lundi 28 décembre 2009

Contradictions...

Dans l'entre deux (Noël et le Jour de l'An), voici que les médias nous apprennent qu'on vend plus que jamais des automobiles, en France, mais que pour ce qui est de la vente d'usines nucléaires, dans les Émirats Arabes Unis, c'est raté. On nous préfère la Corée du Sud..., moins chère!

Mirages économico-commerciaux et... désertiques!

Pas de quoi se réjouir! L'après Copenhaghe est décidément sinistre. Le culte de la bagnole demeure vivace; seules les grosses cylindrées sont boudées. Le nucléaire français est peut-être en chute, mais les risques pour l'humanité n'ont pas de patrie et pourrir le monde de façon corréenne ou européenne est indifférent.

C'est donc le branle-bas de combat économique : comment maintenir un haut niveau de production chez Peugeot, Renault et autres, une fois la prime à la casse passée, et cassée...? Comment faire coopérer efficacement les partenaires nucléaires français : EDF, AREVA, GDF-SUEZ, et pourquoi pas TOTAL et VEOLIA? Et il en est ainsi, partout, en Occident, et dans un Orient fort occidentalisé..., c'est à dire industrialisé et "technologisé"...


Les centrales EPR, ça ne marche plus...?

Ce qui trouble le plus c'est qu'aucune piste ne soit ouverte, à la connaissance du grand public, qui puisse conduire vers un recul significatif de l'usage des moyens de transports individuels ou qui puisse amorcer l'indispensable abandon de l'énergie nucléaire, non seulement dangereuse, pour très longtemps, mais génératrice de besoins en électricité domestique (ce qu'il faut absolument écarter!).

On sait ce qu'il ne faut plus faire; on ne sait pas encore ce qu'il faut faire! Les maisons parfaitement isolées, la démultiplication des sources d'énergie renouvelable (par les installations d'éoliennes, panneaux solaires, hydroliennes, géothermie, méthanisation...), cela n'est plus hors de portée. Les financements ne pouvant se faire sans changement d'habitudes, de pratiques industrielles, de répartition des profits, on attend la contrainte ultime, on freine, on cherche comment gagner autant qu'auparavant avant de renoncer à l'économie carbonée.

Le nucléaire ne représentant qu'une faible partie des sources d'énergie et n'intervenant que dans la production d'électricité, n'entre pas dans la course contre l'effet de serre, même s'il ne produit pas (directement!) de gaz carbonique. C'est en tant que pollution radioactive mise "en conserve" et comme rival des énergies renouvelables qu'il est condamnable, mais, hélas, non encore condamné dans l'esprit des maîtres du pouvoir et de la finance!

Nous vivons une période de contradictions vives! Il faut privilégier le recours aux transports en commun, mais on augmente le prix des billets de train SNCF! On doit réduire la consommation de pétrole, mais on facilite l'acquisition de nouvelles automobiles! Il faudrait réduire la consommation de viande, mais on achète des terres en Afrique afin de produire davantage d'alimentation pour le bétail consommé en Asie...

Contradictions désespérantes aussi parce qu'elles révèlent que, si l'on affirme que tout doit bouger, rien ne peut bouger! Les obstacles à cette transformation économique, politique et culturelle sont si grands que nul ne saurait envisager de se lancer dans pareille tâche. Que va-t-il donc se produire?

Jusqu'alors, dans l'histoire humaine, ce qui a pu faire évoluer les mœurs a toujours été la découverte d'une nouveauté satisfaisante, impossible à interdire, ou... la révolte populaire. Quand ce ne sont pas les deux à la fois.

Quand l'avion solaire des Picard aura spectaculairement fait le tour de la Terre (en 2012?), quand les petites initiatives d'autonomie énergétique, locales, multipliées, se seront avérées efficaces et rentables, quand de nouvelles émeutes alimentaires auront engendré de très graves conflits, quand l'immigration climatique aura commencé à bouleverser l'occupation des territoires terrestres, il faudra bien revenir à Copenhague (ou ailleurs!), pour y décider ce qu'on n'a pas voulu décider.


Le Solar Impulse de Bertrand Picard

Nous n'avons guère de temps devant nous, mais le peu de temps dont on dispose peut être utile si on l'utilise à multiplier recherches et expérimentations. Les sentiments d'angoisse et l'espoir, habituellement, se superposent, mais mal; au mieux, ils se succèdent. Cette fois, il nous faudra bien les vivre ensemble.

mercredi 16 décembre 2009

Régionales : l'heureuse fin des illusions.

Nous approchons d'un scrutin où se révèlera que rien n'a changé et que tout a changé.
Les partis continuent leurs petits jeux stériles qui bloquent toute expression politique populaire.



À droite, l'UMP a allumé un feu pour réchauffer les ardeurs nationalistes à son profit. Elle a soufflé sur les cendres du Front national. Le parti sarkoziste ne pourra, sur un scrutin proportionnel à deux tours, renouveler le coup de son demi-succès des Européennes...

