mardi 31 juillet 2007

Pour en finir avec le Tour de France

Le Tour a déjà brisé bien des vies.
Il a séduit aussi des générations entières en flattant le culte de l'exploit.
C'est une machine publicitaire d'une étonnante efficacité : des foules se pressent au bord des routes pour admirer et les coureurs et la caravane hurlante des véhicules de différentes marques.
Les coureurs sont eux-mêmes transformés en hommes-sandwiches portant sur le dos, les cuisses, la poitrine, les noms des sponsors de leur équipe.
Depuis des décennies, la déviation d'une initiative née voici un siècle, s'est poursuivie, inexorablement, faisant passer la compétition sportive loin derrière l'enjeu commercial.
Les victoires successives d'un coureur américain devenues douteuses, puis celle, l'an passé, d'un autre coureur américain bel et bien convaincu, lui, de dopage, les expulsions du Tour de tricheurs avant même le départ, ou pendant l'épreuve, tout indique que non seulement la course est truquée mais que les enjeux financiers sont devenus tels que tous les risques peuvent être encourus pour tenter sa chance.
Le spectacle de cette marchandisation du sport qui s'est emparée de bien d'autres activités sportives à commencer par le foot-ball et l'athlétisme, est efficacement mis en scène par des médias complices.
La professionnalisation de la course cycliste oblige au résultat si l'on veut faire fortune avant de n'être plus physiquement capable de briller.
Voici venu le temps de vérité : le Tour de France a perdu toit son intérêt. Une foule de gogos continue encore à battre des mains mais plus personne ne peut croire en la sincérité d'une épreuve totalement dominée par des intérêtrs financiers.
L'hypocrisie des dénonciateurs du dopage, dans le milieu du vélo, n'a d'égale que celle des politiques qui, en réalité laissent faire.
Les chaînes allemandes de télévision cessent-elles de couvrir le Tour après la découverte du dopage d'un coureur allemand, la fédération cycliste danoise sanctionnent-elle le porteur du Maillot Jaune, danois, suite à une accusation de dopage, qu'à cela ne tienne, on continue, pire, on critique ces mesures prises hors de nos frontières par des partenaires honnêtes.
L'actuel Maillot Jaune va donc, quelque temps encore, grâce aux médias, (il m'étonnerait qu'on le laisse arriver jusqu'à Paris sous cette tunique), étaler le long des routes traversées, ce slogan non écrit : "Dopage ou pas, le Tour continue".
Il y aussi d'autres enjeux qui retardent la fin du Tour de France : l'enjeu politique notamment. Le Tour de France, "la plus grande course cycliste au monde", est une manifestation nationaliste éblouissante. Une majorité de Français en est encore fière. Même ceux qui n'y croient plus parleront longtemps de la lutte entre Poulidor et Anquetil, Coppi et Bartali, ou des exploits de Bobet, Charly Gaul et autres... Et pensez donc, les derniers grands vainqueurs français Hinault et Fignon sont des "consultants" du Tour de France. Salir cela, c'est reconnaître qu'on s'est laissé duper, et c'est insupportable.
Qu'on soit passé des équipes nationales aux équipes commerciales n'a jamais fait lever de protestations. Que les morts prématurées de Jacques Anquetil, d'un champion anglais, Tom Simpson, -sur les pentes du mont Ventoux, en plein Tour!-, de Louison Bobet n'aient jamais fait se poser de questions sur les risques d'un usage très ancien de substances dopantes, est la preuve d'une complaisance généralisée : le Tour était intouchable.
Eh bien, le Tour est touché. Trop c'est trop. Ce que le simple bon sens n'obtenait pas, le ridicule va le permettre : même s'il devait se prolonger quelques années encore, le Tour de France est une épreuve menacée par ce qu'il craint le plus, le désintérêt populaire. Le doute a été semé. La sincérité de la course fait sourire. L'étalement publicitaire écœure. La transformation des athlètes en machines à sous est inconvenante. Le Tour n'est plus crédible. Le Tour est blessé à mort. Il ne lui reste plus qu'à mourir.

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