mercredi 25 juin 2008

Omnipotence et impuissance politiques



Dans omnipotence, il y a potence. À quoi sommes nous suspendus? Aux lèvres de Nicolas Sarkozy! Avec lui "Tout est possible" proclamait son affiche électorale. Certes! Tout est devenu possible, y compris le pire. Car il a, tout simplement, oublié le premier mot du slogan mensonger qui fit fureur : "ensemble..." Bien naïfs sont ceux qui avaient cru possible ce possible-là. Maintenant, il faut payer.

Il y a crise du pouvoir. Le tout-puissant est impuissant. Tout change et rien ne change. Ce qui change, c'est ce qui permettait de vivre dans la sécurité sociale, à défaut de confort... Ce qui ne change pas et au contraire s'aggrave : ce sont les conditions de vie des Français, à commencer par celles des plus modestes! Et cela en un an! Le peuple est, lui aussi, impuissant qui voudrait en finir vite avec cette imposture. Les sondages continuent à mesurer la désaffection des Français pour leur Président mais rien n'y fait. Il faudra boire le calice jusqu'à la lie et le potion est bien amère! Faudra-t-il attendre, jusqu'en 2012? En principe, oui. Les États-Unis ont eu Busch, et deux fois de suite... Ainsi en va-t-il, pense-t-on, de la démocratie...

Plus grave, peut-être encore, le découragement qui s'est abattu sur les citoyens qui avaient cru pouvoir résister. Ils constatent que, protestations et manifestations ou pas, mouvements sociaux ou non, le rouleau compresseur passe. Le solitaire décide. Les affidés exécutent. Les potiches battent des mains. Le Parlement se couche. L'opposition ne sait plus comment s'opposer. Les journalistes les plus courageux (tel Denis Robert) en ont assez et s'effacent. Les écrivains écrivent; pour rien. Nul ne sait plus que faire. La démocratie s'est réduite à n'être qu'un constat : une fois donné au chef, l'aval électoral permet de tout faire... avaler aux citoyens.

L'odieux (le remboursement partiel des médicaments "accompagnant" les soins des maladies de longue durée), l'inhumain (la rétention-détention préparatoire à l'expulsion de personnes n'ayant commis d'autre crime que de vouloir vivre et travailler en France), le cynisme (supprimer la publicité sur les télés publiques, à la demande des télés privées en difficulté, pour assécher les concurrents), le mensonge éhonté (le retour du nucléaire sauvera la France de la crise de l'énergie et réduira sa contribution à l'effet de serre), l'arrogance stupide (à la tête de l'Union européenne, le Président des Français va la sauver des erreurs des petites nations irresponsables telles que l'Irlande ou la Tchéquie), la mégalomanie ridicule (avec le verbe on peut tout conquérir quitte à affirmer une chose et son contraire en fonction des interlocuteurs), le mépris de fer (dans la majorité, qui ne s'aplatit pas est un traître; dans l'opposition, qui ne se couche est un sot ou un illuminé).

Ne parlons pas de l'étalage impudique d'une vie qui ne peut plus être privée et de la transformation de la nouvelle poupée, Carla, en un élément fastueux du décorum présidentiel. Le bras d'honneur fait ainsi au monde entier où nulle part l'on ne peut, sauf incident diplomatique, contester ces mœurs monarchiques dignes du temps où Louis le Bien Aimé, époux de Marie Leszcynska, passait de la Pompadour à la Du Barry, a quelque chose d'insultant pour les Français républicains. Mais qui s'en soucie? Ce n'est pourtant pas là affaire de morale ou de liberté, mais tout simplement de dignité.

Comment sortir de cette impasse? Ce n'est pas qu'on soit pressé; mais si ce système perdure, est supporté, devient donc acceptable, d'autres s'en saisiront. Ce n'est pas ce pantin de plus en plus disloqué, qui confond son vouloir et son pouvoir, qui est le plus inquiétant : c'est ce qu'il va laisser après lui et qui ne sera pas si facile à effacer, qu'il s'agisse des traces institutionnelles ou des ravages sociaux.

D'aucuns pourraient dire que la conjoncture internationale est tellement difficile, complexe, dangereuse que la politique mise en œuvre en France ne pèsera bientôt pas lourd puisque ce sur quoi elle était fondée va régresser : croissance (une croissance sans contenu!), sécurité (une sécurité garantie par la seule répression?), travail (travailler désormais plus d'heures pour gagner moins...), pouvoir d'achat (en augmentation pour les plus riches, en régression pour les autres)... Oui, cette politique est condamnée. Mais à quel prix? Il n'y a pas encore d'alternative politique crédible. L'échec de la droite au pouvoir ne renforce pas une gauche qui ne sait plus ce qu'elle est.

Comment un nouvel ordre politique et social pourrait-il naître sans désordres majeurs? Le peuple est patient, résigné, puis se lasse, et là : "ensemble, tout devient possible"...



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