lundi 9 juillet 2007

Incrédulité.

Prêtres, vous ne savez pas ce que vous dites.
Vous parlez creux.
Vos mots sont impies.
Vous banalisez l'esprit.
Vous nous détournez de Dieu.

Car s'Il est,
il ne peut être ce que vous en dites.
Votre parole est mensonge,
illusion,
et insulte à la vérité.

La vérité est modeste,
prudente et humble,
elle ne s'assène pas,
elle n'épouvante pas,
et ne décourage personne.

J'entends encore
le rire de ma petite fille
se gaussant des menaces
dont on voulait l'encombrer :
celles du péché
et celles de l'enfer.

Elle fut saine
de réagir ainsi
mais pouvait-elle rester insensible
aux paroles d'autorité
des adultes et des sachants?
Trahir l'enfance est criminel.

Prêtres, imams, rabbins,
moines et sorciers,
votre savoir se détruit
dès que vous ordonnez
ce qu'il faut penser
et tuez ainsi la conscience libre.

Vous êtes ces infidèles
dont vous avez si peur.

De la droitisation de la gauche radicale

On a longtemps appelé gauche extrême des organisations politiques qui étaient idéologiquement rigides et enfermées dans la tour de leurs certitudes. Toutes les formations léninistes sont tombées dans cette erreur funeste : la démocratie populaire, c'est la dictature des élites qui se sont mises entièrement au service du peuple. Il s'agissait déjà d'une droitisation. Ce qui est droit, c'est ce qui n'est pas courbe et la meilleure façon de ne pas se courber, de ne pas se plier, c'est d'être rigide. Celui qui ne se courbe pas trahit moins.

On connaît les conséquences de ces comportements austères, intransigeants, fidèles à la doctrine, autoritaires, sans concessions, irréprochables, incorruptibles. De l'Inquisition à la Terreur, de l'échafaux au goulag, l'histoire n'a cessé de nous révéler la monstruosité des accapareurs de vérité. Des crimes ont marqué à jamais cette fausse gauche qui pratiquait le contraire de ce qu'elle énonçait.

L'amollissement de la pensée à gauche ne l'a pas assouplie. Non seulement l'abandon des convictions socialistes lui permet de continuer à pratiquer le contraire de ce qu'elle énonçait, mais il lui permet de continuer à se vautrer dans des modes de gouvernance antidémocratiques. Quant à la gauche trotskyste qui n'a cessé de vilipendé le stalinisme et la social-démocratie, elle s'est donné à choisir entre le renoncement à la prise de tout pouvoir et la gestion pépère du petit capital de sympathie que lui confère son intransigeance apparente.

Je soutiens que toutes les gauches se sont droitisées, soit qu'elles se soient durcies jusqu'à se contredire, soit qu'elles se soient converties en tout ou partie à l'idéologie qu'elles avaient, depuis leur origine, combattue.

S'agissant uniquement de la gauche dite radicale, il n'est pas sans intérêt de relever qu'elle souffre des mêmes maux que la gauche qu'elle voue aux gémonies. Elle s'affadit et se crispe tout à la fois. Elle sait ce qu'elle ne veut pas. Elle ne sait plus ce qu'elle veut.

Ce constat est alarmant parce que nul, parmi les anticapitalistes, ne sort indemne de cette défaite idéologique dont la dernière élection présidentielle en France a permis de constater l'ampleur. Au nombre des chantiers de rénovation des outils de l'action politique et de redéfinition des contenus politiques eux-mêmes, il y a, à coup sûr, la mise en évidence de tout ce qu'a produit comme dégâts, dans la pensée, cette droitisation généralisée du champ politique.

J'en avais confusément conscience. Je mesure mieux la difficulté et la dimension de cet aggiornamento à entreprendre, sans délais...

Remettre toujours et encore la démocratie en question

On abuse du mot démocratie.

Celle à laquelle je reste attaché a peu à voir avec celle que je vois pratiquer.

Toute concentration du pouvoir est antidémocratique.

Nous sommes, actuellement, enfermés dans un système politique qui cumule les inconvénients.

Le choix électoral est limité à la reconnaissance du moindre mal. Impossible d'effectuer le choix du candidat le mieux adapté à la fonction. Passer du moindre mal au mieux est un objectif politique simple mais inaccessible par des votes binaires.

Diffuser le pouvoir de décider, augmenter le nombre de ceux qui contribuent à les prendre, n'est pas compatible avec la présidentialisation du régime qui, non seulement au sommet de l'État mais dans la plus modeste des communes fait du chef, du leader, celui dont tout dépend! Rendre capable d'exercer un pouvoir constitue un objectif politique essentiel mais qui n'est jamais favorisé par ceux qui exercent les responsabilités en se protégeant de leurs concurrents autant que de leurs adversaires.

La démocratie ne consiste pas seulement à désigner des représentants et à répartir les responsabilités. C'est aussi inventer des modes de consultations qui associent étroitement les citoyens aux décisions à prendre. Et là, deux interprétations du terme association sont possibles. Ou bien associer c'est informer, ou bien associer c'est co-décider. Le gouvernement du peuple par le peuple, pour le peuple est une formule qu'on n'a guère approchée et ce même quand on ne cesse de s'y référer.

Le temps est venu de penser le recueil des avis des citoyens pas seulement au moyen de sondages et d'enquêtes d'opinion, mais au moyen de rencontres-débats, à intervalles réguliers, avec restitution des contenus de discussion.

La philosophie du pouvoir n'est pas étudiée, enseignée, expérimentée. Il s'ensuit que le pouvoir est un acquis dont héritent les élus et non pas une recherche permanente d'un mode efficace de détermination des choix. La superposition du pouvoir sur les choses et sur les personnes engendre des conflits violents.

