dimanche 1 janvier 2012

2012, année carrefour ?



"Les idées qui mènent le monde viennent sur des pattes de colombe" aurait écrit Nietzsche. Les événements qui aident à faire surgir ces idées également.

À en juger par les surprises que 2011 nous a fournies, on peut considérer que la mutation de nos civilisations qui, de cachée qu'elle était, a commencé à nous apparaître, va nous sauter aux yeux.

J'attends, dans plusieurs domaines, des prises de conscience qui vont modifier nos comportements :

• le chômage n'est définitivement plus réductible par la croissance et l'activité humaine ne peut, désormais, que déborder l'emploi salarié qui ne fournit plus l'essentiel du travail utile et nécessaire.

• les revenus ne peuvent, dès lors, plus dépendre du seul travail salarié et le partage des ressources entre tous, même s'il ne s'effectue pas suffisamment, est le seul horizon possible pour l'ensemble des humains.

• L'action dévastatrice de l'homme sur son environnement ne va pas cesser mais elle va se trouver mieux détectée et plus vigoureusement condamnée.

• Le désir de ne plus être "vécu" mais d'avoir pouvoir sur sa propre vie va s'amplifier. Il n'est du reste pas de fondement plus solide à la réimplantation dans l'espace public du concept de la démocratie qui partait à la dérive.

• les partis politiques vont cesser d'être le seuls fournisseurs des orientations et des acteurs de la politique. Le "réenchantement" de la politique ne peut passer par le vedettariat et la "peopolisation".

• La paupérisation relative des peuples d'occident va déclencher un tsunami politique : le déplacement des richesses et la mondialisation d'une économie qui n'est plus dominée par l'Europe et l'Amérique du Nord, va remettre en cause les institutions que nous pensions les plus intouchable, à commencer par l'Union européenne elle-même.

• les risques de conflits, qui sont toujours liés aux bouleversements économiques, vont se multiplier et le besoin de se protéger des armements les plus destructeurs, dont l'armement nucléaire que 9 États seulement détiennent, va se manifester au sein de l'ONU et ailleurs.

• la question de l'énergie ne sera plus posée seulement en des termes d'accumulation mais, de plus en plus, en des termes de renouvellement permanent. Le développement de l'énergie solaire est devenu une nécessité absolue qui exige de faire vite et d'engager des investissements lourds. Le débat politique sur ce sujet va se trouver renouvelé.

• la place des femmes dans un monde comptant, à présent plus de sept milliards d'humains devient la question démographiquement primordiale.

• De même le vieillissement généralisé de l'espèce humaine va modifier progressivement nos rapports au corps, à la vitesse, à l'esthétique, à la compétition, à la force. Une question anthropologique et philosophique qu'on ne voulait pas voir va s'imposer qui n'a pas été présente dans le débat sur les retraites !

• Entre la centralisation des moyens politiques et économiques, par souci d'efficacité, et l'autonomie de ces moyens par souci de participation et de de responsabilité, il va falloir choisir. Deux types de civilisation s'affrontent l'une qui unifie, l'autre qui diversifie. Nous sortons de temps politiques qui unifiaient (sous les formes "socialistes " ou capitalistes) pour passer à des temps politiques qui produisent de la complexité et nécessitent une pluralité coordonnée. L'apprentissage commence.

• Les élections deviennent des périodes d'information et de repérage indispensables plus que l'occasion de s'en remettre à des chefs désignés. Cette relativisation aura des effets profonds mais suppose qu'on n'en reste pas à une simple contestation des résultats de scrutins. S'en prendre aux seuls élus est démocratiquement improductif. Le citoyen qui n'est pas un acteur politique se condamne au silence et à l'inefficacité.


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