dimanche 13 janvier 2008

Écologie et égologie


Le culte du moi est à peu près aussi compatible avec l'idée de la biodiversité qu'un arbre unique, fut-il géant, qui se prendrait pour la forêt. Voulons nous vivre, immobiles et protégés, sous les ombrages d'un cèdre, ou courir les bois pour y voir vivre et y vivre nous-mêmes la complexité du monde?

Comparaison n'est pas raison, mais il n'empêche que nous voyons, chaque jour davantage, s'opposer deux conceptions de la vie en société. Celle qui, au prétexte de la responsabilisation, laisse à chacun le soin de faire s'épanouir son ego, dans un triomphe, sans complexe, de l'individualisme et celle qui tient compte de la complexité des rapports humains et considère la solidarité comme seule à même d'éviter le sacrifice des malchanceux, des faibles et des opprimés dans un monde limité et fragile.

Chaque approche a sa logique. Ce sont deux philosophies incompatibles.

L'une est réaliste mais cynique : puisqu'il n'est pas possible de rendre tous les hommes heureux, qu'au moins ceux qui peuvent jouir des plaisirs de la vie ne s'en privent pas. Cette tentation, constante et dominante, au cours de l'histoire, n'a été que faiblement bousculée par les idéologies des Lumières. Elle a été confortée par les horreurs des systèmes totalitaires qui ont cru pouvoir contester la primauté de l'égo en... le supprimant (ce qui a conduit à la contradiction suprême : le culte du Chef ou de la personnalité!). Aujourd'hui, cette égolatrie, ce culte du moi, s'est étendu de l'appareil d'État à l'appareil économique : la surconsommation n'en est que la manifestation occidentale, non généralisable, de ce vouloir vivre seulement pour soi, sur une planète qui ne peut plus tout fournir.

L'autre est chargée d'espérance mais bien fragile : puisque le sort de l'humanité tout entière est mis en cause par les activités humaines "égoïstes", qu'au moins nous cessions de ne penser qu'à notre réussite individuelle au risque de nous mettre tous en danger! Cette bonne intention se heurte à des siècles d'habitudes et à la surpuissance des détenteurs du droit à la décision économique. Nous vivons pourtant une période de l'histoire humaine où il y a plus de danger à ne pas changer qu'à changer, mais ce n'est pas encore admis par la majorité des citoyens.

Oui, mais que changer? Et comment passer à une vie collective qui ne soit ni centralisée ni désordonnée? L'écologie nous apprend, certes, que la vie naturelle n'est ni l'une ni l'autre : elle est tout à la fois complexe, multiple et, le plus souvent, harmonieuse. Non sans douleurs et cruautés, mais pas davantage que dans les cultures et pseudos civilisations où les sociétés ne se construisent principalement sur l'écrasement d'une partie des vivants. Dans nos cités sans projet principal autre que celui de perdurer, ce n'est plus le gendarme qui constitue le commencement de la sagesse, mais c'est la peur, la peur que... le ciel ne nous tombe sur la tête. L'angoisse, due aux évolutions climatiques de plus en plus spectaculaires, peut nous mener à réévaluer ce que notre seule raison n'a pas suffi à nous faire admettre.

Deux grandes hérésies, en tout cas, triomphent encore : le culte du moi (ou l'égolatrie du chef) et le culte de la marchandise (ou l'égocentrisme du client). Elles sont liées. La première, l'égolatrie, (une néomonarchie) a pour caricature et symbole l'actuel et mêmes les anciens présidents de la République française. Partout, les autres chefs, petits et grands, s'inspirent de ce modèle : dans les mairies et autres collectivités locales, administrations, associations, entreprises, etc... L'autre, l'égocentrisme (qui est beaucoup plus périlleux encore qu'immoral), prend le nom de croissance quand il s'agit de parler non du développement des humains mais de celui des marchandises, quelles qu'elles soient, dès lors qu'elles fournissent des profits. Telles sont les deux faces de l'égologie.

