mercredi 12 mars 2008

L'utile et insupportable MoDem

Le MoDem nous donne une leçon de politique. La pire et la meilleure. La pire, parce que se vendre au plus offrant est méprisable. La meilleure, parce que refuser de s'installer dans la bipolarisation n'a jamais été plus utile. On peut donc, avec de faibles scores, peser sur la décision finale, ce qui est, encore une fois, négatif et positif! Négatif, parce que c'est le plus faible qui rafle, sans y avoir droit, une partie de la mise. Positif, parce que le plus faible n'est pas, à tout coup, rejeté dans les ténèbres extérieures.

En politique, tout est dans la signification et parfois la nuance! L'inconvénient majeur du double jeu du MoDem, ce n'est pas qu'il balance entre la gauche et la droite, c'est qu'il balance entre la droite cynique et la fausse gauche. Il n'y a pas, pour lui, de choix de société à effectuer et, par conséquent, tendre vers telle liste ou telle autre, apparemment rivales, hostiles dans les mots et peu dans les faits, ce n'est pas se trahir : libéral on est, libéral on reste.

C'est si vrai que la véritable surprise se trouve là où, une seule fois, le MoDem rejoint une liste à direction communiste, (à Gardanne). La presse y voit un accord contre nature. C'est bien reconnaître que le clivage devrait se situer entre libéraux et anti-libéraux (économiquement parlant). Et pourtant, là où des listes "à gauche de la gauche" ont obtenu des résultats significatifs, nul ne retient leur performance (fut-elle supérieure à celles des listes du MoDem!) puisqu'elles ne cherchent pas à se trouver, coûte que coûte, une place! À Clermont-Ferrand, en Bretagne, et ailleurs, les listes intitulées un peu vite LCR (car pas toujours dominées par le parti trotskiste!), veulent faire exister leur politique sans se rallier ou se vendre. Mais on ne veut considérer que le maire et ses élus! Comme sur un stade de football, ce n'est pas celui qui joue bien qu'on admire mais celui qui marque les buts!

"La tentation MoDem" est présente chez les Verts, jusqu'à y ponctionner des "militants". En Alsace ou à Marseille, on a vu deux ex-secrétaires nationaux des Verts aller bien plus loin que n'allait jadis Antoine Waechter et son ni-ni : ils sont passés au MoDem ou sous son influence. Jean-Luc Benhamias, va vers le PS sur la Canebière sans se désolidariser de son compère Jean-Luc Forget qui, au pied du Capitole, va vers l'UMP. Quant à Yann Wehrling, exclu des Verts, il affirme, dans sa lettre du 11 mars au futur maire PS de Strasbourg, que "la place de l'écologie est au centre" et redit sa disponibilité...

En vérité, il existe, à présent, une grande place vide : elle est toute chaude bien qu'inoccupée! Nul n'en approche parce qu'elle n'offre aucun accueil aux formations traditionnelles de la gauche traditionnelle, réformiste ou radicale. Un nouveau pôle citoyen va se constituer. Je ne sais ni quand ni comment, mais la politique aussi a horreur du vide et la place se remplira. Ce ne sera pas un parti, mais ce sera une force. François Bayrou l'avait senti mais il ne peut, idéologiquement, diriger ses pas vers cet état neuf de la politique. Le PS est, lui, trop installé sur l'aire dont il pense qu'elle lui appartient pour tenter d'aller voir ailleurs. Le PCF, comme la LCR, ont une culture d'organisation qui les encombre et les enferme dans des schémas qu'ils ont beau faire briller sous l'éclat des mots mais qui restent d'un vieux métal intellectuel rongé par une idéologie surannée. Les Verts, enfin, sont tombés dans les marmites du pouvoir et s'agitent dans la sauce, bien incapables de créer de nouveaux plats et de faire une nouvelle cuisine, évidemment pas celle dont sont connues toutes les recettes, mais celle qu'on peut servir à tous : modeste, frugale et savoureuse.

Finalement, il faudra bien remercier Bayrou qui essaie, en vain, de casser l'alternance mais sans avoir à offrir d'alternative! Il faut beaucoup de talent pour savoir offrir quand on n'a strictement rien à donner!

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