dimanche 30 novembre 2008

Faites votre choix..., à gauche!

Le point sur les roses
Après que le PS se soit renversé, cul par dessus tête...,
Quel chemin emprunter à gauche

Entre :


les partis radicaux pas radicaux du tout,



les partis "de gauche" sarkozystes,
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les vieux partis qui n'en finissent plus de finir,


les partis trotskystes qui n'ont plus rien d'extrême;



Les partis écolos qui cherchent en vain leur place,



les nouveaux partis qui n'ont rien de neuf,

Le logo du Parti de la gauche (DR)

les organisations politiques qui ne sont pas des partis :



Où aller...?

Des partis, il y en a trop!
Des idées, il n'y en a pas assez.

Les syndicats se sont libérés des partis,
mais aussi ne choisissent plus leur camp.

L'espace à gauche se vide.
On ne sait plus même où il est.
..


Il faut retourner vers l'agora




samedi 22 novembre 2008

De l'immobile au mobile : les migrations dans un monde clos.

"La parole a été donnée à l'homme pour cacher sa pensée". Stendhal.

J'aime les samedis matins de France-Inter parce qu'y sont souvent invités des hommes qui donnent à penser, qui ne parlent pas pour ne rien dire. Étaient aujourd'hui invités : Paul Virilio, Raymond Depardon et Emmanuel Terray, trois hommes qui se préoccupent de la Terre et de ses territoires. Leur rencontre était stimulante. Elle donne à penser la mobilité de façon actuelle. Stefan Zweig (1886-1942), visionnaire désespéré (1), rappelait qu'au début du XXe siècle encore, on pouvait parcourir un monde sans passeport ni visa, aux frontières franchissables, et sans permis d'aucune sorte.

Stefan Zweig (1881-1942)

L'Europe est au cœur de la réflexion des trois hommes, une Europe forteresse et pourtant passoire (avec ses 200 000 à 300 000 illégaux indispensables à l'économie du continent, selon Terray); une Europe qui ne veut plus être l'Europe des Lumières où la frontière est devenue continentale, déléguant à la Lybie le soin de barrer le passage à l'immigration africaine (alors que 12 000 êtres humains se sont noyés en Méditerranée pour n'avoir pu la rejoindre, selon Virilio); une Europe, où comme à l'aéroport de Los Angelès, selon Depardon, on recherche à remplacer les hôtesses par des bornes, c'est-à-dire l'identité par la traçabilité.

Pour assurer sa sécurité, on vient de retirer à Barack Hussein Obama tous ses portables. Tout homme est désormais joignable, donc menacé. Pour protéger les puissants des dangers de ce monde, on les coupe du réel.

Paul Virilio estime que la formule qui avait connu un grand succès ("la fin de l'histoire") se voit annihilée par... "la fin de la géographie". À l'époque totalitaire a succédé l'époque globalitaire. Avec la radio, le téléphone, la télévision, nous avions la ville chez soi. Avec "la révolution de l'emport" et les portables multifonctions chacun emmène la ville sur soi. Les trans-ports ne sont plus seulement des moyens de se déplacer physiquement, ce sont des moyens de voyager autrement, parfois sans bouger. La délocalisation ne concerne pas que des entreprises; elle est généralisée. Le nomadisme a changé totalement de visage : tout Terrien est partout chez lui. Mais ce citoyen du monde est-il encore citoyen? Est-ce que ce Terrien est encore humain?

À la fondation Cartier (2) et jusqu'en mars prochain, une exposition bouleversante : Ici commence ailleurs, inspirée par Virilio et Depardon, propose de réfléchir aux conséquences d'un double mouvement apparemment contradictoire : on revendique ses origines sans peur ni honte mais il n'y a plus de terre natale. Chacun est au monde. La ville sociale était une ville sédentaire. Le droit de cité était à l'origine du droit commun, le fondement de la politique. Avec la ville-monde, nous sommes entrés dans l'inouï. Nous vivons la plénitude et la finitude du citoyen du monde, un monde trop petit pour le progrès et même trop petit pour le profit. La géopolitique qui était une territorialisation des données économiques et sociales est lentement recouverte par une "météopolitique" dont la grande affaire de l'effet de serre n'est que la manifestation la plus évidente. Nous avons pénétré dans l'époque des incertitudes.


