mercredi 30 avril 2014

Qu'est-ce que "faire des économies" ?

Le mensonge sur "la crise" semble s'être imposé à tous !

Il faudrait, pour en venir à bout, "faire des économies" (comprendre : accepter une cure d'austérité).


L'austérité est une violence dès lors qu'elle est imposée. On peut être austère, rigoriste, sobre ou simple pour des raisons strictement personnelles, mais c'est alors tout différent s'il s'agit d'un choix. Les discours qui n'avouent qu'indirectement la décision économique de recours à l'austérité, tout comme ceux qui dénoncent l'austérité sans précision, sont marqués du sceau de l'ambiguïté !

Une société de gâchis, de surconsommation, de gaspillage pourrait réduire ses excès. Oui ! "Faire des économies" signifie, alors, entrer dans une décroissance ciblée pour éviter des dépenses devenues ou étant manifestement inutiles.

Quand on prétend encourager la croissance tout en "faisant des économies", on commet une double erreur : ou bien il faut, pour produire et vendre plus,  fournir davantage de revenus (donc pas d'austérité) ou bien il faut, pour produire de quoi satisfaire strictement tous les besoins, renoncer à l'inutile (donc une forme d'austérité particulière : la sobriété).

Mon choix est fait : je suis contre l'austérité imposée et pour la sobriété. La vie simple n'est pas une douleur ! On peut jouir de la vie sans sombrer dans la consommation. Il est vrai que cela suppose des acceptations fondées sur une conception du monde qui ne soit pas celle du "toujours plus". Rien de dramatique !

Réduire le train de vie de l'État n'est pas d'abord diminuer le nombre des fonctionnaires ! L'État, c'est nous. Réduire les dépenses auxquelles nous incitent les publicités est tout aussi nécessaire et plus encore.

mercredi 16 avril 2014

Ne laissons pas la désespérance s'emparer du monde


Le réel est complexe mais les choix sont simples.

Il n'est rien, absolument rien, de plus utile et urgent que de concevoir et proposer de quoi donner aux humains des raisons de vivre. La haute technologie n'est pas autonome et passe désormais après les orientations et les résolutions philosophiques dont dépend l'avenir de l'humanité.

Car les raisons de la désespérance surabondent mais, parmi elles, vu de France, il en est plusieurs qui sont prioritaires. Exposées, elles apparaissent insurmontables, mais il n'est pas supportable de penser que la fin du monde est venue à nos portes. Prendre en compte la situation des humains à naître oriente nos pensées.

Les menaces sur l'humanité, dans le désordre, - car elles ne se hiérarchisent pas et chacune peut déclencher le pire -, me semblent les suivantes :
• La non prise en considération des génocides du XXe siècle, dont les causes n'ont pas été explorées profondément, et notamment celui du Rwanda, qui affecte toute l'Afrique et nous avec, qu'on commémore, au lieu d'en pourchasser l'origine historique, politique, intellectuelle et « religieuse ».
• Le rôle prédominant des USA qui n'ont cessé, au nom de la lutte contre le terrorisme, de s'écarter de leurs propres principes, qui ont organisé une guerre secrète qui s'est étalée sur toute l'étendue du globe, qui a restauré le droit à la torture, et qui a justifié l'usage de moyens nouveaux de tuer (dont les drones qui banalisent la mort à distance et ne distinguent pas les innocents des supposés criminels).
• L'augmentation épouvantable des budgets d'armement qui permettent à des entreprises privées et d'état de faire d'immenses profits rendant inévitable la multiplication des conflits locaux, régionaux et internationaux.
• Le refus obstiné de tirer les enseignements économiques, agronomiques et politiques du réchauffement climatique, lequel se produit, s'aggrave et va vite, à présent, bouleverser la vie des peuples.
• La lente imprégnation des esprits, les médias aidant, qui aboutit à l'acceptation comme inévitable de sociétés où triomphent les riches et où le partage est relégué au rang de valeur appartenant au passé.
• L'entêtement historique de savants et de politiques qui persistent à vouloir maintenir et développer l'industrie nucléaire civile et militaire en dépit des enseignements (non retenus) des catastrophes survenues entre 1945 et 2011.
• La perversion des systèmes politiques se réclamant de la démocratie et qui ont confisqué, détourné, défiguré, travesti, (jusqu'à dénaturer, par de subtils modes de scrutin, les élections elles-mêmes), ce qu'elle recelait d'historique : le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes loin de toute forme de monocratie.
• le blocage de tous les acquis culturels de la pensée et de l'art humains, (un trésor laissé enfermé dans les bibliothèques et les musées), qui sont niés, oubliés, ridiculisés, au profit d'une gestion comptable et économiste des organisations communes, brisant ainsi les espoirs des humbles.
• L'absence des débats essentiels relatifs la démographie et au vieillissement, pesant sur la fin du siècle engagé.
• La course en avant, appelée croissance, qui laisse entendre que les limites planétaires n'existent pas et qui conduit à l'épuisement des ressources ainsi qu'à la saturation des économies développées.
• Le maintien d'une conception du travail strictement lié à l'emploi lequel ne peut plus, pourtant, que reculer, dès lors que produire plus est possible avec une main d'œuvre de plus en plus réduite.
• L'incapacité de penser et donc de distribuer des revenus qui ne dépendent plus du salaire.