Les partis-charnières huilent plus facilement leurs gonds quand s'approche le moment où se plie le scrutin, pour l'inévitable second tour. Le MODEM, dominé par sa haine de Sarkozy, regarde, avec gourmandise, une situation où tout se délite, et avec l'espoir qu'on ne puisse faire autrement que de faire appel à lui, pour dévorer le gâteau.

Dans l'ex-gauche, celle qui est méconnaissable pour avoir renoncé à ce qui l'a vu naître (la solidarité effective et non verbale avec les plus démunis et l'anticapitalisme conséquent), on va sauver les meubles. Le PS conservera la direction de nombre de régions, en bénéficiant de la solidarité antigouvernementale de second tour. Il se croira sauvé. Il n'en sera rien.

Dans la gauche dite "anticapitaliste", la chapelle a bouclé ses portes. Sauf exceptions, rares, le NPA fera cavalier seul. Son "antitoutisme" lui coutera cher, mais ça lui est égal. Le NPA ne pèse déjà guère plus lourd que la LCR : fin de partie pour Olivier Besancenot et ses amis. La rigidité a fait son œuvre mortifère.

Dans la gauche qui se dit volontiers "responsable", le PCF a calculé que, 17 fois sur 22, l'alliance avec le PG lui permettrait, au second tour, de sauver autant d'élus qu'en s'alliant au PS au premier tour. Ce calcul boutiquier a tué toute possibilité de rapprochement large. Le score "honorable" espéré signifiera qu'en dehors des habiles manipulations politiciennes des outils politiques, le vieux parti n'a plus même de raison d'être : il n'est qu'un organisme efficace de gestion des fins de carrières...

Dans la gauche dite "rénovée", le Parti de Gauche, en changeant de logo, n'a pas changé les méthodes: il s'est fait dominer par le PCF, dans une alliance où il va perdre sa nouvelle image écologiste, mais où il va gagner les élus régionaux dont il manquait. Mais cela va-t-il enthousiasmer les foules...?

La "fédération antilibérale, sociale et écologiste", ou FASE, a encore raté son coup. Elle en a pourtant déployé de l'énergie! Ses dévoués zélateurs en ont usé du temps! Les débats, sans fin, sur les contenus n'auront servi à rien. On ne fait pas de politique "autrement" sur les terrains de jeu où les règles sont non modifiables, depuis des décennies. La politique des partis, comme disait De Gaulle, (avant de créer le sien) triomphe souvent avant même que les citoyens ne votent.

Quant aux écologistes, ils vont profiter, moins qu'ils n'espèrent mais plus qu'auparavant, de toutes des ambigüités (auxquelles vont s'ajouter les leurs!). Sur un scrutin où n'est pas engagé le pouvoir central de l'État, alors que les thématiques écologistes se sont imposées, compte tenu de la volonté de sanctionner un gouvernement qui échoue et déçoit, alors que l'opposition parlementaire elle aussi déçoit, après la progression enregistrée lors des élections européennes de l'année précédente, les Verts et Europe-écologie, unis, vont obtenir un succès relatif mais flatteur.

Sur qui donc pourrait, en effet, se rabattre les électeurs mécontents, inquiets, et à la recherche d'un neuf qui ne vient jamais? Les Verts, plus ouverts que d'autres à des apports externes à leur formation, sont, actuellement, en position favorable et en phase ascendante. Reste que leur soif trop ardente d'une réussite immédiate et leur culte imprudent du compromis vont entamer leur antilibéralisme et donc affaiblir leur écologie. Des tâtonnements politiques vont, certes, permettre l'apparition non de forces structurées mais d'idées-forces nouvelles : les listes qui, ici où là, vont être présentées par l'Association d'objecteurs de croissance (ou ADOC) en font partie. Cela ne pèsera pas sur les résultats, dès mars prochain.

C'est donc la fin des illusions, mais à toute chose malheur est bon. Quand la dernière page d'un livre est tournée, il faut bien ouvrir un nouvel ouvrage... Et, en fait d'ouvrage, il n'en manque pas! Rien ne change mais tout change. Le prix à payer, en terme de souffrances, risque d'être très lourd mais, l'une après l'autre, les références obligées dans le débat politico-économique se brisent ou se dissolvent. Ce n'est pas seulement le cas de la croissance. Devoir "décarboner" l'activité industrielle, agricole et les transports bouleverse la société en ses profondeurs. Nul n'y est près. Nous allons tous avoir, cependant, à y travailler. C'est non seulement un défi historique, c'est un enjeu planétaire comme il ne s'en est jamais encore présenté devant les êtres humains.

Les élections régionales, dans ce contexte, n'ont qu'une importance relative. Mais rien n'étant à négliger (par exemple, en matière de révolution des transports en commun, de compétence régionale!), il faut que les citoyens parlent, crient, hurlent leur volonté. Les élus sont des exécutants. Quand ils sont les décideurs, c'est que le peuple non seulement a délégué ses pouvoirs, mais y a renoncé. Jean-Jacques Rousseau nous en avait averti : quand les représentants du peuple se substituent au peuple, il cesse d'être le souverain. La Terre est à tous. Préoccupons-nous en... En période de grande mutation, c'est particulièrement évident. Nous sommes entrés, sans le vouloir, dans une période "révolutionnaire" dont nous ne savons encore comment nous sortirons. Le laisser-aller et le laisser-faire constituent des fautes politiques majeures! Occupons-nous de nos affaires; occupons-nous de ce qui nous regarde, avec ou sans les partis politiques... Ou bien, ne parlons plus jamais de démocratie...



