vendredi 9 juillet 2010

Ce monde dont je ne suis plus

Non, ce message n'est pas posthume. Je n'ai pas déserté le monde des vivants.

Je veux quitter le monde des apparences qui brille tant et tant qu'il fait écran à la réalité.

Je ne puis continuer à vivre dans l'univers des dupes. La démocratie n'est pas démocratique. La gauche n'est pas à gauche. La transparence est illusoire. Les partis sont des chapelles. Les discours sont des habillages. Le pouvoir n'appartient qu'aux riches. La politique est une guerre. Les élections sont des choix sans choix. La violence est permanente. Le machisme reste triomphant. Les questions essentielles sont éludées. L'économie est affaire de banquiers. Les misérables sont écartés de tout. Les enfants sont dressés pour n'être que des compétiteurs. Les décideurs se recrutent parmi les plus favorisés. Ces élites apprennent à dominer les majorités. Et, ainsi, siècle après siècle, auront duré l'injustice et la haine...



On pourrait, longuement, étendre la liste de ces constats amers.

Face à cela, faut-il se résigner, se suicider ou se révolter? Aucun de ces choix ne serait efficace. Il faut prendre le risque de tenter de vivre libre. Je me retire de ce qui me fabrique dépendant. Je le peux, disposant de quoi manger, dormir et me vêtir. Alors, pour moi-même, et plus encore pour ceux qui sont prisonniers du Système, j'essaie de sortir de cet univers indigne qui est un contre-monde. Je prends définitivement le parti des "sans", de tous ceux qui ont même droit humain que quiconque mais qui sont privés de ce que leur confisquent sciemment les nantis.

Ce monde dont je ne suis plus et qui, de toute façon s'autodétruit, est un monde de violence et d'impuissance. Violence faite à autrui pour vivre de son exploitation. Impuissance à faire face aux malheurs et aux périls qu'engendrent ceux qui usent de leur pouvoir de prédateur sans rien changer aux déséquilibres finalement meurtriers où stagne une humanité déshumanisée.

Je veux m'écarter de ce qui aura troublé mon cerveau et observer, sans crainte, puisque j'arrive en la vieillesse, ces rapports de force qui n'ont jamais rien résolu. La guerre, sourde ou aiguë, est l'outil des États mais ne produit que des bouleversements dont se paie toujours, lourdement, le prix. On commence à comprendre pourquoi Hitler fut la création des vainqueurs de la Guerre 1914-1918. On commence à comprendre pourquoi la Bombe atomique de Hiroshima a sali l'humanité à jamais. On commence à comprendre que l'histoire a changé de sens après Auschwitz. On commence à comprendre que le nationalisme n'a pas de patrie et engendre des haines inexpiables pour mille ans. On commence à comprendre que le colonialisme fut un esclavage dont les effets perdurent. Sans le recul de l'histoire on persiste dans l'erreur qui produisit le crime.

Je veux entrer, au risque du ridicule, dans une approche du vrai réel, celui qui détermine l'avenir de l'espèce humaine. Je veux que l'écologie, le rapport de l'humain à ce dans quoi il baigne, ne soit plus une affaire de petits marquis mais l'affaire de tout un chacun. Je veux pouvoir être naïf et projeter de l'espoir autour de moi.



Ce qu'il me reste à vivre je veux le porter avec cette force qui vient de ce qu'on a pensé possible un autre monde (*). Seul l'homme imagine un dépassement. Je veux abandonner le mieux pour ambitionner le meilleur. Je préfère l'échec de l'espoir à l'échec des réalismes plats. Rendre possible l'impossible est un objectif que seuls des hommes savent exprimer. Et tout ce qu'un homme peut dire pourra, pour le meilleur ou le pire, avoir lieu. Au-delà de toute utopie, il y a une certitude : la vie ne répète pas. Le rêve peut trouver chair. Tout le reste est un monde sans poésie qui ne peut que mourir. Et il meurt sous nos yeux...

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De Roger-Paul Droit, le 7 juillet 2010 :

Nous sommes en train de changer de monde. Sans l’avoir voulu, sans le comprendre encore clairement. Sans le penser encore à la hauteur qui convient. Il ne s’agit pas seulement, on s’en doute, du réchauffement climatique, mais aussi de la fin des ressources énergétiques, des modifications de la biodiversité, de l’interdépendance entre les activités humaines et les équilibres du globe. Sans oublier les multiples mutations de nos comportements, de nos gestes quotidiens aussi bien que de nos horizons politiques. Ce « monde émergent » soulève donc quantité de questions économiques, sociales, politiques, que des problématiques philosophiques nouvelles doivent aborder.

(*) « Le Monde émergent (tome 1) », sous la direction d’Yves Charles Zarka : pour une philosophie de l’écologie


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