Décrire, à grands traits, ces causes de la désespérance, mais aussi de la colère des peuples du monde, fournit aussi la liste des chantiers sur lesquels les citoyens de toutes les nations, (et plus État par État), ont à travailler, de toute urgence, sans volonté de pouvoir sur autrui mais seulement sur la réalité de nos vies.

Il n'y a du reste pas le choix : entre le renoncement définitif à tout engagement dans l'ouverture d'une autre « voie » (qui n'est plus alors qu'attente de la mort) et la participation à la découverte d'un futur qui sera très éloigné que ce que contiennent les temps présents (et qui oblige à des ruptures avec les idéologies d'un passé persistant mais déjà ruiné), il faut vivre, écrire, parler, prendre les risques de l'erreur et aimer le vivant dont nous faisons partie.


mardi 8 avril 2014

8 avril 2014 : journée mondiale de défense des droits des Rroms






Les informations du jour, fournies sur internet, en cette journée commémorative annuelle, portent souvent sur les violences et discriminations faites aux Rroms. Elles disent peu de chose sur la culture et de la place de ce peuple en Europe. Loin de n'être que la Journée internationale des Rroms, ce 8 avril 2014 devient, alors, la journée mondiale de défense des droits des Rroms.

Selon Amnesty International :
« Les États européens ne font pas barrage à la discrimination, à l'intimidation et aux violences envers les Roms, et parfois même les favorisent », déclare Amnesty International1 à l'occasion de cette Journée internationale des Roms, le 8 avril 2014.

Le rapport d'Amnesty International, intitulé "We ask for justice": Europe's failure to protect Roma from racist violence, insiste sur les actes de violence et de harcèlement infligés aux Roms par des représentants de l'État et de simples citoyens en République tchèque, en France et en Grèce, illustrant les préoccupa
tions de l'organisation dans toute l'Europe.

Selon Les Enfants du Canal :
L'enquête réalisée par l'association Les Enfants du Canal qui est rendue publique, ce 8 avril, , révèle que les Roms veulent travailler. Est-ce bien une révélation ? Selon les résultats, sur les 119 personnes interrogées et vivant dans sept bidonvilles d'Ile-de-France (Bobigny, Champs-sur-Marne, Ivry, Grigny, Paris et Saint-Denis), 95 % des Roms souhaitent occuper un emploi salarié et 82 % souhaitent s'installer définitivement en France2.

Lancé en novembre dernier par l'association Les Enfants du Canal, le programme Romcivic, qui permet à 24 jeunes Roms, pour la plupart vivant dans des campements en Ile-de-France, d'effectuer un service civique, a été présenté le 18 février dernier, à Paris, en présence de trois ministres ( Cécile Duflot , Marie-Arlette Carlotti et Valérie Fourneyron, depuis sorties du gouvernement ).

Selon la Ligue des droits de l'Homme (LDH) et l'European Roma Rights Center (ERRC) :
Près de 3 000 Roms ont été évacués de force, en France, au premier trimestre 2014, un chiffre comparable à celui de 2013, selon un décompte publié lundi à la veille de la journée internationale des Roms. Du 1er janvier au 31 mars, les autorités ont démantelé 27 bidonvilles, ce qui a forcé 2.904 personnes à quitter leur lieux de vie3.



Selon l'hebdomadaire Le Point :
Le nouveau Premier ministre, Manuel Valls, lorsqu'il était ministre de l'Intérieur, a toujours défendu les démantèlements de campements roms, au motif que, selon lui, « les Roms ont vocation à revenir en Roumanie ou en Bulgarie4. Moins de 17 000 Roms vivent dans environ 400 campements illicites, selon des statistiques officielles. Le nombre annuel de personnes déplacées est supérieur, car de nombreux Roms ont été déplacés à plusieurs reprises au cours de 2013, quand d'autres ont échappé aux démantèlements5.

Et c'est à peu près tout...

Pénible coïncidence : le nouveau Premier ministre se présente devant le Parlement et lui demande sa confiance, en ce jour anniversaire d'un peuple actuellement maltraité en France ! On ne peut guère espérer de changement de comportement de la part du Gouvernement ou, plutôt, on doit s'attendre à une aggravation du sort des familles rroms, avec l'appui d'un nombre croissant de maires qui leur sont hostiles. Cette situation est révélatrice, d'une part, d'un glissement général vers le nationalisme et la xénophobie, et d'autre part, vers une complicité des politiciens, de droite comme de gauche, qui se refusent à accepter la présence, sur notre sol, de 20 000 européens qui ont le droit d'y vivre. Ce droit est-il strictement européen ? Alors, nous dit-on, il faut lui désobéir et condamner ce laxisme européen, voire même sortir de cette Union qui impose des directives inacceptables ! Les Rroms serviront, à n'en pas douter, pendant la campagne électorale toute proche, de boucs émissaires permettant aux europhobes de se trouver un argument supplémentaire en proclamant leur hostilité à un peuple européen, afin de rentrer en masse au... parlement européen !

