mardi 8 janvier 2008

Les philosophes peuvent-ils être croyants ?

Un ami me pose la question suivante qu'il juge néanmoins, et bien à tort, idiote :
"les philosophes, les vrais, pas ceux de salons, peuvent-ils être croyants ?"
Telle est ma réponse.


Non seulement la question n'est pas idiote, mais elle est fondamentale.
Le philosophe ne s'interdit aucune question.
Il ne s'en tiendra donc pas à des vérités qu'on lui demanderait de croire.
Mais qu'est-ce que croire?
Croire est polysémique : admettre? Accepter? Adhérer?
Le croyant est celui qui ne discute plus ce qu'il croit.
Il met ainsi sa foi en danger!
Dire d'une parole qu'elle est sacrée serait la banaliser.
Généraliser un propos en le marquant du sceau de l'indiscutable est faux.
Croire peut aussi avoir un autre sens : faire fond, avoir confiance.
Je crois que tu m'aimes..., alors je te donne ma foi.
Je me fie à toi. Je peux me fiancer. M'unir à toi.
Croire devient alors une question d'amour.
Mais croire quelqu'un et croire en quelqu'un sont deux.
Tenir pour vrai et tenir pour honnête, également.
Tenir pour sûr et tenir pour probable, tout autant!
Pour ma part, je ne crois pas
en Jésus Christ.
Souvent, je crois Jésus Christ.
J'attache valeur à sa parole.
Si une autorité à la quelle le croyant se réfère profère une erreur
alors doit-il la croire?
L'Église a condamné Galilée
et pourtant... la Terre tournait.
Il a fallu Jean-Paul II pour que le Vatican confesse cette faute!
Et le même pape encore, pour qu'on cesse de juger le peuple juif déicide!
La foi est tout autre : c'est le pari fait quand la raison rend les armes,
le choix de vie qu'on décide avant d'avoir pu tout comprendre.
On peut, certes, s'abstenir de faire ce saut dans l'inconnu,
mais en sachant que ce n'est pas plus sûr que demeurer dans le doute.
Le croyant ne croit pas; il sait. Ou croit savoir!
Et se trompe plus que quiconque.
L'homme de foi, au contraire, s'engage en bousculant ses doutes.
Croyants et croyances sont fragiles
et parfois insupportables ou dangereux.
La foi est le propre de l'homme.
Le philosophe n'a donc pas de croyances.
mais il sait la possibilité, la difficulté et les fondements de toute foi.
Il vit alors avec, ou sans, librement.

1 commentaire:

Le 3 octobre 2013.
Et maintenant, exprimez-vous, si vous le voulez.
Jean-Pierre Dacheux

Archives du blog

Résistances et romanitude

Résistances et Changements

Recherche Google : rrom OR tsigane