Raymond Depardon - Paul Virilio. Terre Natale : Ici commence Ailleurs

C'est dans ce monde réel là que nous vivons et que s'apprécient les événements et les comportements. La délocalisation de la gauche et de la droite, en politique, trouve ici une partie de son explication : les repères ont changé de place. L'universel a changé de contenu. La génération d'après la guerre 1940-1945, passe la main. "Les enfants de la guerre totale" n'ont pas encore, pourtant, pu transmettre la totalité du message dont ils sont porteurs. Et perdurent des pratiques insensées et cruelles confiées à "la clostropolice".

Emmanuel Terray appartient à cette génération et il constate une manière de retour au passé qui conduit au drame : la poursuite des indésirables dont il faut se débarrasser fait réapparaître des rafles, des identifications au faciès, comme au temps de l'Occupation, comme au temps de la Guerre d'Algérie. Les quotas d'expulsions (à hauteur de 26 000 par an, en France, actuellement) obligent à user de coercitions choquantes: 250 enfants sont enfermés dans les centres de rétention. Bref, faute de savoir habiter le monde, on tente encore de le compartimenter bien que ce ne soit plus possible. Un problème avec une minorité est toujours le problème du pays d'accueil estimait aussi Stefan Zweig. En ce siècle de brassage des peuples, les majorités ne sont plus que des ensembles de minorités.


Le pont migratoire

(1) «Le monde ma propre langue est perdu pour moi. Ma patrie spirituelle, l’Europe, s’est anéantie elle-même. Il fallait à soixante ans des forces exceptionnelles pour tout recommencer à nouveau et les miennes sont épuisées par des années d’errance sans patrie. Aussi, je juge préférable de mettre fin, à temps et la tête haute, à une vie pour laquelle le travail intellectuel a toujours représenté la joie la plus pure et la liberté individuelle le bien suprême sur cette terre. Je salue tous mes amis ! Puissent-ils voir encore les lueurs de l’aube après la longue nuit ! Moi, je suis trop impatient. Je les précède.» Stefan Zweig, Pétropolis, le 22-2-42.
http://www.stefanzweig.org/zweig_bf.htm

(2) http://fondation.cartier.com/?p=398&c=616&linkid=616



lundi 17 novembre 2008

Vers la fin des illusions socialos-vertes?

Décidément les Verts n'en finissent pas de se décalquer sur leur grand frère socialiste. Un Congrès suit l'autre. Six motions à Reims, pour le PS. Six motions à Lille, pour les Verts. Pas de majorité en Champagne; pas davantage chez les Ch'tis. Le PS se perd et se cherche. Les Verts se cherchent et se perdent. Vont-ils se retrouver chez... Martine Aubry, maire de Lille?


La similitude n'est pas qu'apparente. Quatre motions émergeaient chez les socialistes : entre 18 et 30%. Quatre aussi chez les Verts entre 14 et 28%. Cécile Duflot, en tête est toute grâce, comme Ségolène. Dominique Voynet est l'élue d'une très grande ville comme Martine Aubry. Yves Cochet est un grand solitaire déçu, comme Bertrand Delanoë. N'insistons pas trop : le pendant de Benoît Hamon est difficile à trouver, à moins d'aller chercher, à presque 12%, la motion que défendait Yves Contassot...



Comparaison n'est pas raison. Les socialistes vont soit porter Ségolène Royal à la tête d'une formation tournée alors vers la démocratie à l'américaine, "people" et présidentialiste, soit se choisir une forte tête capable de régénérer le parti de Jaurès qui n'avait plus de base populaire. Avec l'aide de la gauche dite réelle, très minoritaire et encore bien traditionnelle, celle qui va se compter d'abord sur Benoît Hamon, ça devrait passer pour la fille de Jacques Delors. La guerre des roses devrait donc s'achever, après force égratignures, par la défaite de celle qui devait gagner.

Les Verts, eux, sont en apné. L'oxygène verte est surabondante et pourtant ils manquent d'air. Ils ne comprennent pas que l'écologie soit triomphante et eux sans influence. L'alliance de la carpe et du lapin devrait pourtant leur assurer un succès mince mais acceptable aux prochaines Européennes, et cela devrait suffire à sauver l'équipe Dufflot. Voynet rongera son frein, à moins qu'elle ne réussisse un coup à la Delanoë, en faisant perdre une rivale à défaut de pouvoir faire gagner quelqu'un de ses proches.



