la démographie), où le manque d'eau provenant des glaciers en recul dans l'Hymalaya et l'excès d'eau océanique en zone côtière
peuvent s'avérer dévastateurs (voilà pour l'écologie), où, au sein de villes géantes, comme Bombay, la plus grande misère cotoie déjà le luxe sur fond de pollutions gigantesques (voilà pour le social), des foules de vieillards abandonnés survivent très péniblement (voilà pour le générationnel). Et l'Inde n'est ni exceptionnelle ni en régression : c'est, dit-on, un pays émergent en pleine croissance.

Au moment où explose une crise financière qui a de lointains précédents mais pas d'équivalent, l'organisation de la vie sur la planète est à repenser. cela ne peut se faire qu'en une décennie au plus court mais c'est l'urgence des urgences. Une urgence politique. Tout en dépend.

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