Les Rroms sont ainsi devenus, à leur insu, la pierre de touche du respect des Droits de l'homme, de la pratique de la démocratie et d'une conception de l'Europe politique que l'Union européenne ne suffit plus à définir. C'est le sens profond de cette journée internationale des Rroms, évidemment très peu commémorée et qu'il convient de considérer comme la journée mondiale de défense des droits des Rroms, indissociable de l'ensemble des droits de l'homme, partout proclamés et toujours bafoués.


1 http://www.amnesty.ch/fr/themes/racisme-et-discrimination/docs/2014/les-roms-deurope-en-butte-aux-violences
2 http://www.metronews.fr/paris/95-des-roms-d-ile-de-france-veulent-un-emploi-salarie/mndg!ZP15KJ7MFXf62/
3 http://www.20minutes.fr/societe/1345081-pres-de-3-000-roms-expulses-de-leur-bidonville-au-premier-trimestre
4 http://www.lepoint.fr/societe/valls-nous-ne-resoudrons-pas-le-probleme-des-roms-par-l-insertion-24-09-2013-1734440_23.php
5 http://www.lepoint.fr/societe/environ-3-000-roms-expulses-de-leur-bidonville-depuis-le-debut-de-l-annee-07-04-2014-1809929_23.php

dimanche 6 avril 2014

Pierre Rhabi et la décroissance.

 Photo le Midi Libre

Pierre Rhabi est un philosophe mais il n'est pas un doctrinaire. C'est un praticien. Depuis sa ferme de Monchamp, il incarne ce qu'il pense dans et sur un territoire rocailleux depuis bientôt cinquante ans. L'agroécologie qu'il préconise, il la met en action. Il est radicalement « non-capitaliste ». L'avidité et l'insatiabilité lui semblent des travers dont souffre l'humanité tout entière. « Toujours plus ne génère pas de la joie » dit-il.

La décroissance dont parle Rhabi n'a rien de subversif, c'est une lucidité. La planète est limitée et le « système duel » (repus/affamés) est une guerre économique qui ne peut déboucher que sur la guerre tout court. Ce qui est subversif, ce n'est pas l'intention des écoagriculteurs, c'est la réalité qui, peu à peu, lentement, irréversiblement, bouleverse les affirmations péremptoires des maîtres du pouvoir, un pouvoir qui ne mord plus sur le quotidien des peuples.

On a toujours présenté la révolution comme une contestation violente et comme un renversement des gouvernements par la force. Pierre Rhabi ne se situe pas parmi les tenants de cette révolution-là qui connaît soit l'échec de ses moyens, soit, pire, l'échec de ses objectifs quand celui qui renverse les tyrans devient un tyran. « La colère ne doit pas blesser les autres » affirme encore Pierre Rhabi. La prise de conscience de notre inconscience est seule à même de retourner la logique qui nous détruit.

La conquête est illusoire. Se penser humain n'est pas s'investir dans un territoire à dominer, à occuper et à défendre. La concentration des avoirs entre les mains de 1300 milliardaires engendre le malheur. Comme depuis des siècles et des siècles, l'injustice produit des conflits meurtriers, de plus en plus meurtriers. C'est pourquoi l'écologie mise en œuvre tout de suite, sans attendre l'autorisation de quiconque est la seule voie de changement ouverte.

Au primat absolu de l'économie, Pierre Rhabi oppose le réalisme de la bio-économie et se réfère à Nicholas Georgescu-Roegen (1906-1994) qui n'a cessé d'annoncer que la croissance indéfinie et sans contenu ne conduisait qu'à des excès temporaires, ravageurs à échelle historique. Cette évidence que de nombreux penseurs ont décrite dans de multiples livres est rejetée par la plupart des politiques comme un rejet du progrès humain.

Les techniques n'ont pas d'autonomie de développement. Elles sont voulues et déployées par des cerveaux humains. Les technologies mises au service du vivre ensemble sur une même terre peuvent s'avérer positives ou pas. Pierre Rhabi propose « une posture », un art de vivre, une vigilance éthique (« on peut faire manger bio et exploiter son prochain » dit-il). Son approche du monde sans compétitivité mais avec créativité est sans agressivité mais exige une coopération permanente à laquelle nous ne sommes pas éduqués.

C'est une manière de révolution culturelle non violente à laquelle nous sommes invités par tous les « colibris » du monde, à l'instar de ces oiseaux si nombreux, si petits, si actifs, si présents et si efficaces. Plus encore que la lutte des classes qui oppose victimes et exploiteurs, le recours immédiat à des moyens adaptés aux fins auxquelles aspirent les humains peut inverser la logique mortelle à laquelle nous souscrivons à regret mais par résignation.

Pierre Rhabi est un utopiste concret.

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