Sur les deux partis aura soufflé un petit vent venant de la gauche. En bon navigateurs, les politiciens des deux esquifs auront su détourner le souffle et faire gonfler les voiles qui emportent non au large (c'est bien trop dangereux) mais vers des ports où caboter, où se montrer, où faire emplettes dans les magasins à élections.

Cette mascarade qui fait rire de la politique n'est pourtant pas drôle du tout. De vrais questions politiques sont à aborder autrement qu'en se cherchant des places dans les médias, les urnes, les sièges des partis et les hémcycles d'assemblées. On continue de confondre les moyens et les fins.

C'est la vie, dure, belle et cruelle qui va bousculer tous les beaux parleurs et les belles parleuses, incapables d'oser sortir des cadres de pensée où, ensemble, ils stagnent, débordés qu'ils sont par une évolution écologique et économique qui n'a jamais été aussi bouleversante.



Patience! D'ici quelques mois, tout ce théâtre, avec ses représentants et ses représentations d'un autre âge, qui occupent encore les journalistes aujourd'hui, semblera dérisoire, vieillot et inadéquat.

Que de temps perdu... À chacun maintenant d'oser créer et dire comment sortir de ces impasses, au risque de l'erreur, au risque du ridicule. Ce ne sera jamais pire que ce que nous avons connu, jusqu'à présent
.

samedi 15 novembre 2008

Du G8 au G vain.


L'économie mondiale n'est-elle qu'un supermarché?

Aujourd'hui, Debelyou, en fin de parcours, accueille les représentants de vingt États-nations pesant les deux tiers de la population mondiale et fournissant 90% de l'activité économique.

On admet donc que la prétention des huit États les plus industrialisés à faire la pluie et le beau temps en économie ne peut que prendre fin. Ce serait une bonne nouvelle si l'on ne constatait que ces vingt "Grands" oublient le dernier tiers des humains et, en nombre d'États représentés à l'ONU, les quelques 190 autres États, (sans compter les nations sans États et les États non présents à l'ONU).

Au reste, est-ce bien du sort des Terriens que les porte-parole des États présents au G20 vont se préoccuper? Entre les régulateurs et les dérégulateurs, si le débat est vif, il ne porte pas sur le fond de la crise systémique mais sur le meilleur moyen de sauver ce système. Entre Sarkozy, qui veut repenser le capitalisme, et Bush qui voit dans toute régulation financière mondiale une "dérive collectiviste, protectionniste et défaitiste", il y a débat sur les moyens, pas sur les fins.

La "relance concertée de la croissance" que le G20 pourrait annoncer renvoie tous les partenaires à la sempiternelle question écologique : peut-on décider de produire plus quand les limites sont atteintes? Peut-on, surtout, continuer à produire davantage ce qui était produit jusqu'à présent, dès lors qu'on sait que ne consomment pas assez les absents du G20 tandis que les présents, notamment ceux qui viennent du G8, consomment trop, et mal, au risque d'affamer des centaines de millions de personnes?

Tant que le G8 ou le G20 ne se préoccuperont pas du "G tous", ce sera une rencontre prestigieuse de plus pour rien, un G vain.

La crise est un mal pour un bien : elle oblige à se poser les questions qu'on ne voulait pas poser. Entre la surveillance des marchés (par qui et pour qui?) et la liberté des marchés (au profit de qui?), entre le socialisme mondialisé et le le libéralisme sans contrôle, y a-t-il un intermédiaire ou faut-il, résolument, rechercher une troisième voie qui évite les écueils de l'étatisme et de la loi de la jungle. Celui qui organisera la société humaine sera-t-il, encore et toujours, le plus fort ou le plus riche? À moins que ce ne soit les deux à la fois, le mieux armé des États étant, bien sûr, étroitement lié aux plus fortunés!

