vendredi 23 décembre 2011

De l'actualité du message de Vaclav Havel. 1

Quand, en 1978, Vaclav Havel écrivait Le pouvoir des sans-pouvoir (1), il ne pouvait savoir qu'un jour, au-delà de la Tchécoslovaquie, des sans-pouvoir prendraient le pouvoir. Il pensait qu'un citoyen sans pouvoir reste un citoyen et peut le manifester, fut-ce à ses risques et périls. Il ne savait pas, alors, que les "sans-pouvoir économique" pouvaient peser sur la vie du monde, qu'ils accèdent ou pas au pouvoir... d'État.

Vaclav Havel apporte des nuances essentielles à la vie politique, notamment celles-ci :
le dissident n'est pas un opposant même s'il est inévitable qu'il soit considéré comme tel.
une "définition topographique" de la politique (droite, gauche, centre) n'a pas de sens (2), même notre cœur est à gauche.
Le pouvoir est un service auquel il ne faut pas s'accrocher (3) et se battre pour le conserver ou le conquérir fait confondre l'intérêt personnel et l'intérêt général.
La "dictature post-totalitaire" est différente de la dictature classique; ce n'est plus seulement par la force qu'on impose la monocratie, mais par la domination de l'idéologie.

Il faut méditer ces affirmations et les replacer dans le contexte politique de notre temps. Je le ferai ici. J'y ajouterai une réflexion sur l'économie de marché (à laquelle Vaclav Havel s'était rallié) qui n'est pas ce qui a succèdé à l'économie administrée par l'État et qui peut devenir une économie totalitaire.

Vaclav Havel (1936-2011)

(1) Paru dans : Havel Vaclav, Essais politiques, Paris, Calmann-Lévy, 1990, pp.65 à 157.
(2) Havel Vaclav, Méditations d'été, Paris, éditions de l'Aube, 1992, p.61-63.
(3)
Havel Vaclav, L'angoisse de la liberté, (recueil de discours), Paris, éditions de l'Aube, 1992, p.237 : Discours de démission.

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