dimanche 21 février 2010

Mort de la politique?

La politique étant au cœur du processus de décision qui permet de peser sur les événements, nous sommes en droit de nous demander si la politique n'est pas, tout simplement, en train de disparaître !

Les agitations politiciennes, les pseudo révélations médiatiques, le prurit électoral ne font pas exister la politique mais, au contraire, la détruisent.

Au moment où l'on constate l'étendue de l'impuissance de toutes les protestations, l'inutilité de la mise en lumière des scandales, il faut s'interroger non sur ce qu'est la démocratie mais sur ce qu'elle devient. N'est-elle pas blessée au point de risquer l'extinction?

Ce n'est pas internet qui sauvera la démocratie, car savoir n'est pas pouvoir. Ce n'est davantage la recherche d'une victoire électorale qui peut permettre la garantie d'un mieux-vivre, car notre quotidien est fabriqué par les maîtres de l'économie qui ont barre sur les responsables politiques. Ce n'est pas non plus le constat de "l'horreur économique" qui peut soulever la révolte de ceux qui souffrent, car l'insupportable est supporté, par résignation.

Il n'est point d'autre politique démocratique que celle qui voit les humains décider de leur propre sort. Or, nous en sommes loin. Si loin que l'espoir même de pouvoir atteindre ce niveau de responsabilité sur sa vie ne cesse de s'éloigner.

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Jean-Pierre Dupuy, Ingénieur du Corps des Mines et professeur de philosophie (Polytechnique, Stanford)

Faut-il, pour autant, se laisser aller au catastrophisme? Le réalisme n'oblige pas à sombrer dans un pessimisme inactif, explique Jean-Pierre Dupuy !

Trois grands domaines permettent de mesurer l'écart, béant, entre la pratique démocratique et la réalité de la "gouvernance".

Le premier domaine, fondamental, a surgi, depuis peu, dans les consciences de la majorité des Terriens : le système socio-économique, à l'œuvre mondialement, met en danger la planète, autrement dit tous ceux qui l'habitent, hommes, bêtes et plantes; c'est le domaine écologique, qu'on s'évertue à confondre avec la défense de l'environnement ou le développement durable. Les peuples subissent et se taisent...

Le second domaine, dont on commence à mesurer la nocivité, mais dont on se refuse à éliminer progressivement les causes, touche à la capacité de détruire l'humanité à petites ou hautes doses : le système nucléocrate a fait, et fait plus que jamais, de l'énergie nucléaire une menace permanente; c'est le domaine militaro-industriel qui, après avoir montré, à Hiroshima, à Nagasaki, à Tchernobyl, et partout où les expérimentations civiles et militaires ont semé leurs graines de mort, que les armes de destruction massives sont entre les mains d'armées "démocratiques" et de lobbies "scientifiques". Les peuples ont subi, subissent, et ne peuvent que s'incliner...

Le troisième domaine s'étale, actuellement, et n'est pas moins périlleux pour les humains et l'ensemble du vivant : le système scientiste et "transhumain" n'ambitionne rien d'autre que de faire naître un nouvel homme, de nouveaux animaux, de nouvelles plantes; c'est le domaine des nanotechnologies qui, sous couvert de progrès technique, abat toutes les barrières éthiques. Les peuples n'en savent encore pas grand chose et devront s'incliner, à moins que...
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On voit bien les liens qui rapprochent ces trois domaines : les contraintes de l'effet de serre, de l'outillage nucléaire civil et militaire, de la manipulation et de la miniaturisation génétiques nous livrent au pouvoir de puissances inimaginables qui voudraient faire notre bonheur sans nous demander notre avis. Chaque fois, au cours de l'histoire, que des politiques ont été imposées pour créer un paradis, l'enfer a surgi. On recommence.

Une énorme différence, cependant, est apparue : notre savoir-faire techno scientiste est tel, désormais, qu'il s'émancipe de toute philosophie, car le culte du progrès, pourtant en difficulté, non seulement ne s'est pas calmé, mais s'est transformé en une religion plus sectaire que jamais.

C'est sous cet éclairage qu'il faut aborder la question du pouvoir. Un pouvoir qui ne se donne pas de limites est un pouvoir tôt ou tard dictatorial, un pouvoir violemment antidémocratique qui élimine toute politique.



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