Le terrorisme a remplacé
le communisme ! Qui ne pense pas comme l'oncle Sam et ses
affidés est peu ou prou terroriste. Le terroriste n'est pas
seulement celui qui sème la terreur (et à cet égard le terroristes
sont légions !), le terroriste est celui qui est un djihadiste (sous
entendu un Musulman intégriste qui fait par tous les moyens la guerre
au monde occidental). Dès lors, tout Musulman devient suspect
d'extrémisme et de perméabilité à la violence !
Que les militaires
étatsuniens usent de drones pour assassiner leurs adversaires en
Somalie ou au Pakistan ne fait pas d'eux, pour l'opinion occidentale,
des terroristes et pourtant, ils le sont car ils pensent que les
dégâts collatéraux sont inévitables et donc justifiables.
Toute politique fondée
sur la peur qu'engendrent les violences dominantes est terroriste.
Toute accusation de
terrorisme appliquée à des adversaires violents confond la
résistance et l'agression et c'est par ce mot que la propagande nazi
cherchait à dresser les citoyens contre les patriotes.
Djihad,
jihad ou djihâd ( de l'arabe : ǧihād,
جهاد
« effort »)
est un terme signifiant « exercer une force »,
« s'efforcer » ou « tâcher ». Autrement dit
le djihaddiste fait effort sur lui-même pour lutter contre ce qui
lui apparaît comme un mal. Entre celui qui a un comportement
spirituel afin de se transformer soi-même, en vue d'un mieux vivre,
et celui qui a un comportement guerrier afin, soit de résister à
l'oppression soit d'islamiser la société tout entière, il y un
fossé large et profond !
L'évangélisation a pu être, notamment dans les pays colonisés par des États européens, une contrainte violente ayant conduit à l'ethnocide ou carrément à des formes génocidaires. Rappelons-nous que le génocide est une éradication dans un territoire donné ordonnée par un État. Au nom des religions, et souvent en prêchant le contraire de ce que les fondateurs ont voulu et prescrit, des missionnaires et autres zélotes ont pratiqué un terrorisme structurel devant faire disparaître des us et coutumes jugées impies et, à défaut d'y pouvoir parvenir, en faisant disparaître les récalcitrants eux-mêmes.
Le terrorisme est un
système. C'est, en même temps, une idéologie et une organisation.
C'est une domination par le « lavage de cerveau » ou par
la menace de mort ou son exécution. Le terrorisme d'État n'est pas
moins meurtrier que le terrorisme fanatique des sectes et des
organisations partidaires.
Staline, ses militants et
ses goulags, Hitler, sa gestapo et ses camps d'exterminations, mais
aussi les génocidaires du Cambodge et du Rwanda n'ont pas été les
seuls à perpétrer des massacres de masse afin de dominer par la
terreur toute opposition réelle, éventuelle ou simplement imaginée.
Il serait bien vain de tenter de dresser la liste de toutes les
exactions géantes qui ont abouti à la fois à supprimer des
millions de vies humaines et à soumettre des peuples entiers au nom
de Dieu, de la loi, du chef ou du parti ! Quiconque admet que la
violence fait l'histoire finit par y succomber. Le terrorisme alors,
se banalise.
La peur du gendarme est
une forme de terrorisme. On dit qu'il y eut, siècle après siècle,
plus de têtes et de mains coupées, d'écartèlements, de mises à
mort épouvantables, terrorisantes, par voie de justice que du fait
des assassins, criminels et bandits en tous genres. Nous ne ferons
pas l'économie du bilan à dresser après que l'on ait réalisé
l'ordre public en multipliants les meurtres légaux.
L'actuel débat qui
s'entr'ouvre sur le terrorisme nous place, comme citoyen, face à la
responsabilité du pouvoir à exercer au nom de l'État, de la loi et
du droit. La séparation des pouvoirs, précisée par Montesquieu et,
au reste, bien fragile de nos jours, ne permet pas, en principe,
qu'une petite injustice vaille mieux qu'un grand désordre. En fait,
la raison d'État est au-dessus des élus, des juges et des
parlementaires. La violence dont, affirma Max Weber, l'État a le
monopole, est seule « officiellement » légitime, et les
pouvoirs publics monarchiques, dictatoriaux ou républicains ne sont
pas privés d'en user et abuser. Sommes-nous alors jamais sortis du
terrorisme ? Nous avons connus des temps historiques plus
brutaux les uns que les autres mais la paix, intérieure et
extérieure, supposerait que la force ne soit pas d'abord au service
des appétits, des profits et des volontés de puissance. Nous en
sommes encore loin.
Il n'y a donc pas d'un
côté les justes et de l'autre les injustes, les terroristes et les
non-terroristes... Le terrorisme est présent là ou le pouvoir se
cherche ou s'exerce. De Gaulle était un chef terroriste pour le
gouvernement de Vichy. Arafat tarda à pouvoir s'exprimer à l'ONU.
Mandela ne fut retiré des bases de données de la liste noire
américaine des terroristes qu'en... 2008 ! Celui qui menace le
pouvoir en place est ipso facto suspect. A-t-il des soutiens armés,
alors, il devient terroriste jusqu'à ce que l'histoire, le cas
échéant, en fasse un héros...
Le terrorisme
contemporain a deux visages. L'un s'en prend à des États au moyen
d'organisations et de structures non gouvernementales, appuyées sur
des moyens technologiques de communication hier encore inconnus.
L'autre se développe au sein des États eux-mêmes pour assurer leur
défense, en interne comme en externe et, ainsi, plus grand est le
pouvoir plus il recourt à un contre-terrorisme sophistiqué mettant
le monde entier en surveillance renforcée.
Un démocrate ne peut se
satisfaire de cette amplification, réelle ou supposée, des menaces
qui fait vivre sous la protection des mitraillettes, des caméras et
des espions. En France, le plan Vigie pirate est un dispositif de
sécurité destiné à prévenir les menaces ou à réagir face aux
actions terroristes. Créé en1978, nous n'en sommes jamais sorti !
Pour le sociologue Mathieu Rigouste, son principal effet est
« l'intensification de la militarisation du quadrillage
urbain » et « l'emploi de l’armée dans une fonction
policière ». Nous vivons donc dans l'exception. Nous baignons
dans une ambiance idéologique où tout devient terrorisme. Cela fait
obstacle efficacement à l'ordinaire de la vie car croire que les
Terriens ne pourront jamais plus habiter leur planète autrement que
sous la protection d'armes toujours plus puissantes, plus nombreuses,
plus accessibles, c'est faire de l'insécurité un nouveau Diable et
de son enfer notre quotidien inévitable.
À nous de savoir si nous
voulons, ou pas, vivre libérés de cette hantise du terrorisme
qui « vit des peurs qu'il propage ».
qui « vit des peurs qu'il propage ».