Aucune volonté politique n'a, jusqu'à présent, permis de s'avancer dans cette troisième voie qui ne serait ni la planification autoritaire (qui, du reste, a historiquement échoué), ni le libéralisme effréné (qui semble, -il faut y insister-, avoir atteint ses limites). Il y a crise, surtout, parce que l'on ne sait que faire. Aux opinions, prises à témoin, on ment effrontément : en quelques mois, on lui a fait savoir qu'on était passé d'un monde de facilités à un autre monde, d'austérité, mais on veut, en même temps, faire croire que c'est conjoncturel et que, tôt ou tard, on sortira de ce tunnel dans lequel on vient d'entrer!

Les tunnels sont, certes, faits pour qu'on en sorte, l'ennui est que non seulement on n'en connaît pas la longueur, mais que l'on ignore si la machine économique, en s'étouffant, ne risque pas de nous y immobiliser! Michel Rocard a beau rappeler que "s'il y avait une autre économie possible que l'économie de marché, ça se saurait", il confond deux ignorances : celle de ceux qui croient encore à la possibilité de remplacer l'économie capitaliste par l'économie étatisée, soit disant au nom de l'intérêt de tous, et l'autre ignorance, celle de ceux qui pensent que puisque l'économie soviétisée a échoué, l'économie capitaliste est devenue irremplaçable. Dès lors, aucune alternative politique n'est plus concevable.

On comprend mieux la souplesse et l'adaptabilité des politiciens, de droite (quelle droite?) comme de gauche (quelle gauche?) qui, de Sarkozy à Strauss-Kahn, ne pensent qu'à faire mieux fonctionner le système, pas à le remplacer, quitte à modifier un peu, voire beaucoup, leur discours. Pour l'un, qui est, il est vrai, à la tête d'un État, les pouvoirs publics doivent garantir le bon fonctionnement des outils bancaires indispensables au développement économique capitaliste; pour l'autre qui est, il est vrai aussi, à la tête du Fonds monétaire international, il est de l'intérêt du capitalisme de ne pas sacrifier, de façon irresponsable, les besoins sociaux des populations.

Quant à chercher comment échapper au dilemme : plus d'efficacité et moins de justice ou moins de justice et plus d'efficacité, il n'en est pas question. Ce serait lâcher la proie pour l'ombre. Alors...? Alors, seule une crise titanesque peut contraindre à sortir de cette quadrature du cercle. Les hommes vont devoir inventer ce qu'ils ne savent ni penser ni faire. L'angoisse planétaire tient à ce que l'on ne sait encore quand cette révolution, indispensable et sans cesse retardée, va commencer. À moins que la dite révolution, silencieuse, lente, masquée et verte n'ait déjà commencé, à l'insu de la majorité des hommes.


Au G.vain les savants bavardages n'y pourront rien. On ne reviendra pas en arrière. Et cela en dépit des risques d'une marche vers l'avenir qui nous conduit... l'on ne sait où. Une planète limitée mais entière, habitée par des hommes limités mais solidaires, restera habitable si, et seulement si, tous ses habitants s'en donnent les moyens actualisés intégrant modération et paratage. Et ce n'est pas encore fait...


Une Terre déchirée, un symbole parlant mais inconcevable : aucun homme ne serait là pour la voir!

À quel prix va s'effectuer cette prise de conscience urgente et nécessaire, sans égale au cours de l'histoire humaine?

mardi 11 novembre 2008

De la démocratie participative à la démocratie sans qualificatif.



Si le soixantième anniversaire de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme, dans quelques semaines, se limitait à faire entendre de beaux, de grands et d’émouvants discours, on oublierait vite cette nouvelle commémoration, mais on resterait englué dans ce nouveau contexte planétaire, économique et politique, très douloureux, dont l'inhumanité va aller croissant.

Entre la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen du 26 août 1789 et la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme du 10 décembre 1948, il y a un énorme écart dans l'espace: celui de l'universalité, un long écart dans le temps de près de 160 ans, mais il n'y a guère d'écart politique : les deux textes concernent bien tous les hommes, où qu'ils vivent sur Terre.

Pourtant, si ce concept d'universalité contient une espérance et une charge émotive dont Beethoven était empli en composant le final de sa 9ème Symphonie, devenu l’hymne de L’Europe, il contient aussi une ambiguïté sans pareille parce qu'il a permis de confondre cosmopolitisme politique et mondialisation économique. Dès l’Empire napoléonien, il a servi aussi, à justifier le droit de conquête au nom de l’universalité des valeurs nées de la Révolution française.