-"Le premier qui, ayant enclos un terrain, s'avisa de dire : Ceci est à moi, et trouva des gens assez simples pour le croire, fut le vrai fondateur de la société civile. Que de crimes, de guerres, de meurtres, que de misères et d'horreurs n'eût point épargnés au genre humain celui qui, arrachant les pieux ou comblant le fossé, eût crié à ses semblables : Gardez-vous d'écouter cet imposteur ; vous êtes perdus, si vous oubliez que les fruits sont à tous, et que la terre n'est à personne." Jean-Jacques Rousseau, Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes (1755).

samedi 12 décembre 2009

Les apories de Copenhague




La sirène de Copenhague méditerait-elle sur l'impuissance de l'humanité?

L'aporie, dit Le Robert est une difficulté d'ordre rationnel paraissant sans issue? Au sommet de Copenhague, plusieurs apories se présentent.

La première est que ceux qui ont le pouvoir de décider ne décideront pas ce qu'il faudrait décider parce qu'ils ne sont pas les maîtres de la décision.

En effet, "le système" comme dit Nicolas Hulot (comprendre le capitalisme) dirige ceux qui dirigent et ils ne feront pas hara-kiri. Ce qui produit l'effet de serre n'est pas touchable et, capitalisme vert ou pas, on ne changera pas, d'en haut, la civilisation qui détient le pouvoir sur Terre : la civilisation occidentale.


On ne sortira de la civilisation du carbone par décret.

Imagine-t-on le Conseil de sécurité élargi, sur le champ, à l'Inde, le Nigéria, l'Afrique du sud, le Brésil et quelques autres grands États capables de contester la domination anglo-saxonne et d'introduire la sécurité alimentaire et environnementale dans les prérogatives de ceux qui veillent sur les relations internationales?

Imagine-t-on la création d'une autorité mondiale capable d'imposer le respect des décisions qui n'ont pas été respectées à Kyoto et qui ne pourraient l'être à Copenhague : plus qu'une OMS, plus qu'une OMC, une OME (organisation Mondiale de l'Environnement) devant laquelle la volonté des États s'inclinerait?

Imagine-t-on surtout que la totalité des crédits qui ont été libérés pour sauver des banques le soient pour sauver la planète? Il n'en faudrait pas tant, mais, différence essentielle, l'argent du système ne peut sortir du système : les capitaux qui font tourner l'économie telle qu'elle est, ne peuvent être distraits pour réduire à la fois, (ce qui revient au même) : les effets de serre climatiques (enserrant la planète) et les effets de serre économiques (enserrant les populations exploitées).

Autre aporie : il faut décider vite ce qui demande du temps pour produire des résultats! Non seulement ce qui est à défaire ne peut être immédiatement défait, mais ce qui n'aurait pas dû être fait est déjà fait! Si, enfin, on reconnait que l'action humaine dérègle le climat, cela ne conduit pas à passer de la prise de conscience à la prise de décision! L'augmentation de deux degrés de la moyenne des températures sur Terre est acquise. Il n'est pas question de "refroidissement"! Il est question d'arrêter la surchauffe. Ceux qui doivent tenter de limiter cette évolution désastreuse ont des mandats trop courts pour être engagés indépendamment de la volonté de leurs mandants. Ils hésitent donc. Ils ne peuvent qu'hésiter. Les choix ultimes sont toujours en-deçà du nécessaire. Pour sauver la Terre, la démocratie, telle que nous la pratiquons, est insuffisante.


Non, la Terre n'est pas en feu. Ce sont ses habitants qui s'y suicident par le feu!

Reste à pratiquer une autre démocratie! Laquelle? Cela restera-t-il celle où la décision vient de ceux qui ont le plus (d'argent, de connaissance, d'autorité, de moyens de pression) et ne peuvent pas désirer, pour eux-mêmes, moins et d'avoir, et de savoir et de pouvoir? Allons-nous voir surgir, au contraire, celle où s'exprime la volonté de survie de ceux qui ont le moins, et sont donc les plus menacés? Cette dernière éventualité n'est envisageable que sous l'une ou l'autre de ces deux conditions : l'une est de l'ordre de la révolte violente, l'autre appartient à la non-violence de masse. Ou bien les peuples, en proie à l'angoisse, vont se dresser contre leurs dirigeants, mais aussi les uns contre les autres (pour manger, boire, trouver refuge...), ou bien les citoyens du monde vont se manifester, puis manifester publiquement, ensemble, avec une telle capacité de communication, d'exigence et de savoir faire, que la donne s'en trouvera changée. Utopie, certes! Le champ des utopies est, en effet, largement ouvert! Sans l'une d'elles, qui devra se révéler plus efficace que tout ce qui s'est jusqu'ici essayé, en politique, l'aporie finale restera : comment changer sans rien changer mais ce serait l'impasse, et alors, le terme de l'expérience humaine...

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