jeudi 12 juin 2008
La ballade irlandaise
La trouille s'empare des Européistes.
J'appelle Européistes les faux Européens.
Trois millions de pécores irlandais pourraient-ils empoisonner, nous suggère-t-on, la vie de trois cents millions d'habitants de l'Union européenne?
Car l'Irlande va voter. Et peut-être voter non au Traité de Lisbonne!
Ce pays est le seul à qui sa Constitution impose de recourir au référendum.
Ils sont fous, ces Irlandais!
Nous, en France, savons désormais, que le peuple ne comprend pas les intérêts du peuple.
En 2005, nous avions mis l'Europe sans dessus dessous. Les Bataves aussi. Pardon!
Alors, Sarko est arrivé... Hé, hé. Et s'est empressé, hé, hé...
Au Parlement désormais d'agir et d'obéir.
C'est fait : la France est rentrée dans le rang.
Et voilà que quelques millions de buveurs de bière, viennent mettre leur grain de sel, ou de sable, là où ça fait mal.
Et juste au moment où la présidence de l'Union revient à la France!
Ah les indignes!
Heureusement, ce n'est pas encore fait.
Prions pour que le Dieu de ces Verts, finalement pas très catholiques, inspire ces profiteurs qui ont joui des faveurs de Bruxelles et qui, maintenant, viendraient cracher dans la soupe européenne.
Alain Duhamel, dans Libération du 12 juin, dénonce le despotisme irlandais. Bravo!
Avoir toutes les raisons de bien voter et voter mal quand même, c'est du despotisme, et pas éclairé du tout.
Ces Irlandais de malheur nous imposeraient leur stupidité.
Il y aurait de quoi leur envoyer nos parachutistes pour les libérer (et nous en même temps) de cette dictature idéologique antitoutiste qui les autorise à penser de travers.
Mais foin d'ironie et de persiflage. Ce n'est pas drôle.
Ou bien l'on va rire ou bien l'on va hurler.
La démocratie atteint le fond de ses contradictions.
La politique serait-elle chose trop importante pour la confier à des électeurs?
De toute façon, la démocratie-qui-arrange, c'est l'organisation d'un faux choix.
Si le oui l'emporte, nous serons renversés par le souffle du "ouf" qui va passer sur les pays européens qui avaient failli être mis devant le fait accompli d'un nouveau refus.
Si le non l'emporte, alors..., ou bien on chassera ces pelés, ou bien on les fera revoter, ou bien on ne tiendra pas compte de leur vote.
Quant à profiter de l'occasion pour proposer une Europe populaire, écologique et sociale, vous n'y pensez pas?
Un vrai responsable politique ne se laisse jamais déjuger.
La démocratie, en Occident, consiste, désormais, à faire voter comme il faut...
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Le 3 octobre 2013.
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Jean-Pierre Dacheux