Le cosmopolitisme n'a jamais eu bonne presse : il signifie, pour beaucoup, notamment à l’extrême droite de l’échiquier politique, apatride ou pire : antipatriote! La mondialisation, au contraire, avait, ces dernières années, été considérée comme un processus d'unification économique et culturel irréversible autant qu'inéluctable. De nouveau l’Empire cherchait à s’emparer du monde entier.

L'altermondialisme, qui a tenté de jeter un pont entre la mondialisation et le cosmopolitisme en distinguant l’unité du monde et l’unification du monde, reste soumis à la critique des tenants fanatiques ou hypocrites du patriotisme. On a beau tenter d'établir une forte distinction entre le patriotisme et le nationalisme, il n'empêche que la politique triomphante est encore celle de l'exaltation du sentiment patriotique et national tout à la fois. On le constate aux USA, actuellement, après la victoire électorale historique de Barack Hussein Obama ; on le constate partout ailleurs aussi, là où la recherche d'une identité politique s'appuie sur la reconnaissance d'une appartenance à un peuple et à une terre.

À l'approche du 10 décembre 2008, il est plus que temps de replacer les repères qui permettent d'échapper tant au "droitdel'hommisme" qu'à la culture du clan, élargi à l'État-nation. Le premier de ces repères est que tout citoyen conscient est un citoyen du monde. Le second de ces repères est que nous vivons sur une planète close et finie ; l'hospitalité est plus que notre loi, c'est la condition même de notre survie. Le troisième de ces repères est que cette planète n'est pas un objet à conquérir et à dominer, c'est le lieu qui nous est donné en partage, la Terre dont nous sommes non les maîtres mais les hôtes. Le quatrième de ces repères, enfin, est que l'unité des hommes et leur diversité non seulement ne s'opposent pas, mais constituent, ensemble, le fondement même de la paix.

L'idée selon laquelle l'occident serait détenteur de la légitimité universelle est morte . La conception de la démocratie qui est fondée sur la délégation de pouvoir à des élites élues est dépassée. L'approche de la propriété considérée comme une réserve de biens ayant ses détenteurs légitimes est devenue inadéquate, car il ne s'agit plus, comme en 1789, d'arracher à l'aristocratie des richesses confisquées parce que soi-disant héréditaires, afin de les confier aux réels producteurs de richesses, il s'agit de permettre à bientôt neuf milliards d'êtres humains d'habiter, d'occuper, d'enrichir leur Terre. Le dépassement de toutes les limites productives, financières, impériales, qui vient de se produire, conduit vers la ruine généralisée. Il ne s'agit plus de commémorer des droits de l'Homme-type; il s'agit de réinstaurer, pour tous les humains, des droits qui ont été, soit abandonnés soit jamais conçus ou affirmés.

Le droit à l'accès à l'eau, par exemple, qui fait aujourd'hui question en de nombreux pays, est à annoncer comme une nouvelle obligation internationale. L'eau, au XXIe siècle va remplacer le pétrole : les peuples vont s'entretuer pour en disposer! D'une manière générale, et qu'il s'agisse de l'habitat, de la nourriture, de l'éducation ou de la protection de l'espèce humaine tout entière, il n'est plus possible de s'en tenir à une déclaration admirable, savante et ne faisant l'objet d'aucune contestation (puisqu'on peut l'interpréter et détourner à sa guise!). La crise économico-écologique, dans laquelle nous ne faisons qu'entrer, obligera vite à redire ce à quoi l'humanité du XXIe siècle a désormais droit. Et ce sera plus difficile à faire admettre que la modification des règles de fonctionnement du financement de l'économie mondiale...!

Avec l'arrivée au pouvoir d'un président noir, ou plutôt métis, à la présidence des États-Unis, on a osé parler de l'entrée dans une ère post-raciale. Même si les faits sont encore loin de confirmer cette appréciation, on peut considérer l'évènement comme une manifestation spectaculaire de l'émergence d'un droit que tous les hommes n'avaient pas encore approché: celui d'accéder, non plus pour la forme, mais en réalité, aux leviers du pouvoir d'une très grande puissance!

