dimanche 25 novembre 2012

L'autre monde face au vieux monde

"Nous avons choisi notre destin. Nous ne nous laisserons donc pas dicter une vision du monde qui n'est pas la nôtre. Nous sommes dans un État de droit" Jean-Marc Ayrault

 D'un côté les civilisés, de l'autre les sauvages

Nous voici projetés dans un autre monde ! Nous ne nous y attendions pas. Nous tombons de haut ! Nous sommes trahis : notre "vision du monde" est tout autre. Le nouveau gouvernement, au lieu de conduire une politique de concertation passe en force. La déliquescence de la droite sarkoziste, le ridicule honteux dans lequel se vautre l'UMP n'ouvrent pas, à ce qui fut la gauche, la possibilité de décider de tout, avec un autoritarisme brutal.

Car le différend avec le gouvernement est total : d'écologie il n'est plus question, dès lors qu'elle interpelle notre mode de vie. Du nucléaire civil on ne parle plus, depuis qu'on a limité à la fermeture de Fessenheim la limitation du nombre de nos centrales nucléaires. Du nucléaire militaire, moins encore, puisque c'est le symbole même de la puissance diplomatique, militaire, dont rêve encore des politiciens aveugles à la réalité du monde réel. Des Roms, on n'attend qu'une chose : qu'ils partent vers le pays d'où l'on prétend qu'ils viennent, alors qu'ils sont, partout en Europe, chez eux. Du cumul des mandats, on ne conserve que l'abandon d'un mandat exécutif (et pas même le mandat de chef d'une intercommunalité !), au lieu de s'en tenir au mandat unique. Du droit de vote des immigrés vivant depuis longtemps en France, on ne retient même pas la possibilité de voter aux élections locales, par soit-disant peur de manquer de majorité pour faire voter une loi, (on se demande comment s'y sont pris d'autres États européens qui ont adopté ce droit) !

Mais ce n'est pas là tout : on n'oppose rien d'efficace à cette économie qui domine les politiques de toute l'Europe, sans autre souci que de produire plus et profiter davantage, quitte à briser les systèmes sociaux sur lesquels, depuis la fin de la seconde guerre mondiale, reposait l'équilibre des pays occidentaux développés. Elle ruine des peuples entiers et fait payer aux humbles les dettes accumulées. La responsabilité des financiers, banquiers et autres ploutocrates est écartée. Les choix d'une activité évitant tout gaspillage, d'une sélection des productions satisfaisant les besoins principaux, d'une limitation drastique des dépenses de chauffage par une campagne d'isolation colossale, entre autres..., ne sont pas même envisagés.

La rupture est ainsi consommée avec ceux pour qui c'est "le mode de vie" et leur "vision du monde" qui fondent une politique qui n'ose plus rien proposer, sinon donner des gages au libéralisme triomphant. Le socialisme, ce vocable hier chargé d'espoirs populaires, n'est plus qu'un mot vide de sens, qui ne sert qu'à camoufler le ralliement au "capitalisme sans excès", à la droite "complexée" en quelque sorte.

Il est à craindre que seuls des événements dramatiques puissent modifier des choix qui confondent l'épanouissement et l'enrichissement, étant entendu que, comme certains le pensent en Chine, soit disant au nom de Confucius, l'enrichissement de tous passe par le sur-enrichissement des plus riches d'abord.

Les malheureux naïfs et utopistes qui s'imaginent qu'on puisse encore aller vers des sociétés de juste partage n'ont plus qu'à se plonger dans leurs livres, leurs rêves et leur poésie. Ils y trouveront peut-être des satisfactions intellectuelles, telles qu'on en éprouvait avant ce siècle, mais ils n'useront pas leurs forces à réclamer l'impossible. Il leur faudra comprendre, une bonne fois pour toutes, qu'ils doivent se soumettre à un État de droit dont les lois sont faites, à quelques exceptions près (il faut bien jeter un peu de lest) pour que les puissants et les dotés dominent la planète. Est-ce là la vision du monde à laquelle se réfère le premier ministre ?


Occupants des riches terres de Notre Dame des Landes, priez pour la démocratie, qui n'est plus la volonté générale mais, à l'évidence, la volonté du plus fort, du plus riche, du plus titré, du dominant perpétuel (le marché de "l'Ayraultport" serait concédé à Vinci pour... 55 ans!). Que ce soit avec les robocops policiers ou avec une "commission de dialogue", l'actuel pouvoir politique, comme le précédent, semble, selon ses premiers actes, ne vouloir qu'une chose : que, de force ou de gré, les petits et les sans grades s'inclinent, se résignent, reconnaissent leur ignorance et obéissent.

Une telle perspective est désespérante et ne saurait conduire qu'à la révolte. 




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