Rien ne m'apparaît plus utile, en ce temps de contestation de la démocratie à la fois par les dictateurs et les libertaires, que cette réflexion collective sur les outils d'exercice de la responsabilité citoyenne.

Vivement 2084, qu'on aille voir ailleurs...

L'information, ce matin, sur France-Inter, nous cueille à froid...

À peine éveillé, ne voilà-t-il pas qu'on apprend, successivement, qu'il faut, comme en Grande-Bretagne, installer des caméras partout afin de lutter efficacement contre le terrorisme, que la politique économique de la France défendue par Nicolas Sarkozy en personne, lors de la réunion européenne des grands argentiers, consiste, notamment grâce au "paquet fiscal" que va voter le Parlement, à produire plus pour consommer davantage, et, enfin, que, si le prix de la baguette de pain augmente, il faut espérer que le blé OGM permettra de faire chuter le coût de la farine...

Aucune critique, aucun commentaire n'accompagnent ces énormités.

Le terrorisme a bon dos. Quelle action terroriste menace particulièrement la France? Qu'est-ce que le terrorisme, en clair? Qu'est-ce qui provoque l'extrême violence aveugle? Comment démotiver les acteurs d'actes visant des populations civiles? Quelle est la cause de la mutiplication des candidats à la mort subie pour assurer la "réussite" d'opérations faites pour épouvanter le monde entier par ces surgissements, n'importe où, de la mort donnée? Ces questions ne sont ni posées ni traitées. En tout cas pas devant l'opinion publique. Gog et Magog? Il faut lire, sur internet, les élucubrations effroyables des doctes, juifs ou musulmans, qui au travers de ce mythe biblique, font surgir le thème de la fin du monde dans une guerre inéluctable des civilisations! Nous voici la proie d'un gigantesque fantasme auquel aucun pouvoir n'échappe et dans lequel la liberté du citoyen est engloutie. De Big Ben à Big Brother, à Londres, les citoyens sont sous surveillance électronique et se croient protégés. Le Bourdon de Notre-Dame va-t-il sonner pour nous avertir du pire des périls : la remise du sort de chacun entre les mains de la police d'État. Le terrorisme à domicile en quelque sorte pour mieux lutter contre le terrorisme dans le Métro. Ce monde est fou.

Après le "travailler plus pour gagner plus", voici, dans la même suite logique, le "produire plus pour consommer davantage". Bien entendu, cela ne serait nullement incompatible avec le Grenelle de l'environnement dont on nous rebat les oreilles. La nouvelle croissance dont nous parle Fillon n'est pas une autre croissance, c'est une croissance plus forte. Pas même question de produire mieux pour consommer meilleur. La fuite quantitative en avant est assurée : les obstacles à la croissance dus à la dégradation de l'environnement vont être corrigés et le progrès économique repartira de l'avant! Comme le disait, en substance, Pierre Radamme, le 6 juillet, au cours du débat télévisé qui suivit le film "Vu du Ciel", qu'avait présenté Yann Arthus Bertrand: "on peut, tout à la fois, en appeler à la conscience des téléspectateurs et encadrer l'émission par des messages publicitaires affirmant le contraire de ce qu'on veut démontrer." Il va bien falloir que se réveillent tous les béats qui croient encore que le ministre d'État, Borloo, peut faire autre chose que d'essayer d'adapter une économie non contestée, aux nécessités et aux menaces du temps! La naïveté politique a atteint ses limites. Dire une chose et son contraire peut être vu comme un art fascinant, mais la bulle de savon miroitante explose dès que c'est du réel qu'il faut traiter. Ce monde vit dans un mirage.

Ce grand boulanger alsacien, interviewé à propos du renchérissement du prix du blé et donc de la farine, et par conséquent de notre baguette de pain nationale, n'a rien trouvé de mieux, pour rassurer, que de prédire la venue d'une farine produite à partir d'une graine moins fragile, plus constante, bref d'un blé traité aux OGM... Le pain, symbole du bien vivre alimentaire, va devoir à son tour, subir les exigences d'une économie de marché rationnelle et efficace. On avait déjà constaté l'augmentation stupéfiante du prix de la baguette (un euro la baguette dite... de tradition!). Cela ne suffit pas : non seulement on paiera plus cher encore mais on ne discutera plus de la qualité des farines. C'est l'affaire des minotiers. Ce monde nous gâche notre pain quotidien.

Ces trois exemples entrent dans une même description, celle d'une société dont les acteurs les plus puissants visent à "faire tenir tranquilles" des populations qui doivent consommer, travailler et payer sans discuter ni protester. Du Meilleur des Mondes d'Aldous Huxley à 1984 de George Orwell, ces deux immenses écrivains britanniques, beaucoup avaient retiré que ce qui nous menaçait le plus, c'était la dictature du Parti fondue dans la dictature de l'État. On s'aperçoit aujourd'hui que le propos menait plus loin : la démocratie elle-même est atteinte en son cœur. La pensée unique n'est pas faite pour les autres; elle s'impose, et c'est celle des maîtres de la mondialisation. Nous aurons donc et des caméras partout et des travailleurs dociles et du pain cher fait d'un blé génétiquement modifié.

En 2084, le meilleur des mondes possibles sera-t-il à rechercher sur une autre planète? Peut-être, mais aurions-nous, d'ici là, le temps de fabriquer tous les vaisseaux capables d'emporter une part suffisante de l'espèce humaine pour tenter de perpétuer l'aventure humaine?

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