Reste à pénétrer dans l'ère post-occidentale. Reste à ouvrir l'espace post-productiviste. Reste à fermer non seulement Guentanamo, mais toute structure pseudo-légitime du même type dont des États s'arrogent la possession pour faire triompher, par la violence, des politiques négatrices des droits humains. Reste à oser l'ère post-capitaliste...

Comme toujours, la force politique d'un acte public dépend de son contexte. En 1948, le principal rédacteur de la Déclaration, René Cassin, s'appuyait sur le bouleversement total de la pensée humaine qu'avait engendré cette Guerre dont sortaient les peuples et qui s'était révélée d'une cruauté inimaginable.

Si la démocratie reste ce qu’elle est, elle va disparaître et l’on perdra, alors, y compris ce qu’elle recèle de positif : le droit de choisir des responsables au lieu de les subir. La démocratie qui ne serait pas participative finirait par n’être même plus représentative. La difficulté tient à ce que le suffrage, pour être universel réellement, a besoin d’associer tous les hommes aux décisions quotidiennes les concernant. Or, jusqu’à présent, nous n’avons pas su mettre en œuvre cette démocratie tout court qui ne saurait être représentative ou participative, directe ou déléguée mais qui est un travail politique à organiser constamment.

La démocratie que nous ne qualifierons donc plus, sinon pour l’appeler la démocratie réelle, va au-delà des élites, au-delà des partis, au-delà de la professionnalisation de la politique. Elle s’enseigne pas par l’école mais comme on apprend à marcher et à parler : elle est le propre de l’homme socialisé. Et c’est une éducation continue, permanente, aussi vitale qu’une transfusion. Nous manquons d’outils pour effectuer cette éducation populaire généralisée. La lutte politique par les voies traditionnelles ne suffit plus. Il faut s’avancer dans d’autres voies. Il s’agit d’inventer une efficacité politique qui soit meilleure que celle des partis (sans perdre son temps à les combattre ou dénigrer ; ils sont dépassés). Faut-il, pour cela, abandonner toute forme antérieure d’action ? En théorie, non. En pratique, peut-être, si l’on gère son temps avec économie et sagesse.

En 1789, quand naquit la démocratie en France, la pensée politique s’est appuyée sur les Droits de l’homme. À cette époque, la philosophie permettait de concevoir l’universalité mais pas de l’expérimenter. Des immensités territoriales restaient alors inconnues ou mal connues. Il fallut la domination coloniale des grandes nations européennes et l’installation des immigrés européens dans les Amériques pour qu’on approche d’une conception planétaire de notre univers politique. Deux guerres qualifiées de « mondiales » ont tué plus que des millions d’hommes ; elles ont martyrisé la démocratie qui, depuis, est devenue, et de plus en plus, un art de conduire les peuples au lieu de les laisser se préoccuper de leurs propres affaires.

En 1948, dans un sursaut, les grandes nations, victimes de l’horreur, prisonnières des crimes nazis mais aussi de la logique proprement infernale de la violence ripostant à la violence avec son sommet symbolique, à Hiroshima, ont universalisé les Droits de l’homme mais sans que la pensée politique puisse en tirer immédiatement profit. Entre le socialisme étatisé et le capitalisme privatisant, la « démocratie populaire » et la « démocratie libérale », le divorce était consommé et l’accord international fictif.

Les démocraties qui n’avaient de populaire que l’adjectif ont, l’une après l’autre, cessé d’exister après 1989. Le champ semblait libre pour la démocratie libérale. Plus d’obstacle, tout est donc permis, plus de limites au profit ! La liberté d’entreprendre était sacrée. La valeur phare de la déclaration des Droits était le droit à la propriété. Krach et crac ! En 2008, les limites du système sont brutalement apparues. Voici revenu le temps de la politique. Des citoyens aux mains nues se retrouvent devant un avenir privé de perspectives !

C’est dans ce contexte qu’il faut replacer le débat sur la démocratie participative. La démocratie tout court, encore une fois, ne peut être que participative, c’est-à-dire associative et partageuse. Retour à la case départ : l’universel ne veut pas dire partout, mais tous. Un homme vaut un homme. Noir, il peut présider les États-Unis d’Amérique. Président des Etats-Unis d’Amérique, et pas du monde entier, il ne pourra tout faire ce qui attend l’humanité, même avec sa puissante administration, même avec le concours des gouvernements associés autour de la pompe à incendie des pompiers pyromanes les banques.