L'écologie n'est pas la réponse à l'égologie. C'est une pensée autre, qui ne se constitue pas par rapport à l'idéologie individualiste et capitaliste. C'est la pensée d'une autre planète qui n'est plus ailleurs (sur Utopia) mais bel et bien là où nous vivons. L'égologie organise la vie sur une planète qui n'existe déjà plus : celle où l'humanité, fractionnée, pouvait avoir de sorts dissociés. C'est fini. La Terre est définitivement ronde et ceux qui pensent à l'exploiter pour eux-mêmes devront déchanter tot ou tard. À moins qu'ils ne nous emmènent vers la fin de ce monde, notre monde! L'égologie pourrait aller jusque là : "Après moi le déluge" ou, plus exactement : "Tout cela durera bien autant que moi! " ne fut-il pas le propos d'un monarque : Louis XV?

Selon le Petit Robert, "après moi le déluge" est devenu l'expression définissant "la catastrophe postérieure à sa propre mort et dont on se moque". Là se situe, désormais, le principal danger de l'égologie. L'instinct de survie écologique s'opposera-t-il au fatalisme égologique de ceux qui jouissent, seuls, de leur pouvoir, de leur savoir et de leur avoir?

Écologie contre égologie : nous y voici.


Du socialisme imblairable

Tony Blair que ses revenus familiaux (8 millions d'euros par an) mettent à l'abri du besoin a été accueilli avec satisfaction par le Conseil national de l'UMP.

Tony Blair qui, dit-il, "serait démocrate aux USA, est travailliste en Grande Bretagne et, en France, serait probablement ... au gouvernement". Il est présenté comme le futur premier président du Conseil européen! Avec un tel leader, l'amour des Français pour l'Europe ne saurait que croître...

Jean-Pierre Raffarin n'hésite pas à titrer le papier qu'il a donné au journal Le Monde : "Tony Blair - UMP, même combat". " L'ennui est qu'il n'a pas tort! L'opposition des faux socialistes à l'UMP n'est qu'un leurre et ne peut conduire qu'à l'échec répété de la gauche.

De Lang à Valls, d'Attali à Huchon, tous socialistes "raisonnables et décomplexés" qui font partie des admirateurs politiques de Blair, la tentation du retour dans les allées du pouvoir est évidente. Ils n'ont plus d'autre souci que d'attendre le moment, bien venu, où Nicolas Sarkozy lancerait sa nouvelle campagne d'ouvertures. "Des socialistes comme ça, (comme Tony Blair), auraient toute leur place au sein du Gouvernement" confirme Nicolas Sarkozy.

"Un-socialiste-comme-ça" a été défini par Blair lui-même. C'est celui "qui préfère le changement à la résistance" et qui souhaite "un marché de l'emploi plus flexible". Bref, c'est un non empêcheur de gérer en rond les intérêts des puissants. Une petite dose de chrétienté en sus n'est pas inutile, tant il est vrai que le catholicisme auquel Blair vient de se rallier est plutôt du côté de l'Europe papiste -ça aide pour en devenir président-.

Au moment où s'avance le modèle de "flexisécurité" proposé par le MEDEF au cours des négociations sur le marché de l'emploi (c'est-à-dire l'achat-vente du travail, la gestion de l'offre ou de la demande de la chose humaine, ne l'oublions pas!), que Blair, après son erreur mortelle de soutien à Bush, soit un modèle sarkoziste, passe, mais qu'il demeure un personnage politique d'avenir se comprend moins bien. Il est vrai que nous disposons, en France, d'un Blair en jupons, prêt à brader le cœur du passé socialiste, et que n'oppose à Sarkozy que sa volonté de domination.

Blair est l'archétype de ce que le socialisme n'est pas. Un socialiste blairiste est aussi évident qu'une nuit ensoleillée ou un froid brûlant : laissons ces étrangetés se produire aux deux pôles de la planète, là où ne peuvent vivre les hommes.

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