Un nouveau temps est là, devant nous, qui nous invite à parler et à agir et pas seulement à déléguer notre parole et notre action à des représentants. Or, personne n’a appris aux citoyens à faire cela. À peine quelques coopératives ici, quelques clubs de réflexion là, des chercheurs, des palabreurs se sont préoccupés des moyens de se faire entendre.
Le premier des Droits de l’Homme, mieux appelés droits humains est, à présent, le droit d’intervenir dans l’histoire de son pays, voire dans l’histoire d’une humanité dont on est une unité, pas un individu isolé.

L’analyse est faite. Il convient, à présent, de concentrer tout l’effort sur le comment faire.


jeudi 6 novembre 2008

De la crise économico-écologique du capitalisme

"Moi, Marx, je n'étais pas marxiste, et je n'ai pas tout dit"

La crise économico-politico-financière et la crise mondiale écologique ne sont qu’une seule et même crise? Chacun admet qu’il y a une dimension écologique à cette crise mais il n’existe pas encore d’accord pour affirmer que la cause principale de la crise est écologique.

Ce n’est pas encore admis, ni analysé, mais c’est ainsi ! La multiplication des profits illimités a mis en évidence la mondialisation des limites humaines. L’immense savoir mathématique des traders, au service des banquiers, n’a pas évité et a même provoqué une déroute, c’est-à-dire l’embardée vers une nouvelle route, une voie tout autre, dont nul ne sait où elle mènera ! Toute la cacaphonie et l’agitation médiatiques, les bavardages contradictoires, qui ont entouré le surgissement de la visibilité de la crise, en septembre 2008, vont se prolonger longtemps encore, alternant les phases aiguës et les retombées d’intérêt, face à une opinion interloquée, lassée ou excédée. Mais le temps du monde infini est fini.

Si le capitalisme ne touche pas pour autant à sa fin, c’est la fin qui a touché le capitalisme. En propageant l’idée de l’infini du profit, les capitalistes se sont et nous ont donné à penser que les individus et les civilisations n’avaient pas de limites ? C’était plus qu’une illusion ; c’était une imposture. Le capitalisme peut tout à fait, à présent, mais l’on ne sait quand, se fracasser sur les limites de la planète. La catastrophe n’aura pas besoin d’urgence, ni de grand soir : elle ne sera que le terme d’un processus.

Dès lors, l’inverse du capitalisme n’est plus le socialisme. La gauche institutionnelle qui se qualifie encore de cet adjectif : socialiste, (dont elle ne sait plus quel est le contenu) n’est pas plus efficiente que la droite se réclamant du capitalisme pour faire face à une crise systémique car elle ne connaît pas de système de remplacement. Cette absence d’alternative ne garantit nullement que le capitalisme va perdurer. Ce ne serait pas la première fois, dans l’histoire de l’humanité, qu’une société déboucherait sur un vide conjoncturel avant même d’avoir restauré un contenu de civilisation. Sans repères, on ne se perd que si le ciel est sans étoiles ; que se dissipent les nuages et l’on retrouve un chemin, mais en général pas le même…

On peut voir grand tout en ayant conscience de la fin et des limites de chaque homme et de toute l’humanité ! Le monde n’est pas trop grand pour l’homme, c’est l’homme qui s’est construit trop grand pour le monde ! Connaître ses limites n’est pas un moins pour la pensée, c’est un plus de lucidité, un plus d’adaptabilité, un plus de reconnaissance de la présence incontournable d’autres humains limités. Oui, le temps du monde infini est bel et bien fini. Le « toujours plus » a atteint ses limites. Le temps du monde limité commence.

L’écologie devient, dès lors, la gestion de ces fins, du moins de celles sur lesquelles l’homme est en capacité d’agir. Cette écologie-là n’a besoin d’aucun parti ce qui ne signifie pas que l’écologie n’ait pas besoin de politique. Un parti Vert ne peut nuire, mais il ne peut plus couvrir tout le champ de la remise en cause d’un contenu de civilisation.

Nous pouvons oser dire, à présent, que le capitalisme n’est ni inéluctable ni remplaçable alors même qu’il y a quelques mois, les partis dits de gauche semblaient amenés à se convertir à l’économie de marché voire à l’idéologie libérale. Là est la nouveauté révolutionnaire. La parole est libérée. De même que nous semblons entrer, avec l’élection de Barack Hussen Obama à la présidence des États Unis d’Amérique, dans une époque post-raciale, nous sommes aux portes d’une ère post-capitaliste qui déborde très largement les temps passés de l’anticapitalisme.


mardi 4 novembre 2008

L'obamania contre Obama


Non, Obama n'a pas d'auréole.

Obama est un homme. Il n'est ni Dieu le Père ni même son Fils. Les médias, surexcités, inondent le monde entier d'informations univoques : les USA sont de retour et avec eux le capitalisme en péril. Et c'est un Quasi Noir qui va faire cela! Tout est donc pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles.


La réalité est autre, mais on la masque. Cela troublerait trop les pauvres hommes que nous sommes! La réalité, c'est que la planète n'est pas américaine, qu'elle ne l'a jamais été, qu'on l'a cru, et qu'on veut nous le faire encore croire!

Non seulement tout n'est pas dans la puissance économique ou militaire, mais la puissance des USA s'est révélée impuissante, par deux fois, sous le gouvernement Bush : en Irak, et pour gérer la crise économico-financière qui submerge les peuples du monde entier.

Obama a besoin de temps, de modestie et de réalisme pour simplement sortir son pays de l'épreuve qu'il traverse. Charger ses épaules de toutes les espérances des Terriens, c'est le condamner à mort politiquement, à moins que ce ne soit programmer son assassinat!

Autre risque que nous fait courir l'obamania : détourner nos yeux de nos propres responsabilités, attendre de ce qui va commencer en janvier 2009, avec l'entrée du Noir à la Maison Blanche, le miracle impossible. C'est loin encore janvier 2009. Il peut se passer bien des choses d'ici là, et en particulier dans l'évolution de la situation économique et écologique qui, quoi qu'on dise, ne dépend pas principalement de ce qui se passe à Washington.

L'écoute quotidienne des radios françaises et l'annonce des informations sur la seule politique française démontre que, dans le pays dit des Droits de l'Homme, le même discours perdure, les mêmes publicités obscènes et mensongères nous inondent, les mêmes personnages politiques confisquent la parole publique. Tout a changé mais rien ne change...


Non, Obama et Sarkozy ne regardent pas dans la même direction.

Voila pourquoi, sans doute, il nous faut aller chercher le changement ailleurs, et là même d'où a surgi la crise dont le capitalisme va souffrir, et nous avec lui. Qu'il faille sortir de cet engrenage économique qui depuis des décennies a écrasé les plus pauvres des Terriens et qui, à présent, en perpétuel affamé de la richesse, s'autodévore, il n'en est pas encore question. Il ne s'est pas encore produit, sans doute, assez de malheurs pour que les peuples se dressent.

L'intérêt de l'élection probable d'Obama, c'est que l'un de ces peuples, un parmi les autres, le peuple des États-Unis, touché de plein fouet, a une réaction de survie. Obama est porteur d'un double symbole : il sera l'élu des plus affectés par les méfaits du capitalisme et l'élu du postracisme. Bien sûr, il ne pourra porter ce fardeau. Bien sûr, il trahira les espoirs mis en lui. Ce ne sera pas ses insuffisances et ses erreurs qui le mineront mais le système dont il n'est que la pièce terminale au sommet d'une hiérarchie politique.

L'obamania est à tous égards, aux USA comme ailleurs, un danger pour Barak Obama qui, pour quatre ans -on verra après!-, reçoit une charge au-dessus de ses forces. Respecter l'histoire, c'est ne pas lui demander plus qu'il ne lui est possible de donner, ou plutôt si, c'est lui demander de laisser l'histoire passer, de n'y pas faire obstacle. Elle seule, c'est à dire la conjonction de toutes les énergies éparpillées sur la planète, est à même de nous donner plus qu'une espérance lumineuse mais fugace, plus que l'élection d'un Chef d'État, un mieux vivre pour l'humanité. Il n'est que temps. C'est de l'avenir de l'espèce humaine qu'il est question et aucun génie politique, Noir ou Blanc, n'y peut faire face, à lui tout seul.


Oui, Obama a toutes raisons de se faire du souci.

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